Les sardines font peur à Salvini parce qu’elles ne cherchent pas à intimider, contrairement aux sympathisants de gauche traditionnels. Il est stimulant d’observer cette nouvelle forme de protestation sereine s’étendre de Bologne à Palerme, et déconcerter Salvini parmi d’autres, pour la simple et bonne raison qu’elle ne cherche pas le conflit. (La Repubblica, 27 novembre 2019)
Le mouvement s’est désigné comme « sardines » dans le souhait de rester soudés et serrés, renvoyant en outre l’image d’un « poisson humble et symbole de l’Italie populaire et travailleuse ». Ce n’est pas forcément la sociologie qui colle le mieux avec la réalité des manifestants qui s’en réclament, plutôt jeunes, éduqués et essentiellement urbains. Si lors de ces rassemblements, on peut entendre Bella ciao, un chant de 1944 des partisans antifascistes, il semble que le mouvement s’inscrive dans le cadre des institutions.
Il y a un projet de centre gauche très large. Il y a le Parti Démocrate, il y a le projet d’Emilia Romagna Futura [une liste « citoyenne »], il y a les citoyens. Le centre gauche nous représente bien. (Mattia Santori, 24 novembre 2019)
Nous prétendons que les élus fassent la politique dans les institutions plutôt que conduire des campagnes électorales permanentes. (Mattia Santori, 15 décembre 2019)
Rien n’indique que cela sera suffisant pour contrer le progrès électoral de la Liga, en particulier le 26 janvier en Émilie-Romagne. L’enjeu de ce scrutin pour Salvini serait la chute du gouvernement Conte, pour un retour aux affaires.
Pacifiste et respectueux de l’État bourgeois, leur antifascisme se double d’un crédo anti parti qui se refuse à se constituer en force politique, et ne prend aucune position sur la question sociale. Pour preuve, aucun symbole, aucun drapeau d’organisation politique n’est toléré dans leurs rassemblements, comme faisaient les chefs des Indignados en Espagne qui, après avoir assuré leur monopole politique sur le mouvement, ont fondé leur propre parti (Podemos). Ainsi, des militants arborant faucille et marteau en ont été prestement exclus.
Le pacifisme n’a jamais constitué un danger pour la classe dominante. Pour obliger à supporter la violence économique et sociale qu’elle inflige quotidiennement aux masses (subordination au travail, concurrence entre prolétaires, précarité, chômage, pauvreté, humiliation…), la classe capitaliste dispose de l’armée, de la police, des bandes fascistes. Le gandhisme ne sert qu’à désarmer la classe ouvrière et les opprimés.
Dans toute société de classes, qu’elle soit fondée sur l’esclavage, sur le servage ou, comme aujourd’hui, sur le salariat, la classe des oppresseurs est armée… Notre mot d’ordre doit être : l’armement du prolétariat pour qu’il puisse vaincre, exproprier et désarmer la bourgeoisie. C’est la seule tactique possible pour une classe révolutionnaire. (Lénine, Le Programme militaire de la révolution prolétarienne, octobre 1916)
Il est temps de tourner le dos au social-chauvinisme des anciens staliniens et d’en finir avec les alliances avec les débris « démocratiques » de la bourgeoisie, qui font tous le jeu du fascisme. Il est temps de réaliser le front unique des organisations ouvrières contre les attaques de tous les gouvernements bourgeois contre les acquis sociaux, contre toutes les agressions par les nervis fascistes des militants ouvriers, des étrangers ou des descendants des migrants.
Seul un parti ouvrier révolutionnaire, rassemblant les travailleuses et les travailleurs les plus conscients et les plus déterminés sur une base internationaliste, sera en mesure d’assurer l’unité des exploités pour renverser le capitalisme et ouvrir la voie de la révolution socialiste européenne et méditerranéenne.
26 décembre 2019