Il est clair que nous devons prendre certaines décisions quant à notre objectif : comment obtenir satisfaction pour nos revendications et dans quelles conditions allons-nous négocier. Cependant, nous devons éviter de prendre des décisions hâtives et d’entamer trop tôt des négociations.
Les principaux dangers qui menacent notre grève nationale sont la possibilité que l’ennemi crée des divisions parmi les travailleurs et la confusion sur notre plan d’action. Les employeurs et les fonctionnaires du gouvernement feront tout leur possible pour créer de telles divisions, par exemple en acceptant les demandes minimales de certains travailleurs et en les incitant à reprendre le travail, puis en forçant le reste d’entre nous à faire de même. Nous devons être vigilants face à de telles machinations.
La façon dont les administrateurs réunis sur le réseau social Telegram, au nom de « Kariabi Pipin »g et de « Arkan She », s’adressent aux travailleurs est semblable à celle dont un gradé s’adresserait à des subalternes : ils donnent des ordres et nous interdisent de prendre telle ou telle mesure. Il est clair qu’ils sont heureux d’accepter des concessions minimales et la fin de la grève. C’est pourquoi ils ont fait campagne pour évacuer les lieux de travail. Ils disent : « Prenez du bon temps avec votre famille. Nous sommes là, faites-nous confiance ». Chaque fois qu’il y a une manifestation ou un rassemblement, ils s’y opposent et créent un « incident » de sécurité.
Les travailleurs doivent savoir que le temps de faire confiance aux autres est révolu. Nous devons décider par nous-mêmes. Ces groupes veulent tout contrôler et qualifient quiconque dit quelque chose de différent de diviseur ou de pire. Nous devons affirmer clairement : nous n’avons pas besoin de représentants autoproclamés. Les représentants de chaque section locale doivent être élus et doivent être impliqués à tous les niveaux de décision.
Étant donné que les travailleurs en grève à Assaluyeh et Kangan ont quitté leurs bases, il est impossible d’élire un représentant ou une délégation chargée de négocier avec les employeurs dans ces sites. Dans ces régions, nous devrions établir nos propres groupes Telegram dès que possible et élire nos propres représentants. C’est notre droit. Se réunir en groupe, discuter de nos revendications et choisir nos véritables représentants n’est pas sujet à controverse.
Une façon de maintenir l’unité est de déterminer un ensemble unique de revendications nationales, de sorte que, une fois qu’il y a des négociations, nous ne consentons pas à moins que ces revendications. Elles doivent servir de modèle aux autres sections. En attendant, dans un premier temps, nous devons faire pression sur les employeurs pour qu’ils se prononcent en toute transparence et sous forme écrite et publique (voir la 5e déclaration de notre Conseil d’organisation) sur les revendications des travailleurs. Sur cette base, nous annoncerons nous aussi nos décisions collectives.
Nous n’acceptons pas les négociations secrètes, tenues à huis clos, qui ignorent les vrais travailleurs. Les décisions prises entre négociateurs, employeurs et entrepreneurs ne seront reconnues que si les travailleurs en sont informés et les approuvent.
Les premières négociations ou accords qui seront probablement passées entre les travailleurs et les employeurs dans plusieurs entreprises contractantes sont importantes. Elles peuvent servir de base aux négociations avec d’autres entreprises. Il faut donc faire attention à cela, car une fois que ces premiers accords seront signés et que les travailleurs de ces entreprises reprendront le travail, les objectifs de la grève auront été déterminés pour le reste des travailleurs. Il est très important que nous prenions l’initiative dans ces cas-là et que nous essayions de faire en sorte que nos revendications initiales et immédiates soient claires et constituent la base des négociations avec les employeurs.
Nos revendications sont les suivantes :
- Des augmentations de salaire basées sur les données chiffrées que nous suggérons pour différents niveaux de travailleurs qualifiés : aucun travailleur ne devrait être payé moins de 12 millions de tomans [201 euros par mois]; des contrats de travail permanents et la sécurité de l’emploi doivent s’imposer; les salaires devraient être payés à temps, chaque mois.
- Le cadre de travail doit être sûr et les lieux de travail ainsi que les dortoirs des travailleurs doivent être climatisés. Nous demandons une amélioration substantielle de l’état des dortoirs, des toilettes et des salles de bains des travailleurs, l’attribution d’une nourriture appropriée, ainsi que la mise à disposition d’installations médicales sur les lieux de travail et d’une assurance maladie gratuite pour les travailleurs.
- Notre principale revendication est la fin du travail précaire et l’abolition des zones économiques spéciales, où les employeurs peuvent imposer leurs propres règles.
En luttant pour ces revendications, nous pouvons réduire le pouvoir des firmes sous-traitantes et déclarer qu’à partir d’aujourd’hui, le gouvernement doit superviser la mise en œuvre de tous les accords décidés lors des négociations avec les employeurs.
Le conseil local d’organisation des mobilisations de protestation doit servir de canal de discussion pour les négociations avec les employeurs. Envoyez vos revendications et vos idées au conseil local, présentez-les à vos amis et encouragez-les à devenir membres des actions locales. En même temps, créez des réseaux partout où vous le pouvez, afin que nous puissions réfléchir régulièrement à la manière de faire progresser nos mobilisations.
Nous tenons à remercier toutes les organisations, les travailleurs et les autres personnes qui ont soutenu nos mouvements de protestation et nos revendications. Notre devoir urgent est de coopérer avec tout groupe et toute institution qui soutient les intérêts des travailleurs en grève. Nous mettons l’accent sur l’unité et la solidarité du travail. En avant, pour la victoire !