Arthaud, encore un effort pour devenir trotskyste !

Dans le domaine de la théorie, le centrisme est informe et éclectique ; il se soustrait autant que possible aux obligations d’ordre théorique et est enclin à préférer à la théorie la « pratique révolutionnaire » sans comprendre que seule la théorie marxiste est capable de donner à la pratique une direction révolutionnaire. (Léon Trotsky, « Centrisme et 4e Internationale », 22 février 1934, Œuvres, EDI, t. 3, p. 240)

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois

En 1968, même si la grève générale avait débuté dans l’usine Sud-Aviation (aujourd’hui Airbus) de Nantes à l’initiative de militants de l’Organisation communiste internationaliste (CIQI), les groupes « trotskyste » ne pouvaient pas diriger un quelconque secteur du prolétariat, vu leur taille. Mais ils ne prenaient pas le chemin d’un parti de type bolchevik. Tous ont rampé derrière la direction syndicale de FO (AJS et OCI lambertistes) ou le PCF et la direction de la CGT (VO hardyste, JCR et PCI pablistes). Après 1968, l’organisation hardyste LO, qui présentait des traits de secte, est restée longtemps dans l’ombre de la LC-LCR pabliste (assez astucieuse pour présenter un candidat en 1969) et de l’OCI-PCI lambertiste (plus implantée dans les entreprises et les administrations). La liquidation de la LCR au profit d’un NPA quasi-réformiste et du PCI pour un PT-POI/POID sociaux-chauvins lui sont une sorte de monopole un peu trompeur.

En septembre 2021, LO, sans s’embarrasser d’un semblant de concertation avec le NPA, a présenté une 3e fois la candidature de la professeure Arthaud. Elle avait obtenu 0,56 % des suffrages exprimés en 2012 et 0,64 % en 2017. Comme celle de l’ouvrier Poutou du NPA, sa campagne apparait réconfortante à côté de l’indigestion de « France » et de « nation », de drapeaux tricolores et de Marseillaise que procurent celles de Mélenchon, Roussel et Hidalgo. On voit même des panneaux sur la Commune de Paris dans les meetings d’Arthaud qui se présente systématiquement pour « le monde du travail d’abord », comme communiste, révolutionnaire et internationaliste.

Mais suivons un conseil avisé, « ne pas partir de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent… mais des hommes dans leur activité réelle » (Karl Marx, L’Idéologie allemande, 1845). Arthaud, née en 1970, semble n’avoir jamais dirigé une lutte sociale, ni comme lycéenne ou étudiante, ni comme professeure. Son organisation joue en permanence un double jeu entre le verbe radical, à coloration marxiste, et un rôle d’adjoint des bureaucraties syndicales (en particulier des « copains de la cégète »). Si on gratte le vernis couleur chêne, on trouve du vulgaire pin.

« Le monde du travail »

L’avenir dépend de la prochaine révolution du monde du travail. (Le Camp des travailleurs, p. 26)

Je m’adresse à ceux qui sont conscients qu’ils forment une seule et même classe. (4 pages, 10 mars 2022, p. 1)

La société est divisée en deux camps. Il y a d’un côté une minorité capitaliste, un grand patronat, une grande bourgeoisie… De l’autre, des femmes et des hommes qui ont une vie de labeur. (Lutte de classe, février 2022)

CCN de la CGT, 5 novembre 2020

Le « monde du travail » est un marqueur des bureaucraties syndicales d’origine stalinienne (CGT) ou d’origine chrétienne (CFDT, SUD). Le pape Karol Wojtyla – dit Jean-Paul II – l’employait fréquemment pour éviter le mot « classe » qui sentait le diable (voir encyclique Laborem exercens, 14 septembre 1981). Pour la même raison, la candidate du principal parti fascisant ne crache pas sur l’expression : « Marine Le Pen veut une école ouverte sur le monde du travail » (Les Échos, 14 février 2022).

Il n’est pas vrai que tous ceux qui travaillent font partie « d’une seule et même classe » et qu’un large « monde du travail » s’opposerait naturellement au « grand capital » devenu purement et simplement « parasitaire ».

D’une part, la majorité des capitalistes travaille. C’est le cas de presque tous les patrons de petites et moyennes entreprises. Même dans les grands groupes capitalistes, -la classe capitaliste a tendance à se polariser entre actionnaires qui se contentent de toucher les dividendes et manageurs qui, eux, dirigent effectivement les grandes entreprises.

Constitution de sociétés par actions. Les conséquences… transformation du capitaliste réellement actif en un simple dirigeant et administrateur du capital d’autrui et transformation des propriétaires de capital en simples propriétaires. (Karl Marx, Le Capital, III, 1963-1883, ES, p. 102)

D’autre part, des millions de travailleurs occupent une place entre classe ouvrière et classe bourgeoise :

  1. Ceux qui contrôlent leurs moyens de production et restent formellement indépendants (la petite bourgeoisie traditionnelle des paysans travailleurs, des petits commerçants, des artisans, des professions libérales),
  2. Ceux qui relaient l’autorité du capital au sein des entreprises et des administrations (la petite bourgeoisie de l’encadrement),
  3. Ceux qui fournissent les idées à la bourgeoisie et embrigadent les masses (la petite bourgeoisie de l’idéologie : prêtres, journalistes des médias capitalistes, nombre d’universitaires…),
  4. Ceux qui servent au maintien de l’ordre bourgeois ou à la guerre impérialiste (la petite bourgeoisie de l’appareil de répression : juges, policiers, gardiens de prison, militaires…),

L’armée permanente et la police sont les principaux instruments de la force du pouvoir d’État. (Vladimir Lénine, L’État et la révolution, 1917, GMI, 2016, p. 5)

  1. Ceux qui contrôlent au compte de la classe capitaliste les organisations de masse issues de la classe ouvrière (la bureaucratie « ouvrière » des partis comme le PS, le PCF, LFI ; des organisations syndicales CFDT, CGT, FO, SUD, UNSA, FSU…).

Cette couche de travailleurs embourgeoisés… entièrement petits-bourgeois par leur mode de vie, par leurs revenus, par toute leur conception du monde, est le principal soutien social de la bourgeoisie… Si on n’a pas compris l’origine économique de ce phénomène, si on n’en a pas mesuré la portée politique et sociale, il est impossible d’avancer d’un pas dans l’accomplissement des tâches pratiques du mouvement communiste et de la révolution sociale à venir. (Vladimir Lénine, « Préface à l’édition française », 6 juillet 1920, L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, ELE, p. 10)

La théorie communiste permet une analyse autrement réaliste que la mystification du « monde du travail » englobant policiers et petits patrons. En effet, le marxisme aide à comprendre un des mécanismes de la domination de la bourgeoisie : de plus en plus minoritaire dans la société, la classe capitaliste s’efforce, au prix de quelques concessions sur le dos du prolétariat, de s’appuyer sur les classes intermédiaires. Une conséquence est que les scores électoraux de Macron, Le Pen, Zemmour, Jadot, Pécresse… seront probablement plus élevés que celui d’Arthaud.

Luc Rouban, Les Fonctionnaires face l’élection présidentielle, Cevipof, mai 2021, p. 4

Dans le meilleur des cas, LO pose comme résolu un problème stratégique, celui de l’hégémonie ouvrière pour prendre la tête d’une fraction de la petite bourgeoisie et en neutraliser une autre. Or, l’alliance des semi-exploités avec la classe ouvrière – et sous sa direction – résulte de l’activité consciente de l’avant-garde du prolétariat, c’est-à-dire un parti qui reste à construire contre les agents de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier et leurs adjoints centristes.

Dans le pire des cas, LO contribue à la subordination des prolétaires aux petits bourgeois, voire à la couche inférieure de la classe capitaliste. Le résultat est que les travailleurs sont « utilisés par des forces politiques qui leur sont étrangères et pour des objectifs réactionnaires » (Le Camp des travailleurs, p. 29).

« Eux aussi sont victimes du grand capital »

Les petits patrons, des « victimes du capitalisme » dont la classe ouvrière « doit se faire le porte-parole ? » (Le Camp des travailleurs, p. 21) ? Les « petits patrons » mêlent les travailleurs indépendants et les petits capitalistes. Il est douteux que « certains petits patrons » subissent de la même manière que les travailleurs salariés « les méfaits de la domination du grand capital sur toute l’économie », que « eux aussi subissent de plein fouet la crise économique et sont victimes de la concurrence ». Ces balivernes rejoignent celles des partis sociaux-impérialistes (PS, PCF, LFI).

Avec son « eux aussi », LO assimile honteusement deux phénomènes distincts :

  • l’extorsion de la survaleur dont sont victimes les travailleurs salariés de toutes les entreprises ;
  • les transferts de la survaleur totale entre entreprises dont un mécanisme essentiel est la tendance à la péréquation du taux de profit.

Tous les capitalistes sont intéressés à l’exploitation et au degré d’exploitation de la classe ouvrière tout entière par le capital tout entier, non seulement par sympathie de classe, mais par intérêt immédiat, étant donné que le taux moyen du profit dépend du degré d’exploitation du travail social par le capital social. (Karl Marx, Le Capital, III, 1863-1883, ES, 1970, p. 211)

La concurrence entre capitalistes oblige les patrons des PME à exploiter férocement, ce qui explique qu’ils sont, même en gilet jaune, parmi les plus hostiles à l’augmentation du salaire minimum. Quand des petits capitalistes de l’industrie ou des services sont ruinés par la concurrence des grands, ils ne sont plus des petits patrons, ils rejoignent les rangs de la classe ouvrière.

Petits industriels, marchands et rentiers, artisans et paysans, tombent dans le prolétariat… ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes. (Ligue des communistes, Manifeste du parti communiste, 1847, GMI, p. 11)

La « concurrence » entre salariés sur le « marché du travail » aboutit, quant à elle, au chômage permanent d’une partie du prolétariat. Elle facilite la division entre travailleurs par les partis bourgeois (« assistés », « migrants », etc.).

« Les directions syndicales n’ont pas la volonté »

Être communiste révolutionnaire, c’est militer pour que les travailleurs accèdent à la conscience que la tâche de transformer la société dépend d’eux. (Le Camp des travailleurs, p. 24)

Mais qu’est-ce qui empêche « les travailleurs d’accéder à la conscience » ?

Des masses de millions d’hommes s’engagent sans cesse sur la voie de la révolution. Mais, chaque fois, elles s’y heurtent à leurs propres appareils bureaucratiques conservateurs… L’orientation des masses est déterminée, d’une part, par les conditions objectives du capitalisme pourrissant ; d’autre part, par la politique de trahison des vieilles organisations ouvrières. (4e Internationale, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938, GMI, p. 6-7)

Contrairement à l’Internationale communiste du temps de Lénine et à la 4e Internationale du vivant de Trotsky, les chefs de LO (qui comportent des responsables de la CGT de haut rang) ne critiquent que du bout des lèvres les bureaucraties syndicales.

C’est peu dire que les directions syndicales n’aident pas les travailleurs à prendre conscience de leur force !… Les directions syndicales ne font rien pour s’appuyer sur eux… Les directions syndicales n’ont pas la volonté d’offrir des perspectives de lutte aux travailleurs. (Le Camp des travailleurs, p. 27-28)

C’est peu dire que LO atténue la réalité ! LO regrette les faiblesses des directions syndicales en général, sans jamais expliquer la raison de cette prétendue mollesse, ni jamais oser dire qu’elles trahissent, tout autant que les partis sociaux-impérialistes. À aucun moment, la brochure ne mentionne Martinez ni la CGT.

La vérité est toujours révolutionnaire. Exposer aux opprimés la vérité de leur situation, c’est leur ouvrir la voie de la révolution. Dire la vérité sur les dirigeants, c’est saper mortellement les bases de leur pouvoir. Dire la vérité sur la bureaucratie réformiste, c’est l’écraser dans la conscience des masses. (Léon Trotsky, Lettre à la rédaction de « La Vérité », 11 octobre 1929)

Les bureaucraties syndicales trahissent parce qu’elles sont corrompues par la bourgeoisie, par les subventions, par la cogestion des groupes capitalistes, par leur participation grassement rétribuée à des dizaines d’organismes étatiques (Conseil économique, social et environnemental, Conseil d’orientation des retraites, etc.). Elles aident le capital contre le travail en acceptant de négocier toutes les attaques gouvernementales et patronales. Elles complètent leur sale besogne en sabotant la résistance des travailleurs avec des « grèves perlées », des « journées d’action » et des « grèves reconductibles ».

LO publie plein d’informations sur les méfaits des patrons et des cadres dans un établissement, mais elle ne peut témoigner d’aucun combat sérieux, réel et prolongé contre les bureaucraties syndicales, dans les entreprises et dans les syndicats eux-mêmes.

Le mot d’ordre essentiel dans cette lutte est : indépendance complète et inconditionnelle des syndicats vis-à-vis de l’État capitaliste. Cela signifie : lutte pour transformer les syndicats en organes des masses exploitées et non en organes d’une aristocratie ouvrière. Le second mot d’ordre est : démocratie dans Ies syndicats. (Léon Trotsky, Les Syndicats à l’époque de la décadence impérialiste, 1940)

D’un côté, le petit appareil de LO, de plus en plus lié à celui de la CGT, camoufle la cogestion et la négociation des plans antisociaux ; de l’autre, il appuie les « journées d’action ».


Par contre, à chaque fois que des travailleurs essaient de déborder les appareils syndicaux, d’imposer la grève générale pour vaincre, ils trouvent sur leur chemin, pour leur faire obstacle, des membres, du PCF, de LFI, du PS, de LO, du POID, du NPA… Tels sont les faits.

« Gauche », « droite », « extrême-droite »

LO analyse la vie politique comme les journalistes bourgeois, en termes illusoires de « droite » et de » gauche ».

La droite a de tout temps roulé pour le patronat. (Le Camp des travailleurs, p. 15)

Au pouvoir la gauche a aidé le grand capital. (Le Camp des travailleurs, p. 19)

La fausse polarisation gauche/droite aggrave la confusion introduite par « le monde du travail ». Elle est étrangère à la tradition communiste. Marx, Engels, Lénine, Luxemburg, Trotsky ne l’emploient pas parce qu’ils partent des classes, de la lutte entre les classes.

Pas plus que Martinez, Roussel, Mélenchon, Hidalgo, la candidate de LO ne se donne la peine de définir la gauche et la droite qu’elle emploie inlassablement. Curieusement, elle ne parle plus d’extrême-gauche (en 1968-1969 LO se situait dans « les gauchistes » ; en 1981, elle appelait à voter « le plus à gauche possible »). Par contre, elle garde le vocable « l’extrême-droite ».

L’unique antidote à cette poussée de l’extrême-droite est que les travailleurs retrouvent leurs valeurs politiques. (Le Camp des travailleurs, p. 16)

Dans « l’extrême-droite », les journalistes des grands médias, les chefs syndicaux, les candidats du mouvement ouvrier (Hidalgo, Rousse l, Mélenchon, Poutou et Arthaud) fourrent pêle-mêle des individus réactionnaires de toutes sortes, des partis xénophobes qui affectent de respecter la légalité et des nervis fascistes qui attaquent physiquement les locaux du mouvement ouvrier, ses colleurs d’affiches mais aussi les étrangers, les homosexuels, les musulmans, les Juifs…

S’il faut que les travailleurs « retrouvent leurs valeurs », cela pose des questions que LO laisse sans réponse : à quand remonte le temps où les travailleurs avaient leurs valeurs ? comment ont-elles été oubliées ? qui leur a fait perdre ?

Quand LO incite à rejoindre les protestations antivaccin et le « convoi de la liberté », est-ce qu’elle rapproche des « valeurs » ou en éloigne ?

« Convoi de la liberté, une contestation légitime »


Face à la pandémie, tous les États édictent tardivement des mesures de salubrité publique. Elles ne sont pas différentes de l’obligation d’un permis de conduire, du contrôle technique et des limitations de vitesse édictées en matière de circulation routière. Pourtant, dans le monde, des dirigeants et pas les moindres (le premier ministre du Royaume-Uni, les présidents des Etats-Unis, du Brésil, etc.) se prononcent d’abord contre les confinements, les gestes barrière et la vaccination.

En France, les directions syndicales de la CGT, de FO et des SUD ainsi que LFI condamnent l’obligation de la vaccination contre le covid pour fréquenter certains lieux publics ou pour travailler dans les établissements de soins. LO suit avec le CCR-RP, le NPA et d’autres « trotskystes » et soutient systématiquement les protestations antisociales des petits patrons, des obscurantistes, des intégristes et des complotistes dirigées par Philippot et Dupont-Aignan.

Face à la cinquième vague, le gouvernement impose le passe vaccinal. Ce nouveau tour de vis stigmatise un peu plus les non vaccinés. (Lutte ouvrière, 27 décembre 2021)

En fait de liberté, c’est celle de contaminer, comme les capitalistes réclament en général la liberté de licencier, de polluer et de ne pas payer de « charges ».

24 juillet 2021, discours de Philippot (Les Patriotes) aux antivaccins

Les travailleurs en grève, les manifestants ouvriers, les militants LGBT… doivent-ils attendre que « les travailleurs retrouvent leur valeurs politiques » quand ils sont aujourd’hui attaqués par des nazillons ? L’autodéfense contre les bandes fascistes et la police ne fait-elle pas partie des « valeurs politiques » qu’il faudrait retrouver ?

À toutes les organisations ouvrières, nous offrons un programme concret d’action sur la base du front unique prolétarien. Nous posons au centre des tâches d’aujourd’hui l’autodéfense active du prolétariat. La force contre la force ! La milice ouvrière est la seule arme pour lutter contre les bandes fascistes auxquelles la police officielle viendra inévitablement en aide. (Léon Trotsky, « Manifeste des communistes internationalistes au prolétariat mondial », 9 mars 1934, Face à la menace fasciste en France, GMI, p. 10)

« Le PCF aide les politiciens de gauche »

Le mythe de « la gauche » mélange toujours des partis bourgeois et le mouvement ouvrier. Il permet à l’occasion de justifier les alliances contre nature des organisations issues de la classe ouvrière (partis mais aussi syndicats) avec des représentants politiques directs de la bourgeoisie : Front populaire, CNR, Union de la gauche, etc.

Parfois, LO différencie « la gauche ». Pas pour opposer le mouvement ouvrier aux partis de la classe dominante, encore moins pour réclamer la rupture des premiers d’avec les seconds. Pour présenter le parti stalinien défroqué comme distinct des « politiciens de gauche » qui incluent les sociaux-démocrates.

Pour parvenir au pouvoir, les politiciens de gauche sont capables de jouer aux anticapitalistes et le PCF les a souvent aidés dans cette comédie électoraliste. (Gauche et droite au service des mêmes capitalistes, 14 janvier 2022)

Le PS-SFIO trahit en 1914. Le PC-SFIC l’a rejoint en devenant social-patriote en 1934 et en adoptant le front populaire (la subordination au Parti radical) en 1935.

L’alliance avec le Parti radical est une alliance, non avec la petite bourgeoisie, mais avec ses exploiteurs. (Léon Trotsky, « L’heure de la décision approche », 18 décembre 1938, Le Mouvement communiste en France, Minuit, p. 603)

Depuis, les dirigeants du PCF ne sont pas différents de ceux du PS. Il suffit de se pencher sur la campagne de Roussel pour le vérifier.

Les communistes révolutionnaires ne vivent pas à côté des partis « réformistes » comme le PCF, mais contre eux.

L’accusation capitale que la 4e Internationale lance contre les organisations traditionnelles du prolétariat, c’est qu’elles ne veulent pas se séparer du demi-cadavre politique de la bourgeoisie. (4e Internationale, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938, GMI, p. 28)

Les communistes révolutionnaires ne se bornent pas à commenter les tromperies passées des partis politiques « réformistes ». Ils tentent d’empêcher de nouvelles trahisons, de démasquer dans l’action les agents de la bourgeoisie. Il n’y pas d’autre voie pour construire un parti ouvrier révolutionnaire.

À la coalition ouverte ou masquée des sociaux-démocrates avec la bourgeoisie, les communistes opposent le front unique de tous les travailleurs et la coalition politique et économique de tous les partis ouvriers. (4e congrès de l’Internationale communiste, « Résolution sur la tactique », novembre 1922, Quatre premiers congrès de l’IC, p. 138)

De tous les partis et organisations qui s’appuient sur les ouvriers et les paysans et parlent en leur nom, nous exigeons qu’ils rompent politiquement avec la bourgeoisie et entrent dans la voie de la lutte pour le gouvernement ouvrier et paysan. Dans cette voie, nous leur promettons un soutien complet contre la réaction capitaliste. En même temps, nous déployons une agitation inlassable autour des revendications transitoires qui devraient, à notre avis, constituer le programme du gouvernement ouvrier et paysan. (4e Internationale, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938, GMI, p. 28)



Non seulement LO ne le fait pas, mais plus d’une fois, elle a aidé des politiciens bourgeois à obtenir les voix des travailleurs. Pour le second tour des législatives de 1981, elle appelle à voter pour les candidats de « la gauche » incluant ce qui reste du Parti radical (le MRG-PRG) et elle récidive à plusieurs reprises.

Aux municipales de 2008, elle a elle-même participé à des listes de type front populaire comprenant des candidats du MRC, du PRG, des Verts…

Bref, la tradition de LO est celle du centrisme, du « Bureau de Londres », du PSOP qui refusaient de s’opposer aux fronts populaires. Elle n’a rien à voir avec le communisme révolutionnaire.

La 4e Internationale n’a ni ne peut avoir place dans aucun des fronts populaires. Elle s’oppose irréductiblement à tous les groupements politiques liés à la bourgeoisie. Sa tâche, c’est de renverser la domination du capital. Son but, c’est le socialisme. Sa méthode, c’est la révolution prolétarienne. (4e Internationale, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938, GMI, p. 46)

« Un plan de combat »

Arthaud est présentée par LO « pour mettre en avant un plan de combat » (Le Camp des travailleurs, p. 26). Les « revendications indispensables pour les luttes de demain », pour « changer les choses ».

On trouve dans la brochure électorale et dans les vidéos de campagne des revendications justifiées mais c’est aussi le cas de Roussel, Hidalgo ou Mélenchon. On en trouve même davantage chez Poutou !

Nous avons vu qu’il n’y avait rien sur la laïcité. Il n’y a rien non plus sur les attaques contre les statuts des travailleurs de l’État, la privatisation de l’éducation, la soumission de la recherche au profit. Il n’y a rien sur le droit à l’avortement, qui reste non seulement restreint mais de moins en moins accessible. Dans une déviation « économiste », quasi-syndicaliste, il s’agit surtout de mieux répartir l’argent.

Prendre sur les profits pour augmenter les salaires, prendre sur les dividendes pour créer des emplois, prendre sur les grandes fortunes pour payer les pensions de retraites. Il faut se battre pour que la société réponde à nos besoins. (Clip de campagne)

En mai 1968, les salaires ont bien augmenté, mais l’inflation a rapidement rogné les gains. « Le combat », s’il se borne aux « luttes » et aux « grèves », n’apporte que des résultats éphémères, d’autant que, à la place de l’autodéfense ouvrière, de l’armement des travailleurs du programme communiste, le pacifisme est la règle pour LO.

Eh bien, voilà la méthode à employer : renouer avec les luttes, les grèves, et se faire craindre du patronat et du gouvernement ! (Le Camp des travailleurs, p. 26)

Quand le patronat a réellement peur, l’expérience historique montre qu’il commencer à miser sur les généraux putschistes et sur les bandes fascistes, malgré leurs inconvénients.

L’exacerbation de la lutte du prolétariat signifie l’exacerbation des méthodes de contre-offensive de la part du capital. Les nouvelles vagues de grèves avec occupation des usines peuvent provoquer et provoqueront infailliblement, en réaction, d’énergiques mesures de la part de la bourgeoisie. Le travail préparatoire se mène dès maintenant dans les états-majors des trusts. Malheur aux organisations révolutionnaires, malheur au prolétariat s’ils se trouvent de nouveau pris à l’improviste ! (4e Internationale, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938, GMI, p. 17-18)

Les chefs de LO comprennent ce que le capitalisme coute à l’humanité, mais ne croient pas à la possibilité de le renverser. Ils sont en fait sceptiques sur la capacité révolutionnaire du prolétariat. D’ailleurs, pour son fondateur Hardy (Robert Barcia, 1928-2009, qui n’avait jamais appartenu à la 4e Internationale), il n’y a jamais eu de crise révolutionnaire en France au 20e siècle, ni en 1936, ni en 1944, ni en 1968… alors que ses propres troupes sentaient bien qu’il y avait plus qu’une grève revendicative en mai-juin. Réduire le soulèvement de la jeunesse étudiante et la grève générale, s’inscrivant dans une poussée révolutionnaire internationale, à une simple lutte syndicaliste était précisément la ligne du PCF et de la direction de la CGT.

Voilà pourquoi LO n’a pas besoin des mots d’ordre de soviets, de milice ouvrière, d’armement des travailleurs, de gouvernement ouvrier, d’Etats-Unis socialistes d’Europe, contrairement aux communistes révolutionnaires.

Abolition des armées permanentes et armement général du peuple. (Parti ouvrier, Programme du Havre, 1880)

Exécution des fonctions de police par la milice des travailleurs. (Ligue communiste, Programme d’action, 1934)

Contre le mot d’ordre réactionnaire de la défense nationale, il faut lancer celui de la destruction révolutionnaire de l’État national. À la maison de fous de l’Europe capitaliste il faut opposer le programme des États-Unis socialistes d’Europe comme étape sur la route vers les États-Unis socialistes du monde. (4e Internationale, La Guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale, mai 1940, GMI, p. 13)

« De l’argent, il y en a »

Qu’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas d’argent dans la société. Il y a tous les profits accumulés depuis des années par tous ces grands groupes. (Le Camp des travailleurs, 4 février 2022, p. 5)

Les militants reprennent volontiers en chœur : « De l’argent il y en a, dans les caisses du patronat ! » dans les meetings de la campagne présidentielle.

Il est un argent dont LO ne parle jamais, celui qui va des impôts supportés majoritairement par les travailleurs aux poches de l’Église catholique. LO s’oppose au port du voile par des élèves à l’école mais ne met pas en cause les flux considérables d’argent public versés à « l’enseignement privé » (essentiellement chrétien) par l’État central et les collectivités territoriales…

En tout cas, la thématique « de l’argent, il y en a » est empruntée aux bureaucrates de la CGT qui prétendent inlassablement qu’on peut sans difficulté (et même au bénéfice du capitalisme français) répartir mieux les revenus. Politiquement, elle est commune à LFI, PCF, NPA et LO.

De l’argent, il y en a. Ce sont toujours les mêmes qui l’ont. Il faut partager la richesse. (Jean-Luc Mélenchon, L’Insoumission, 17 septembre 2021)

D’abord, les « grands groupes » ne sont pas les seuls à faire des profits, les entreprises moyennes et même pas mal de petites aussi. Sinon, elles disparaissent comme capital. L’exploitation n’y est pas moindre, au contraire.

Surtout le capital est plus qu’un stock d’argent, c’est un rapport social. Même dans les « grands groupes », les profits ne sont pas « accumulés depuis des années » dans une sorte de réserve à la Picsou. Ils ont généralement disparu. Une part a été dépensés improductivement (les « dividendes » servent de revenus des capitalistes et de leurs familles) ; une part (« l’autofinancement ») est réinvestie en moyens de production et en salaires pour accumuler le capital, c’est-à-dire pour exploiter à plus grande échelle la nature et les producteurs.

De quoi est constitué le surproduit ? S’agit-il de choses destinées à satisfaire les besoins et les désirs de le classe capitaliste et qui rentreraient donc dans son fonds de consommation ? Si ce n’était que cela, la survaleur s’envolerait tout en joyeuseté… Pour accumuler, il faut transformer en capital une partie du surproduit. (Karl Marx, Le Capital, I, 1867-1883, ES, p. 564)

Certes, lors des crises périodiques du capitalisme comme en 2008 et en 2020, l’accumulation du capital s’interrompt. Mais c’est parce que le taux de profit s’effondre. Pour autant, les besoins des travailleurs ne sont pas moins criants. Quand la crise économique frappe, quand les profits baissent et quand le chômage augmente, la lutte est plus nécessaire que jamais. Mais son acteur principal est le prolétariat (pas « le monde du travail »), son but n’est pas de « maitriser les capitaux ».

« Changer le système »

Le « plan de combat » est destiné à « changer les choses » (Le Camp des travailleurs, p. 3), ce qui est plutôt vague. Dans sa vidéo de campagne, la candidate déclare : « Il faut s’opposer à l’ordre capitaliste », mais ce n’est pas y mettre fin.

Je ne vois pas comment on peut reprendre la maitrise de l’économie sans avoir la maitrise des capitaux… C’est le fondement même des idées communistes. (Nathalie Arthaud, France Inter, 1 avril 2012)

De même, « les besoins vitaux du monde du travail doivent passer avant les profits » (Le Camp des travailleurs, p. 3), une formule compatible avec l’idéologie de la CGT (et de Mélenchon ou de Roussel). Mais n’est-ce pas concéder que les profits devenant secondaires, il y aura toujours des profits, donc que l’exploitation capitaliste perdurera ? Le fondement des « idées communistes » d’Arthaud s’apparente dangereusement à l’idéologie réformiste du PCF et de l’appareil de la CGT empruntée à l’idéologie de lord Keynes et à la pratique du général de Gaulle. Lors d’une émission de radio, il peut s’agir d’un lapsus. Mais le bureau politique a pesé chaque mot de la brochure de campagne.

Si le capitalisme n’est plus capable de garantir le droit à l’existence- des travailleurs, c’est bien une preuve de plus que ce système n’a pas d’avenir et qu’il faut se battre pour le changer ! (Le Camp des travailleurs, p. 12)

Changer « le système » n’est pas identique à « changer de système », ce qui nécessite une révolution socialiste mettant en place un gouvernement ouvrier et les Etats-Unis socialistes d’Europe, ouvrant la perspective du socialisme. Nous n’avons pas à « changer le système » en faillite, mais à le liquider.

L’objectif est de construire une société correspondant aux besoins et aux possibilités de notre époque. (4 pages, 10 mars 2022)

Mais comment s’appelle cette société future ? Son préalable n’est-il pas l’abolition du capital, du rapport social d’exploitation.

Le but de la Ligue des communistes est la destruction de l’ancienne société, la libération spirituelle, politique et économique du prolétariat, la révolution communiste. (« Statuts de la LC », 1847, Manifeste du parti communiste, GMI, 2016, p. 32)

La forme nécessaire de la révolution est le renversement de l’État bourgeois… dont il n’est jamais question dans la campagne électorale. Au contraire, LO brouille délibérément les cartes sur un pilier de l’ordre capitaliste, la police.

« Pas l’envoi d’armes »

Nous revendiquons un cessez-le-feu en Ukraine et la mise en œuvre des accords existants, l’arrêt des menaces et des livraisons d’armes à toutes les parties, que les Nations Unies [ONU] soient le cadre privilégié. (CGT, 25 février)

LO fixe le même but (l’arrêt des livraisons d’armes) que la GCT en affectant aussi la neutralité : comme l’Ukraine est capitaliste (vrai), la Russie aussi (vrai), les deux se valent (faux).

Au nom de la patrie, ukrainienne ou russe, des travailleurs sont transformés en chair à canon pour que des oligarques, russes ou ukrainiens, sauvent leurs yachts et leurs milliards. (Nathalie Arthaud, Lutte ouvrière, 7 mars)

Pour LO, la Russie n’est pas un État impérialiste. Elle n’est même pas capitaliste, semble -t-il, puisque la base sociale de Poutine ne serait pas la nouvelle bourgeoisie (les « oligarques »), mais « la bureaucratie » éternelle.

Si Poutine a ainsi pu rétablir un État fort, c’est fondamentalement parce que le régime autoritaire qu’il incarne depuis déjà vingt-deux ans répond aux intérêts collectifs de sa base sociale, cette bureaucratie qui avait failli tout perdre avec la disparition de l’ancien État. Poutine sut assoir son pouvoir en permettant aux clans au sommet de l’État de continuer à faire des profits par milliards pour peu qu’ils acceptent son autorité. Mais il le fit aussi en rendant à la bureaucratie dans son ensemble, du haut en bas de la chaine hiérarchique, la possibilité de vivre de ses prébendes… Poutine, représentant de l’oligarchie et de toute la bureaucratie russe, est évidemment un ennemi des travailleurs, tout autant que les dirigeants impérialistes. Il est l’ennemi de ceux de son pays comme de ceux de l’Ukraine où il mène la guerre aujourd’hui. (Pierre Merlet, Lutte ouvrière, 2 mars 2022)

La fraction majoritaire de la bureaucratie stalinienne a restauré consciemment le capitalisme en 1992 et ses capitalistes sont aussi riches et exploiteurs que les autres. La Russie capitaliste détient des entreprises de taille internationale, elle opprime en son sein des minorités nationales, elle tente de coloniser sa périphérie, elle intervient militairement au Proche-Orient et en Afrique. Tout cela en fait clairement un État impérialiste.

Aujourd’hui, selon LO, l’Ukraine ne doit surtout pas recevoir d’armes.

Cette solidarité ne se fait pas par l’envoi d’armes, mais dans la lutte contre un système qui n’engendre que crises et guerres. (Aline Retesse, Lutte ouvrière, 3 mars)

Il est vrai que VO (l’ancêtre de LO) avait mis plusieurs années avant de se prononcer pour l’indépendance de l’Algérie (quand le PCF l’avait acceptée).

Autrement dit, il faut laisser la bourgeoise impérialiste russe écraser l’Ukraine, ramener sa population à une nation opprimée. Les communistes ne sont pas des pacifistes, ils constatent qu’en Ukraine, il y a agression d’une puissance impérialiste contre un petit pays voisin dont Poutine récuse l’existence même. Il accuse d’ailleurs Lénine et le Parti bolchevik d’avoir inventé artificiellement l’Ukraine.

L’Ukraine contemporaine a été entièrement et complètement créée par la Russie, plus exactement par la Russie communiste, bolchevik. (Vladimir Poutine, Discours télévisé, 21 février 2022)

Rappelons aux chefs « trotskystes » de LO, pour qui les policiers et les gendarmes sont des travailleurs comme les autres, que Trotsky s’était prononcé pour l’indépendance de l’Ukraine alors que l’URSS était encore un État ouvrier.

Il faut un mot d’ordre clair et précis, qui corresponde à la situation nouvelle. À mon avis, il n’existe à l’heure actuelle qu’un seul mot d’ordre de ce type : pour une Ukraine soviétique, ouvrière et paysanne unie, libre et indépendante ! Il n’y a que les indécrottables crétins pacifistes pour croire que l’émancipation et l’unification du l’Ukraine puissent être réalisées par des moyens diplomatiques pacifiques, des référendums, des décisions de la Société des nations [l’ancêtre de l’ONU], etc… Pas le moindre compromis avec l’impérialisme, qu’il soit fasciste ou démocratique ! Pas la moindre concession aux nationalistes ukrainiens, qu’ils soient réactionnaires-cléricaux ou pacifistes-libéraux ! Pas de front populaire ! Indépendance totale du parti prolétarien en tant qu’avant-garde des travailleurs ! (Léon Trotsky, « La Question ukrainienne », 22 avril 1939, Œuvres, ILT, t. 21, p. 128)

Les chefs de LO oublient aussi que Lénine avait applaudi l’insurrection armée irlandaise d’avril 1916 contre l’impérialisme anglais… et refusé de condamner la demande d’armes des nationalistes à l’impérialisme allemand.

Les opinions des adversaires de l’autodétermination aboutissent à cette conclusion que la viabilité des petites nations opprimées par l’impérialisme est d’ores et déjà épuisée, qu’elles ne peuvent jouer aucun rôle contre l’impérialisme, qu’on n’aboutirait à rien en soutenant leurs aspirations purement nationales, etc. L’expérience de la guerre impérialiste de 1914-1916 dément concrètement ce genre de conclusions. (Vladimir Lénine, « Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes », juillet 1916, Œuvres, Progrès, t. 22, p. 381)

« Les policiers, le gouvernement ne leur donne pas les moyens »

C’est le cas quand LO soutient, comme le PCF et le PS, les réclamations de militaires et de policiers qui reviennent toujours à diminuer les libertés et à renforcer l’appareil répressif de l’État bourgeois.

Lutte ouvrière, 7 décembre 2001. L’hebdomadaire soutient de fait la sédition des policiers et des gendarmes, encadrée par le RPR (LR aujourd’hui), le FN (RN) et les groupes fascistes, contre le gouvernement qui comprend PS et PCF. Pour les chefs de LO, les flics font « une démonstration qui peut être utile à l’ensemble du monde du travail ». Les flics font donc partie du « monde du travail », sinon, LO écrirait : « une démonstration utile au monde du travail », ce qui serait déjà scandaleux.

La brochure de campagne est totalement silencieuse sur les violences policières qui ont émaillé le quinquennat de Macron, qui vont des agressions de son responsable sécurité Benalla envers des manifestants à la violence incroyable déployée contre les gilets jaunes en passant par la répression des grèves et des manifestations du mouvement ouvrier.

Les policiers, ce que je vois, c’est qu’on leur demande vraiment de faire un travail difficile mais le gouvernement ne se donne même pas les moyens effectivement de leur donner de quoi travailler. (Nathalie Arthaud, France Info, 15 septembre 2021)

Il ne s’agit pas d’un dérapage verbal à la radio, mais d’une véritable ligne politique.

Quand la police, elle protège réellement la population, eh bien c’est une bonne chose bien évidemment et il faut qu’elle en ait les moyens. (Nathalie Arthaud, France info, 21 avril 2017)

Cet opportunisme vient de loin.

Je vais étonner, eh bien, je suis pour l’augmentation du nombre de policiers. Mais il faut qu’ils soient plus près de la population. (Arlette Laguiller, TF1, 30 mars 1981)

Il faut dire que la CGT syndique les policiers, comme s’ils étaient des travailleurs comme les autres.

Le ministère de l’Intérieur ferait mieux d’octroyer la gratuité du train sans contrepartie aux agents de Police. La CGT-Intérieur Police et la Fédération CGT des Cheminots regrettent que cette annonce tombe en même temps que celle de la remise en cause de ce droit pour les cheminots. Il s’agit là d’une ficelle grossière pour opposer les salariés entre eux. Les policiers ne demandent pas de droits au détriment des autres salariés ! Ils demandent la juste reconnaissance de leur travail, comme les cheminots ! (CGT-Intérieur police & Fédération CGT des cheminots, Communiqué commun, 8 septembre 2021)

Pour la CGT, l’État bourgeois est neutre. Tout au plus, la police est, parfois, mal utilisée par tel ou tel gouvernement. Les policiers sont alors victimes de Macron, un peu comme les autres catégories de travailleurs le sont. Tel est véritable contenu du « monde du travail » incluant le « monde de la répression ». Les adjoints de la bureaucratie syndicale sont donc obligés d’amputer sciemment, délibérément le programme communiste.

LO, un couteau sans lame

Vu l’effondrement du PCF, LO avance désormais qu’il faut un parti, mais sans jamais lui donner sa véritable dimension internationale. Elle a bien des franchises étrangères, souvent de taille réduite, mais sa candidate et sa brochure de campagne n’en parlent pas, les méprise. C’est bon pour la revue et pour la fête annuelle. Or, il n’y a jamais eu de véritable parti révolutionnaire qui soit apparu en dehors d’une internationale ouvrière.

Le centriste ne comprend pas qu’à l’époque actuelle on ne peut construire un parti révolutionnaire que comme partie intégrante d’un parti international. (Léon Trotsky, « Centrisme et 4e Internationale », 22 février 1934, Œuvres, EDI, t. 3, p. 241)

Qu’est-ce qu’une « communiste », une « révolutionnaire », une « internationaliste » qui refuse de lutter contre la confiscation des syndicats de salariés par des bureaucraties sociales-impérialistes corrompues ?

N’est pas internationaliste celui qui proclame avec force qu’il est internationaliste, mais seulement celui qui lutte effectivement en internationaliste contre son gouvernement, contre ses sociaux-chauvins. (Vladimir Lénine, « Projet de thèses », décembre 1916, Œuvres t. 23, Progrès, p. 231)

Qu’est-ce qu’une « communiste », une « révolutionnaire » qui demande plus de moyens pour la police ? Qu’est-ce qu’une « communiste », une « révolutionnaire » qui ne prévient pas les travailleurs qu’il faut s’en défendre ? Qu’est-ce qu’une « communiste », une « révolutionnaire » qui n’a pas pour programme l’armement des travailleurs et la dispersion des corps de répression ?

Les réformistes inculquent systématiquement aux travailleurs l’idée que la sacrosainte démocratie est assurée au mieux lorsque la bourgeoisie est armée jusqu’aux dents et les ouvriers désarmés. (4e Internationale, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938, GMI, p. 18)

Nous avertissons les travailleuses et les travailleurs qui sympathisent pour LO que, hélas, ils ont affaire à une contrefaçon, à une falsification.

Pour en faire un authentique parti ouvrier révolutionnaire, nous conseillons aux membres de LO de tenter de transformer -collectivement- l’organisation qui les a sensibilisés à la révolution, qui leur a fait lire, après Zola et Gorki, des livres marxistes dont elle ne tire pas l’essentiel. Mais ces militants risquent fort de s’apercevoir que l’influence stalinienne qui ampute le programme se retrouve aussi dans le fonctionnement interne, antidémocratique, comme en ont avant eux fait l’expérience les courants VdT et CR. S’ils réussissent, le GMI se fondra volontiers dans la nouvelle organisation qui sortira de leur combat. S’ils échouent, le Groupe marxiste internationaliste leur tendra la main pour qu’ils ne sombrent pas dans le découragement.

Il faut faire vite, car les échéances approchent et ni le NPA, ni LO ne sauront les affronter.

7 avril 2022