Liberté pour Shen Mengyu

Les faits

Depuis la mi-mai, les travailleurs de l’entreprise de matériel de soudure Jasic Technology tentent de constituer un syndicat pour améliorer leurs conditions de travail. L’usine est située dans la ville de Shenzhen, près de Hong-Kong, dans le sud de la Chine, une ville où le mouvement ouvrier est actif.

Selon les salariés, les conditions de travail se sont considérablement dégradées. Les salaires, la sécurité sociale et l’aide au logement ont été réduits. Les normes de productivité ont été augmentées sans négociation préalable. Les travailleurs affirment que l’entreprise les traite « comme des esclaves ».

En République populaire de Chine, vous n’avez le droit de vous organiser syndicalement qu’au sein du syndicat officiel.

Depuis la mi-juillet, la société Jasic a répondu par des licenciements et des violences à l’encontre des militants. La police a également réprimé les travailleurs avec des arrestations musclées. Après les mobilisations et leur répression, le 27 juillet, la police a arrêté 29 travailleurs et étudiants et les a traités avec brutalité au poste de police. Le 29 juillet, des étudiants de toute la Chine, dont ceux de l’Université de Pékin, de l’Université populaire de Chine et de l’Université de Nanjing, ont lancé un appel contre la répression. Cela a provoqué une extension du mouvement.

L’une des dirigeantes de la lutte, Shen Mengyu, a choisi de travailler en usine après avoir été diplômée de l’Université Zhongshan. Dans la nuit du 11 août, des hommes non identifiés l’ont emmenée. Elle est actuellement introuvable. Il s’agit d’une disparition forcée.

Cette mobilisation ouvrière n’est pas isolée, mais fait partie des nombreuses grèves et mobilisations de travailleurs qui se sont déroulées depuis 2000, notamment depuis 2015. On peut citer, par exemple, les grèves de Honda en 2010. Tout cela est lié aux conditions de travail misérables de la classe ouvrière en Chine, qui ont récemment été aggravées par l’action du gouvernement.

Dangers et perspectives

Ces mouvements sont parfois soutenus à l’intérieur du pays par certaines organisations maoïstes. C’est la seule opposition tolérée par le régime. Elles trouvent un écho dans une partie de la population en raison de la nostalgie de l’économie nationalisée et de ses proclamations égalitaires.

Mais le maoïsme est une variante du stalinisme, une mystification du marxisme qui, depuis les années 1920, a justifié la collaboration avec la bourgeoisie nationale au nom des révolutions démocratiques et de la lutte anticoloniale, agissant contre la révolution prolétarienne dans le monde entier. Rappelons que Mao a parfois collaboré avec le Guomindang bourgeois et nationaliste contre le prolétariat chinois ; que Mao, après avoir pris le pouvoir – lorsque l’État bourgeois a sombré avec le retrait des forces d’occupation japonaises – a organisé un État bureaucratique et policier semblable à celui de l’URSS stalinienne, où la bourgeoisie a été expropriée et l’économie planifiée, mais où le prolétariat n’avait ni pouvoir ni beaucoup de droits.

La bureaucratie chinoise a été, de fait, pendant des décennies, dans le camp de la bureaucratie russe et de la bourgeoisie mondiale, justifiant de nombreuses décisions contre le prolétariat sous la bannière du « marxisme-léninisme » et de « la pensée de Mao Zedong» : la répression des ouvriers allemands en 1953, des Hongrois en 1956 ; l’injonction faite au PCI de capituler face à la bourgeoisie indonésienne en 1965 ; l’accueil de Nixon en 1972 lors des intenses bombardements du Vietnam, du Laos et du Cambodge, etc.

En outre, la terrible dictature construite sous l’idéologie du maoïsme a décidé, en 1992, de réincorporer la Chine à l’économie capitaliste internationale, en maintenant son prolétariat sans aucune liberté d’organisation, d’expression, de réunion, etc. Le maoïsme est donc associé à la situation actuelle en Chine.

Il est possible que les organisations « maoïstes » tentent de prendre la tête du mouvement ouvrier naissant, de regagner des positions politiques perdues devant la fraction du PCC qui domine le gouvernement chinois actuel ou de le canaliser pour montrer son utilité en tant que parti « réformiste ». Un autre danger peut menacer ce mouvement, qu’un syndicalisme collaborationniste du type des États-Unis, de l’UE ou du Japon soit proposé. Une perspective politique de classe et révolutionnaire est nécessaire pour surmonter ces dangers.

Appel

Nous soutenons pleinement l’action des travailleurs chinois et les encourageons à s’organiser indépendamment de l’État et des employeurs, à se défendre contre la police et l’armée, à exproprier le capital et à constituer un pouvoir : le gouvernement ouvrier et paysan basé sur les conseils de travailleurs.

Nous appelons toutes les organisations ouvrières de tous les pays à faire preuve de solidarité de manière matérielle et effective avec la lutte de la classe ouvrière chinoise pour ses revendications sociales, politiques et de travail contre l’État et les patrons.

Liberté pour Shen Meng Yu et les autres travailleurs arrêtés !

Vive le mouvement ouvrier chinois !

15 septembre 2018

Internaciema Kolektivista Cirklo/État espagnol

Collectif révolution permanente/Allemagne, Autriche, Canada, France