Socialisme ou barbarie

Lorsque nous avions décidé de la tenue de cette Université rouge sur l’impérialisme aujourd’hui, l’invasion de l’Ukraine n’avait pas encore été déclenchée par l’impérialisme russe. Pour autant, nous avions déjà analysé la configuration générale des différentes forces impérialistes, de leur affrontement à venir, et l’Ukraine était déjà le théâtre de ces affrontements.

Voici ce que nous écrivions dans la plateforme du COREP de 2017, il y a maintenant 5 ans :


J’ajoute que ce délai n’est pas infini, il a plutôt tendance à raccourcir et c’est aussi se que vient nous rappeler la guerre en Ukraine.

Le titre de notre brochure CRC n°8 parue en 2015 est lui aussi assez clair :



Déjà en 2014, en réponse au rapprochement du gouvernement ukrainien avec les impérialismes occidentaux, l’impérialisme russe s’était emparé d’une partie du territoire de l’Ukraine en annexant la Crimée et en favorisant la sécession des provinces de Donetsk et de Louhansk.

Pourquoi la Russie est-elle un impérialisme ?

Nous parlons, nous, de l’impérialisme russe. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Parmi ceux qui se réclament du marxisme, de la révolution, du trotskysme, il y en a beaucoup pour qui la Russie n’est pas un impérialisme, mais encore un Etat ouvrier bureaucratique, un Etat dirigé par des oligarques dont on ignore la nature exacte, capitaliste ? impérialiste ?

Par exemple, pour LO

Si Poutine a ainsi pu rétablir un État fort, c’est fondamentalement parce que le régime autoritaire qu’il incarne depuis déjà vingt-deux ans répond aux intérêts collectifs de sa base sociale, cette bureaucratie qui avait failli tout perdre avec la disparition de l’ancien État. Poutine sut asseoir son pouvoir en permettant aux clans au sommet de l’État de continuer à faire des profits par milliards pour peu qu’ils acceptent son autorité. Mais il le fit aussi en rendant à la bureaucratie dans son ensemble, du haut en bas de la chaîne hiérarchique, la possibilité de vivre de ses prébendes […] (Lutte ouvrière, La politique criminelle de Poutine, chef de la bureaucratie russe, face à la pression de l’impérialisme, 2 mars 2022)

Pour d’autres, la Russie est devenue un Etat capitaliste peut-être, mais plus ou moins sous-développé et en tous cas dominé par les impérialismes sur le plan mondial, etc. Pensez, avec un PIB 2022 estimé par le FMI à 1 700 milliards de dollars environ contre plus de 25 000 milliards de dollars pour les États-Unis, presque 20 000 milliards de dollars pour la Chine ou même 4 250 milliards de dollars pour l’Allemagne, c’est un nain. Donc est-ce bien un impérialisme ?

Pourquoi est-ce important de se déterminer ? Il ne s’agit pas d’une discussion byzantine ou sur le sexe des anges. Cela a des conséquences. Si la Russie est un pays dominé qui agresse un autre pays dominé, l’Ukraine, alors les révolutionnaires ne prennent partie ni pour l’un ni pour l’autre, ils condamnent la guerre et prônent le défaitisme révolutionnaire. Comme par exemple dans l’affrontement récent entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Si la Russie n’est pas un impérialisme, mais qu’elle cherche à se défendre contre les menées des autres impérialismes, étasunien et européens…qui manœuvrent pour faire de l’Ukraine le fer de lance de leur offensive, alors il faut défendre la Russie injustement attaquée par l’impérialisme. Etc., etc.

La Russie est devenue un impérialisme qui présente certes des traits particuliers avec des forces et des faiblesses, comme n’importe quel impérialisme. Par exemple, c’est un impérialisme largement assis sur la rente pétrolière et gazière. Mais pas seulement.


En 2021, 4 entreprises russes figurent parmi les 200 plus grosses du monde selon le mensuel américain Forbes. Il n’y a que 3 groupes italiens dans la liste mais qui contestera que l’Italie est une puissance impérialiste, même si elle est loin des États-Unis ? [Voir]

Examinons la liste des plus grosses entreprises privées russes établie par le même magazine en 2019, donc sur l’année 2018.

Les 200 plus importantes compagnies privées de Russie ont vu leurs recettes totales croître de 22% en 2018, pour atteindre quelque 618,11 milliards d’euros, constate le magazine Forbes au travers de l’édition 2019 de son classement annuel.

À cet égard, avec 113,67 milliards d’euros de recettes, le producteur d’or noir Lukoil, occupant la première place depuis 2013, devance de loin les autres entreprises apparaissant dans le top 10. En seconde position l’on retrouve ainsi Surgutneftgaz (gaz et pétrole, 26,40 milliards d’euros), suivi de X5 Retail Group (grande distribution, 21,68 milliards), de Magnit (grande distribution, 17,50 milliards), Tatneft (pétrole, 12,87 milliards), Novatek (gaz, 11,77 milliards), Evraz (exploitation minière et métallurgie, 11,40 milliards), NLMK (métallurgie, 10,70 milliards), Nornikel (exploitation minière et métallurgie, 10,37 milliards) et Megapolis (distribution et logistique, 10 milliards).

Fondée en 2006, United Aircraft Corporation (UAC) est une société d’État évoluant dans le domaine de l’aéronautique et de la défense et apparaît comme l’un des principaux acteurs sur le marché mondial de l’aviation. Elle regroupe plus de 30 avionneurs privés et publics et des actifs impliqués dans le développement, la construction et la vente d’avions militaires, civils, de transport et sans pilote. Le consortium détient en outre les droits de célèbres familles d’avions telles que Soukhoï, MiG, Iliouchine, Tupolev, Yakovlev et Beriev.

Et Gazprom ?

En 1989, en pleine période de réformes économiques structurelles, ce ministère fut transformé en groupement (konzern) d’État (государственный концерн) « Gazprom », devenu société d’État par actions (РАО) en 1993

La société est cotée à la Bourse de Londres depuis le 1er janvier 2006… Les investisseurs internationaux détiennent environ 20 % du capital, l’État russe, 50 % plus une action, le reste étant réparti entre des détenteurs russes et étrangers.

En 2007, c’est la première entreprise russe, la 5e par la capitalisation boursière au monde, derrière Saudi Aramco, TotalEnergies, ExxonMobil et PetroChina2 et la première valorisation boursière d’Europe3.

En décembre 2008, à la suite de la crise financière de 2008 entre autres, sa capitalisation boursière a diminué de 76 % par rapport à son sommet, la faisant passer à 85 milliards de dollars, la positionnant ainsi au 35e rang mondial4, avant de revenir au 15e rang mondial en 20125. En 2014, Gazprom est classée comme étant le deuxième plus gros investisseur du monde, avec 44,5 milliards de dollars d’investissements6.

On n’est pas là dans l’artisanat ni dans la petite entreprise !

Et la Russie est un impérialisme, certes pas le plus puissant, car elle participe à la lutte entre les impérialismes pour le repartage incessant du monde, avec les armes et les atouts qu’elle a.

Intervention en Tchétchénie, en Ukraine dès 2014, en Syrie, en Lybie, et en Afrique avec ses mercenaires…

Lénine l’expliquait déjà très bien dans son ouvrage L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, écrit en 1916 :

L’impérialisme se caractérise justement par une tendance à annexer, non seulement les régions agraires, mais même les régions les plus industrielles (la Belgique est convoitée par l’Allemagne, la Lorraine par la France, car premièrement le partage du monde étant achevé, un nouveau partage oblige à tendre la main vers n’importe quel territoire; deuxièmement, ce qui est l’essence même de l’impérialisme, c’est la rivalité de plusieurs grandes puissances tendant à l’hégémonie, c’est-à-dire à la conquête de territoires, non pas tant pour elles-mêmes que pour affaiblir l’adversaire et saper son hégémonie ( la Belgique est surtout nécessaire à l’Allemagne comme point d’appui contre l’Angleterre; l’Angleterre a besoin de Bagdad comme point d’appui contre l’Allemagne, etc.

Il n’y a donc pas que l’intérêt de piller les richesses du territoire que l’impérialisme s’approprie, mais aussi le fait que tout serve de point d’appui contre les autres impérialismes et on comprend mieux l’acharnement de l’impérialisme britannique à défendre sa possession des îles Malouines, où il n’y guère que des moutons, ou bien la ténacité de l’impérialisme chinois à s’approprier des ilots et autres bouts de cailloux en mer de Chine, ou bien celle de l’impérialisme français qui tient à bout de bras ses TOM-DOM

Cette guerre en Ukraine n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel jusqu’ici tout bleu. Il y a eu d’autres guerres, mettant en jeu différents impérialismes, il n’y a pas si longtemps, en Irak, en Libye, en Syrie, en Afghanistan…qui témoignent que l’impérialisme est bien « l’époque des guerres et des révolutions ». La lutte incessante entre les impérialismes pour le partage et le reportage du monde.

Pourtant la guerre en Ukraine marque un tournant de la situation mondiale d’une part parce qu’elle bouscule les rapports de force, les équilibres précaires entre les différents impérialismes, d’autre part par ses conséquences sur le prolétariat mondial, sur les pays dominés.

Les rapports de force entre les différents impérialismes

On le sait, l’impérialisme américain avait depuis Obama décidé de se concentrer sur l’Asie – Pacifique, pour contrer la montée en puissance de l’impérialisme chinois, le plus menaçant pour lui, et, ne pouvant courir tous les lièvres à la fois, avait réduit sa voilure en Europe, sans abandonner le terrain tout de même.

Profitant de cela, l’impérialisme russe avait marqué quelques points ces dernières années, en Ukraine, en gagnant des bases en Syrie…Mais il se casse les dents sur la résistance de l’Ukraine qu’il n’avait pas envisagée. Et plus l’offensive militaire de l’impérialisme russe patine en Ukraine, plus cela devient une opportunité pour l’impérialisme américain, qui mise sur la défaite de l’impérialisme russe, pour renforcer ses positions vis-à-vis des impérialismes européens et bien entendu contre l’impérialisme russe. D’où la décision de l’État américain de mobiliser plus de 40 milliards de dollars en aide militaire à l’Ukraine, de renforcer ses troupes en Europe (qui étaient tombées à 80 000 hommes contre 300 000 avant la chute du mur de Berlin) et de faire de l’OTAN le point de passage obligé pour les impérialismes et les bourgeoisies européens, au grand dam d’ailleurs de l’impérialisme français qui tente toujours de promouvoir une défense européenne indépendante afin d’en être le leader. De ce point de vue, le renforcement des bases de l’OTAN en Europe, l’adhésion à l’OTAN demandée par la Suède et la Finlande sont des points d’appui supplémentaires incontestables pour l’impérialisme américain qui vont à contre-courant de la tendance à l’affaiblissement relatif observée dans la période passée.

L’impérialisme russe, avant de déclencher la guerre, s’était assuré du soutien de l’impérialisme chinois. Mais l’impérialisme chinois le soutient sans y laisser sa chemise. Depuis des années, il y a un rapprochement entre l’impérialisme chinois et l’impérialisme russe. Mais pas sur un pied d’égalité. L’impérialisme chinois est beaucoup plus puissant que le russe, mais il a besoin du russe pour s’approvisionner notamment en matières premières, minerais et énergie, et de moins en moins en matière d’armement. Et sécuriser ces approvisionnements aussi Les sécuriser car il s’agit d’approvisionnements par voie terrestre directement de la Russie à la Chine, moins susceptibles d’être bloqués militairement. Et ça tombe bien : les sanctions économiques prises contre l’impérialisme russe par les impérialismes occidentaux poussent mécaniquement l’impérialisme russe dans les bras du chinois. Cela ne peut que renforcer l’impérialisme chinois dans la perspective de l’affrontement avec l’impérialisme américain tout en rendant l’impérialisme russe dépendant de lui. D’un autre côté, l’impérialisme chinois sait qu’il n’est pas encore prêt à l’affrontement militaire, qu’il lui faut gagner du temps en se renforçant, et donc continuer à faire des affaires dans le monde, or la guerre en Ukraine, les sanctions internationales, le blocus des ports de la mer noire, etc. gênent et entravent les échanges mondiaux et nuisent donc à la croissance chinoise. Donc l’impérialisme chinois soutient le russe, mais il souhaiterait que ça s’arrête et que les affaires reprennent. Il n’y a pas que lui.

Les impérialismes européens et américain ne sont pas si unis qu’ils l’affichent sur la question de l’Ukraine, car leurs intérêts sont parfois divergents. L’impérialisme allemand n’est pas ravi de la pression de l’impérialisme américain, soutenu par d’autres bourgeoisies européennes, pour parvenir à un embargo sur les livraisons de gaz russe. L’impérialisme français, comme l’impérialisme allemand, n’est pas aligné sur une défaite de la Russie, mais s’accommoderait d’une paix avec annexion russe d’une partie de l’Ukraine, pour se préserver des marges de manœuvres avec l’impérialisme russe. Pendant que les principaux impérialismes sont bien occupés par cette affaire, d’autres puissances régionales essaient d’en profiter pour accroitre également leur zone d’influence. C’est le cas de la Turquie qui s’apprête à réintervenir militairement contre les Kurdes dans le nord de la Syrie, qui monnaie son accord à l’adhésion à l’OTAN de la Suède et de la Finlande avec les américains et joue de sa position stratégique contrôlant l’entrée de la mer Noire avec l’impérialisme russe. Etc.

Mais ce qui constitue l’axe principal des affrontements inter-impérialistes, celui entre les Etats-Unis et la Chine, n’est pas tombé pour autant aux oubliettes. Au contraire, les manœuvres et les préparatifs s’intensifient de part et d’autre, la guerre en Ukraine étant minutieusement observée et analysée, et pas seulement sur le terrain tactique et militaire, pour en tirer le plus d’enseignements possibles.

Le gouvernement américain l’affirme haut et clair : il n’y a aucune opposition ou contradiction entre le réengagement partiel de l’impérialisme américain en Europe et son positionnement pour contrer la Chine : « En réalité, nous ne voyons pas cela comme une tension, mais comme deux choses se renforçant mutuellement » a expliqué le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, mercredi 18 mai. L’impérialisme américain insiste pour le renforcement d’un bloc de « démocraties libérales » contre les régimes « autoritaires » chinois et russe. La Maison blanche a publié un rapport en février sur sa vision stratégique sur la Chine :

Notre objectif n’est pas de changer la République populaire de Chine, mais de modeler l’environnement stratégique dans lequel elle évolue, de bâtir un équilibre d’influence dans le monde qui soit le plus favorable possible aux Etats-Unis, à ses alliés et partenaires, et aux intérêts et valeurs que nous partageons.

Cette politique prend à la fois un aspect économique et un aspect militaire. Sur le plan militaire, les USA veulent clairement orienter l’OTAN contre la Chine et plus seulement contre la Russie. Déjà en 2021, le sommet de l’OTAN de juin déclarait :

Les ambitions déclarées de la Chine et son comportement déterminé représentent des défis systémiques pour l’ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l’importance pour la sécurité de l’Alliance

Malgré l’opposition de l’impérialisme français qui jugeait que la Chine ne figurait pas dans les objectifs constitutifs de fondation de l’OTAN. Et les USA multiplient les coopérations et alliances militaire pour faire pièce à la Chine, l’Aukus avec le Royaume-Uni et l’Australie, le Quad avec l’Inde, le Japon et l’Australie, et les Five eyes avec le Canada, le Royaume Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, en particulier pour empêcher un débarquement chinois à Taïwan. Sans parler du renforcement des liens militaires avec le Japon qui fait de nombreux efforts depuis des années pour se réarmer. Et la guerre en Ukraine leur apprend qu’il serait plus utile de préparer Taïwan à une guerre asymétrique avec la Chine plutôt qu’à une guerre conventionnelle, c’est-à-dire qu’il faut renforcer les moyens de défense légers, précis, mobiles type drones, missiles portables antichars ou de défense aérienne, comme cela a fonctionné en Ukraine, au moins dans la première phase de la guerre.

De son côté, évidemment, l’impérialisme chinois ne reste pas inerte. (Mer de Chine, Iles Salomon, toutes les îles Vanuatu, Samoa, Fidji, etc., qui jouxtent aussi les possessions de l’impérialisme français Tahiti, Nouvelle Calédonie…)

Ce qui est donc certain, car cela se déroule sous nos yeux, c’est que l’impérialisme comme stade suprême du capitalisme, c’est la guerre et la préparation à nouveau de la guerre à une échelle encore plus large.

Les dépenses militaires dans le monde


Selon le mal nommé Institut de recherche sur la paix suédois SIPRI, les dépenses militaires ont augmenté en 2021 pour la 7e année consécutive pour atteindre le record de 2113 milliards de dollars, encore cela ne tient-il pas compte de la guerre en Ukraine et des décisions que cela a entrainé comme par exemple les 100 milliards d’euros votés en Allemagne pour mettre la Bundeswehr à niveau…

A tout seigneur tout honneur, les USA sont largement en tête avec un budget 2021 de 782 milliards, qu’ils portent à 813 milliards en 2022. Le montant du budget militaire des USA équivaut à ceux cumulés des onze pays qui suivent dans la liste. Les États-Unis dépensent un peu moins de trois fois plus que la Chine, 293 milliards et douze fois plus que la Russie, 66 milliards. En 2020, les États-Unis ont donné plus à une seule entreprise, Lockheed Martin, que la Russie n’a dépensé pour toute son armée.  Ils sont la seule puissance militaire réellement mondiale, avec 750 bases dans 80 pays dans lesquelles sont stationnés des centaines de milliers de militaires, et ils dominent les mers. « La mondialisation est une maritimisation, donc la maîtrise de la mer est indispensable à la maîtrise des flux », décrypte Thomas Gomart, directeur de l’Ifri (Institut français des relations internationales). Une suprématie que conteste désormais la Chine avec ses investissements massifs dans la modernisation de sa défense, notamment de sa flotte. Avec 360 unités, elle compte 60 bâtiments de plus que l’US Navy, mais, selon les experts, le « sea power » américain a encore une longueur d’avance : plus de tonnage, plus de soldats dédiés (330 000 contre 250 000), plus de technologies de pointe, sans parler de la supériorité de la flotte sous-marine et du nombre de porte-avions (11 contre 2). Mais la Chine est en passe de disposer d’au moins quatre porte-avions d’ici 2027, dont le quatrième sera à propulsion nucléaire. Ce dernier pourrait changer les équilibres des forces en cas de conflit avec Taïwan. Pékin planifie par ailleurs une flotte composée de 5 ou 6 porte-avions à l’horizon de 2030. Washington dépense sans compter pour maintenir cette longueur d’avance sur les mers, mais aussi dans l’espace. « Depuis 2018, les États-Unis investissent massivement et font de leur politique spatiale la clé de voûte de leur suprématie militaire », selon Thomas Gomart, qui évoque une « arsenalisation de l’espace ».

Avec 76,6 milliards de dollars de dépenses militaires, l’Inde se classe au troisième rang mondial. Une augmentation de 0,9% par rapport à 2020, mais de 33% sur 10 ans. Pour renforcer son industrie, 64% des dépenses ont été affectées à l’acquisition d’armes produites dans le pays

L’impérialisme français est en 6e position mondiale, juste derrière la Russie, avec 56 milliards de dollars.

Et pendant que les dépenses militaires augmentent, la misère s’accroit dans le monde.

Les conséquences de la guerre pour le prolétariat

La guerre en Ukraine n’est pas la source de toute la misère du monde, mais elle en est un accélérateur par plusieurs aspects. L’ensemble des marchés mondiaux de céréales, de métaux, de fourniture d’énergies obéissent évidemment à la spéculation. La spéculation se détermine sur l’évolution prévisible ou supposée de l’offre et de la demande pour fixer un cours à telle ou telle date de livraison. Prenons le cas du blé, soumis à la fois aux aléas climatiques, et aussi à la guerre et au blocage des livraisons ukrainiennes, un des plus grands producteurs mondiaux. Sur Euronext, la tonne de blé, livrable en septembre, était le vendredi 3 juin au fixing, à 378 euros. Deux semaines plus tôt, le 16 mai, elle se négociait à un plus haut historique, à 438 euros la tonne. Cette baisse s’expliquant par les espoirs de voir se mettre en place un corridor maritime pour les navires en mer Noire. Mais le cours du blé a donc pris près de 40% depuis le 1er janvier. De plus, à la mi-mai, l’Inde traditionnellement exportatrice de blé, a brutalement annoncé qu’elle n’en exporterait plus, du fait d’une canicule et d’une sécheresse exceptionnelle qui a compromis sa récolte. Et voilà qu’intervient le réchauffement climatique, comme un deuxième fléau produit par le capitalisme, pour renchérir le cours du blé. Tout cela aboutit à des situations de famine en Afrique, au Moyen-Orient, au Maghreb, dans des pays étroitement tributaires des importations subventionnées de blé. Notons encore que comme c’est la loi du capitalisme et de l’affrontement entre les impérialismes, il n’existe pas évidemment de gestion mondiale centralisée de la production de blé ni des stocks de blé qui pourrait lisser et amortir les aléas de la production, mais c’est au contraire la jungle. Et s’il y a des stocks, ils sont privés et leurs détenteurs jouent sur la hausse des cours avant de livrer. Et finalement dans cette affaire, l’impérialisme russe ne s’en sort pas si mal, car il va se trouver à la tête d’une centaine de millions de tonnes de blé en 2022, sur une production mondiale d’environ 770 millions de tonnes, et peut-être un peu plus s’il s’accapare une partie des stocks de blé ukrainien dans les territoires qu’il a conquis. Si on ajoute la question du gaz et du pétrole, qui obéit au même schéma, mais avec d’autres particularités, et qu’on ajoute les difficultés d’approvisionnement en marchandises diverses, à la fois dues au COVID, mais aussi à la guerre et à l’embargo décidé contre la Russie, qui concernent par exemple les engrais, mais aussi le nickel, etc., on a une des raisons de l’explosion de l’inflation qui frappe le prolétariat et toutes les couches paupérisées, non seulement dans les métropoles impérialistes comme les USA, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, mais aussi et beaucoup plus durement encore dans les pays dominés. En Argentine, elle atteint 58 % et des dizaines de milliers de personnes ont manifesté le 12 mai à Buenos-Aires contre la faim et la misère, et plus nombreuses encore hier le 10 juin, en Turquie l’inflation se monte à 74 % ! Et la combinaison de ces facteurs, ajoutés à la remontée des taux de banques centrales pour essayer de faire baisser la fièvre inflationniste diminue déjà par moitié les prévisions de croissance mondiale et pourrait bien précipiter une nouvelle crise économique mondiale. Elon Musk ou JP Morgan avertissent de l’arrivée d’un « nouvel ouragan » sur l’économie mondiale…

Le réchauffement climatique et la poursuite du saccage de la planète

Il y a bien d’autres aspects que nous pourrions aborder pour détailler et expliquer en quoi le capitalisme au stade impérialiste, c’est la réaction sur toute la ligne, pour reprendre la formule de Lénine, par exemple à partir du naufrage des systèmes de santé publique au sein même de pays impérialistes riches et développés comme la France ou la Grande-Bretagne, ou bien encore en abordant le combat acharné de la réaction contre les droits des femmes, des LGBT, aux Etats-Unis, en Pologne etc. Tout cela témoigne du pourrissement du mode de production capitaliste au stade impérialiste, de la barbarie promise comme avenir si l’on n’y met pas un terme. Il y a une autre dimension de la marche à la barbarie que je voudrais aborder, celle du réchauffement climatique et du saccage de la planète par le capitalisme pour montrer tout le cynisme des dirigeants capitalistes, leur incohérence, leur absence totale de maitrise des évènements et au bout du compte comment ces questions vitales pour l’humanité ne pourront pas être réglées sans mettre à bas le capitalisme, sans que la classe ouvrière ne prenne le pouvoir, sans le socialisme mondial.

Comme vous le savez, ça ne s’arrange pas vraiment du coté du réchauffement climatique, la sécheresse s’étend en Afrique, au Moyen-Orient et même en France, en Inde on a atteint le 50°etc. Il ne se passe pas un jour sans que de nouveaux engagements vertueux soient avancés par les uns et les autres. Selon le dernier rapport du GIEC paru le 4 avril 2022, les émissions de gaz à effet de serre devraient atteindre un pic entre 2020 et au plus tard avant 2025 dans les trajectoires modélisées à l’échelle mondiale qui limitent à 1,5 °C. Donc redescendre obligatoirement après 2025 au pire, sinon avant. On n’en prend pas le chemin :

En 2021, l’Agence internationale de l’énergie a appelé à cesser immédiatement les investissements dans de nouvelles installations pétrolières et gazières, pour garder une chance de limiter le réchauffement à + 1,5°. Une étude parue en 2021 dans Nature a montré qu’il faudrait laisser dans le sol près de 60 % des réserves de pétrole et de gaz, et 90 % de celles de charbon d’ici à 2050. Conséquences : la production de gaz et de pétrole devrait diminuer en moyenne de 3 % par an dans le monde jusqu’en 2050 et celle de charbon de 7 %. Le monde prend actuellement la direction opposée. La production d’énergies fossiles, qui comptent toujours pour 80 % de la demande en énergie primaire, devrait augmenter de 2 % par an durant la décennie, selon le rapport de l’ONU « Production Gap Report », publié en 2020.

Selon la revue Energy Policy du 12 mai dernier, le monde compte aujourd’hui 425 « bombes climatiques », en opération ou encore à l’état de projet, réparties dans 48 pays. Si toutes étaient exploitées jusqu’à leur terme, leurs émissions potentielles combinées représenteraient deux fois le budget carbone mondial – soit le plafond d’émissions – à ne pas dépasser pour espérer maintenir le réchauffement climatique à 1,5° par rapport à l’ère préindustrielle. De quoi réduire à néant les objectifs de l’accord de Paris sur le climat et la lutte contre le dérèglement climatique. Les entreprises Qatar Energy, Gazprom, Saudi Aramco, ExxonMobil, Petrobras, Turkmengaz, TotalEnergies, Chevron, Shell et BP sont celles qui contribueront le plus à ces surplus d’émissions. Et par exemple, un des effets de la guerre en Ukraine et de la domination des impérialismes sur le monde aboutit à substituer partiellement la livraison de gaz russe en Allemagne par la livraison de gaz de schiste américain liquéfié, dont l’extraction, le transport et le conditionnement sont beaucoup plus émetteurs de CO2 ! Sans parler du maintien des centrales à charbon au-delà de ce qui était prévu…

Mais qu’à cela ne tienne, l’Europe agit ! Vous avez tous entendu ces annonces récentes sur l’interdiction de produire et vendre des voitures à moteur thermique en 2035 en Europe.

C’est entendu, une voiture électrique n’émet pas de CO2 quand elle roule et le moteur électrique est bien supérieur d’un point de vue technologique, du rendement, à un moteur thermique. Mais cela règle-t-il la question ? La fabrication et le recyclage en fin de vie d’une voiture électrique émet plus de CO2 que pour une voiture thermique. Entre un tiers de plus au double pour une grosse Tesla avec des grosses batteries fabriquées en Chine, jusqu’à 20 tonnes de CO2. Pour mémoire, il faudrait parvenir à une émission annuelle moyenne de 2 tonnes de CO2 par habitant pour tenir 1,5°de réchauffement. Donc vous en prenez pour 20 ans ! Ce désavantage pour la voiture électrique est compensé et doit même se transformer en un avantage à partir du moment où elle roule, puisque la voiture thermique émet du CO2 à chaque km parcouru et pas la voiture électrique. Mais produire de l’électricité qu’on utilise pour recharger la voiture électrique émet plus ou moins de CO2 selon qu’elle provient du nucléaire, de renouvelables ou de centrales au gaz ou au charbon. D’autant qu’une voiture électrique pèse en moyenne 500 kg de plus qu’une voiture thermique, à cause des batteries bien sûr, et qu’il faut bien quand même un peu d’énergie pour mouvoir tout ça, Cela renvoie donc à la politique énergétique globale.

Tout le monde vante les renouvelables, le gouvernement allemand, le gouvernement français, l’UE etc., c’est une industrie florissante, mais personne ou presque ne répond au problème de l’instabilité inhérente à ce type d’énergie, et donc à son stockage indispensable. Mystère. Revenons donc à nos bagnoles électriques et projetons-nous en 2040 en France. D’après le comparateur d’énergie Selectra, en 2040, il y aurait en France environ 50% du parc automobile en électrique. Cela fait environ 15.6 millions de véhicules. D’après l’INSEE, une voiture parcourt environ 13 500 kms en moyenne chaque année. Une voiture électrique consomme en moyenne 0.17 kWh du km, en conduisant pépère. Donc si on retient notre moyenne de 13 500 kms par an, une voiture électrique moyenne consommerait 2295 kWh par an. RTE a fait ses calculs. Pas de problème ! En retenant un parc électrique de 15.6 millions de véhicules, en escomptant des progrès dans la consommation électrique de ces véhicules qui la ferait tomber à 1800 kWh par an au lieu des 2295 kWh, alors la consommation totale annuelle de ces véhicules électriques ne représenterait que 34 TWh (34 milliards de kWh) soit à peu près 8% de la consommation électrique totale actuelle. Pas de soucis dit RTE car d’ici là on aura fait des économies dans la consommation électrique du chauffage des bâtiments, de l’éclairage, etc. L’association écologiste décroissante Nega Watt confirme et applaudit des deux mains. Oui, mais… Ça commence à se gâter quand tout le monde va vouloir recharger sa bagnole. Les 15,6 millions de véhicules électriques représentent une puissance appelée de 17 100 MW. Pour comparaison, Paris intra-muros représente une puissance appelée de 2 200 MW en hiver et hors pic de consommation. Ça risque de ne pas passer, à fortiori en hiver où la demande de puissance électrique est évidemment plus forte. Et si quelques milliers d’automobilistes seulement décident de recharger leur bagnole en mode rapide dans une même zone géographique en même temps, c’est-à-dire en une demi-heure, ça risque de coincer très vite sur le réseau basse tension. Une Tesla rechargée en mode rapide d’1/2 heure appelle 120 kW de puissance, or l’installation électrique habituelle d’un particulier est entre 6 et 9 kW ! Le réseau basse tension actuel ne pourra pas le supporter. Cela nécessitera de lourds travaux que RTE n’aborde pas dans ses scénarios. Ne vous inquiétez pas, la solution est évidente : il suffit que les automobilistes rechargent tranquillement « à vitesse normale » leur bagnole au garage chez eux pendant toute la nuit. Comment ça, vous n’avez pas de garage et vous laissez dormir votre voiture dans la rue ? Remarquez, ça marche ensemble, si vous n’avez pas les moyens d’avoir votre garage, vous n’avez pas les moyens non plus d’acheter une voiture électrique, donc vous n’êtes pas concerné ! Je reviendrai sur la question du prix, mais restons d’abord sur cette hypothèse où l’automobiliste recharge sa bagnole la nuit pendant les heures creuses. Ça tombe bien, c’est justement pendant la nuit que les panneaux solaires donnent au maximum ! Non mais restent bien sûr les éoliennes. Et s’il n’y a pas de vent, restent les bonnes vieilles centrales nucléaires, quelle horreur, fermons-les le plus vite possible, nous disent les écologistes, et donc aussi la NUPES, ou les centrales à gaz ou à charbon ? Car on retombe sur la même hypocrisie, personne ne parle de la question du stockage de l’énergie produite par les renouvelables pour pallier leur intermittence et tout le monde fait comme si la puissance installée, c’est-à-dire théorique, affichée sur le papier était équivalente à la production réelle, évidemment intermittente !

Mais tout cela est le cadet des soucis des grandes entreprises automobiles, ou du moins en public, pour qui le plus important c’est de vendre des bagnoles électriques, si possible plus et mieux que leurs concurrents et ce n’est pas la préoccupation de chacun des Etats bourgeois, en général impérialistes, qui les protègent et les soutiennent. Cela se passera, comme d’habitude, à la « va comme je te pousse », qui est le propre du capitalisme. Car il y a des problèmes autrement plus urgents à régler : La rivalité inter-impérialistes pour s’approprier les terres rares, les métaux nécessaires à la fabrication des batteries ou au moins sécuriser ses approvisionnements. L’AIE a calculé que d’ici 2040, pour fabriquer ces batteries, la consommation de lithium devrait être multipliée par 42, celle du cobalt par 21 et celle du nickel par 19 ! Bien entendu, une bonne partie de ces minéraux devrait à terme être issue du recyclage, mais pas dans les 10 à 15 premières années, d’où la panique à bord. Des chercheurs de l’Université britannique Leuken, associés à Eurométaux, mettent en garde l’Europe qui :

…s’expose à des manques critiques sur les 15 prochaines années faute de plus grandes quantités de métaux pour accompagner les débuts de son système énergétique décarboné. Si les industries européennes ne sécurisent pas leurs approvisionnements sur le long terme, elles risquent des ruptures ou des hausses de prix pouvant ralentir la transition énergétique

Mais l’UE n’est pas seule dans la course. Les USA aussi :

Construire un avenir énergétique propre produit aux États-Unis contribuera à préserver notre sécurité nationale… Nous devons mettre fin à notre dépendance à long terme vis-à-vis de la Chine et d’autres pays pour les intrants qui alimenteront l’avenir (Biden, 31 mars 2022)

Les experts considèrent qu’au moins 17 minéraux sont essentiels à la transition énergétique mondiale et que, par conséquent, les pays ayant la capacité de les extraire ou de les traiter sont les plus avantagés. La grande majorité du cobalt mondial provient de la République démocratique du Congo, de Russie, (2e exportateur mondial), le nickel d’Indonésie, mais aussi de Russie, (3e exportateur mondial), le lithium d’Australie, et de plus en plus du « triangle du lithium » constitué au Nord du Chili et de l’Argentine avec le Sud de la Bolivie, le cuivre vient essentiellement du Chili et les terres rares de Chine. Or l’impérialisme chinois est bien placé dans cette course : déjà la Chine abrite la majeure partie de l’extraction et du traitement des terres rares dans le monde, mais elle a aussi investi depuis plusieurs années dans les mines des pays dominés détenteurs des métaux les plus recherchés : en Indonésie pour le nickel, en RDC pour le cobalt où elle détient ou contrôle déjà la majorité des mines, en Bolivie et en Argentine où elle investit dans le lithium, etc. De plus la Chine, profitant de l’embargo contre la Russie, se dispose pour acheminer la production de métaux russe pour les traiter dans ses raffineries, quitte à les exporter ensuite. Tout ceci nous éloigne bien loin de l’écologie, censée pourtant être au centre des préoccupations, mais en revanche nous ramène pleinement à la folie de l’impérialisme, à la lutte entre les principales puissances pour dominer le marché. D’ailleurs, le PDG de Stellantis, parlant du développement de la voiture électrique, le reconnait avec ses mots :

Cela signifie beaucoup d’extraction de matières premières, cela signifie éventuellement une pénurie de matières premières, cela signifie éventuellement des risques géopolitiques. Il se peut que nous n’aimions pas la façon dont ces matières premières vont être approvisionnées dans quelques années. Les constructeurs automobiles sont prêts à « déverser » des véhicules électriques à batterie sur le marché, mais quelle sera la prochaine étape ? Où est l’énergie propre ? Où est l’infrastructure de recharge ? Où sont les matières premières ? Où sont les risques géopolitiques liés à l’approvisionnement de ces matières premières ? Qui a une vue d’ensemble de cette transformation ? (Carlos Tavares, PDG de Stellantis, conférence Future of the car 2022, 9 au 12 mai 2022)

On peut lui répondre sans risque : personne, dans le cadre du capitalisme…

Et pour finir de compléter le tableau, voici l’évolution des cours de quelques-uns de ces métaux indispensables :

  • Nickel la tonne sur les 5 dernières années : de 8715 dollars au plus bas à 29 000 dollars aujourd’hui
  • Cobalt la tonne sur les 5 dernières années : de 25 000 dollars au plus bas à 72 500 dollars aujourd’hui
  • Cuivre la tonne sur les 5 dernières années : de 4617 dollars au plus bas à 9 700 dollars aujourd’hui
  • Quant au lithium, il était à 6430 euros la tonne au début 2021, il passe à 45 000 euros au début 2022…

Autant dire que les prix des voitures électriques risquent fort de ne pas baisser, malgré l’augmentation de la production, au moins tant que le recyclage n’a pas pris le pas sur l’extraction de ces métaux.

Je laisse d’ailleurs la parole pour conclure cette partie au secrétaire général de l’ONU qui s’est exprimé après la publication du dernier rapport du GIEC. Pour une fois, je suis assez d’accord avec lui :

Certains gouvernements et responsables d’entreprises disent une chose et en font une autre. Pour le dire simplement, ils mentent. Les climatologues avertissent que nous sommes déjà dangereusement proches de points de basculement qui pourraient entraîner des impacts climatiques en cascade et irréversibles. Mais les gouvernements et les entreprises fortement émetteurs ne se contentent pas de fermer les yeux, ils ajoutent de l’huile sur les flammes

Pour conclure et ouvrir la discussion

L’impérialisme marche à la barbarie tous azimuts, c’est une certitude. Il y a la catastrophe climatique, il y a l’affrontement entre les principaux impérialismes, en particulier les Etats-Unis et la Chine, qui risquent de plus en plus en plus d’entrainer une nouvelle guerre mondiale, etc. Les conditions d’une 3e guerre mondiale ne sont pas encore réunies disons-nous en 2017. En 2022, elles ne le sont pas encore. Mais le délai raccourcit. Le prolétariat mondial doit se saisir de ce délai pour empêcher la catastrophe en renversant le système. Mais pour qu’il renverse le système capitaliste, l’impérialisme, qu’il prenne lui-même le pouvoir pour gérer toute la société, il faut qu’il en ait l’objectif. L’objectif conscient. Il ne suffit pas qu’il se dise que la situation ne peut plus durer, il faut qu’il voie le chemin pour prendre le pouvoir, qu’en s’organisant pour mettre à bas le pouvoir de la bourgeoisie, il commence à s’apercevoir qu’il peut gérer lui-même toute la société. Le développement du capitalisme a produit les conditions de son dépassement, du passage à un nouveau mode de production assis sur la collectivisation de principaux moyens de production, de la planification de la production en fonction des besoins humains, du développement de l’humanité et non de sa régression. Il existe déjà non seulement un prolétariat nombreux, mais aussi des connaissances scientifiques, technologiques d’une puissance et d’une efficacité importante qui pourraient être mises au service de l’humanité plutôt que de produire des armes dernier cri. Et une société organisé sur non plus sur la recherche du profit, de la domination d’un impérialisme sur un autre, au lieu d’une concurrence stérile, mettrait en commun les efforts et les recherches pour trouver les meilleurs solutions pour la santé, pour l’environnement, pour la culture sous toutes ses formes. Mais pour y parvenir, il faut au prolétariat un programme révolutionnaire, une organisation révolutionnaire. Internationale, nécessairement, car toutes les questions ne peuvent être réglées au bout du compte qu’internationalement. Et cette organisation n’existe pas. Pire, le terrain est encombré de tas de débris divers, parfois de gros débris, des trahisons passées du mouvement ouvrier, d’organisations qui racontent à peu près tout et surtout n’importe quoi. Evidemment nous ne sommes pas les seuls à prétendre construire un POR, une IOR. Mais pour y parvenir réellement, il faut de la clarté. Comment peut-on construire un POR, une IOR si l’on refuse de dénoncer l’agression impérialiste russe contre l’Ukraine ? Comment peut-on le faire si on refuse de considérer la Russie et la Chine comme de nouveaux impérialismes ? Comment peut-on commencer à donner des réponses sur le réchauffement climatique entrainé par la capitalisme pourrissant au stade impérialiste si on suit sans réfléchir les balivernes des écologistes partisans d’un capitalisme vert ? C’est notre raison d’exister, c’est un combat difficile, mais nous ne pouvons avancer que si nous parlons clairement au prolétariat.