L’Ukraine est un enjeu important entre les impérialismes occidentaux et l’impérialisme russe. En 2014, l’Ukraine avait demandé son adhésion à l’UE et à l’OTAN, au détriment des relations antérieures avec la Russie. Mais l’impérialisme russe, avec l’annexion de la Crimée et le contrôle d’une partie du Donbass, avait déjà montré que cette situation lui était insupportable.
Pour l’État russe, la priorité accordée par l’État américain à la lutte contre le capitalisme chinois en plein essor, son désengagement partiel des pays d’Europe, d’Asie de l’Ouest, son retrait désordonné d’Afghanistan, ont offert l’occasion de desserrer l’étau économique et militaire des impérialismes occidentaux. Ceux-ci ayant fait savoir qu’ils n’interviendraient pas militairement, Poutine a lancé ses troupes dans l’objectif d’annexer totalement l’Ukraine ou d’y installer un gouvernement fantoche à sa botte. Poutine a déclaré le 21 février : « L’Ukraine n’est pas une nation, mais une invention de Lénine et des bolcheviks. Staline a tenté de remédier à cette invention folle mais il n’y est pas parvenu ».
Les communistes internationalistes sont résolument du côté du pays dominé contre l’agression d’une puissance impérialiste, comme l’ont toujours défendu Lénine et Trotsky. Le renforcement de la pression de l’OTAN sur la Russie par le développement de ses bases militaires est indiscutable, mais les rivalités entre puissances ne justifient en aucun cas que l’existence même de l’Ukraine soit mise en cause. Et la tâche du prolétariat ukrainien comme du prolétariat mondial consiste à défendre, sur une base d’indépendance de classe, ce droit à l’indépendance tout en combattant pour la révolution socialiste en Ukraine, pour l’internationalisme, pour la fédération des Etats-Unis socialistes d’Europe.
Le gouvernement ukrainien est un gouvernement bourgeois notoirement corrompu, l’armée ukrainienne est une armée bourgeoise qui a intégré des bataillons fascistes, mais les communistes internationalistes défendent inconditionnellement l’Ukraine contre l’agression impérialiste russe, comme ils ont défendu l’Irak ou la Serbie aux mains de nationalistes bourgeois contre les agressions de la coalition des impérialismes dirigée par les Etats-Unis, comme ils ont soutenu le peuple arabe de la Palestine contre la colonisation sioniste malgré le caractère bourgeois de la direction du mouvement national palestinien (Fatah, Hamas), comme ils condamnent la guerre menée au Yémen par l’Arabie monarchique et antisémite alliée des impérialismes « démocratiques ». Pas plus aujourd’hui qu’hier, ce soutien à la victime de l’oppression nationale ne vaut soutien à son régime, à son gouvernement, ne vaut soutien à Zelensky.
Pour une perspective révolutionnaire en défense de l’Ukraine
L’État russe justifie son agression en prétextant un « génocide » de la minorité russophone qui vit en Ukraine, notamment dans le Donbass. En réalité, les droits et libertés des minorités sont utilisés par les différents impérialismes au gré de leurs intérêts. En 2014, le gouvernement ukrainien persécute la minorité « russe » et œuvre pour renforcer ses liens avec les impérialismes européens et américain. Et l’impérialisme russe utilise à son tour cette oppression en 2014 pour annexer la Crimée d’une part et pousser à la sécession, y compris par un appui militaire massif, les régions du Donetsk et de Lougansk dans le Donbass. Les droits des minorités « ukrainienne » et tatare n’y sont pas respectés.
Avec Lénine, nous soutenons le respect du multilinguisme et de l’égalité des droits de toutes les minorités nationales, y compris le droit à l’autonomie ou la séparation. Mais en aucun cas, ce rappel des droits intangibles des minorités ne peut entrainer une quelconque complaisance avec l’invasion impérialiste russe.
Les communistes internationalistes sont pour la défaite de l’impérialisme russe en Ukraine. L’Ukraine a le droit de se procurer des armes pour se défendre, même si les impérialismes états-uniens et européens qui les lui fournissent poursuivent leurs propres objectifs, qui sont au moins de garder l’Ukraine sous leur influence. La défaite de l’Ukraine signifierait l’écrasement du prolétariat ukrainien, le renforcement de l’impérialisme russe et de la dictature de Poutine sur le prolétariat russe. À l’inverse, la défaite de l’impérialisme russe ouvrirait la voie au soulèvement du prolétariat russe tout en permettant au prolétariat ukrainien de s’organiser et de se battre pour son propre compte ! Voilà notre perspective !
Les impérialismes états-uniens et européens ont déclenché des salves de sanctions contre la Russie, sans aller jusqu’à se priver des livraisons de gaz et de pétrole qui restent indispensables pour les capitalismes européens. Ils font grand bruit sur le gel des avoirs des oligarques russes, mais d’une part ce gel n’est pas l’expropriation par le prolétariat russe ; d’autre part il est assez facilement contourné grâce à divers paradis fiscaux bienveillants aux grandes fortunes. En revanche, les sanctions économiques comme l’embargo sur certaines importations ou exportations russes, frappent d’abord la population russe, entrainant par exemple la mise au chômage de milliers d’ouvriers des usines automobiles. Et ils menacent aussi les travailleurs du monde entier.
Par ailleurs, les impérialismes occidentaux profitent de la situation pour augmenter leur budget militaire et renforcer les bases militaires de l’OTAN autour de la Russie, les Etats-Unis ont envoyé 20 000 soldats supplémentaires en Europe, l’impérialisme français a expédié des contingents de soldats en Roumanie, etc.
Le maintien de l’impérialisme est un fléau pour l’humanité
La guerre en Ukraine est un tournant dans la situation mondiale. Elle dresse face à face l’impérialisme russe qui est allé chercher le soutien de l’impérialisme chinois contre les impérialismes états-uniens et les principaux impérialismes européens. Ceux-ci font très attention de ne pas franchir la limite ténue qui les maintient hors d’un engagement direct dans le conflit, mais cette guerre peut basculer dans une guerre inter-impérialistes. L’enlisement de l’armée russe en Ukraine, intolérable pour Poutine, peut entrainer une escalade militaire et précipiter une guerre inter-impérialiste.
L’invasion augment le nombre déjà considérable de personnes déplacées dans le monde, plus de 90 millions. La guerre en Ukraine a déjà des conséquences économiques dramatiques dans de nombreux pays dominés, mais aussi pour les prolétaires et toutes les couches paupérisées dans les pays développés. La rupture de l’approvisionnement en céréales venant d’Ukraine et de Russie, mais aussi d’engrais, de différents minerais comme le nickel, etc. fait flamber les prix, alimentés par la spéculation. Ainsi le pain vient à manquer ou devient hors de prix dans de nombreux pays d’Asie de l’ouest ou d’Afrique du Nord. Les prix du gaz et du pétrole, dont la Russie est un des principaux exportateurs, poursuit sa course folle. L’inflation s’accélère, elle atteint 8,5 % aux Etats-Unis, presque 10 % en Espagne, plus de 61 % en Turquie, plus de 55 % en Argentine, elle dépasserait les 20 % en Algérie… faisant fondre les salaires, les retraites, les allocations et les aides, quand ils existent. Plusieurs banques centrales relèvent déjà les taux d’intérêt de leurs prêts aux banques, la croissance ralentit, les signes d’une possible nouvelle crise capitaliste mondiale s’accumulent.
Ceci renforce les contradictions entre les États impérialistes, entre les puissances régionales. Le fardeau du militarisme pèse de plus en plus sur les producteurs avec l’augmentation généralisée des dépenses militaires. La classe capitaliste, en même temps qu’elle entraine inexorablement la planète dans un désastre écologique et climatique, entend toujours sauvegarder son taux de profit en reportant sur les travailleurs, sur les populations des pays dominés la facture de la guerre comme la facture de ses crises. Discrimination religieuse, xénophobie, racisme, persécutions contre les réfugiés et les migrants sont utilisés ouvertement par les gouvernements bourgeois qui renforcent la police et l’armée, réduisent les libertés et criminalisent la contestation sociale.
Pour une internationale ouvrière révolutionnaire
Les bureaucrates syndicaux ukrainiens de la FPU et de la KVPU soutiennent Zelinsky comme le Parti « communiste » de la Fédération de Russie KPRF appuie Poutine. Ailleurs, l’alignement des principaux chefs syndicaux et des partis réformistes (SPD, Labour Party, PS, PCF, PSOE, DSA…) sur l’OTAN, le soutien direct ou indirect apporté par d’autres partis réformistes (Partido dos Trabalhadores do Brasil, divers partis « communistes ») à l’impérialisme russe laisse la classe ouvrière mondiale paralysée, sans perspective propre contre la guerre en Ukraine. Il la cantonne, soit à un soutien à leur propre impérialisme, soit à une simple solidarité avec les victimes de la guerre.
Pourtant, la mobilisation du prolétariat mondial pourrait mettre fin à la guerre, pourrait ouvrir la voie au prolétariat russe. En Russie, les manifestations contre la guerre ont été violemment réprimées mais des jeunes ont attaqué depuis des bureaux de recrutement de l’armée. En Ukraine, le chauvin Zelensky a interdit les partis d’opposition, le parlement a suspendu les lois qui protègent les travailleurs et a interdit les grèves. Un parti ouvrier révolutionnaire ukrainien s’adresserait en soldats de l’armée russe pour les retourner contre leur gouvernement et leur État.
Contre la collaboration de classe des bureaucraties ouvrières corrompues, les communistes internationalistes exigent des directions syndicales et des partis réformistes de rompre avec la bourgeoisie. Pour défaire l’impérialisme et ses guerres, les travailleurs doivent exiger le front unique de leurs organisations de masse sur les mots d’ordre :
- L’impérialisme russe hors d’Ukraine !
- Aucun soutien à l’OTAN ni à un quelconque impérialisme européen ou étatsunien !
- Retrait d’Europe centrale des troupes des impérialismes occidentaux !
- Retrait de toute l’Europe des troupes étatsuniennes !
- Dissolution de l’OTAN ! À bas les sanctions économiques qui frappent d’abord le prolétariat russe !
- Pour la révolution socialiste en Ukraine comme en Russie !
Pour les États-Unis socialistes d’Europe de Lisbonne à Vladivostok !
Les travailleurs du monde entier ont besoin d’une internationale ouvrière révolutionnaire qui les dégagent de l’emprise des dirigeants des partis réformistes et des bureaucrates syndicaux qui sèment le poison des illusions parlementaires, du chauvinisme, des compromis avec leur bourgeoisie ou leur impérialisme.
- Indexation des salaires sur l’inflation !
- Contrôle des travailleurs sur l’activité des services et entreprises essentiels et sur la fermeture de ceux qui ne le sont pas !
- Expropriation des groupes capitalistes !
- Plan de production décidé par la population pour satisfaire les besoins sociaux tout en préservant l’environnement et l’avenir de l’humanité !
- Gouvernement ouvrier basé sur les conseils ouvriers, la destruction de l’État bourgeois et la dissolution de l’armée professionnelle, des corps de répression policiers et des bandes fascistes par les travailleurs en armes !
- Fédération socialiste mondiale !