1933 : pour une nouvelle internationale communiste
En janvier 1933, le parti fasciste prend le pouvoir en Allemagne. Hitler va mettre fin aux libertés démocratiques arrachées par la révolution prolétarienne de 1918-1919, interdire toutes les composantes du mouvement ouvrier, emprisonner voire exécuter les militants, s’en prendre aux handicapés et aux Juifs.
Lors de son plenum de mai 1933, l’Opposition de gauche internationale de l’Internationale communiste (OGI), devant l’inertie du parti communiste allemand (KPD), renonce à redresser celui-ci. Face à la justification en avril 1933 de la ligne suivie par la direction de l’IC et à l’absence de révolte des principales sections, le plenum de l’OGI se prononce pour une nouvelle internationale, sur la base des quatre premiers congrès de l’IC (1919-1923) et des acquis de l’OGI (1923-1933). L’Opposition communiste de gauche se renomme Ligue communiste internationaliste (bolchevik-léniniste). La LCI se tourne vers les partis et organisations qui ont rompu avec la 2e Internationale réformiste reconstituée (IOS) ou la 3e Internationale devenue stalinienne (IC).
L’éloignement de l’IC de la ligne de ses premiers congrès s’est effectuée par étapes dont la politique du Comité anglo-russe, la défaite de la révolution chinoise, la dégénérescence graduelle du PC russe, la capitulation traitresse devant le fascisme allemand… Nous devons envisager toutes les possibilités de rapprochement et de collaboration avec les forces révolutionnaires qui, après la catastrophe allemande, commencent à se détacher de l’influence de l’IC dirigée par les staliniens et de la 2e Internationale, s’orienter vers un mouvement communiste fondé sur les principes formulés par les premiers congrès de l’IC et sur l’expérience acquise dans le mouvement communiste depuis la mort de Lénine. (« L’Opposition internationale et l’IC », août 1933, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 95)
Corrélativement, un des onze points de la plateforme internationale, le 10e, est amendé par la LCI-BL.
Lutte pour le regroupement des forces révolutionnaires de la classe ouvrière mondiale sous le drapeau du communisme internationaliste. Reconnaissance de la nécessité de la création d’une nouvelle internationale communiste. (« Présentation du plenum », septembre 1933, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 92)
Le plenum décide aussi de participer fin août 1933 à la conférence d’une quinzaine de partis ouvriers hors des 2e et 3e Internationales (DNA de Norvège, SP de Suède, PUP de France, ILP de Grande-Bretagne, SAPD d’Allemagne, Bund de Pologne, RSP des Pays-Bas, OSP des Pays-Bas…) convoquée par l’ILP à Paris. À cette occasion, la LCI-BL lance un appel à une nouvelle internationale communiste avec trois autres organisations : le SAPD, le RSP et l’OSP.
Prêts à collaborer avec toutes les organisations, groupes, fractions qui évoluent réellement du réformisme ou du stalinisme vers la politique du marxisme révolutionnaire, les signataires déclarent en même temps que la nouvelle internationale ne saurait tolérer aucun esprit de conciliation vis-à-vis du réformisme ou du centrisme. L’unité nécessaire de la classe ouvrière ne peut être obtenue ni par la combinaison des conceptions réformistes et des conceptions révolutionnaires, ni par l’adaptation à la politique stalinienne, mais seulement par le combat contre les deux internationales faillies. (« Déclaration des Quatre », août 1933, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 100)
La présidence ILP de la conférence refuse de soumettre la déclaration des quatre à la discussion et au vote. De la conférence des organisations centristes sort le BIUSR (Bureau de Londres) auquel participent le SAP allemand, le RSP et l’OSP néerlandais. Dans sa résolution finale, le Bureau de Londres se prononce pour une nouvelle internationale mais s’en remet pour cela à « l’aboutissement d’un processus historique », sans préciser le programme sur lequel il faut combattre au sein du processus, au cours de la lutte entre les classes et entre les partis.
Le processus historique crée tout : et le bolchevisme, et le centrisme, et le réformisme, et le fascisme. Il existe des actions de masse de type très divers : les pèlerinages, le plébiscite des nazis, les votes pour les réformistes, les manifestations patriotiques, les grèves dirigées par des traîtres, les batailles révolutionnaires vouées à la défaite par leur direction comme en Autriche et en Espagne… (Lev Trotsky, « Alchimie centriste ou marxisme », 24 avril 1935, OEuvres, EDI, t. 5, p. 288)
La rencontre entre les signataires de la « déclaration des quatre », en décembre 1933, échoue : le SAP refuse de fusionner avec l’IKD (la section allemande de la LCI), l’OSP refuse de fusionner avec le RSP, les 3 organisations adhérant au Bureau de Londres prennent leur distance avec la LCI-BL. Par contre, Ruth Fischer et Arkadi Maslow, anciens dirigeants zinoviévistes du KPD, rejoignent la LCI-BL fin 1933.
1934 : la LCI et l’entrée dans les partis socialistes
La LCI décide que la section française (LC-BL) ne peut rester en dehors du front unique que réalisent en février 1934 les organisations ouvrières de masse (PS-SFIO, PCF, CGT, CGTU).
La dégénérescence et les compromissions de l’IC ont conduit à un maintien absolu ou au moins relatif des partis sociaux-démocrates. Le maintien de ces partis, voire leur croissance du fait qu’ils ont attiré des éléments neufs, ont conduit et conduiront à leur tour inéluctablement à la formation de groupes internes, à l’exacerbation des luttes fractionnelles et des scissions… La LCI est la seule organisation internationale qui possède une conception générale juste de la situation mondiale et des tâches. Mais elle ne possède pas une force suffisamment importante pour devenir un centre d’attraction pour les masses. La LCI ne peut agir comme parti indépendant du prolétariat, elle n’est que l’instrument pour la création de partis indépendants. Il faut utiliser cette arme selon la situation de chaque pays. (« La situation du mouvement ouvrier et les tâches des bolcheviks-léninistes », octobre 1934, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 104, p. 106)
La LC publie un programme d’action en 1934 et, ne pouvant entrer dans le PCF qui la traite de fasciste, rejoint en septembre 1934 le PS-SFIO jusqu’en 1935. Ses militants expulsés fondent alors le Parti ouvrier internationaliste (POI).
La section belge (LCI), qui a déjà une implantation dans les entreprises, publie son programme en 1935 avant d’entrer dans le Parti ouvrier belge jusqu’en 1936 (renforcée, elle fonde le PSR). En 1934, la section américaine (CLA) dirige des grèves de mineurs et de routiers à Minneapolis. Elle fusionne avec l’AWP pour former le WPUS à la fin de l’année. Celui-ci entre dans le Socialist Party en 1936 jusqu’en 1937. La section, renforcée par l’entrisme, devient le SWP après son expulsion du parti réformiste.
La section espagnole (ICE) joue un rôle moteur dans les alliances ouvrières en 1933-1934. Mais, s’opposant au secrétariat international, Nin et Andrade repoussent l’entrisme dans le PSOE et les JS . Ils préfèrent une fusion avec le BOC qui aboutit au POUM, sans y former de fraction, en septembre 1935. Ce parti rejoint le Bureau de Londres.
Staline approuve publiquement en juin 1935 la défense nationale de la France et le PCF devient patriote.
Par la transformation social-patriotique du stalinisme, toute distinction entre la 2e Internationale et la 3e a pratiquement disparu. (« L’évolution de l’IC », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 170)
La LCI, avec cette fois-ci le seul RSAP des Pays-Bas (résultant de la fusion en mars 1935 du RSP et de l’OSP), tente de s’adresser une nouvelle fois aux fractions et courants qui évoluent vers la gauche.
Selon les conditions nationales, les marxistes peuvent apparaître tantôt en tant qu’organisation indépendante, tantôt en tant que fraction… Mais dans quelque arène qu’ils agissent, ils sont tenus de se présenter avec tous leurs principes… Le renversement de la bourgeoisie est le seul moyen d’en finir avec la guerre. L’insurrection armée est le seul moyen de renverser la bourgeoisie. Contre le mensonge réactionnaire de la « défense nationale », il faut lancer le mot d’ordre révolutionnaire d’anéantissement de l’État national. (« Lettre ouverte pour la 4e Internationale », août 1935, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 117)
Au nom de la lutte contre le fascisme, l’IC adopte lors de son 7e et dernier congrès, en août 1935, l’alliance avec des partis bourgeois, baptisée « front populaire ».
1936 : le Mouvement pour la 4e Internationale contre les fronts populaires
Les centristes du Bureau de Londres (GR du PS-SFIO, SAP, ILP, POUM, Bund…), tout en bavardant sur la révolution socialiste, capitulent en pratique devant le stalinisme en prétextant qu’il faut pousser les fronts populaires vers la gauche. Par exemple, le POUM signe le 15 janvier 1936 le pacte du Frente Popular. Le chef de la GR, Pivert, entre au gouvernement bourgeois de Blum en juin 1936. Le 25 septembre 1936, Nin entre au gouvernement bourgeois de la Catalogne. En décembre 1936, le SAP se rallie au Deutschen Volksfront en exil.
La 4e Internationale exclut un compromis sur les principes, une tolérance, une conciliation quelconque envers des partis, des groupes et des politiciens qui, à chaque pas, abusent du nom de Marx, d’Engels, de Lénine, de Luxemburg pour des objectifs qui sont en opposition avec les idées et les actes de ces maîtres et lutteurs… (« Le Bureau de Londres et la 4e Internationale », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 143)
En juillet 1936, la conférence semi-clandestine de la LCI à Paris (le gouvernement français a interdit les deux premiers numéros du journal du POI, les services secrets russes espionnent, cambriolent et assassinent les responsables bolcheviks-léninistes) repousse la proclamation de la 4e Internationale et se contente de se renommer Mouvement pour la 4e Internationale. Elle adopte des résolutions sur la montée révolutionnaire, sur l’URSS, sur l’IC, sur le Bureau de Londres, sur la jeunesse…
La 4e Internationale tire les leçons des grèves générales belge et française.
Notre section française, ces dernières années, a placé la grève générale au centre de sa propagande… Aucune des organisations officielles de France, comme de Belgique, ne voulait la lutte. Les grèves ont surgi contre la volonté des syndicats et des deux partis. C’est seulement placés devant le fait accompli que les chefs officiels ont « reconnu » la grève, pour l’étrangler d’autant plus vite. (« La nouvelle montée révolutionnaire et les tâches de la 4e Internationale », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 128)
La 4e Internationale prescrit l’activité au sein des syndicats de masse.
Les organisations de la classe ouvrière les plus puissantes du point de vue numérique sont les syndicats réformistes… toutes les organisations de la 4e Internationale doivent travailler à l’intérieur de ces syndicats pour briser l’influence de la bureaucratie réformiste… La lutte contre le système capitaliste nécessite, par-dessus tout, la lutte contre la bureaucratie syndicale… (« Projet de résolution sur le travail dans les syndicats », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 190, p. 192)
La 4e Internationale rejette la politique de front populaire qui, loin de permettre de combattre le fascisme, lui fraie la voie comme le montreront l’Espagne en 1936-1938 et la France en 1940.
Le premier pas vers l’alliance avec la petite bourgeoisie est la rupture du bloc avec les radicaux bourgeois en France et en Espagne, avec les catholiques et les libéraux en Belgique, etc… La lutte contre le réformisme et le stalinisme est au stade actuel la priorité à la lutte contre le bloc avec la bourgeoisie. Pour l’unité honnête des travailleurs, contre l’unité malhonnête avec les exploiteurs !… Endormant les ouvriers et les paysans par des illusions parlementaires, paralysant leur volonté de lutte, le front populaire crée les conditions favorables pour la victoire du fascisme. (« La nouvelle montée révolutionnaire et les tâches de la 4e Internationale », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 130, p. 135)
La lutte contre la guerre ne peut être que la lutte pour le droit des peuples coloniaux et contre sa propre bourgeoisie.
Marceau Pivert est l’un des dirigeants officiels du régime patriotique de Léon Blum qui , actuellement, avec tant de sollicitude, « améliore » l’armée de l’impérialisme français. La lutte contre la guerre, justement comprise et menée, présuppose l’hostilité sans compromis du prolétariat et de ses organisations, toujours et partout, envers sa propre bourgeoisie et n’importe quelle autre… La lutte contre la guerre et sa source sociale, le capitalisme, présuppose un soutien direct, actif, sans équivoque des peuples coloniaux opprimés dans leurs luttes et guerres contre l’impérialisme. (« Résolution sur la conférence contre la guerre du Bureau de Londres », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 130, p. 149)
Les partis sociaux-patriotes, même s’ils conservent une base ouvrière, sont bourgeois par leur orientation politique.
Le parti de Blum est un parti bourgeois… L’appareil du Parti communiste n’est en fait qu’un des instruments de l’impérialisme français. (« La nouvelle montée révolutionnaire et les tâches de la 4e Internationale », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 131)
Il faut donc un nouveau parti, une nouvelle internationale.
La propagande pour la grève générale, les comités d’usine, le contrôle ouvrier doit être menée par une organisation politique, c’est-à-dire par un parti. Il ne peut en être autrement. Les organisations de masse de la classe ouvrière restent impuissantes, indécises, décontenancées, si ne les inspire pas et ne les mène pas en avant une avant-garde étroitement soudée… Toutes les tâches de la lutte révolutionnaire se ramènent infailliblement à une seule : la création d’une nouvelle direction… Participer directement au mouvement des masses, avoir des mots d’ordre de classe hardis poussés jusqu’au bout, une perspective claire, un drapeau indépendant, être intransigeant avec les conciliateurs, telle est la voie de la 4e Internationale. (« La nouvelle montée révolutionnaire et les tâches de la 4e Internationale », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 133)
1936 : la 4e Internationale défend l’URSS contre la bureaucratie et l’impérialisme
Le Bureau de Londres, à l’exception du POUM, refuse de condamner les procès de Moscou de 1936-1938 au cours desquels les anciens dirigeants bolcheviks, (Zinoviev, Boukharine…), soumis au chantage du sort de leur famille et torturés par la GPU (les services secrets de l’URSS), s’accusent de tous les crimes avant d’être liquidés. La 4e Internationale défend les accusés et démonte les procès avec tous ceux qui le veulent.
En effet, la défense de l’URSS, de ce qui reste de la révolution d’Octobre, ne peut être confiée à la bureaucratie qui la mine, même si elle résiste parfois à la menace impérialiste pour préserver ses privilèges. Pour sauver l’État ouvrier dégénéré, il faut renverser la bureaucratie par une révolution.
La classe ouvrière soviétique s’est vue spoliée de la dernière possibilité de restructurer légalement l’État… Le développement du socialisme nécessite inévitablement une révolution politique, l’élimination violente du despotisme politique de la bureaucratie, tout en maintenant les rapports de propriété instaurés par la révolution d’Octobre. (« La 4e Internationale et l’URSS », août 1936, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 141)
En septembre 1937, Erwin Wolf, membre du secrétariat international du mouvement pour la 4e Internationale, est assassiné à Barcelone par les agents de la GPU. En février 1938, Lev Sedov, fils de Trotsky et membre du secrétariat international, est assassiné à Paris par la GPU. En juillet 1938, Rudolf Klement, membre du secrétariat international, est assassiné à Paris par la GPU.
1938 : la proclamation de la 4e Internationale face aux dangers de guerre
Une conférence internationale se réunit clandestinement à Paris fin août et début septembre 1938 avec les délégués de 12 pays ; le PSOP de France (issu de l’exclusion par le PS-SFIO de la GR) et le POUM d’Espagne sont invités. En s’appuyant sur le lancement du SWP aux États-Unis, elle proclame la 4e Internationale (Parti mondial de la révolution socialiste) et l’Internationale des jeunes. S’y opposent le représentant d’une minorité de la section française POI (Yvan Craipeau), deux représentants de la section autrichienne RK (Georg Scheuer, Karl Fischer) et les deux représentants de la section polonaise GBL (Hersh Sztokfisz, Stefan Lamed) qui reprennent les arguments qui avaient poussé la conférence de 1936 à repousser la proclamation.
On ne peut décider la question de la 4e Internationale en dehors de la situation du mouvement ouvrier… On ne peut lancer la 4e que si les ouvriers surmontent le découragement. La 1re Internationale s’est construite lorsque les ouvriers se sont remis de la défaite de 1848 ; la 2e lorsque le mouvement s’est rétabli après la défaite de la Commune et la création d’un mouvement ouvrier en Russie ; la 3e s’est créée après la victoire de la révolution russe et un grand nombre de partis communistes déjà formés… Aussi longtemps que la 4e n’aura pas quelques organisations de masse, elle ne pourra pas être proclamée. (Hersh Sztokfisz, 3 septembre 1938, Les Congrès de la 4e Internationale, La Brèche, t. 1, p. 227 et p. 249)
Les RK refusent depuis 1937 de défendre l’URSS. Après 1938, le groupe en exil rompt avec la 4e Internationale (contrairement à ceux restés clandestinement en Autriche). Il est actif en France pendant la 2e Guerre mondiale et se disperse ensuite entre anarchistes et bordiguistes.
La majorité de la conférence estime que l’avant-garde du prolétariat, sa partie la plus consciente, ne peut pas choisir les conditions dans lesquelles elle intervient. L’internationale n’est pas une question de nombre, mais avant tout de continuité et de perspective. Or, la menace de la guerre mondiale se précise. Les partis des deux internationales de masse trahissent et le Bureau de Londres n’a aucun avenir. Le prolétariat a besoin d’une organisation identifiable, fiable, au programme clair pour transformer la guerre en révolution. L’organisation d’avant-garde elle-même doit se doter d’un centre, d’un drapeau, d’un programme pour résister aux pressions gigantesques qu’elle va affronter.
Quand nous avons adopté le titre « Mouvement pour la 4e Internationale », je l’ai trouvé pédant, inadapté et un peu ridicule. L’expérience des deux années écoulés a pleinement prouvé que c’était une erreur… Personne ne nous appela ainsi… Nos propres organisations, à de rares exceptions agissent de même et s’intitulent tout simplement sections de la 4e Internationale… Le mot « pour » me semble l’expression d’une indécision et d’un manque de confiance en soi. Un parti révolutionnaire qui n’est pas sûr de sa propre signification ne peut gagner la confiance des masses… Nous ne pouvons attirer que par une politique claire et juste. Pour cela, il faut une organisation, pas une nébuleuse. (Lev Trotsky, « Lettre à Kopp », 31 mai 1938, OEuvres, ILT, t. 17, p. 274-275)
La conférence ratifie un programme de transition, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, qui reprend et enrichit le programme de l’IC du temps de Lénine sur la base de l’expérience de 1923 à 1938 (fascisme, front populaire, armement des travailleurs, État ouvrier dégénéré, révolution politique, stalinisme, revendications transitoires et gouvernement ouvrier, limite du mot d’ordre d’Assemblée constituante…). Elle adopte aussi des statuts, un manifeste, une plateforme de lutte de la jeunesse travailleuse, une résolution sur l’Extrême-Orient, une résolution sur l’impérialisme américain, un appel pour la classe ouvrière espagnole, un appel pour les emprisonnés et les victimes de la lutte des classes…
L’avant-garde ouvrière est politiquement préparée face aux préparatifs de guerre mondiale que la 4e Internationale annonce avec lucidité.