Intervention congrès Snuipp-FSU 92

Camarades,

Note congrès se tient alors que les travailleurs et la jeunesse tentent d’arrêter une nouvelle offensive du gouvernement Hollande-Valls contre les travailleurs. Depuis 3 mois, la jeunesse étudiante et lycéenne et des millions de travailleurs exigent le retrait pur et simple, sans discussions ni négociations, du projet de loi El Khomri. Ce projet de loi remet en cause de nombreux acquis du Code du travail en inversant la hiérarchie des normes et en laissant aux patrons, dans chaque entreprise le soin d’adapter les contrats des salariés à leurs besoins. Il aide aussi aux licenciements quand le patron juge son entreprise en difficulté ou pouvant l’être. Ce projet aggrave aussi les contrats précaires, les jours de repos des CDD à temps partiels, l’accès à des emplois stables pour les jeunes déjà soumis aux stages et aux CDD durant leur formation puis lors de leurs premiers contrats. La jeunesse et la classe ouvrière ont raison d’exiger le retrait du projet de loi, il n’y a rien à négocier, il faut le retrait !

Mais 3 mois après les premières AG dans les universités, le gouvernement Hollande-Valls a fait passer à l’Assemblée le texte tout en brutalisant, matraquant, arrêtant et condamnant des centaines de manifestants partout dans le pays. D’ailleurs ce matin, la police de Hollande et Valls s’en aient pris aux grévistes à Fos sur mer et plusieurs lycéens grévistes des Hauts de seine étaient en garde à vue hier. Pourtant, les étudiants et les lycéens, malgré les BAC, les CRS, les gendarmes mobiles, malgré des casseurs ultra-minoritaires, ont montré la voie en avançant la question de la grève générale, salariés et jeunes, une grève jusqu’au retrait.

Mais un obstacle s’est dressé à chaque fois que la jeunesse et les travailleurs ont utilisé la grève pour combattre le projet de loi : toutes ces grèves, au pluriel, étaient appelées à durer 24 heures. A chaque fois, les directions syndicales ont assuré et rassuré le gouvernement : le travail reprendra le lendemain, nous faisons tout pour… Les 9 mars, 31 mars, 9 avril, 28 avril, 12 mai, 17 mai, 19 mai ont été des échecs démoralisants… la grève étudiante et lycéenne reflue et c’est logique après 3 mois et avec l’arrivée des examens et du bac. Mais l’intersyndicale poursuit l’organisation de la défaite de la lutte en appelant à faire grève le 26 mai sans que rien ne change : l’adoption est en cours au parlement. Voilà le bilan de « l’intersyndicale » : le projet passe.

La responsabilité en revient aux directions syndicales parce que jusqu’à maintenant elles ont tout fait pour empêcher que la grève générale ne balaye le gouvernement. Tout d’abord, ces directions ont toujours accepté d’aller dans les ministères discuter du projet depuis l’automne dernier. Certaines l’ont soutenu continuellement (CFDT, CFTC par exemple), d’autres l’ont condamné mais sans jamais renoncer à fréquenter le pouvoir qui nous a fait tant de mal depuis 2012 comme la CGT, FO, Solidaires et notre fédération la FSU.

En plus, les étudiants et lycéens ont été laissés seuls à plusieurs reprises alors que la police et les CRS matraquaient les manifestants et que les présidents d’université demandaient aux forces de l’ordre de fermer certaines facs. Les cortèges sont systématiquement attaqués par les forces de répression, sans aucune mesure d’auto-défense de la part des organisateurs des manifestations, les confédérations et fédérations syndicales qui sont pourtant les seules décideuses. Aucun service d’ordre digne de ce nom pour repousser la police et les nihilistes qui provoquent la répression. Les dirigeants syndicaux défendent même la police, comme le gouvernement, LR et le FN.

Enfin, depuis le congrès de la CGT où Martinez a « évoqué » la reconduction de la grève, plusieurs directions de syndicats ont fait mine de répondre à l’appel comme la CGT des raffineries ou SUD cheminots. Pourquoi et à qui sert que chaque entreprise soit isolée des autres, que chaque lieu de travail soit isolé des autres ? Pourquoi appeler à la grève un jour et s’arrêter, puis chacun son tour mais séparément : les étudiants et lycéens, puis les cheminots et les routiers, puis les raffineries ? Pourquoi pas tous les travailleurs ensemble ? Pourquoi Martinez et les autres chefs syndicaux ne se sont pas prononcés pour la grève générale jusqu’au retrait ? Pourquoi ne l’ont pas proposé à toutes les structures syndicales, à toutes les AG ?

Les chefs syndicaux vont-ils, une fois de plus, prétendre que c’est la base qui est responsable du vote ? Les journées d’action, les grèves reconductibles isolées et séparées, ne permettent pas de gagner. Nous en avons fait l’expérience en 2003 et en 2010 lors de l’attaque contre les retraites. Nous en avons fait l’expérience aussi en 2013 lors de l’attaque contre les travailleurs de l’enseignement élémentaire.

Seule la grève générale peut défaire le gouvernement. La victoire, le retrait du projet de loi du travail créerait des conditions favorables à la lutte pour l’abrogation de toutes les mesures Sarkozy et Hollande contre l’école publique, pour la satisfaction des revendications des professeurs des écoles et de tous les travailleurs de l’enseignement public.

Avec des millions de grévistes, des comités de grève dans chaque lieu de travail et d’études qui élisent leurs délégués à une direction de la grève générale, avec des services d’ordre dans chaque usine et dans chaque entreprise, le vote de la loi serait immédiatement interrompue et le projet retiré. Bien que le temps presse et que le gouvernement poursuit son offensive, toujours aidé par les Républicains et le FN, notre congrès doit se prononcer pour la grève générale et exiger de notre direction qu’elle y appelle. Voici donc une proposition de motion :

Le congrès Snuipp-FSU 92, réuni les 24 et 25 mai 2016, se prononce pour le retrait du projet de loi El Khomri, sans discussion ni renégociation avec le gouvernement. Le congrès se prononce pour la grève tous ensemble jusqu’au retrait du projet. Il appelle la direction nationale du Snuipp-FSU et la fédération FSU ainsi que les confédérations syndicales à se prononcer, à appeler et à organiser la grève générale pour le retrait du projet de loi Hollande-Valls-El Khomri.

(La motion a reçu 4 pour, 16 contre, 2 abstentions)