Universités : non à l’austérité et la sélection !

TelegramWhatsappTwitter Facebook

Le gouvernement a décidé d’économiser 331 millions d’euros sur le budget alloué à l’enseignement supérieur et la recherche, dont 180 millions dans le seul ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Ici, 20 millions seraient ponctionnés sur différents programmes, mais principalement 160 millions seraient raflés sur des crédits mis en réserve par précaution. En effet, les universités et les organismes ont été encouragés à faire des réserves pour se garantir des éventuels accidents de parcours, et ces réserves se sont faites aux dépens de leurs besoins de fonctionnement (entretien des bâtiments, recrutement de personnels, financement de l’enseignement et de la recherche, etc.). C’est comme si on disait aux gens de se serrer la ceinture et d’épargner par précaution une partie de leurs revenus, et ensuite on décidait de baisser leur salaire sous prétexte qu’ils ont les moyens de mettre de l’argent de côté.

Avec les « responsabilités et compétences élargies » (RCE) introduites par la loi Fioraso, les universités sont devenues propriétaires de leurs bâtiments et payeuses de leurs personnels, deux postes budgétaires qui étaient auparavant à la charge de l’État. En pratique, elles se sont vues incapables de faire face à la montée de ces dépenses non compensées par l’État (augmentation du nombre d’étudiants, ou « glissement vieillesse et technicité » : à cause du recul de l’âge de la retraite et du rétrécissement des recrutements, l’âge moyen des personnels augmente, donc leur échelon salarial tend à monter). Plusieurs universités sont en état de faillite et placées sous tutelle de la rectrice ou du recteur (représentant/e de l’État dans les régions en matière d’enseignement). De nombreuses autres renoncent à entretenir des bâtiments, ou diminuent les heures d’enseignement dispensé aux étudiants, ou ne remplacent pas les départs à la retraite, faisant plutôt appel aux heures supplémentaires des enseignants-chercheurs (ce qui réduit le temps consacré à la recherche) et aux emplois précaires dans les autres catégories. Le gouvernement a aussi l’intention d’introduire des emplois temporaires d’enseignants-chercheurs, sur le modèle du « contrat de mission ».

Par ailleurs, des dizaines de milliers de bacheliers ne parviennent toujours pas à s’inscrire à l’Université ; le 21 juillet, ils étaient encore 65 000, dont 39 000 candidats à des filières « non sélectives ». En effet, de nombreuses filières, en particulier celles fort prisées comme la psychologie ou les STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), appliquent un « numerus clausus », limitant le nombre d’inscrits, en particulier par tirage au sort des candidats. Cette politique est justifiée au nom des « capacités limitées », c’est-à-dire la mise en oeuvre de l’austérité imposée par le gouvernement, ou par les débouchés restreints de ces formations, ce qui revient à réduire l’enseignement supérieur à un pourvoyeur de force de travail conforme aux besoins du capital, alors que son rôle devrait être d’instruire des citoyens libres. Le gouvernement compte instaurer la sélection par « prérequis » à l’entrée en licence : pour entrer dans telle filière, il faut avoir telle série de baccalauréat, ou avoir obtenu celui-ci avec une moyenne supérieure à un seuil.

Ce projet de sélection à l’entrée en licence s’appuie sur la sélection en première année de master instaurée par le gouvernement Hollande-Valls, avec l’appui ouvert de plusieurs syndicats (CFDT, UNSA, FSU, UNEF) et le semblant d’opposition des autres (CGT, FO, SUD). Celle-ci est mise en oeuvre toujours au nom des « capacités limitées » ou des « débouchés restreints » ; les étudiants refusés sont réduits à s’inscrire dans un master d’une autre spécialité que la leur, voire dans un master « dépotoir ».

L’austérité budgétaire et la sélection sont la continuation d’autres mesures comme les RCE, les pouvoirs accrus des présidents d’université, le développement de la recherche sur contrats (aux dépens des crédits récurrents des laboratoires), l’explosion des emplois précaires, etc. Cette politique menée depuis de nombreuses années vise à privatiser et rentabiliser le service public d’enseignement supérieur et de recherche ; au lieu d’élaborer et transmettre des connaissances au bénéfice de la société entière, il devrait former une main d’oeuvre aux « compétences » adaptées aux besoins du patronat (ou des ministères) et fournir à bon marché des prestations de recherche appliquée au bénéfice des entreprises privées ; tout cela en coûtant le moins possible à l’État.

Le mouvement ouvrier doit réaliser l’unité contre ces mesures et pour abroger toutes les autres instaurées par les précédents gouvernements.

Non à la sélection et au tirage au sort ! Droit pour tout bachelier de s’inscrire dans la licence de son choix ! Droit pour tout titulaire d’une licence de continuer dans le master de sa spécialité ! Création des postes nécessaires d’enseignants-chercheurs et de BIATSS !

Abrogation des lois Pécresse et Fioraso, des RCE ! Renationalisation des bâtiments et de la masse salariale des universités ! Dissolution de l’ANR, de l’HCERES et de toutes les agences gouvernementales d’orientation de la recherche !

Syndicats des personnels et des étudiants, ne négociez pas les attaques ! Rompez la soi-disant concertation avec le gouvernement ! Préparez la grève générale ! Assemblées générales démocratiques !

26 juillet 2017