Une fiscalité verte pour la transition écologique ?

Les travailleurs ne sont pas les responsables de la pollution, du dérèglement climatique, de la disparition des espèces, etc. comme veulent le faire croire Macron, LREM ou EELV.

Pour les « réformistes », l’État est neutre. Tout dépend des personnes qui sont à sa tête. Si la politique est bonne, l’État peut éviter les crises, corriger les « inégalités » de revenu et même sauver la planète.

Pour cela, il suffit que les électeurs votent pour le bon parti (LFI, PS, PCF ou Générations). À défaut, même si les électeurs se sont trompés, il suffit que le gouvernement écoute les « corps intermédiaires » (en particulier, les « propositions » des dirigeants des confédérations CGT, CFDT, FO…).

En réalité, l’État est un instrument de la classe dominante. Tant que le capitalisme survit, l’État est bourgeois. Avec l’État bourgeois, quel que soit le gouvernement, le système des impôts et des taxes est aménagé avec soin pour que le fardeau fiscal retombe surtout sur les exploités (ouvriers, employés, techniciens…) et les semi-exploités (travailleurs indépendants, cadres).

En outre, la plupart des exploiteurs et des nantis fraudent le fisc à une échelle inédite avec l’aide des grandes banques.

Au sein de l’Union européenne, la France fait partie des principales victimes de l’arbitrage de dividendes. Cette forme d’évasion fiscale lui coûterait jusqu’à 3 milliards d’euros par an. L’activité a prospéré et n’a, jusqu’ici, jamais été véritablement remise en cause par l’administration fiscale. (Le Monde, 19 octobre)

Les gros fraudeurs, s’ils se font prendre, négocient avec les hauts fonctionnaires de l’administration des impôts. Les amendes pour fraudes fiscales sont dérisoires, 90 millions d’euros en moyenne pour les dix plus lourdes amendes depuis 2007. Les prisons sont surpeuplées, mais on y chercherait en vain les riches fraudeurs et leurs conseillers. Il faut dire que, comme les grands pollueurs, ils font partie des financeurs des Macron, Wauquiez, Le Pen et compagnie. Aussi délicieuse soit la chute du richissime et arrogant capitaliste Carlos Ghosn, patron de Renault-Nissan, qui aurait déclaré 40 millions d’euros de revenu au lieu de 80 (sa part sur l’exploitation des travailleurs de Nissan, Renault et Mitsubishi), elle cache un système généralisé de corruption, tant la bourgeoisie cherche toujours à se gaver.

Non contents de ne pas payer, certains capitalistes sont parvenus à soutirer de l’argent aux administrations fiscales avec l’aide des banques, dont les françaises BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole.

55 milliards d’euros ont été subtilisés, en l’espace de quinze ans, à plusieurs États de l’Union européenne, dont l’Allemagne, le Danemark et la France, par des financiers opérant en bande organisée sur les marchés financiers. (Le Monde, 19 octobre)

La seule nouveauté est que cette vieille pratique est habillée de « fiscalité verte » qui réussit le tour de force de faire retomber sur les travailleurs la responsabilité de la pollution qui est la conséquence du capitalisme et en particulier des décisions des grands groupes capitalistes (dont ceux de l’automobile, de l’énergie, du bâtiment…).

Le revenu des pauvres est proportionnellement plus riche en CO2 que celui des riches. Cela s’explique par la dépendance des pauvres à l’automobile, aux supermarchés et plus généralement aux produits industrialisés, qui sont ceux qu’on peut se payer quand on est pauvre. Le second facteur est la hausse continue des prix de l’énergie dans un contexte où les pauvres se sont appauvris et les riches se sont enrichis. Seuls les pauvres ont senti la hausse des prix de l’énergie. (Fabrice Flipo, professeur de philosophie des sciences et techniques, 24 novembre)

Les capitalistes du transport routier sont exemptés d’une partie des taxes sur le gazole ; les compagnies de transport aérien ne paient pas de taxes sur le kérosène. Les grands groupes automobiles ont truqué pour répondre aux normes de pollution. Tant pis pour la santé, en particulier des enfants !

La « transition écologique » a servi de prétexte à une aggravation de l’injustice fiscale : les plus pauvres (actifs + retraités) y perdent (à cause du gel des allocations familiales, de la hausse de la fiscalité du tabac et de l’énergie), les revenus moyens y gagnent un peu (grâce à la suppression de la taxe d’habitation, surtout pour ceux qui ne sont pas retraités), les 1 % des ménages les plus riches (actifs + retraités) y gagnent en moyenne 86 000 euros chacun (grâce à la suppression de l’ISF et à l’instauration de la « flat tax » sur le capital).

La lutte pour l’égalité et celle pour préserver l’environnement ne peuvent se limiter à la fiscalité. Si l’État reste aux mains de la bourgeoisie, celle-ci trichera et fera retomber le fardeau de l’impôt sur les travailleurs. La loi du profit et la logique de la concurrence détruiront la planète. Il faut exproprier les exploiteurs.

24 novembre 2018