Le patriarcat est un héritage des société précapitalistes qui est ébranlé par l’extension mondiale du salariat. Mais comme le chauvinisme et le racisme, le machisme peut servir le capital : il divise la classe ouvrière, il détourne la colère vers un bouc émissaire faible plutôt que vers le pouvoir des exploiteurs.
C’est pourquoi, au XXIe siècle, alors qu’il est très difficile de trouver des territoires où internet n’arrive pas, il existe encore des inégalités juridiques par rapport aux hommes, des limitations à l’éducation, à la mobilité et à l’habillement des femmes, des mutilations génitales, l’interdiction de la contraception ou de l’avortement. Pour la même raison, alors que le capitalisme menace la planète, engendre crise sur crise économique, multiplie les guerres, partout, des forces réactionnaires (partis fascisants, prêtres de toutes les religions…) remettent en cause les acquis obtenus par les femmes au cours de plus d’un siècle et demi de luttes appuyées sur le mouvement ouvrier.
La décadence capitaliste a même créé un marché structuré (légal !) pour la fabrication, la vente et l’achat d’enfants, de sorte que dans les pays qui l’autorisent -comme les États-Unis, le Mexique, la Russie ou l’Ukraine- des entreprises capitalistes gèrent des « fermes » de femmes pauvres qui donnent naissance à des enfants pour les familles riches qui n’en ont pas.
Le féminisme bourgeois et petit-bourgeois prêche l’unité de toutes les femmes face à tous les hommes, ignorant les différences de classe. Une aile converge avec la réaction cléricale en matière de censure. Il condamne la prostitution sans en voir les racines économiques et sociales et elle ne se bat pas pour abolir les conditions qui l’engendrent. Comme si nos vies étaient étrangères aux classes sociales qui composent la société et comme si nous, femmes travailleuses, n’avions pas des intérêts opposés à ceux des femmes bourgeoises qui tirent leurs revenus de l’exploitation des travailleurs des campagnes ou des villes et qui se font servir par des travailleurs domestiques (majoritairement femmes).
Qque les femmes restent en minorité dans les positions hiérarchiques, surtout dans les sommets des groupes capitalistes et de leurs États, est un signe de l’oppression spécifique. Mais le sexe des actionnaires et des patrons ne change rien au sort de la majorité des femmes. Mary Barra (PDG de GM), Carol Tomé (PDG d’UPS), Lisa Su (PDG d’AMD), Joey Wat (PDG de Yum China), Marta Ortega (présidente d’Inditex), Gülsüm Azeri (PDG de la filiale turque d’OMV en Turquie), Catherine MacGregor (DG d’Engie), Gerda Holzinger-Burgstaller (PDG d’Erste Bank)… nous exploitent tout autant que les manageurs hommes.
De même, le genre des dirigeants politiques ne change rien au sort de la majorité des femmes. Les cheffes de parti xénophobe comme Le Pen (FN France), les cheffes d’État bourgeois comme Draupadi Murmu (présidente de l’Inde) ou comme Margrethe d’Oldenbourg (reine du Danemark), les membres de gouvernement bourgeois comme Yolanda Díaz Pérez (ministre du travail en Espagne), Ursula von der Leyen (présidente de la Commission européenne), Kamalas Harris (vice-présidente des Etats-Unis), Elisabeth Borne (première ministre de France), Giorgia Meloni (président du conseil en Italie), Sheikh Hasina (première ministre du Bangladesh)… font la même chose que leurs équivalents masculins.
Le socialisme réactionnaire (dont Proudhon) soutenait que la place des femmes était au foyer et s’opposait à leur droit de vote. La bureaucratie des syndicats de métier s’opposait au travail des femmes. Aujourd’hui, les réformistes s’adaptent au féminisme bourgeois et petit-bourgeois et adoptent généralement la « politique identitaire » du Parti démocrate américain, c’est-à-dire séparent sur le terrain les différents opprimés, les isolent de la classe ouvrière. Leur « intersectionnalité » se réduit en fait à appeler à voter pour eux et à faire confiance à l’État bourgeois. La politique identitaire et l’intersectionnalité affaiblissent toutes les luttes.
Par contre, le communisme révolutionnaire (Marx, Engels, Dmitrieff, Bebel, Zetkin, Lénine, Kollontaï…) s’est toujours prononcé pour l’égalité totale et contre la double exploitation (comme travailleuse des campagnes ou des villes, comme fournissant l’essentiel du travail domestique).
Toute résistance des opprimées est justifiée, mais les luttes sociales d’ampleur (années 1970 dans le monde entier) et les révolutions prolétariennes (Commune de Paris, 1871 ; révolution russe, 1917 ; révolution espagnole, 1936 ; révolution chinoise, 1949…) ont fait plus avancer la cause des femmes que les bombes des suffragettes. Parce que nous ne mettrons définitivement fin à notre oppression et à notre exploitation qu’en menant la lutte de classe contre le capital, en luttant pour une société dont les fondements économiques ne sont pas le profit de quelques propriétaires des moyens de production et l’exploitation d’une classe par une autre.
Égalité juridique totale des femmes dans tous les pays.
Répartition du travail entre tous, par la réduction du temps de travail sans baisse des salaires, jusqu’à l’élimination du chômage. Fin des emplois précaires. Égalité salariale complète entre les hommes et les femmes.
Récupération automatique du pouvoir d’achat perdu en raison de l’inflation. Des salaires, des prestations sociales et des pensions de retraites permettant à tous les travailleurs de vivre décemment.
Pour les travailleurs des deux sexes, des services publics en quantité suffisante, gratuits et de qualité, permettant d’assurer les trajets domicile-travail, la garde des enfants, les soins aux malades et aux personnes dépendantes.
Logement décent pour tous les travailleurs.
Élimination immédiate de toute religion dans les écoles. Système scolaire unique, public, laïc, gratuit et mixte. Éducation sexuelle scientifique basée sur l’amour, la liberté sexuelle et le consentement des partenaires, quelle que soit son orientation.
Suppression de tout financement direct ou indirect des différentes religions.
Interdiction de toute mutilation génitale. Contraception et avortement libres et gratuits pris en charge par le système de santé publique. Système de santé universel, gratuit et laïc. Prise en compte et traitement médical adéquat des pathologies et maladies spécifiquement féminines. Gratuité des protections périodiques.
Interdiction et pénalisation du proxénétisme. Interdiction de la gestation pour autrui (mères porteuses).
Liberté pour les travailleuses et les travailleurs, les réfugiées et les réfugiés, les jeunes en formation de franchir librement et en toute sécurité les frontières.
Fin de la justice sexiste et des lynchages médiatiques en tout genre. Épuration de tous les juges réactionnaires. Pour un véritable système judiciaire démocratique et non sexiste dans lequel les juges peuvent être élus et révoqués par les conseils des travailleurs. Pour l’autodéfense des femmes contre la violence sexiste.
Pour un gouvernement des travailleuses et des travailleurs vers une société sans classe, sans exploitation, sans oppression. Pour le socialisme international.