Macron ne combat pas la pandémie, mais les travailleurs de la santé !

Seuls des imbéciles peuvent encore nier qu’une quatrième vague de contamination au coronavirus soit à l’œuvre à l’échelle de la planète, du fait du variant Delta, beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs. En cause l’incapacité du capitalisme au stade impérialiste à maîtriser la pandémie, avec la propriété privée des brevets et de la production des vaccins, avec la situation le plus souvent déplorable, sinon dramatique des systèmes de santé publique dans le monde au profit des cliniques privées. En cause les bourgeoisies rapaces, leurs gouvernements et leurs dirigeants, qui s’entendent comme larrons en foire quand il s’agit de préserver les intérêts de leurs trusts pharmaceutiques au détriment de la population mondiale. Et plus la pandémie dure, s’installe et rebondit d’un pays à l’autre, plus des variants potentiellement plus contagieux, plus dangereux et éventuellement capables de contourner les barrières vaccinales, peuvent se développer.

Les pays pauvres ont vacciné 1 % de leur population, contre 55 % aux États-Unis et environ 25 % dans le monde. Les raisons de cet écart reviennent aux décisions prises au début du financement initial et de la distribution des vaccins. Des responsables, principalement des États-Unis et d’Europe, ont déclaré à l’Associated Press (AP) qu’ils n’avaient jamais pensé à gérer la situation à l’échelle mondiale. Au lieu de cela, ils se bousculaient pour un usage domestique. (laminute.info, 18 juillet 2021)

Macron est de ceux-là, qui, avec d’autres, a renvoyé aux calendes la levée des brevets sur les vaccins. En France, où les taux de vaccination étaient au 13 juillet de 54 % de la population pour une première dose et de 42,5 % pour une vaccination complète, les chiffres s’affolent à nouveau :

En semaine 27 (du 5 au 11 juillet), la dégradation de la situation épidémiologique s’est accélérée. La valeur du R effectif (SI-DEP) à 1,5 témoigne du très fort dynamisme de la transmission de l’infection. Le nombre de nouveaux cas confirmés de COVID-19 continuait de progresser passant de 16 669 en semaine 26 à 27 044 en semaine 27, soit une évolution de +62 %. (Santé publique France, 16 juillet 2021)

Cette dégradation suit, avec un décalage de quelques semaines, l’évolution de la situation au Royaume Uni où, malgré un taux de vaccination un peu plus avancé, 74,3 % pour une dose et 57,9 % pour deux doses au 18 juillet avec le vaccin Astra Zeneca, un peu moins efficace contre le variant Delta, le nombre de contaminations quotidiennes dépasse maintenant les 50 000 cas ! Selon le scénario pessimiste du 12 juillet de l’Institut Pasteur établi à partir des données relevées entre le 15 juin et le 5 juillet, le nombre de contaminations quotidiennes en France pourraient atteindre 40 000 dès le 1er août et l’ampleur de la vague dépasser les précédentes. Mais pour l’essentiel, cette nouvelle vague de la pandémie touche d’abord et avant tout les personnes non vaccinées alors que les personnes déjà vaccinées ne le sont qu’en très faible proportion et avec des conséquences moins graves.

Il apparait que la vaccination de toute la population mondiale le plus rapidement possible, et donc dans chaque pays, est la meilleure réponse scientifique en l’état de nos connaissances. Après plus de 3,5 milliards de doses de vaccins injectées dans le monde, prioritairement dans les pays riches, on sait que les vaccins n’entrainent statistiquement que très peu d’effets secondaires problématiques, qu’ils sont très efficaces pour les vaccins de type ARN ou assez efficaces pour ceux de type adénovirus, pour éviter une contamination, prévenir sinon le développement d’une forme grave de la maladie, et restreindre considérablement la contagiosité éventuelle de la personne vaccinée. Les différents vaccins n’ayant été déployés progressivement qu’à partir de la fin 2020, il n’existe évidemment aucune étude scientifique pour analyser de potentiels effets secondaires dangereux à long terme. Mais que pèse ici le principe de précaution pour se protéger d’un risque éventuel lointain quand on sait à coup sûr que le virus a déjà tué en un peu plus d’un an et demi plus de 4 millions de malades officiellement dans le monde (sans doute beaucoup plus car de nombreux pays minimisent volontairement le nombre de victimes) et plus de 111 000 morts en France. Quel passager d’un navire faisant naufrage refuserait de monter dans un canot de sauvetage au motif qu’on ne lui aurait pas garanti par avance qu’il n’y risquerait pas d’y attraper un rhume ? Certes, par principe, s’agissant de sa santé, chacun a le droit de choisir de suivre ou non tel ou tel traitement. Mais en cas de pandémie, il ne s’agit plus de choix ou de convenance personnelle, mais du sort collectif de millions de personnes.

La vaccination obligatoire pour tous est donc l’option la plus rationnelle, mais ce n’est pas la voie qu’a choisie Macron.

La vaccination sera ainsi rendue obligatoire pour les personnels soignants et non-soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des établissements pour personnes en situation de handicap, pour tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes âgées ou fragiles, y compris à domicile. À partir du 15 septembre, des contrôles seront opérés, et des sanctions seront prises (Macron, 12 juillet 2021)

Macron a préféré cibler les seuls soignants et paramédicaux, qui de ce fait se sentent désignés à la vindicte publique. Les travailleurs des hôpitaux ont parfaitement raison de faire remarquer que le gouvernement s’est montré beaucoup moins regardant sur les précautions sanitaires quand ils devaient travailler au péril de leur vie sans aucun moyen de protection, quand ils enchainaient les gardes et les heures supplémentaires au mépris de leur santé au plus fort des hospitalisations. De plus, le taux de vaccination de ces travailleurs est supérieur, et de loin, au taux moyen de vaccination de la population. Selon les chiffres de Santé publique France, les médecins étaient, courant juin, vaccinés à 91 %, les sages-femmes à 85 %, les infirmiers à 76 %. C’est en EHPAD que le taux de couverture vaccinale des personnels est le plus faible à 57 %. Mais en réalité la lutte contre la pandémie par la vaccination concerne tout autant un enseignant, un chauffeur de bus ou une caissière, un coiffeur, un livreur ou un travailleur à la chaine, etc. Cette évidence qui seule peut rassembler toute la classe ouvrière, la jeunesse, et au-delà toute la population, n’atteint pas Macron qui le 12 juillet a préféré concentrer ses menaces de sanction et de licenciement sur les soignants récalcitrants. Ce faisant, il alimente lui-même l’opposition à la vaccination par simple réflexe d’opposition à son arrogance et sa politique.

Incapable d’organiser la vaccination obligatoire pour tous, Macron biaise avec l’instauration d’un passe sanitaire rendu obligatoire pour la plupart des activités, reportant ainsi la charge des vérifications sur les cafetiers, restaurateurs, bibliothécaires et autres organisateurs de spectacles ou contrôleurs de la SNCF. Ce passe sanitaire commencera à être exigible dès le 21 juillet pour une application complète au 1er août, donc exigible à tous bouts de champs, mais pour les personnes encore non vaccinées, les capacités d’accueil des centres de vaccination sont à nouveau débordées, renvoyant désormais les rendez-vous à plus de 17 jours en moyenne nationale.

Nourrie en partie par l’impéritie du gouvernement, une campagne réactionnaire et obscurantiste, profitant de la confusion, se développe contre l’obligation de la vaccination, au nom de l’atteinte à la liberté ou de la dangerosité des vaccins, utilisant arguties, syllogismes et contre-vérités scientifiques. Et pendant que certains invoquent l’atteinte à leur libre-arbitre, l’épidémie repart en France, pire, elle flambe dans les pays où manquent les vaccins comme en Afrique du Sud, avec seulement 3,45 % de la population qui a pu recevoir une vaccination complète, comme en Tunisie avec seulement 7.58 % de la population pleinement vaccinée, etc. Le 14 juillet tout d’abord, 53 manifestations ont rassemblé 19 000 personnes nationalement d’après le ministère de l’Intérieur, puis le 17 juillet, 136 rassemblements ou manifestations se sont déroulés, avec 114 000 participants nationalement. Soutenues, mais discrètement, par le RN, ces manifestations aux cris de « Liberté, Contre la dictature sanitaire » ont permis à Philippot, ancien du RN devenu président du parti Les Patriotes, à Dupont-Aignan (Debout la France), à Asselineau (Union populaire républicaine), d’apparaître en bonne place dans les cortèges où défilaient parfois ensemble, parfois séparément, des Gilets jaunes, des fascistes, certains courants anarchistes ou libertaires, le député LFI Ruffin, et des paumés à divers degrés, perdus entre leur volonté de s’opposer au gouvernement, les mystifications des antivaccins, ceux qui comparent l’étoile jaune contre les juifs et le passe sanitaire, etc. Le mouvement ouvrier n’a rien à faire là-dedans ! Encore faut-il rassembler la classe ouvrière et la jeunesse sur des bases claires :

Macron et son gouvernement se sont distingués, comme la plupart des autres dans le monde, par leur gestion calamiteuse de la pandémie depuis son commencement. En plus des morts et des malades, la précarité s’étend, le chômage augmente et la jeunesse s’appauvrit et déprime. Ils n’ont aucune légitimité pour faire la leçon, menacer ou sanctionner les soignants ! Le projet de loi en préparation sur le passe sanitaire et les obligations vaccinales réservées aux soignants et paramédicaux est totalement réactionnaire, il doit être combattu et rejeté !

À nouveau, Macron le 12 juillet ne prend pas la mesure de la situation sanitaire, il brandit le bâton et bricole un ensemble de mesures coercitives. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal résume bien cette politique permettant la « reprise » de l’exploitation capitaliste : « Avec cette loi, nous allons au bout de la logique du “freiner sans fermer”. » (Le Monde, 19 juillet)

Au passage Macron promet d’appliquer sa contre-réforme de l’assurance-chômage « dès le 1er octobre ». Contre nos retraites, il demande à son gouvernement de « travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet à la rentrée ». Il n’a ni les moyens ni la volonté de décider de la seule mesure qui aurait un sens, un plan de vaccination obligatoire pour toute la population avec la mobilisation de tous les travailleurs et de la jeunesse pour y parvenir.

En effet, seule la vaccination complète de la population, partout dans le monde, peut venir à bout de la pandémie. Mais cela exige pour y parvenir l’expropriation des trusts pharmaceutiques, la planification mondiale de la production des meilleurs vaccins, la coopération scientifique plutôt que la concurrence et la sauvegarde des profits, l’embauche des soignants, la construction des équipements nécessaires.

Un gouvernement ouvrier, appuyé sur les travailleurs organisés en conseils, mettrait immédiatement fin aux attaques contre les hôpitaux publics et les travailleurs de la Santé, garantirait le meilleur accès aux soins. Lui seul aurait la légitimité pour combattre contre l’obscurantisme, les croyances et préjugés rétrogrades et faire de la vaccination généralisée une simple formalité.

20 juillet 2021