Des dissolutions de façade
Depuis l’installation de Macron à l’Élysée, c’est une quinzaine de groupes fascistes qui ont été dissous en application de la loi du 10 janvier 1936, bien souvent pour contrebalancer la dissolution de groupes antifascistes ou écologistes. Mais ces organisations se recomposent aussitôt sous d’autres noms et leurs réseaux demeurent.
[Ils] ont adopté une nouvelle stratégie organisationnelle, en contournant leur dissolution par la constitution de réseaux locaux. (Note de la sous-direction antiterroriste, mai 2021)
Le GUD, groupe fasciste historique, maintes fois réactivé, s’est mis en sommeil en 2017 pour fonder le Bastion social avec une partie de l’Action française. Le BS misait sur l’implantation de locaux (Lyon, Chambéry, Strasbourg, Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand ou Marseille) et la médiatisation de maraudes et de soupes populaires à destination des blancs. Il tentait également de regrouper les colères, en essayant notamment d’intervenir parmi les gilets jaunes. Après sa dissolution en avril 2019, le GUD est réactivé à Paris par Marc de Cacqueray-Valménier, ancien dirigeant des Zouaves de Paris, autre groupe nazi dissous à la suite de l’agression de militants SOS racisme fin 2021 lors d’un meeting de Zemmour dont ils organisaient le service d’ordre. Ce nanti issu de la noblesse a participé au saccage de l’Arc de Triomphe lors de la manifestation parisienne des gilets jaunes le 1er décembre 2018, ainsi qu’aux agressions contre les supporters marocains durant la coupe du monde de football 2022.
Plusieurs groupes locaux prennent le relai du BS en France, comme Audace à Lyon, Vent d’Est en Alsace, la Division Martel à Paris ou Tenesoun en PACA. Celui-ci, aux racines royalistes se tourne vers le nationalisme des identitaires tout en gardant la très catholique écologie intégrale. Il s’est rapidement implanté à Aix-en-Provence et à Orange, et dispose dans la sous-préfecture des Bouches-du-Rhône d’un local de 250 m² avec une salle de boxe au sous-sol.
L’autre gros groupe interdit ces dernières années est Génération identitaire. Créé en 2012 par un morceau d’Unité radicale qui a délaissé l’antisémitisme pour parier sur la haine du migrant. Le groupe mise davantage sur le marketing visuel et les actions médiatiques : occupation de chantier d’une mosquée (2012), saccage des locaux de SOS méditerranée (2018), milice anti-racaille (2013-2014), opération grassement financée et médiatisée à la frontière italienne (2018) mais surtout dans les Pyrénées (2021).
Il a été dissous le 3 mars 2021, suite à quoi plusieurs groupuscules ont été montés partout en France, maintenant la toile du réseau active. Les Natifs et Argos à Paris, les Normaux à Rouen, Furie Française sur Toulouse, Patria Albigès à Albi, Aurora en Loraine ou les Remparts à Lyon. À Angers, l’Alvarium qui avait recueilli les identitaires suite à la disparition de GI, a lui aussi été interdit en novembre 2021 après avoir attaqué un squat antifasciste, mais continue ses activités sans se donner la peine de changer de nom et tout en conservant son local.
D’ailleurs, si GI a été inquiété, ce n’est pas le cas des Identitaires dont elle était historiquement la section jeune, ceux-ci conservent leur organisation ainsi que la Maison francilienne dans le 15ème arrondissement de Paris.
Cette multitude de groupes n’est pas seulement liée aux dissolutions des formations plus grosses, du temps de BS et GI, des formations réunissaient déjà les différentes tendances comme les Zouaves de Paris, les groupes de houligans dans les stades de football, le collectif de femmes Némésis, ou les organisations étudiantes comme l’UNI (Union nationale interuniversitaire), la Cocarde étudiante et le RED (Rassemblement étudiant de droite) qui voient s’allier les groupuscules nazis, le RN, Reconquête et LR. Des locaux ou bars sont déjà les lieux de rassemblement de la constellation fasciste francophone comme la Citadelle lilloise dont l’appartenance à la mouvance nazie a été analysée dans le documentaire Génération Hate d’Al Jazeera.
De plus, les fachos organisent régulièrement des conférences dans leurs locaux respectifs où les autres mouvances sont conviées, des « instituts de formation transpartisans » sont créés comme Academia christiana en 2013. Les campagnes électorales sont aussi l’occasion pour les nazillons de se retrouver, qui pour coller les affiches du RN, qui pour distribuer les tracts de Reconquête. Des stages « de défense » sont organisés, des entrainements aux ratonnades sont dispensés dans les Active Clubs, les tournois de boxe dans les différentes salles tenues par les nazis sont légion et des combats clandestins se tiennent sur le modèle des KOTS suédois.
Si l’heure semble à la dispersion juridique, la proximité peut à tout moment engendrer des organisations de taille nationale. C’est d’ailleurs ce que certains groupes comme Argos (ex-GI) ou Tenesoun (ex-BS) ambitionnent, conscients que la situation leur est favorable.
De plus la nouvelle génération de nazillons est très à l’aise avec les outils numériques pour communiquer anonymement, relayer rapidement ou faire une promotion efficace de leurs activités. Les effectifs de Tenesoun ont une moyenne d’âge de 25 ans.
Loin de disparaitre, les groupuscules d’ultradroite semblent au contraire en pleine dynamique ascendante, formant un front mouvant, décliné en petites organisations locales qui se coordonnent sur les réseaux sociaux et multiplient les actions spectaculaires. (Le Monde, 18 décembre 2023)
La mouvance dispose notamment de plusieurs canaux sur l’application Telegram comptant plusieurs milliers d’abonnés, comme Ouest Casual ou FrDeter.
Les célébrations annuelles comme la fête de Jeanne d’Arc, la mort de Louis XVI, ou celle de Sébastien Deyzieu, de l’Œuvre française, mort accidentellement en 1994 en fuyant la police, sont là aussi des occasions de se coordonner et de montrer les dents.
Le 6 mai 2023, le Collectif du 9 mai (C9M), organisateur annuel de l’hommage à Deyzieu et regroupant plusieurs formations fascistes rassemblent plus de 500 personnes à Paris. Défilant au pas, cagoulés, vêtus de noir et arborant des croix celtiques, les participants jubilent, la manifestation est un succès.
Le lendemain, les royalistes de l’Action française (AF) ainsi que l’organisation catholique intégriste Civitas s’affichent dans un hommage à Jeanne d’Arc dans la même ville.
Des agressions en hausse
Le meurtre de la jeune Lola à Paris en octobre 2022 avait été récupéré par la sphère fasciste et fascisante, Zemmour avait qualifié l’acte de « francocide ». Les groupuscules nazis avaient saisi l’occasion pour organiser des rassemblements à Lyon, Rennes et Paris. Si dans tous les cortèges ont été scandés des cris racistes, à Rennes la marche a débouché sur un affrontement avec les antifascistes.
En février 2023, Alain Escada, président raciste de Civitas organise manifestations et prières à Saint-Brévin-les-Pins contre l’installation d’un centre d’accueil de migrants. Toute la constellation rance du pays se tourne alors contre le Maire de la commune, allant jusqu’à en incendier le domicile le 22 mars. Le 5 avril, les ouailles de Civitas parviennent à faire annuler un concert de Bilal Hassani prévu dans une ancienne église devenue centre culturel. Le mois suivant, ils empêchent à Carnac le concert de Kali Malone lui aussi programmé dans une église. Un manifestant aurait même giflé l’adjointe au maire en criant « Arrière Satan ! ».
Dans les universités et les lycées, les nazis se sentent touchés par la grâce. Le groupe Poitiers nationaliste et la Cocarde étudiante agressent des Jeunes communistes de la Vienne au soir du 31 janvier 2023. Le 19 mars, trois étudiants rennais décollant des affiches du groupuscule fasciste local, l’Oriflamme (scission de l’AF), sont passés à tabac par 5 nazis cagoulés. Le 23 mars, lors d’une manifestation parisienne consécutive à l’adoption de la contreréforme des retraites par 49.3, un cortège étudiant est attaqué par un commando baptisé Waffen Assas, ceux-ci enchaineront deux jours plus tard en attaquant au couteau et à la barre de fer les étudiants mobilisés en blocus à l’université Paris 1. Devant l’université Lyon 3, le 28 mars, une vingtaine de nervis de la Cocarde étudiante chargent les étudiants s’apprêtant à partir en cortège. 3 jours après, des lycéens de la Bruyère à Versailles sont victimes de jets de pavés. Le 20 avril, une quinzaine de membres de la Division Martel ratonnent à la porte du lycée Victor Hugo dans le 3e arrondissement de Paris. Des agressions similaires ont lieu à Montpellier et à Perpignan.
En outre, le 5 mars 2023, un militant de la CGT est agressé par les identitaires de Patria Albigès. Le même jour, à Chambéry, les véhicules sont incendiés à la Maison des syndicats. Le lendemain, un militant antifasciste de la Jeune garde est attaqué à son domicile à Lyon. Au soir du second tour de l’élection présidentielle, une quinzaine de fafs casqués attaquent une manifestation de militants syndicaux et d’étudiants anti-Macron à Strasbourg, malgré ou grâce, c’est selon, la forte présence policière. Le 28 mars à Lorient, 4 militantes Solidaires sont aspergées de lacrymogène et frappées à coups de poing. Le 11 novembre, un meeting organisé par le Collectif Palestine 69 est attaqué par un groupe fasciste à Lyon. Le même soir, 3 étudiants sont tabassés à proximité de la Traboule, le bar des identitaires dans la capitale des Gones.
L’assassinat de Thomas, 16 ans, lors d’une fête de village à Crépol dans la Drôme, va être l’occasion pour la toile fasciste d’utiliser l’expérience acquise ces dernières années. Les réseaux de communication mis en place entre les différents groupes, leurs places dans les forces de police et de l’armée.
Le 25 novembre, 80 militants fascistes marchent sur le quartier populaire de la Monnaie à Romans-sur-Isère, dont seraient originaires des individus ayant participé à la rixe précédant le meurtre. Les noms, adresses et numéros de téléphone des suspects et de leurs familles ont été fournis par des policiers membres ou sympathisants.
Certains membres des groupuscules d’extrême droite qui ont mené une expédition punitive xénophobe à Romans-sur-Isère (Drôme) le week-end dernier disposaient d’une liste détaillée des suspects dans l’enquête sur la mort de Thomas. (France Info, 28 novembre 2023)
Cagoulés, armés de barres de fer, leur descente est une expédition punitive pour venger un « jeune français » tué par des « immigrés » (qu’importe si le principal suspect est de nationalité française). Leur réseau leur a permis de faire venir rapidement des militants de toute la France.
Parmi les interpelés, en plus des trois de Besançon, on trouve aussi deux Lyonnais, un Grenoblois, un Dijonnais, un Nîmois, deux de la région nantaise, un Savoyard et même un Italien. Leurs âges vont de 17 à 36 ans et sept d’entre eux ont 19 ans. (Street Press, 27 novembre 2023)
Parmi les nervis, ce soir-là, sont reconnus des membres du GUD, de la Division Martel et du C9M. La veille, un rassemblement de quelques dizaines avait eu lieu à l’appel de Reconquête, l’AF, la Cocarde étudiante, Némésis et Tenesoun. Les fascistes tentent d’organiser des rassemblements similaires dans toute la France. Les effectifs sont faibles mais les bandes s’appuient mutuellement : ainsi, le groupuscule tourangeau Des Tours et des Lys vient prêter mainforte au RED pour sa manifestation à Angers le 25, les mêmes se retrouveront le lendemain à Laval avec le renfort de l’Oriflamme rennaise. L’Oriflamme pourra compter le soir même dans sa ville sur le soutien des houligans locaux et de ceux de Reims. À Annecy, Reconquête organise le rassemblement d’une centaine de personnes comprenant entre autres Civitas, un journaliste y est agressé avec la bénédiction de la police présente. Le 27, à Grenoble le parti de Zemmour mobilise quelques dizaines de personnes. Le même jour à Colmar, c’est l’AF qui déplace 30 pelés, tandis que les identitaires de Furie française, rejoints par les voisins de Patria Albiges et les houligans locaux regroupent 100 personnes à Toulouse. Le lendemain, en remerciement, les Identitaires de cette ville se déplacent au rassemblement des nazis albigeois. À Lyon, 150 fafs battent le pavé.
Des liens avec les partis politiques fascisants, les médias et les forces de répression
Le RN a beau mettre en avant sa dédiabolisation, les liens du parti avec les groupes radiaux demeurent. Au moment de la dissolution de GI, déjà, le constat était clair : ces bandes servent à la fois de petites mains de campagne et d’école de formation à ses cadres.
Maintenant, il faut bien voir qu’effectivement, les meilleurs cadres (du RN) étaient à Génération identitaire. (Nicolas Lebourg, France Info, 22 février 2021)
L’influence des fascistes sur la jeunesse du RN est patente, à tel point que sous la pression de GI, la section jeune s’est d’abord appelée Génération nation à la fondation du RN. Depuis, le député RN Laurent Jacobelli s’est attaché les services de Bastien Holingue, un ancien responsable GI de Normandie également passé par la Cocarde étudiante. Son collègue raciste, Grégoire de Fournas, qui a insulté le député LFI Carlos Martens Bilongo à l’Assemblée nationale est un ancien responsable identitaire en Aquitaine. Raphaël Attal, le photographe de Jordan Bardella est également le responsable de communication de Némésis et est un ancien de la Cocarde. Le député des Bouches-du-Rhône, Romain Baubry, peut compter sur le dévouement de son assistante, Nina Azamberti, membre de Némésis et proche de Tenesoun. Maylis de Cibon, responsable de la Cocarde à Assas et liée au GUD, roule pour le député du Var Philippe Schreck. Le président de la Cocarde étudiant, Vianney Vonderscher assiste lui l’eurodéputé Jean-Paul Garraud. Son prédécesseur à la Cocarde, Luc Lahalle, fait de même pour Catherine Griset. Le député de Haute-Saône, Emeric Salmon, compte dans son équipe un autre membre de la Cocarde, Steven Fasquelle, copain du groupe nazi bisontin Vandal Besak impliqué dans la descente de Romans-sur-Isère. Jérémie Boulet, proche de l’AF, est lui aussi petite main à l’Assemblée nationale pour l’élu du Gard Nicolas Meizonnet. La section jeunesse du RN, depuis rebaptisé RNJ est plus poreuse encore que la maison mère aux groupuscules racistes. Son responsable Pierre-Romain Thionnet, lui aussi proche de l’AF, en est conscient et donne l’ordre à ses troupes d’interdire les photos et vidéos dans les forums et réunions, où se retrouvent des anciens GI, ZdP, Tenesoun, les Remparts…
Et la présence du militant de Tenesoun n’est pas un cas isolé au Rassemblement National : du Var au Tarn, en passant par la Marne ou le Loiret, le parti reste attaché à cette tradition pour occuper le terrain. (Street Press, 30 novembre 2023)
Malgré la volonté du RN de se distancier des groupuscules violents, le parti fascisant peine à recruter des cadres, si bien qu’il puise toujours dans le vivier fasciste. Lors de la passation de pouvoirs à Le Pen fille en 2011, une partie du « canal historique » soutenant Bruno Gollsnisch quitte l’organisation, même chose lors de l’exclusion de Jean-Marie Le Pen en 2015, ou celle de fait de Philippot en 2017, idem lorsqu’une partie des cadres rejoignent le navire Zemmour en 2022 : à chaque fois, des militants de groupuscules fascistes sont appelés à combler les vides dans l’appareil ou à compléter les listes électorales.
Tenesoun travaille pour le RN à Aix-en-Provence et pour Reconquête à Orange. La Ligue du sud de la famille Bompard qui règne sur cette dernière depuis les années 1990, embauche parmi les fascistes, ainsi Elie Davy passé par BS et actuellement à Tenesoun assure la communication de la mairie. Toutefois, il n’est pas question pour l’état-major frontiste de le reconnaitre.
Quant au fait de voir revenir des identitaires, j’attends toujours qu’on nous donne les noms. (Jordan Bardella, AFP, 9 novembre 2022)
En fondant Reconquête en 2021, Zemmour a, de son côté, capté une partie des dirigeants RN, principalement dans la mouvance identitaire. Marion Maréchal a quitté le parti familial en emmenant Philippe Vardon, l’un des fondateurs du Bloc identitaire (ancien nom de l’organisation mère de GI). Nicolas Bay et Guillaume Peltier ensuite, qui avaient suivi la scission MNR en 1998 comme Unité radicale à l’époque. Et Zemmour peut même savourer dans ses prises l’un des fondateurs de GI, Damien Rieu.
Ces groupes nazis peuvent également compter sur un appui médiatique grandissant. Outre les éternels torchons fascistes, il existe dorénavant des journaux à grand tirage qui leur servent à la fois de portevoix et d’avocat (Valeurs Actuelles, Le JDD ou Causeurs…). L’un des journalistes de VA, Etienne Arsac, est proche de Tenesoun. Même chose du côté de l’empire Bolloré, qui a régulièrement donné la parole aux responsables de GI sur ses canaux (CNews, C8 ou Europe 1).
Enfin, les nazis jouissent de la complicité directe ou tacite de la police, que ce soit en matière de renseignement, de laisser passer ou de militants.
Le Canard enchaîné souligne par ailleurs que dans toutes ses enquêtes liées aux tentatives d’attentats fomentés par des militants d’extrême droite, la DGSI récolte systématiquement « dans ses filets » plusieurs anciens de la police ou de l’armée. (L’Humanité, 7 décembre 2023)
La présence de militants nazis est particulièrement prégnante dans les organisations légales de policiers et dans des réseaux dissimulés de militaires qui n’hésitent plus à menacer la démocratie bourgeoise.
La saisine interne ne fonctionne jamais. Au pire, le donneur d’alertes sera sanctionné administrativement. Au mieux, il sera isolé de son service. (un officier anonyme, Le Point, 28 novembre 2014)
Les dangereuses illusions des directions du mouvement ouvrier
Face à la dangereuse montée du fascisme, LFI se vautre dans les appels à l’État bourgeois, ses ministres, son parlement (plein de RN) et sa police (pleine de RN et de fascistes).
Je souhaite et je demande que le ministre de l’Intérieur prenne les dispositions nécessaires pour faire en sorte que ce type de ratonnades de ces groupuscules d’extrême droite s’arrête immédiatement, que les boucles sur les messageries numériques qui sont mises en place pour leur permettre de s’organiser soient fermées, que les groupuscules violents qui sont pointés d’ailleurs dans un rapport d’information de l’Assemblée nationale comme une menace majeure pour l’ordre public, avec 1 300 personnes de l’ultradroite fichées S, soient mis hors d’état de nuire. (Manuel Bompard, Europe 1, 26 novembre 2023)
Le chef du PCF lui avait coupé l’herbe sous le pied la veille, en appelant à « laisser la justice et la police faire leur travail », tout en condamnant les nervis qui s’en sont « pris aux forces de l’ordre » (France Inter, 27 novembre).
Le NPA-AC qui souhaite collaborer avec LFI, ne peut décemment prendre le contrepied des crétins parlementaires et se contente d’appeler la « gauche sociale » à construire une « grande initiative unitaire contre l’antisémitisme, l’islamophobie et toutes les formes de racisme », le caractère fasciste de la ratonade de Romans-sur-Isère n’apparait même pas dans son communiqué du 28 novembre.
LO, le jour suivant, tout en rappelant à juste titre que les dissolutions des groupes fascistes par l’État bourgeois ne servent à rien, propose au « monde du travail de s’organiser sur son propre terrain », sans préciser s’il s’agit d’autre chose que de fournir des larbins à la bureaucratie de la CGT.
Le NPA-R voit dans la montée des groupes fascistes le « raidissement » de la bourgeoisie face à l’augmentation des « révoltes populaires », ce qui traduirait à la fois un terreau favorable au fascisme mais aussi à « la possibilité d’organiser des militants ouvriers derrière les idées communistes révolutionnaires » (11 décembre 2023). On ne voit pas bien en quoi la défaite de la classe ouvrière en France face à la contreréforme des retraites ou l’extermination des Palestiniens constitue une montée des « révoltes populaires », mais passons. Le NPA-R affirme également que « la question de formes d’organisation de la protection adaptées à l’émergence de groupuscules d’extrême droite armés est essentielle ». RP qui aime manifestement aussi les interrogations, juge à juste titre que « la question d’assurer une auto-défense large face aux groupuscules violents revêt une importance croissante » mais s’abstient aussi d’avancer une réponse !
Tandis que les bandes réactionnaires s’organisent militairement et s’arment, la classe ouvrière ne dispose pas encore pour sa défense d’organisations entrainées pour le combat. Persister dans cet état ce serait vouer le nombre à succomber devant l’organisation. Si le peuple reste désarmé, les exploiteurs aux abois lui imposeront leur plan par phases successives. C’est seulement si les travailleurs sont armés et qu’ils entrainent la masse que les exploiteurs qui ne sont qu’une infime minorité, reculeront devant le déclenchement de la guerre civile et que les bandes fascistes et réactionnaires perdront de leur audace. (Ligue communiste, section française de la 4e Internationale, Programme d’action, 1934)
Seule l’autodéfense des travailleurs, des étudiants, des femmes, des immigrés, des homosexuels indépendamment de l’Etat bourgeois et de sa police peut défendre les quartiers, les manifestations ou les piquets de grève des fascistes. Seuls l’armement du peuple et la prise du pouvoir par les travailleurs mettra fin définitivement au danger fasciste.