Respect par l’Inde de l’autonomie du Jammu-et-Cachemire, droit à l’autodétermination du Cachemire tout entier !

(Turc / Türk)

Le prolétariat révolutionnaire du monde entier soutient inconditionnellement la lutte de la Chine ou de l’Inde pour l’indépendance nationale… En même temps, la 4e Internationale sait d’avance et avertit ouvertement les nations arriérées que leurs États indépendants tardivement constitués ne peuvent plus désormais compter sur un développement démocratique indépendant. Encerclée par le capitalisme décadent et empêtrée dans les contradictions impérialistes, l’indépendance d’un État arriéré sera inévitablement à moitié fictive et son régime politique, sous l’influence des contradictions de classe internationales et de la pression extérieure, tombera obligatoirement dans une dictature contre le peuple. (Trotsky, La Guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale, mai 1940)

Le Cachemire écartelé entre l’Inde, le Pakistan et la Chine

Lorsque l’État britannique qui a toujours entretenu les divisions ethniques et religieuses, concède l’indépendance à l’ancien « empire des Indes » en 1947, les classes exploiteuses locales (bourgeoisie émergente, propriétaires fonciers) se révèlent incapables d’unifier le sous-continent. La classe ouvrière ne prend pas la tête de la lutte pour l’indépendance et contre toutes les oppressions, à cause de la politique criminelle du Parti communiste d’Inde, guidé par la bureaucratie stalinienne de l’URSS, qui oscille entre la capitulation envers la bourgeoisie nationale et la volonté de se concilier l’État britannique.

Toutes les classes exploiteuses misent sur la religion comme ciment idéologique pour se constituer en classe dominante après le départ de la puissance coloniale, mais à des degrés divers :

  • Le Congrès national indien, le principal parti de la bourgeoisie hindoue qui veut prendre la tête de tout le sous-continent. Pour cela, le Parti du congrès affecte d’être laïque, fédéraliste et même « socialiste », comme beaucoup de nationalistes bourgeois après la 2e Guerre mondiale.
  • La Ligue musulmane, principale représentation des capitalistes et propriétaires fonciers musulmans qui redoutent d’être minorisés à l’échelle de l’Inde, est ouvertement séparatiste et cléricale.
  • Le Congrès est concurrencé par la mouvance de l’Hindutva qui mise, pour subordonner les classes exploitées et mobiliser contre la révolution sociale et la population musulmane, sur le nationalisme hindou à base ethnique, sur le racisme.

Surtout, la rivalité entre les fractions des classes exploiteuses aboutit en 1947 à la partition sanglante de l’ancien empire des Indes, à au moins500 000 morts et 15 millions de déplacés (hindous et sikhs d’un côté, musulmans de l’autre). Émergent alors trois États bourgeois hostiles avec chacun son mythe national et l’oppression de leurs propres minorités ethniques, linguistiques ou religieuses :

  • l’Union indienne, majoritairement hindoue,
  • la République islamique du Pakistan, très majoritairement musulmane,
  • la République démocratique socialiste (sic) du Sri Lanka, majoritairement bouddhiste.

À la différence de la Chine, qui connait en 1949-1952 une révolution sociale (quoique limitée par l’arriération économique et culturelle, la mainmise du parti stalinien et sa transformation en bureaucratie privilégiée), non seulement le sous-continent est divisé, mais les rapports de production précapitalistes perdurent, les clergés prolifèrent, les femmes ne s’émancipent que peu et lentement… L’État bourgeois indien s’appuie sur l’État ouvrier dégénéré de l’URSS tandis que l’État bourgeois pakistanais mise sur l’impérialisme hégémonique. La bureaucratie chinoise, pour desserrer la menace militaire et le blocus économique, se tourne en 1972 brutalement vers l’impérialisme américain. Elle appuie le Pakistan et le Sri Lanka contre l’Inde.

Le Pakistan et l’Inde, en dépit des traités internationaux, se sont dotés de l’arme atomique (150-160 ogives nucléaires pour celui-là, 130-140 pour celle-ci). La région n’est pas stabilisée :

l’Inde et le Pakistan entrent en guerre en 1947, 1965 et 1971 ;

la Chine (alors un État ouvrier bureaucratique) affronte l’Inde en 1962 ;

le Pakistan éclate en 1971, sa partie orientale dirigée par la Ligue Awami scissionnant au prix d’une guerre menée avec l’aide de l’Inde et de l’URSS contre le reste du Pakistan par les États-Unis et la Chine : il en résulte un quatrième État bourgeois, la République populaire du Bangladesh, dont la religion officielle est aussi l’islam ;

le Sri Lanka impose le cingalais comme seule langue officielle en 1956 et le bouddhisme comme religion d’État en 1972, la minorité tamoule opprimée (25 % de la population) se révolte.

Une voie progressiste, celle de la révolution sociale, semble ouverte en Asie avec la défaite des États-Unis au Vietnam en 1975. Mais l’extension de la révolution socialiste, qui seule peut garantir l’indépendance du Vietnam et l’économie collectivisée, n’est pas le but de la bureaucratie vietnamienne. L’héritage du stalinisme est catastrophique : l’Angkar (PRPK) de Pol Pot vide les villes du Cambodge en 1975 et transforme le pays en un gigantesque goulag ; la contre-révolution islamiste de 1979 en Iran est soutenue par le parti stalinien (Toudeh) ; la bureaucratie restaure le capitalisme en Russie, en Chine et au Vietnam en 1992…

La réaction se déchaine sous toutes ses formes en Asie centrale et méridionale. De 1980 à 1988, l’Iran et l’Irak se mènent une guerre sanglante : d’un côté, cela permet à Khomeiny de consolider la contre-révolution avec le nationalisme perse, de l’autre Hussein est encouragé par les États-Unis à tenter de profiter de l’affaiblissement de l’armée iranienne par la révolution de 1978-79. En 1991, une large coalition impérialiste envahit et détruit l’Irak et soumet ce pays à un terrible embargo. En Afghanistan, la contre-révolution islamiste des Talibans (aidée à partir de 1978 par le Pakistan, les États-Unis et l’Arabie saoudite) triomphe en 1997. En 2001, les États-Unis mènent une coalition contre l’Afghanistan qui est occupé militairement. En Inde, les gouvernements du Parti du congrès privatisent à grande échelle à partir de 1991 ; en 2011, le PCI-M, le parti issu d’une scission maoïste du PCI, perd les élections au Bengale occidental qu’il dirigeait depuis 1977 ; le parti bourgeois traditionnel, le Congrès, est supplanté aux élections législatives de 2014 par le Bharatiya Janata Party (Parti indien du peuple, BJP), un parti clérical et fascisant de l’Hindutva. Au Bangladesh, la Ligue Awami est battue de 2001 à 2008 par un autre parti bourgeois, le Bangladesh Jatiyatabadi Dal (Parti nationaliste du Bangladesh, BNP) allié aux islamistes. En 2003, les États-Unis et la Grande-Bretagne envahissent l’Irak. Au Népal, la guérilla maoïste, sur ordre de Pékin, renonce à prendre le pouvoir en 2006 ; les deux partis stalino-maoïstes s’emploient depuis à consolider l’État bourgeois. Au Sri Lanka, l’armée écrase la rébellion tamoule en 2009 avec l’aide de la Chine et du Pakistan. En Birmanie, l’armée réprime la minorité rohingya à partir de 2012. Une scission d’Al-Qaida, l’EI proclame un califat sur un vaste territoire à cheval entre la Syrie et l’Irak en 2014. En 2018, les États-Unis dénoncent le traité qu’ils ont signé avec l’Iran et décrètent à nouveau le blocus économique. Au Pakistan, les services secrets pakistanais persistent à aider les djihadistes (l’armée américaine a tué Ben Laden au Pakistan) ; ils continuent à aider le terrorisme islamiste en Inde : en février 2019, le dernier attentat a causé la mort de plus de 40 soldats à Puwalma (Jammu-et-Cachemire). En Afghanistan, les Talibans contrôlent la majorité du territoire et sont concurrencés sur leur droite par l’EI.

Le Cachemire est une zone de l’Himalaya partagée entre trois États :

  • l’Inde (13 millions d’habitants au Jammu-et-Cachemire),
  • le Pakistan (6 millions d’habitants au Gilgit-Baltistan ou Balistan et à l’Azad Cachemire)
  • la Chine (moins de 0,3 million d’habitants au total dans l’Aksai Chin depuis 1950, dans des annexions supplémentaires en 1962 et au Trans-Karakoram Tract cédé par le Pakistan en 1963)

Les frontières sont contestées : la Chine revendique le nord de l’Arunachal Pradesh (actuellement dans le territoire de l’Inde) ; l’Inde brigue l’Aksai Chin (rattaché à la Chine), l’Azad Cachemire et le Balistan (rattaché au Pakistan) ; le Pakistan réclame le Jammu-et-Cachemire (rattaché à l’Inde).

Contrairement à ce que prétendent les héritiers du stalinisme, l’Inde et le Pakistan ne sont plus « féodales » car leur économie est dominée depuis longtemps par le mode de production capitaliste et la Chine n’est pas une « économie socialiste de marché » car elle n’est plus une économie collectivisée et planifiée suite à la décision de la bureaucratie de restaurer le capitalisme.

Ces États oppriment des minorités, dont les peuples du Cachemire. Au Cachemire chinois, l’Aksai Chin n’a aucune autonomie administrative (il constitue une partie du Xian de Hotan, dans la préfecture de Hotan, rattachée à la région autonome du Xinjiang) ; le mandarin est la langue de l’administration (alors que la population locale parle hindi, népalais ou tibétain) ; l’autoroute 219 qui la traverse depuis les années 1950 vise surtout à relier les provinces du Tibet et du Xinjiang. Au Cachemire pakistanais, l’État a expulsé les habitants non musulmans en 1947 et divisé son Cachemire en deux : l’Azad Cachemire jouit d’une autonomie juridique tandis que le Gilgit-Baltistan, dont les habitants sont majoritairement chiites, est placé sous l’autorité directe d’Islamabad. L’État indien occupe militairement son Cachemire, vient de révoquer son autonomie et de le découper en deux.

L’État indien piétine les droits des musulmans

En 1947, lors de la partition, Hari Singh, le maharajah de Jammu-et-Cachemire, peuplé principalement de musulmans mais avec des minorités bouddhiste et hindoue, décide de rejoindre l’Union indienne à condition de conserver une large autonomie. Selon l’article 370 de la constitution indienne, les lois votées par le parlement de New-Delhi ne s’appliquent pas au Cachemire, en dehors des domaines de la défense, des affaires étrangères, des finances et des communications. Le code pénal est différent. Pour les autres secteurs, les textes doivent être ratifiés par le parlement de Srinagar.

Pour plusieurs partis bourgeois indiens, ce statut est inacceptable. En particulier, le BJP dès sa fondation, veut mettre fin à l’autonomie du Jammu-et-Cachemire. Marendra Modi devient premier ministre en 2014 avec les élections législatives gagnées par le BJP. Durant la campagne de 2014, il promet de doubler le revenu des paysans, de créer 200 millions d’emplois par an, d’émuler la Chine et de transformer le capitalisme indien en une grande puissance (« l’Inde idéale », « l’Inde excellente ») avec une croissance d’au moins 9-10 % par an.

Au pouvoir, le gouvernement fédéral laisse se détériorer l’environnement et poursuit les attaques contre la classe ouvrière : blocage du salaire minimum, flexibilité de l’emploi et du temps de travail (suppression de la limite de 8 h par jour). L’Inde est le 2e importateur d’armes derrière l’Arabie saoudite. En retour, Israël, la Russie et la France soutiennent le gouvernement indien.

Voici quelques mois vous avez été réélu à la tête de la plus grande démocratie du monde, 900 millions d’Indiens se sont rendus aux urnes et ont exprimé un choix clair. C’est une victoire pour vous dont je vous félicite ici à nouveau mais c’est aussi un signe de vitalité démocratique en Inde. (Macron à Modi, Chantilly, 22 août 2019)

Le gouvernement BJP se heurte aux faiblesses du capitalisme indien et à une conjoncture mondiale moins favorable. L’Inde subit en 2018-2019 un ralentissement de la croissance économique (+5 % depuis un an contre 8,2 % un an avant), un affaiblissement de l’investissement (un taux de 5 % contre 10 % en 2018), une détérioration des échanges malgré les bonnes exportations de services (le déficit des échanges de biens est passé de -160 milliards de dollars en 2017-2018 à -180 en 2018-2019), la fragilité des banques, la montée du chômage.

Des dizaines de milliers d’agriculteurs manifestent à Bombay (Maharashtra) en mars 2018, à Calcutta (Bengale occidental) en novembre, à New-Delhi (la capitale fédérale) le même mois. Le mécontentement social est tel qu’il a obligé les directions syndicales (CITU lié au PCI-M, AITUC contrôlé par le PCI, INTUC dirigé par le Congrès bourgeois…) à appeler le 9 janvier 2019 à une grève nationale de 48 heures, très suivie puisque 200 millions de travailleurs salariés cessent le travail malgré la répression des autorités politiques, des patrons et de la police.

Pour remporter les élections législatives d’avril-mai 2019, Modi et son parti renchérissent dans la démagogie sécuritaire, nationaliste, cléricale, militariste. Le BJP l’emporte avec 303 sièges sur 543 au Lok Sabhan (la chambre des députés). Son bloc avec des partis bourgeois régionaux obtient 45,5 % des voix (il a gagné 6,6 % des suffrages depuis 2014). Le bloc constitué par le Congrès et des partis bourgeois régionaux n’a que 27 % des voix (bien qu’il ait gagné 3,3 % des suffrages) et le Congrès lui-même n’a que 52 sièges. Le Front de gauche qui est un mini-front populaire du PCI-M, du PCI et du RSP avec les partis bourgeois DMK et BBC n’obtient que 2,6 % des voix (il a perdu 1,4 % des suffrages) et est réduit à 6 sièges.

La « plus grande démocratie du monde » est une démocratie bourgeoise, limitée pour les masses laborieuses et corrompue par le capital. Les partis politiques ont dépensé l’équivalent de 9 milliards de dollars (fournies surtout par les capitalistes) pour saturer les réseaux sociaux y compris avec les fausses informations colportées par le BJP : par exemple la rumeur que Rahul Gandhi, chef du Congrès est musulman. 43 % des députés sont poursuivis par la justice (29 députés du Congrès, 116 du BJP) : un député cumule à lui seul 204 accusations, 19 sont inculpés de violence à des femmes, 30 accusés de tentative de meurtre, 11 de meurtre… Parmi eux, la députée BJP Pragya Singh Thakur qui est soupçonnée de plusieurs attentats contre des mosquées en 2008 causant plusieurs dizaines de morts, des centaines de blessés. Car les chauvins Hindutva ne se contentent pas de mots : lynchages de musulmans accusés de manger de la viande de vache ; renvoi de réfugiés rohingyas musulmans vers la Birmanie ; renforts le 22 février au Jammu-et-Cachemire et arrestation d’opposants ; attaque de l’aviation indienne sur Balakot (Pakistan) le 26 février 2019 ; exclusion de 2 millions de musulmans de la citoyenneté indienne le 31 août dans l’Assam…

Fin juillet, l’État indien envoie encore des troupes supplémentaires (50 000 militaires) au Jammu-et-Cachemire rejoindre les 700 000 soldats et policiers déjà présents, il évacue les étrangers. Le 5 août, les communications mobiles sont coupées, les écoles fermées, un couvre-feu est imposé sur une partie de la région et les dirigeants de tous les partis sont assignés à résidence, 4 000 personnes sont arrêtées.

Ce même jour, Amit Shah, le ministre de l’intérieur soumet au Rajya Sabha, le sénat fédéral où le BJP reste en minorité, un projet de loi annulant l’article 370 de la constitution. Il est ratifié à la majorité des deux tiers. Les Cachemiriens, eux, ne sont pas consultés. L’autonomie du Jammu-et-Cachemire est supprimée, l’ancien État est scindé en deux « territoires de l’Union » sans parlement propre et placées sous l’autorité du gouvernement central. Désormais, les Indiens originaires d’autres États pourront acheter des terres au Cachemire, être employés dans son administration et voter aux élections locales s’ils y résident.

Les parlementaires des grands partis ouvriers légaux, le PCI et le PCI-M, lorsqu’ils tentent de se rendre au Jammu-et-Cachemire, sont refoulés par la police de Modi et d’Ajit Doval.

La Chine réclame que le conseil de sécurité de l’ONU examine rapidement la protestation du Pakistan. Le 16 août, le conseil se réunit mais la Chine se trouve isolée face aux États-Unis, à la Grande-Bretagne, la France et à la Russie.

Quelques semaines après, le 20 septembre, le gouvernement Modi baisse l’impôt sur les sociétés (de 30 à 22 % des bénéfices déclarés) avec effet rétroactif au 1er avril.

Pour la révolution socialiste au Cachemire et dans le sous-continent

Vu l’occupation militaire et l’isolement du Jammu-et-Cachemire, il est difficile de connaître la résistance au coup de force de l’État indien. La BBC diffuse une vidéo montrant une foule de 10 00 personnes qui défilent à Srinagar après les prières du vendredi. Les sentiments nationaux de la population, déjà entretenus par le quadrillage et la répression des années antérieures, sont forcément exacerbés par les récentes mesures de Modi, du BJP et des autres partis chauvins.

Mais elle ne peut accorder la moindre confiance à la bourgeoisie pakistanaise et à son État : la cause des musulmans de l’Inde n’est pour elle qu’un moyen de pression contre l’Inde et une possibilité d’élargir un jour son territoire à ses dépens. Les habitants non-musulmans du Jammu-et-Cachemire savent, eux, que ce qui les attendrait serait dans ce cas une épuration ethnique. Les partis islamistes sont des ennemis de la démocratie et sont, par nature, incapables de s’adresser aux autres composantes de la population du Jammu-et-Cachemire et du reste de l’Inde.

Les grandes puissances, démocratiques ou pas, ne se sont jamais souciées des droits de peuples et considèrent les États d’Asie du Sud comme des atouts dans leurs efforts pour préserver leur domination du monde ou la redistribuer en leur faveur.

La classe sociale capable de prendre la tête du combat pour la démocratie au Cachemire, dans le reste de l’Inde et dans toute la région est la classe ouvrière. Elle est numériquement importante en Chine, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, au Vietnam… Elle doit défendre l’autonomie du Jammu-et-Cachemire, exiger le départ des troupes indiennes ainsi que des troupes pakistanaises et chinoises du Cachemire, lutter pour le droit de la population de tout le Cachemire de décider de son sort, combattre pour la séparation de la religion et de l’État, pour l’égalité des femmes.

Le prolétariat doit non seulement s’adresser aux minorités religieuses, ethniques ou sexuelles, mais aussi aux femmes, aux paysans travailleurs, aux conscrits et à la jeunesse en formation en défendant leurs revendications légitimes. Il défend l’avenir de la société : environnement, logement, soins, instruction, transports publics… En aucun cas, il ne doit renoncer à ses propres aspirations (réduction du temps de travail, augmentation des salaire, sécurité au travail, contrôle ouvrier, etc.) qui se heurtent directement aux capitalistes étrangers ou nationaux.

Les opprimés et le mouvement ouvrier doivent se défendre contre les bandes fascistes de l’Hindutva, la police et l’armée. Si la classe ouvrière ne lutte pas résolument sur tous les terrains (politique, économique et idéologique), si elle ne construit pas un parti ouvrier révolutionnaire du type du Parti bolchevik de 1917, elle ne pourra pas défendre la démocratie ni renverser les États qui garantissent l’exploitation, oppriment la masse de leur population, s’affrontent indirectement et directement sur le dos des peuples du Cachemire.

La classe ouvrière doit échapper enfin à l’héritage empoisonné du stalinisme, à son « front uni anti-impérialiste » qui subordonne les exploités à telle ou telle fraction de la bourgeoisie. Il lui faut ouvrir la perspective de l’armement des travailleurs, du pouvoir des conseils de travailleurs et des États-Unis socialistes d’Asie du Sud.

Les noyaux révolutionnaires existants en Inde doivent se battre dans l’immédiat pour le front unique de toutes les organisations ouvrières (PCI, PCI-M, AITUC, CITU, HMS, INTUC…), paysannes et étudiantes indiennes pour l’autonomie du Jammu-et-Cachemire, le retrait des forces de répression indiennes la restitution de la nationalité indienne aux musulmans radiés de l’Assam. Les communistes internationalistes dispersés doivent se regrouper au plus vite pour constituer une organisation révolutionnaire de toute l’Inde, en lien avec l’avant-garde internationale, sur la base du programme de la Ligue des communistes, de l’Internationale communiste et de la 4e Internationale.