Le 22 juin, à Nantes, des jeunes veulent poursuivre la fête de la musique après 4 h du matin. L’endroit, le quai Wilson, est éloigné des zones d’habitation. À la surprise générale, la police charge avec des dizaines de grenades lacrymogènes ou de désencerclement ainsi que des tirs de LBD. Dans l’obscurité, la violence policière gratuite provoque la chute d’une dizaine de jeunes pris de panique dans la Loire dont Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans ne savant pas nager, qui disparait. Ses proches appellent à Nantes à plusieurs rassemblements successifs « Où est Steve ? » auxquels ont participé des militants du GMI.
Ça tombe très mal pour la police nantaise. Alors que l’intervention policière à la Fête de la musique, dans la nuit du 21 au 22 juin, quai Wilson, à Nantes, suscite toujours une vive polémique. Le commissaire qui a pris la décision de lancer des gaz lacrymogènes lors d’une soirée électro entraînant la chute d’une dizaine de personnes dans la Loire, avait été décoré par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, cinq jours plus tôt. (Ouest-France, 18 juillet 2019)
Ce commissaire Grégoire Chassaing dont les accointances avec le RN et les fascistes sont de notoriété publique, faisait partie de la « promotion gilet jaune » honorée par le gouvernement Macron-Philippe-Castaner pour sa répression contre les Gilets jaunes.
Christophe Castaner vient de décorer, le 16 juin, un certain nombre de ses agents, parmi lesquels au moins cinq sont impliqués dans des enquêtes concernant des violences policières. Parmi eux, on retrouve Rabah Souchi, à la tête de la charge de police ayant provoqué les blessures de Geneviève Legay à Nice ou encore Bruno Félix, qui commandait les CRS auteurs des tirs ayant tué Zineb Redouane à Marseille. (Mediapart, 17 juillet 2019)
Le corps de Steve est retrouvé le 29 juillet. Le lendemain, le Premier ministre, Édouard Philippe, déclare « qu’il ne peut être établi de lien entre l’intervention de forces de police et la disparition de Steve Maia Caniço ».
Depuis 2015, la bride aux bandes armées du capital a été lâchée : humiliation de lycéens à Mantes-la-Jolie le 6 décembre 2018, 5 mains arrachées et 23 personnes éborgnées parmi les gilets jaunes de fin 2018 à aujourd’hui, attaque des cortèges syndicaux le 1er mai, attaque d’une manifestation écologiste au pont Sully de Paris le 28 juin, supporteur de l’équipe d’Algérie éborgné à Lyon le 20 juillet…
La police, la justice et l’armée sont épargnées par l’austérité budgétaire et recrutent. Pourtant, le chef suprême de La France insoumise prétend le contraire.
Macron détruit l’État, la police et l’armée. (Mélenchon, LFI, 25 mars 2019)
Les partis « réformistes » (PS, PCF, LFI…) sèment des illusions dans la « police républicaine » parce qu’ils défendent, en dernière analyse, l’ordre bourgeois. Les syndicats (FO, UNSA, CGT…) laissent accroire que les flics et les gendarmes sont des « travailleurs comme les autres ». Leurs adjoints centristes les couvrent.
La dégradation de la situation que dénoncent les policiers est celle subie dans toutes les cités, dans tous les quartiers… Ils sont en première ligne pour constater la dégradation sociale et, au sens propre comme au sens figuré, la prendre en pleine figure. (LO, 19 octobre 2016)
Les policiers du rang ne sont pas mieux traités que le personnel des hôpitaux ou de l’Éducation nationale, en particulier ceux qui travaillent dans les quartiers populaires. (LO, 26 octobre 2016)
Il faut caractériser la police et l’armée pour ce qu’elles sont, à savoir des bandes armées au service du capital, un corps d’hommes armés, surpayé par rapport aux travailleurs de la même qualification, séparé du reste de la société qui, lui, reste désarmé.
Dans toutes les républiques bourgeoises, même les plus démocratiques, la police est (avec l’armée permanente) l’instrument principal de l’oppression des masses, le garant d’un retour toujours possible à la monarchie. La police passe les « petites gens » à tabac dans les commissariats de New York, de Genève et de Paris, alors qu’elle est pleine de prévenance pour les capitalistes qui s’assurent son indulgence en lui versant tout simplement des pots-de-vin (États-Unis, etc.), ou grâce à la protection et aux démarches de gens riches (Suisse), ou en combinant les deux systèmes (France). Coupée du peuple, constituant une caste professionnelle fermée d’hommes dressés à sévir contre les pauvres, d’hommes relativement bien payés et jouissant des privilèges du pouvoir (sans parler des revenus licites), la police demeure infailliblement, dans toutes les républiques démocratiques où règne la bourgeoisie, l’instrument, le rempart, le bouclier le plus sûr de cette dernière. (Lénine, Ils ont oublié l’essentiel, mai 1917)
Face à la violence policière et à celle des nervis fascistes, les syndicats de salariés et les partis issus de la classe ouvrière doivent s’unir pour défendre les manifestations, la jeunesse, les migrants, les grèves, les quartiers populaires… Seuls l’armement du peuple et la prise du pouvoir par les travailleurs mettront définitivement hors d’état de nuire les bandes armées du capital.
7 août 2019, correspondants