Notes sur le tremblement de terre et l’État (PD/Turquie)

Le matin du 6 février, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,7 s’est produit à 4 h 17 dans le district de Pazarcık de Maraş et un autre de 7,6 s’est produit à 13 h 24 le même jour dans le district d’Elbistan de Maraş. Ces séismes ont eu des effets dévastateurs à Maraş, Hatay, Kilis, Malatya, Adıyaman, Gaziantep, Adana, Osmaniye, Şanlıurfa, Diyarbakır. De nombreuses provinces et districts ont été quasiment rayés de la carte.

Le tremblement de terre n’a pas seulement eu un effet à l’intérieur des frontières de la Turquie, mais a également provoqué de graves effets en Syrie. Alep a été la région la plus touchée en Syrie. Les villes de l’ouest du Rojava, notamment Afrin, ont subi de graves dommages et des pertes de vies humaines. Dans la zone touchée par le séisme en Turquie, des hôpitaux, des postes de police, des aéroports, des autoroutes interurbaines, des ponts et même des bâtiments vieux de quelques années ont été détruits. […] Les populations laborieuses de Turquie paient de leur vie et de leur sang le prix le plus élevé de ce tremblement de terre [au 23 février, 45 000 morts et 100 000 blessés dans les deux États].


[Gabegie gouvernementale et solidarité ouvrière]

Le tremblement de terre est sans aucun doute une catastrophe naturelle, une ligne de faille traverse une partie importante des frontières de la Turquie. […] Les conséquences du tremblement de terre sont un phénomène purement de classe et politique et l’une des conséquences inévitables du capitalisme. […]

Avec ce tremblement de terre, des réactions telles que : « Où est l’État ? Où est l’armée ? On ne voit pas l’État ! » ont émergé parmi les masses. L’État était exactement là où il devait être. L’État était occupé à protéger les biens des propriétaires et à saboter la mobilisation solidaire des classes laborieuses. […]

Le capitalisme ne s’est jamais préoccupé de l’urbanisation planifiée et de la création de logements surs. Il concentre les opportunités d’emploi dans certaines métropoles, provoque la migration forcée des gens vers ces régions, et ne s’intéresse pas au problème du logement, qui en est une conséquence inévitable. Il considère ce secteur comme une nouvelle rente et un nouveau profit. La construction de bâtiments antisismiques est une situation qui contredit les intérêts des groupes du BTP. […] Tous les bâtiments dont il se vantait ont été détruits par le tremblement de terre. Afin de relancer l’économie du béton, le régime d’Erdoğan a systématiquement délivré des amnisties de zonage et des rapports d’EIE [rapports d’évaluation de l’impact environnemental] en faveur des entreprises du bâtiment. Les scientifiques avertissent depuis des années qu’un tremblement de terre majeur est imminent dans la zone sismique. Rien n’est plus important que la rentabilité du capital, y compris la vie humaine. […] Le salut de ce naufrage n’est pas possible sans le renversement du régime Erdoğan avec la mobilisation militante de masse des travailleurs et des opprimés.


Hatay, Turquie, 6 février 2023


Bien que le premier jour du tremblement de terre ait été très important, l’État n’est pas descendu dans la région et n’a pas utilisé les moyens à sa disposition pour la recherche et le sauvetage. Les équipes de recherche et de sauvetage, le Croissant-Rouge et l’armée tant vantée ne sont pas venus dans la zone du tremblement de terre, même si les jours ont passé. Aucun équipement de recherche et de sauvetage, tel que des grues, n’est arrivé dans la région. Alors que l’État n’a mobilisé aucune de ses forces pour secourir les gens, le sentiment de solidarité entre les ouvriers, les opprimés, les peuples s’est rapidement mobilisé. Une mobilisation de masse a commencé dans tout le pays pour secourir les personnes sous les décombres et pour se solidariser avec les victimes du tremblement de terre. Cette mobilisation de solidarité de masse se développait indépendamment de l’État et hors de son contrôle. […]

Parce que l’existence et le fonctionnement de l’État, sa structure entière est un appareil de force qui travaille pour répondre aux besoins de la bourgeoisie, pas de la société. Où était la TSK [armée turque] dans les premiers jours du tremblement de terre ? Pourquoi ne participe-t-elle pas aux opérations de déblaiement ? La réponse à cette question est à nouveau là où elle devrait être. Dès les premières heures du tremblement de terre, le TSK était occupé à tirer des obus d’artillerie à Tel Rifat [ville syrienne que les milices kurdes YPG tiennent], la région la plus touchée par le tremblement de terre après la Turquie. Le fait que le TSK est une armée d’occupation et que la république turque est une dictature bourgeoise sanglante établie pour opprimer les travailleurs et les opprimés est apparu une fois de plus au grand jour avec le tremblement de terre. L’État n’est rien de plus que cela. Il lève tous ses avions de guerre aux moments les plus inattendus, mène des opérations transfrontalières et se vante d’invasions et de massacres. L’État, qui a mis des dizaines de milliers de policiers dans les rues le 1er mai, le 8 mars, le 20 mars, le 25 novembre, lors du Newroz [fête nationale kurde que l’État turc interdit], disparait lors des séismes et des catastrophes. […] Cet État est l’ennemi juré et l’adversaire juré des travailleurs et des opprimés. Le seul élément qui protègera les travailleurs et les opprimés de tous les désastres possibles est d’avoir leur propre gouvernement (démocratie directe des travailleurs, dictature du prolétariat) basé sur des conseils et des shoras [organes de type soviétique apparus en Iran en 1979]. Sans cela, nous ne pourrons pas éviter d’affronter de nouveaux désastres et destructions.


[Erdoğan couvre ses fautes avec l’état d’urgence]

Dans les premières 24 heures, la période la plus critique du séisme, Erdoğan n’a été vu nulle part. Après qu’une mobilisation rapide de la solidarité et que la réaction contre l’État ait commencé à croitre rapidement, Erdoğan est apparu devant les caméras comme un meurtrier arrivant sur la scène après un meurtre.

Erdoğan a d’abord ouvert son discours par un thème liant le tremblement de terre au destin et à la nature. Puis, comme dans tous les désastres et catastrophes, il a une nouvelle fois demandé de l’argent au peuple. Après avoir déclaré l’état d’urgence dans 10 villes pendant 3 mois, il a ouvertement menacé les personnes qui étaient en colère contre lui :

Nos procureurs identifient ceux qui tentent de créer le chaos social avec des méthodes inhumaines et prennent les mesures nécessaires. Nous suivons ceux qui ont l’intention de monter les gens les uns contre les autres avec des fausses nouvelles et des déformations.

[…] En toutes circonstances, dans n’importe quel pays, l’état d’urgence, toute pratique qui augmente les sanctions et les initiatives de l’État et des forces de l’ordre ne vise pas à protéger les travailleurs. Ils visent à protéger l’État et le capital. Nous en avons fait l’expérience une fois de plus avec l’état d’urgence déclaré dans la région du tremblement de terre. […]

L’état d’urgence déclaré dans la région du tremblement de terre n’a pas pour but d’accélérer les opérations de recherche et de sauvetage ou d’assurer la sécurité de la population. Au contraire, il vise à perturber la mobilisation solidaire qui a émergé à la base après la déclaration de l’état d’urgence. La première chose qui s’est produite avec la déclaration de l’état d’urgence a été de bloquer les camions de solidarité. Les gouverneurs de district ont empêché les camions d’aide des municipalités non-AKP [parti islamiste au pouvoir] d’entrer dans la région, ont confisqué les marchandises contenues dans les camions et ont empêché l’équipement nécessaire aux secours d’atteindre la région. Les ONG qui organisent des réseaux de solidarité en dehors des institutions de l’État ont été prises pour cibles par le gouvernement. Les travailleurs des mines et du bâtiment qui souhaitaient se rendre volontairement dans la région pour participer aux opérations de recherche et de sauvetage en ont été empêchés à la fois par les entreprises pour lesquelles ils travaillaient et par le gouvernement. […] Le gouvernement a bloqué l’accès aux plateformes de médias sociaux telles que Twitter et TikTok, où les personnes piégées sous les décombres et les volontaires de recherche et de sauvetage étaient organisées et contactées, et a restreint l’accès à Internet. Pour Erdoğan, les mauvaises nouvelles dans la zone du séisme sont bien plus importantes que la vie des personnes qui meurent dans les décombres. Après la déclaration de l’état d’urgence, le racisme et la terreur fasciste ont commencé à émerger à travers l’hostilité aux immigrés. Erdoğan a annoncé qu’afin de répondre aux besoins d’hébergement des victimes du tremblement de terre, les universités seraient fermées et les dortoirs d’étudiants appartenant à l’État seraient utilisés pour loger les victimes du tremblement de terre. Il a annoncé que l’enseignement se poursuivrait en ligne jusqu’à la fin du semestre. Il y a deux raisons à cela : la première est économique et la seconde politique.

La première est économique, car si les victimes du tremblement de terre ne sont pas placées dans des dortoirs, elles devront être placées dans des hôtels et des auberges. Ce qui est totalement contraire aux intérêts des patrons du tourisme. Lorsqu’il s’agit du profit des patrons du tourisme, le droit à l’éducation des étudiants n’a aucune importance.

La deuxième raison est purement politique ; il s’agit de neutraliser le potentiel des groupes de jeunes étudiants, la section dynamique de l’opposition sociale, pour organiser des actions de masse contre le gouvernement.

Depuis le premier jour du tremblement de terre, le provocateur raciste fasciste enregistré Ümit Özdağ, [chef du ZP, Parti de la victoire, fasciste et anti-réfugiés] s’est engagé dans une activité d’organisation de pogrome ouvert contre les immigrés, les ciblant 24 heures sur 24 avec de fausses nouvelles. Les migrants ont été ciblés comme responsables du tremblement de terre et de toutes les destructions. Toutes ces activités ont été le nerf de la guerre pour le régime d’Erdoğan. La lutte contre la persécution des migrants est l’une des pierres angulaires de la lutte contre le fascisme. Afin de se débarrasser des destructions et des ruines causées par le séisme et l’État, il est d’une nécessité vitale pour les masses ouvrières et les forces révolutionnaires d’être solidaires des migrants et d’organiser des comités d’autodéfense contre la terreur fasciste.

Avant les élections présidentielles de 2018, Erdogan a publié une amnistie de zonage qui a donné des licences à 294 000 bâtiments illégaux dans la région où le tremblement de terre a eu lieu aujourd’hui. Ces bâtiments ont causé la mort de dizaines de milliers de personnes. Le gouvernement d’Erdoğan est un gouvernement qui ne respecte même pas la règlementation sur les tremblements de terre qu’il a mise en place. Le pilleur n’est autre que le gouvernement qui transfère les taxes sismiques collectées auprès du peuple aux monopoles de la construction en tant que ressources et prépare le terrain pour de grandes catastrophes dès le premier tremblement de terre. Les pilleurs sont les gouvernements locaux qui sont complices de ce massacre en donnant des rapports d’EIE [rapports d’évaluation de l’impact environnemental] et des permis de construire en échange de pots de vin. Le plus grand pillard est la classe capitaliste, qui s’est réjouie de l’augmentation des prix du ciment et des matériaux de construction à la Bourse le premier jour du tremblement de terre et qui a vu dans le tremblement de terre une nouvelle zone de profit et de rente. La déclaration du ministre de l’industrie et de la technologie Mustafa Varnak est l’indication la plus claire de la façon dont l’État et le front capitaliste voient le tremblement de terre et leurs priorités :

Nous voyons qu’il n’y a pas de destruction dans les installations de production qui pourrait nuire à la production. Cela nous réjouit.

[…] Dans la zone touchée, la population a été laissée sans accès aux besoins les plus élémentaires de la vie (nourriture, hygiène). Les personnes dans cette situation ont pris ce dont elles avaient besoin dans les magasins. Cette action n’est ni un pillage ni un vol. Le nom de cette action est l’expropriation. L’accès a été ainsi donné pour les victimes du tremblement de terre aux produits alimentaires, d’hygiène et d’eau qui étaient disponibles dans la zone du tremblement de terre. Les gangs de voleurs n’ont pas été montrés comme des pillards, les institutions étatiques qui ont confisqué les camions d’aide des municipalités et les ONG qui s’opposent au gouvernement n’ont pas été montrées comme des pillards. Les ouvriers et les migrants qui ont été victimes du tremblement de terre ont été montrés comme des pillards. C’est la raison principale de toute l’agitation autour des pillages, des appels à l’intervention de l’armée, de l’ordre donné à l’armée de tirer, et de l’escalade de la terreur fasciste à travers les sentiments anti-immigrés : la mobilisation solidaire des travailleurs qui se développe rapidement et la confrontation de la propriété bourgeoise sacrée avec les actions d’expropriation.

Lutte contre la terreur fasciste et l’état d’urgence


13 février 2023 : policiers matraquant des victimes du séisme qui « pillent » pour survivre


Le naufrage du tremblement de terre est aussi le naufrage du régime Erdoğan, qui s’est transformé en un cadavre pourri de 20 ans. Chaque mouvement fait par le gouvernement Erdoğan pendant le tremblement de terre n’est pas seulement un mouvement pour la survie de leur propre pouvoir, mais aussi un processus de préparation pour les élections. Ce tremblement de terre a pour effet d’approfondir la crise politique et la déliquescence du régime Erdogan, qui perd le pouvoir. Le plus grand avantage d’Erdoğan est l’existence d’une opposition qui est au moins aussi myope et faible que lui. L’Alliance nationale [Alliance électorale autour du Parti républicain du peuple, CHP, le parti kémaliste] sert de bouée de sauvetage qui sauve Erdoğan de ces difficultés. La réalité qu’il ne faut pas oublier est la suivante : le gouvernement auquel nous sommes confrontés est un gouvernement antidémocratique [qui emprisonne les députés et destitue les maires élus du HDP, le parti petit-bourgeois légal monté par le PKK interdit et d’autres forces]. Le régime auquel nous sommes confrontés est le régime d’état d’urgence. Sa principale nourriture est l’extorsion, le pillage, l’exploitation et la terreur fasciste. Seule et uniquement la mobilisation militante de masse des travailleurs peut briser ce blocus. […]

Dès le premier jour du séisme, Ümit Özdağ a soutenu qu’il y avait des pillages et des vols dans la région et qu’il fallait déployer l’armée dans la zone du séisme et lui ordonner de tirer. À l’aide de provocations sur les réseaux sociaux et de fausses nouvelles, il a fait une propagande provocatrice selon laquelle les immigrants syriens dans la zone du tremblement de terre pillaient et volaient, que l’État donnait la priorité aux Syriens dans les tentes et l’aide, et que les Syriens posaient un problème de sécurité pour le public. Bien qu’il ait été prouvé que nombre des informations qu’il affirmait étaient sans fondement et qu’il mentait de manière flagrante, il n’a pas cessé de produire de nouveaux mensonges pour des provocations racistes. Il a mobilisé ses partisans issus du lumpen et a coordonné des bandes fascistes pour qu’ils se rendent dans la zone touchée par le tremblement de terre pour y mener des agressions racistes. Les forces de l’ordre de l’État ont également répondu à l’appel d’Ümit Özdağ. Chaque jour, des personnes étaient qualifiées de pillards et frappées dans la rue sans aucun interrogatoire. Des vidéos de ces tortures étaient continuellement publiées sur les réseaux sociaux. Toute personne qui demandait de l’aide, qui faisait la queue pour obtenir de la nourriture, des couvertures, etc. et qui parlait arabe, devenait une cible ouverte des bandes fascistes et des forces de l’ordre. Les vidéos de torture ont commencé à être remplacées par des vidéos de cadavres de personnes assassinées. Les migrants tués sous la torture ont commencé à être exhibés par des bandes fascistes comme du gibier. Des nouvelles de personnes mourant sous la torture dans des postes de police ont commencé à apparaitre. En plus de l’impuissance créée par tous les débris du tremblement de terre et le sabotage par l’État des efforts de recherche et de sauvetage, il y avait aussi le fléau de la terreur fasciste.

L’agression fasciste est une sorte de tir d’entrainement en ciblant des groupes de population plus vulnérables, plus faibles, comme les migrants. Si cette agression n’est pas empêchée, elle se mobilisera pour attaquer d’autres groupes de la société. L’agression ne sera jamais limitée aux migrants, et elle ne l’a pas été. D’intenses attaques terroristes fascistes ont également commencé à se produire contre la population autochtone. C’est surtout contre les coordinations de solidarité établies par les groupes de gauche, socialistes, syndicaux, féministes dans la région du tremblement de terre que les attaques systématiques et les activités de prévention ont commencé. Les camions de solidarité du HDP ont été saisis. Des administrateurs ont été nommés par les gouverneurs de district pour toutes les aides collectées et les centres de coordination. Des administrateurs ont été nommés dans les cemevis [lieux de culte des alévis, minorité religieuse brimée] qui ont formé les centres de coordination de la solidarité. Les personnes qui ont transporté les camions d’aide d’Istanbul par solidarité et qui se sont portées volontaires dans cette organisation ont fait l’objet d’attaques armées. L’État, qui a laissé les gens mourir avec les débris de l’effondrement, impose l’état d’urgence pour empêcher toute mobilisation solidaire, déclarant tous les réseaux de solidarité civile autres que les institutions de l’État comme des ennemis ouverts. Si nous résumons, la terreur fasciste et la répression d’État se sont ajoutées à toutes les destructions du tremblement de terre. Il n’y a pas d’autre solution contre la terreur fasciste que de s’organiser en comités d’autodéfense.

[Tremblement de terre et élections]

La situation d’Erdoğan a empiré de façon exponentielle avec le tremblement de terre. Erdoğan, qui a rapidement perdu son soutien électoral en raison de la crise économique, est entré dans un processus de fonte comme de la glace après le tremblement de terre. La candidature d’Erdoğan à la présidence pour la troisième fois, qui était déjà en difficulté, l’a conduit à un dilemme encore plus grand.

Pour pouvoir être candidat pour la troisième fois, il doit avancer la date des élections et décider de renouveler le parlement.

Alors que la colère sociale causée par le tremblement de terre est si forte, aller à des élections anticipées signifierait qu’il a accepté la défaite. Selon la constitution actuelle, il n’y a aucune possibilité de reporter les élections, quelles que soient les circonstances. Erdoğan se débat dans des dilemmes politiques. Il peut tenter de reporter les élections en utilisant la catastrophe du tremblement de terre, en violation flagrante de la constitution. Mais si l’opposition accepte cela, cela causera sa perte. Il n’est pas nécessaire d’être clairvoyant pour prédire que les mois à venir seront caractérisés par des crises et des troubles politiques majeurs. Dans cette situation, le devoir de la classe ouvrière, des opprimés et des forces révolutionnaires n’est pas de faire partie de la crise du système, mais d’assurer l’approfondissement de cette crise, de transformer cette crise en opportunités révolutionnaires. Le principal point de départ pour cela est de créer le front des opprimés des travailleurs sans soutenir aucun bloc bourgeois et d’être actif pour la mobilisation des travailleurs. Il s’agit d’utiliser les élections comme point de départ à cette fin.

L’état d’urgence déclaré dans la région du tremblement de terre, l’agression fasciste organisée contre les immigrés sont les préparatifs du dernier atout d’Erdoğan pour rester au pouvoir. Il se prépare à rendre l’état d’urgence permanent, à renforcer la répression d’État et à commettre toutes sortes d’irrégularités. C’est la raison pour laquelle il terrorise à ce point la zone du tremblement de terre et établit une dictature complète. Même les registres des personnes décédées ne sont pas tenus avec précision. Il n’y a aucune garantie que les personnes décédées ne seront pas autorisées à voter lors des élections. De nombreuses victimes du tremblement de terre sont obligées de quitter leur quartier. Il n’est pas certain que des millions de personnes dont le domicile va changer voteront aux élections. Comme il l’a fait lors de la période électorale du 7 juin au 1er novembre 2015, rien ne garantit qu’il ne créera pas un environnement de terreur et de chaos dans tout le pays, qu’il n’étendra pas l’état d’urgence à tout le pays et qu’il ne créera pas un environnement électoral où il pourra facilement procéder à toutes les irrégularités. En cas de défaite électorale, rien ne garantit qu’il ne dira pas que les élections ont été truquées, qu’il ne lâchera pas des bandes de fascistes djihadistes dans les rues et qu’il ne se maintiendra pas au pouvoir par un coup d’État. C’est une réalité très claire qu’en aucun cas une élection ordinaire normale n’aura lieu, Erdoğan fera de son mieux pour ne pas achever son règne après 21 ans. A ce stade, le seul facteur qui empêchera Erdoğan de faire tous ses coups, qui rétrécira et isolera complètement son champ est la mobilisation militante de masse des ouvriers. C’est le seul élément qui neutralisera l’état d’urgence, la censure, l’agression fasciste et la terreur d’État.

15 février 2023

Patronsuzdünya [Un monde sans patrons, section turque du Collectif révolution permanente]

[les crochets sont du GMI]