Mesdames et messieurs les larbins de la bourgeoisie française, nous vous laissons Chirac !

Chirac est mort. Nous ne saluerons pas l’homme d’État. Nous ne nous prosternerons pas devant sa dépouille. Jeune, il était partisan de la guerre coloniale en Algérie. Il s’est enrichi sans scrupules tout au long de sa carrière politique. Il était logé luxueusement à Paris par des grands capitalistes. Surtout, les communistes n’oublient pas quel dirigeant réactionnaire il fut tout au long de sa carrière au service de la bourgeoisie et de l’impérialisme français :

Ni la mort de Malik Oussekine, assassinée par la police en marge des manifestations étudiantes contre la loi Devaquet le 6 décembre 1986, Chirac étant alors premier ministre et Pasqua ministre de l’intérieur

Ni l’ordre donné aux forces militaires françaises le 3 mai 1988 d’intervenir contre les militants indépendantistes kanaks à Ouvéa qui se soldera par la mort de 19 d’entre eux.

Ni son discours raciste devant les militants de son parti, le RPR, le 19 juin 1991.

Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs… Comment voulez-vous que le travailleur français qui habite à la Goutte-d’Or où je me promenais avec Alain Juppé il y a trois ou quatre jours, qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler ! Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur français sur le palier devient fou.

Ni le plan de son premier ministre Juppé de 1995 contre les retraites et la Sécurité sociale.

Ni l’expulsion par la police des 300 sans-papiers de l’église Saint Bernard à coups de hache le 23 août 1996.

Ni les violences policières et l’état d’urgence contre les jeunes des banlieues en 2005.

Ni son soutien sans faille à tous les dictateurs africains pour couvrir le pillage de pays entiers par les grandes entreprises françaises.

Et tant d’autres choses…

L’opposition de l’impérialisme français, avec les impérialismes allemand et russe, à la guerre en Irak menée par l’impérialisme américain, dont on fait grand cas aujourd’hui, n’était en rien motivée par un soutien au peuple irakien, mais par les intérêts particuliers de la bourgeoisie française au Proche-Orient.

La bourgeoisie française célèbre aujourd’hui Chirac à grands renforts de médias pour tous les services qu’il lui a rendus.

Mais elle trouve à ses côtés, comme en 2002, ceux qui avaient appelé à voter Chirac (PS, PCF, LCR…) sous le prétexte de s’opposer à Le Pen, de nombreux soutiens, la larme à l’œil et le patriotisme en bandoulière, pour vanter ses mérites :

Nous retiendrons enfin l’infatigable défenseur des valeurs qui honorent la France. Celui qui, dans sa dernière allocution de Président, appela les Français à ne jamais composer avec « l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre. (Communiqué du PS, 26 septembre)

Comme l’immense majorité des Françaises et des Français, nous sommes attristés par l’annonce du décès du président Jacques Chirac, un homme qui, jusqu’au bout, aura été apprécié pour la proximité des liens qu’il avait su tisser avec ses concitoyens. Jacques Chirac aura été populaire, même s’il a mis en œuvre de nombreuses réformes qui l’étaient bien moins. Il a fait partie de ces présidents de la République qui ont su tenir tête à l’administration américaine et faire entendre la voix de la France dans le monde. Ce fut notamment le cas lors d’un voyage en Israël, en 1996, où il s’est affirmé comme le partisan d’une Paix entre Palestiniens et Israéliens, ou, en 2003, pour dire non à la guerre en Irak qui a conduit à la situation que l’on connaît aujourd’hui. (Communiqué du PCF, 26 septembre)

Le décès de Jacques Chirac suscite dans le pays nostalgie et émotion. Nous adressons nos condoléances à toutes les personnes qui l’ont connu et lui étaient liées. Sa disparition n’efface évidemment pas les divergences que nous avons eues avec maints aspects de sa politique. En ce jour nous voulons cependant surtout retenir la mémoire du président gaulliste qui au nom d’une « certaine idée de la France » refusa d’enrôler notre pays dans la désastreuse guerre étasunienne en Irak, origine de tant de souffrances. Nous saluons aussi l’homme qui « prit le risque » de consulter le peuple au sujet du projet de constitution européenne en 2005. Nous avons également à l’esprit le président de la République qui sonna l’alarme au sujet du réchauffement climatique en évoquant notre planète, cette « maison [qui] brûle ». (Communiqué des députés LFI, 26 septembre)

Les amoureux de La Marseillaise, de la république bourgeoise, de la « France » et de sa « grandeur » participent au deuil de la bourgeoisie et s’aplatissent. Ces hommages honteux apportés post mortem au dirigeant de la bourgeoisie avec qui, il est vrai, les chefs du mouvement ouvrier ne revendiquent que « des divergences » permettent au gouvernement Macron d’enfoncer le clou un peu plus loin en organisant le lundi 30 septembre une minute de silence dans les administrations et les écoles publiques, enjoignant aux fonctionnaires, enseignants, étudiants et élèves d’honorer la mémoire de celui qui fut un de leurs adversaires les plus déterminés !

Mais les communistes n’oublient rien de qui était Chirac. Ils ne mentent pas sur sa politique. Ils ne dissimulent rien de ses mauvais coups. Les communistes ne se prosternent pas, ils restent debout.