Pérou : à bas le Parlement et à bas Boluarte ! (RP/Pérou)

(Espagnol /Español)

En juillet 2021, au Pérou, l’élection présidentielle a été gagné par Castillo, appuyé par Perú Libre, alors que le parlement d’une seule chambre, le Congrès de la république, restait aux mains des cliques politiques bourgeoises.
Le 7 décembre 2022, le congrès a destitué Castillo qui a été arrêté et l’a remplacé par l’ancienne vice-présidente Boluarte, de Perú Libre

Deux jeunes hommes abattus par la police à Andahuaylas, c’est le baptême sanglant du gouvernement de Dina Boluarte en seulement quatre jours. Il ne lui aura pas fallu longtemps pour ressembler aux présidents-tueurs successifs. Si Castillo avait renforcé son gouvernement, déjà néolibéral et répressif, avec Aníbal Torres, sympathisant belaundiste et ancien collaborateur du dictateur Fujimori à l’université de San Marcos, Boluarte a décidé de confier le gouverneement à Pedro Angulo, un ultra-néolibéral lié aux cercles extrêmes de Kuczynski, dont la première tâche sera de redoubler la répression par le biais des états d’urgence régionaux déclarés à cet effet, en collaboration avec Alberto Otárola, ancien ministre de Humala.

La dictature recherchée par Castillo à travers son coup d’État manqué du 7 décembre aurait constitué une autre étape de cette phase. Gazer, battre, arrêter et tuer est, pour tout gouvernement qui administre un État capitaliste au profit de la bourgeoisie, une nécessité incontournable.

Le gouvernement va encore massacrer, parce que son vrai camp est celui des militaires-policiers, l’ultra-droite va continuer à imposer la voie du coup d’État, le coup d’État réactionnaire qui tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, arrivera si la mobilisation indépendante des travailleurs ne parvient pas à se débarrasser de Castillo. (Révolution Permanente, 24 mai 2022)

Et en effet, la tentative de coup d’État a eu lieu.

Victime du désespoir, Castillo n’a pas pu faire face à deux ennemis plus dangereux que les votes de la majorité du Congrès : la mise au jour du réseau d’amitiés familiales corrompu qu’il a promu et la détérioration des conditions de vie de la majorité de la population. Un taux d’inflation de 9 % en glissement annuel, des secteurs entiers avec des indices en baisse comme les mines, l’agriculture, la pêche… toutes les caractéristiques du cours inexorable vers la misère. Dans ces circonstances, Castillo a opté pour la politique de tous ses prédécesseurs : à Washington, il a renouvelé sa loyauté envers les magnats transnationaux : « nous allons leur donner la tranquillité d’esprit », en faisant l’éloge du « soutien à l’activité privée », tandis qu’il a soumis au Congrès une proposition « consensuelle » qui demandait des prérogatives plus répressives pour la police et instituer un parlement à deux chambres.

Confronté dès le début à la contestation populaire de son orientation droitière évidente, Castillo a dû faire certaines concessions mineures aux catégories populaires et aux minorités régionales, afin de ne pas s’aliéner tous les secteurs. Cette situation a été exploitée par la bureaucratie syndicale et politique de la pseudo gauche pour se satisfaire d’un castillisme cynique, ce qui constituait un sérieux obstacle subjectif et organique pour un secteur des masses mobilisé qui rejette les pires forces réactionnaires représentées au Congrès, mais qui n’a pas su appréhender toute la dimension réactionnaire du gouvernement. Il a fallu quinze mois à ces dirigeants pour tourner.

Ils ont bien fait quelques critiques à l’exécutif, mais ils ont continué à le défendre. La menace d’un coup d’État fasciste a servi de prétexte pour paralyser le mouvement ouvrier et populaire et le condamner à une défaite récurrente face à la bourgeoisie et aux patrons transnationaux. Luis Villanueva, secrétaire général de la FTCCP [fédération du bâtiment de la CGTP, la centrale syndicale majoritaire] et du soi-disant Parti « communiste » péruvien, s’est mis d’accord avec Oscar Caipo, président de la CONFIEP [organisation patronale], pour maintenir inchangée la situation déplorable des travailleurs, lors de la CADE [organisme de collaboration de classes]. La direction PCP et PC-Patria Roja de la CGTP a fait l’éloge de l’impérialiste Organisation des États américains et de sa mascarade pseudo-démocratique, se mettant à son service comme à l’époque de la dictature de Fujimori. Toute cette caste pro-capitaliste dans le mouvement des exploités est le porte-drapeau de la fallacieuse « démocratie participative » et l’ennemi de la classe prolétarienne.

Des blocages de routes, des mobilisations et des affrontements ont lieu en ce moment dans de nombreuses régions contre les forces d’extrême-droite qui dominent le Congrès, cherchant à paralyser cet organe de domination capitaliste pour provoquer de nouvelles élections générales. Mais les élections dans cette pseudo-démocratie n’apporteront jamais la défaite politique réelle et historique de l’ennemi de classe et les travailleurs n’ont pas encore d’organe pour s’opposer au parlement bourgeois. Cet organe doit être une Assemblée nationale populaire qui représente tous les opprimés et se bat pour prendre le pouvoir dans le pays. Les assemblées populaires, les comités de lutte et d’autodéfense dans chaque district et province sont le moyen de construire ce pouvoir, sans lequel il n’y aura pas de présent ni de futur avec justice et liberté. Organisons-nous en un parti révolutionnaire et luttons pour un nouvel État ouvrier !

Grève générale illimitée pour arracher un gouvernement des travailleurs, des paysans et du peuple !

12 décembre 2022

Revolución Permanente / Pérou

(présentation et traduction par le GMI)