Tant qu’il dure, les rapports au sein du capitalisme mondial évoluent
Depuis le début du XXe siècle, le capitalisme, connait une phase historique de déclin nommé impérialisme. Au sein de l’Internationale ouvrière, Hilferding, Luxemburg, Boukharine et Lénine ont contribué à l’analyse de cette période de putréfaction du mode de production, époque des guerres et des révolutions. Selon Lénine, on peut la résumer en cinq points : concentration de la production engendrant de grandes multinationales, monopoles de quelques grandes banques, accaparement des sources de matières premières par ces entreprises géantes et le capital financier, concurrence mondiale entre quelques grandes puissances et leurs entreprises exportatrices de capital, repartage du monde par la compétition économique et par l’affrontement militaire si besoin.
Le capitalisme continue à jeter les bases d’un mode de production supérieur, par la croissance de la classe ouvrière, le développement des forces productives, leur internationalisation et la tendance à leur socialisation. En même temps, augmentent ses tendances destructrices et barbares, avec des guerres permanentes (dont deux mondiales), des crises économiques récurrentes (dont plusieurs internationales), le recours de la bourgeoisie au fascisme, de graves menaces sur l’environnement…
Le capitalisme est plus soumis que jamais à la loi du développement inégal et combiné. Les États nationaux sont plus interdépendants que jamais mais pas homogènes. A un pôle, on trouve la puissance dominante, à l’autre des petits États arriérés et dominés, avec entre les deux des puissances impérialistes de second ordre, des pays avancés mais de taille réduite, des puissances régionales. Cette hiérarchie n’est pas éternelle, pas fixe. À la fin du XIXe siècle, la Grande-Bretagne domine encore le monde, concurrencée par l’Allemagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Autriche, l’Italie… En dehors de l’Europe, les États-Unis, appuyés sur la taille du pays, les transferts de technologie et l’énergie des colons s’affirment, ainsi que, dans une moindre mesure, le Japon et la Russie.
Bien que dépendant des investissements étrangers (importation de capital) et n’exportant guère que des matières premières, la Russie est souvent classée comme un impérialisme (le maillon le plus faible) par le Parti bolchevik à partir de 1914 parce qu’elle est parvenue à édifier des firmes capitalistes autochtones de grande taille et qu’elle opprime et exploite d’autres peuples (voir, entre autres, Lénine, Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, juillet 1916).
Les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie et le Japon sont confrontés au partage antérieur du monde entre vieux empires coloniaux. Une des victimes est l’empire de Chine, un des plus vieux États du monde, qui est dépecé. Le Japon inflige en 1905 une défaite militaire à la Russie. Les États-Unis s’emparent d’une grande partie du Mexique et contribuent à démanteler l’influence espagnole en Amérique. L’empire allemand et l’empire autrichien, s’appuyant sur l’empire ottoman, essaient de repartager l’Europe et le monde en 1914, mais échouent. Tous les empires européens s’effondrent sous les coups de la révolution européenne, dont un seul État ouvrier sort, l’URSS. Son arriération, les guerres, l’isolement facilitent la prise du pouvoir en 1924 par la bureaucratie conservatrice de l’État menée par Staline. L’URSS devient un État ouvrier dégénéré.
La Tchécoslovaque, un nouvel État né avec l’aide de l’impérialisme français dans la partie la plus industrialisée de l’empire autrichien, n’est certes pas une grande puissance entre les deux guerres mondiales, mais la bourgeoisie tchèque a constitué des entreprises capitalistes d’envergure internationale et elle opprime d’autres peuples. Elle est par conséquent un impérialisme (voir Trotsky, Remarques sur la Tchécoslovaquie, juin 1938).
En 1939-1940, les bourgeoisies allemande, italienne et japonaise essaient d’affronter ensemble les autres impérialismes et de détruire l’État ouvrier, mais se font écraser par la coalition menée par les EU et la résistance des peuples d’URSS. La montée révolutionnaire mondiale qui, sans vaincre, préserve l’URSS, aboutit à des États ouvriers dégénérés en Europe de l’est, au Vietnam, en Corée et en Chine, et le besoin de relais fiables de l’impérialisme hégémonique. Le Japon, l’Italie et l’Allemagne peuvent se reconstituer comme impérialismes dans ce cadre.
Le régime nationaliste bourgeois s’effondre en 1949 sous les coups des armées paysannes dirigées par le PCC qui s’appuie sur l’URSS. Le PCC tente de développer le capitalisme national en alliance avec les débris de la bourgeoisie démocratique mais la menace militaire de l’impérialisme américain (guerre de Corée) et la trahison consécutive des capitalistes chinois le poussent en 1950 à exproprier la grande propriété foncière et les entreprises capitalistes pour enfanter une bureaucratie privilégiée au détriment de l’économie collectivisée.
Actuellement, entre les États-Unis, la première puissance mondiale et Haïti (pays le plus pauvre au monde), il existe différents niveaux d’émergence impérialiste (Chine, Russie), de vieillissement impérialiste (Grande-Bretagne, France, Italie, Espagne…) ou de revitalisation impérialiste après la guerre mondiale (Japon, Allemagne…), de puissances capitalistes régionales (Inde, Brésil, Turquie…), de pays semi-dominés (Iran, Afrique du Sud, Nigeria, Mexique, Argentine…) ou totalement dominés (l’immense majorité des pays de la planète).
Comment la Chine a-t-elle traversé la période du capitalisme impérialiste ?
Avant la 2e guerre mondiale, le pays le plus peuplé du monde traverse deux révolutions qui échouent :
- en 1911, une révolution bourgeoise qui renverse la monarchie mais échoue à unifier et moderniser le pays ;
- en 1925-1927, une révolution prolétarienne trahie par la bureaucratie de l’URSS et Staline.
Il est réunifié en 1948-1949 (sauf Formose-Taiwan, Hongkong et Singapour) par le parti stalinien à la tête d’une armée paysanne. Les femmes sont émancipées en droit mais les grèves sont interdites et le capitalisme n’est pas mis en cause.
En 1950-1951, face à l’offensive militaire des États-Unis (la guerre de Corée) et à la complicité envers l’impérialisme des classes exploiteuses, Mao Zedong et le PCC s’appuient sur l’URSS et exproprient la propriété foncière ainsi que la plupart des entreprises capitalistes. Il en émerge un État de type « ouvrier dégénéré » car modelé sur l’URSS de l’époque, avec comme caractéristiques :
- la propriété étatique des principaux moyens de production,
- un plan impératif dicté d’en haut qui rompt avec la loi de la valeur et permet un premier développement des forces productives (avec l’aide de l’URSS jusqu’en 1960),
- l’affectation administrative des travailleurs urbains aux postes de travail (la force de travail n’est donc pas une marchandise),
- les privilèges de la bureaucratie dirigeante dont l’instrument est le PCC,
- son carcan totalitaire sur la vie politique, sociale, scientifique et artistique.
Pourtant, pour les stalinophobes qui révisent le programme communiste sous la pression de l’impérialisme (l’ancien membre de la section palestinienne Cliff, le WP/États-Unis de Shachtman, le POI/Chine de Fanxi…), pas plus la Chine que l’URSS ne sont des États ouvriers. Par conséquent, ils refusent de défendre la Chine et la Corée du Nord quand les États-Unis et leurs alliés interviennent en Corée (1950-1953).
Symétriquement, pour les stalinophiles (l’ancien membre de la section polonaise Deutscher, la direction de la 4e Internationale d’après-guerre) qui révisent le programme communiste sous la pression du stalinisme alors à son zénith, le PCC n’est plus stalinien puisqu’il a pris le pouvoir. Pour Pablo, Mandel, Frank, Maitan, Posadas et compagnie, et l’État ouvrier chinois est seulement déformé (comme l’URSS des années 1920, quand l’Opposition de gauche et l’Opposition unifiée se battaient au sein du PCUS). Il n’y a pas besoin, selon eux, d’une révolution prolétarienne, il faut rejoindre le PCC pour réformer l’État ouvrier. Par conséquent, le secrétariat international de la « 4e Internationale » refuse de défendre ses propres camarades de la section chinoise (PCR) victimes de la répression mao-stalinienne (les militants restés sur place sont arrêtés et emprisonnés avec leurs conjoints, certains sont assassinés immédiatement, la plupart meurent en camp, les survivants sont libérés trente ans après).
En fait, la Chine devient d’emblée analogue à l’URSS, qui était depuis les années 1930 un État ouvrier dégénéré. Autrement dit, un pays qui ne peut aller au socialisme que grâce à une révolution politique, si la classe ouvrière renverse la bureaucratie usurpatrice, privilégiée et finalement pro-bourgeoise. Telle est la position de la section chinoise de la 4e Internationale, le PCR (Peng Shuzhi, Rapport sur la situation chinoise, novembre 1951, Sur la nature du PCC et de son régime, mars 1961) et du SWP, la section américaine (La 3e Révolution chinoise et ses suites, octobre 1955).
Le « socialisme dans un seul pays », économiquement arriéré et politiquement totalitaire, n’a rien à voir avec le mode de production socialiste-communiste (où, sur la base de forces productives développées, l’humanité décide librement et collectivement du plan), comme le soutiennent les médias bourgeois et les partis staliniens de l’époque version Moscou ou Pékin. La Chine de 1950-1992 n’est pas non plus capitaliste, comme le soutiennent les IS-SWP de Grande-Bretagne, VO-LO de France et autres.
À deux reprises, la fracturation de la bureaucratie ouvre la possibilité pour les travailleurs de la renverser et d’avancer vers le socialisme. En 1960-1962, Mao est mis à l’écart par Liu Shaoqi, Deng Xiaoping, Chen Yun, Peng Zhen après l’échec du « Grand bond en avant » et la famine qu’il cause (1958-1961). En 1966, s’appuyant sur la police politique (Kang Sheng), l’armée (Lin Biao) et la presse (Chen Boda), sa quatrième épouse (Jiang Qing), Mao mobilise les étudiants (pas les ouvriers) contre la fraction majoritaire. Les deux fractions s’affrontent les armes à la main à Wuhan en 1967. La « révolution culturelle » échappe au contrôle de l’apprenti sorcier Mao : certains « gardes rouges » s’en prennent à toute la bureaucratie, des grèves éclatent, les travailleurs de Shanghai prennent le pouvoir en 1967 sur le modèle de la Commune de Paris.
En 1968, Mao, Kang et Zhou Enlai mettent fin à la révolution (anti)culturelle, répriment de manière sanglante, reconstruisent le PCC et envoient les jeunes se « rééduquer » dans les campagnes (pas les entreprises des villes). Chen est écarté en 1970, Lin Biao l’année suivante. En 1971, Mao reçoit Nixon en pleine guerre du Vietnam.
À la mort de Mao, en 1976, la fraction dominante de la bureaucratie, menée par Hua Guofeng, élimine Jiang Qing et Zhang Chunqiao.
Deng Xiaoping prend le pouvoir en 1978 et prend des mesures pro-capitalistes analogues à celles tentées au même moment en URSS, en Roumanie, en Hongrie, en Pologne… :
- retour de l’exploitation familiale dans l’agriculture en 1978,
- zones franches (ZES) sur la côte en 1979,
- possibilité pour les entreprises de vendre au-dessus des prix du plan si elles ont rempli leur quota en 1979,
- microentreprises privées (getihu) en 1981,
- libéralisation des prix de 1984 à 1987,
- suppression des communes populaires des campagnes en 1984,
- sociétés privées (siying) en 1987…
Par conséquent, la planification se disloque. La crise économique et sociale de 1989 cause un mouvement massif d’étudiants dans plusieurs grandes villes. Il est écrasé violemment à Pékin par l’armée quand la classe ouvrière commence à le joindre. Temporairement, la fraction de Chen Yun et Li Pen prend le dessus dans la bureaucratie et interrompt les « réformes ».
En 1989, le capitalisme s’étend à l’est de l’Allemagne lors de l’absorption de la RDA par la bourgeoisie impérialiste allemande. Puis la restauration du capitalisme s’accompagne de l’éclatement de l’URSS, de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie en 1992. Les pays d’Europe centrale adhérent presque tous à l’OTAN dirigée par les États-Unis et adhèrent à l’Union européenne co-dirigée par l’Allemagne et la France.
Deng reprend la main. La majorité de la bureaucratie chinoise décide de muer en bourgeoisie tout en tentant d’éviter l’intervention des masses ainsi que l’éclatement et l’immixtion étrangère. Pour cela, elle conserve le régime autoritaire et le parti unique, désormais bourgeois. En 1990, l’État crée deux bourses, à Shanghai et à Shenzhen. La restauration est préparée par une tournée de Deng en janvier et février 1992 et officialisée au 14e congrès du PCC en octobre 1992 sous le nom de « socialisme de marché » (sic).
Le rétablissement du capitalisme ne se mesure pas seulement par la privatisation des entreprises étatiques qui débute en 1993. L’essentiel est que :
- Le travail lui-même devient marchand. Les travailleurs sont obligés de vendre leur force de travail et subissent désormais la pression du chômage : l’armée de réserve s’élève à 4 % de la population active. L’intensité du travail des salariés a considérablement augmenté.
- Le but de la production devient le profit. Les produits prennent majoritairement la forme de marchandises, à écouler sur le marché qui valide après coup la valeur créée (et non la création de simples valeurs d’usage déterminées à l’avance).
En 1992, la part des produits industriels écoulés sur le marché (y compris par les entreprises étatiques) l’emporte sur les quotas des plans. Le PCC officialise en 1993 : « les plans nationaux doivent prendre le marché comme fondation ». À partir de 2006, le mot « guihua » (plan-instruction) est remplacé par le mot « yindao » (plan-cadre). Le plan Made in China de l’Assemblée populaire de 2015 stipule : « le marché oriente, le gouvernement guide ». Les plans sont devenus indicatifs, comme les plans capitalistes français et japonais des années 1950-1960. Les entreprises étatiques elles-mêmes produisent pour le marché, comme celles des autres pays capitalistes.
Dans les villes, l’État bourgeois privatise les anciennes entreprises étatiques (un processus entrepris en 1992 qui se poursuit aujourd’hui) et supprime de 1983 à 2003, dans les entreprises étatiques qui subsistent, le « bol de riz en fer » (emploi à vie, logement de fonction, pension de retraite, soins de santé…). Dans les campagnes, la suppression des quotas d’achat public et des prix administrés oblige à vendre la production sur le marché, ce qui appauvrit à partir de 1980 la majorité des familles paysannes (tout en enrichissant une minorité). Symétriquement, les travailleurs des campagnes doivent faire face à la marchandisation de leurs moyens de consommation : ils paient pour les soins de santé et l’instruction autrefois gratuits dans les communes populaires. La concurrence des entreprises capitalistes a ruiné à partir de 1988 les petites entreprises collectives des campagnes qui licencient leur main-d’œuvre.
S’obstiner à prétendre que la Chine est « socialiste », comme les stalino-maoïstes (parfois subventionnés pour répandre « la pensée Xi Jinping »), ou reste un « État ouvrier », comme la SL et l’IG des États-Unis et l’IBT du Canada, est absurde, après 30 ans de preuves répétées du caractère capitaliste de l’économie, de l’État et du parti.
De 1992 à 2008, l’État bourgeois crée de toutes pièces un gigantesque marché du travail. S’appuyant sur les forces productives issues de l’État ouvrier dégénéré (main-d’œuvre en bonne santé et instruite, infrastructures, base manufacturière, réforme agraire…), il fait du pays « l’atelier du monde ». Les anciens bureaucrates devenus capitalistes exploitent le prolétariat national, seuls ou sous forme de co-entreprises avec les capitalistes étrangers (ceux de la diaspora han ou des pays impérialistes).
Ensuite, s’appuyant sur la taille du pays, le contrôle du capital étranger, un effort de recherche conséquent, l’espionnage, la classe capitaliste nationale accumule assez de capitaux, maîtrise suffisamment les technologies avancées, pour se dresser comme une puissance impérialiste.
Quelle est la place de la Chine aujourd’hui dans l’économie mondiale ?
Il est utile d’analyser l’évolution de la Chine au regard des critères dégagés par le marxisme du début du XXe siècle. Elle est plus qu’un impérialisme de dernier ordre (comme la Russie de 1916) ou qu’un impérialisme de taille réduite (comme la Tchécoslovaquie de 1938).
- L’économie chinoise est organisée et dominée par quelques dizaines de grandes multinationales dont 143 sont parmi les 500 premières entreprises mondiales du classement Fortune 2021 (contre 121 pour les États-Unis).
- Le système bancaire est dominé par 4 grands établissements (Industrial and Commercial Bank of China, Bank of China, China Construction Bank, Agricultural Bank of China) parmi les 10 premières valorisations dans le monde en 2021.
- Les matières premières sont accaparées par quelques grandes entreprises en Chine qui se fournissent sur l’ensemble de la planète. Tous ces grands groupes sont devenus des concurrents des autres grands trusts des vieilles puissances impérialistes (États-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France…) ou des plus tardives apparues avec la restauration capitaliste (Russie, Ukraine…).
- Elle opprime au sein de ses frontières des minorités nationales et elle commence à participer à l’exploitation de travailleurs d’autres États par l’exportation de capitaux.
- L’exportation de capitaux chinois sous la forme des investissements directs à l’étranger (IDE) est la troisième au monde entre 2010 et 2018, derrière les États-Unis et le Japon. En 2020 elle est passée première avec sa meilleure résistance à la crise économique déclenchée par le Covid-19. La Chine est devenue le principal « partenaire » commercial de nombreux pays en Asie, en Amérique latine et en Afrique.
- La Chine remet en cause le partage actuel du monde en revendiquant plusieurs zones d’influence à ses frontières (Hongkong, Taïwan, Mer de Chine), en se dotant d’une armée capable de s’opposer frontalement au Japon et à la Russie, ses rivaux en Asie, ce qui remet en cause la domination étasunienne.
Aujourd’hui, le gouvernement chinois dispose du 2e budget militaire mondial (200 milliards de dollars contre 722 milliards pour les États-Unis). Supérieur à ses rivaux asiatiques, il revendique la liberté des mers, le respect des frontières, la paix dans le monde tout en cherchant à agrandir sa sphère d’influence. Le premier secrétaire du Parti communiste chinois, Xi Jinping, va régulièrement au forum du grand capital mondial, à Davos, défendre le « libre-échange ». De nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine voient que leurs dettes enregistrées auprès de Pékin ressemblent à si méprendre, à celles contractées à Washington, Londres, Paris, Tokyo ou Berlin au cours du siècle écoulé. Le capital financier chinois s’investit sur toute la planète et plusieurs pays connaissent des tensions ou des manifestations antichinoises. L’accumulation du capital par la nouvelle bourgeoisie chinoise lui permet d’émerger comme une puissance impérialiste.
Comment l’économie chinoise a-t-elle rejoint celles des autres impérialismes ?
La Chine assure 18 % de la production industrielle mondiale et en exporte une partie. Elle est le premier producteur mondial de jouets, d’acier, de biens informatiques, d’équipements de télécommunication, de circuits électroniques, de machines et équipements de transport, de vêtements et textiles… La Chine est une plaque tournante essentielle dans les chaines mondiales de production industrielle.
Sur leur propre marché, les multinationales chinoises sont dominantes dans les télécommunications, l’énergie (pétrole, électricité, gaz, renouvelables…), l’agroalimentaire, le bâtiment et infrastructures, l’industrie du transport (rails, ports et marine marchande, routes…), les nouvelles technologies (informatique, e-vente, smartphones, réseaux de la téléphonie, réseaux sociaux…). Par exemple, le marché chinois des ventes de voitures est le premier au monde avec plus de 27 millions de véhicules vendus en 2019. Historiquement dominé par GMC, Mercedes, Toyota, Ford, Volkswagen, Nissan, Honda, ce marché a vu les quatre principales marques chinoises (Geely, Baojun, Changan et Great Wall), issues de joint-ventures avec des marques étrangères, accaparer plus de 39 % des ventes en 2019.
La bourgeoisie chinoise tente de rattraper son retard (industrie spatiale, aéronautique, nucléaire, automobile, intelligence artificielle, semi-conducteurs…). Des groupes chinois transnationaux entrent dans les oligopoles industriels mondiaux. Depuis 20 ans, le capitalisme chinois est passé de « l’atelier du monde » à une puissance économique de taille internationale. La productivité progresse : l’industrie dispose en moyenne de 187 robots pour 10 000 travailleurs contre 346 en Allemagne et 364 au Japon mais seulement 177 en France ou 228 aux États-Unis. Cette augmentation de la composition organique du capital est nécessaire pour faire face à la concurrence, mais fait baisser le taux de profit.
En 2015, Xi annonce son plan « Made in China 2025 » qui doit, en 10 ans, permettre de se dégager de dépendances stratégiques comme les puces électroniques, l’aviation civile, la robotisation industrielle, l’énergie renouvelable, les véhicules hybrides… La part des pièces industrielles fabriquées en Chine devrait passer de 40 % à 70 % d’ici 2025. Ce plan MIC25 est, à la suite de Trump, dénoncé par Biden car trop favorable aux capitaux chinois aux pratiques « injustes et coercitives ».
L’État confirme ses intentions dans son 14e plan quinquennal (2021-2025) qui doit notamment « améliorer la qualité et la rentabilité du développement » et où la « sécurité » est la priorité qu’elle soit alimentaire, énergétique ou armée. Dévoilé en mars dernier, il ne donne plus d’objectifs de croissance et s’inquiète des 3 mois de déflation subis cet hiver et compte maitriser une inflation autour de 3 %. Le MIC25 laisse la place au programme « China standards 2035 » pour affermir la qualité chinoise sur le marché mondial. L’insertion de la Chine dans celui-ci est définie par le concept de « circulation duale » afin d’optimiser le commerce à l’international et réduire la dépendance vis-à-vis des autres puissances. Cette modification de la structure de production s’observe aussi par la part de l’industrie qui en 10 ans est passée de 40 % à 34 % du PIB.
Ces évolutions du capitalisme chinois s’accompagnent de la hausse de la précarité, de l’inflation, de l’endettement, d’une bulle immobilière et de la hausse des loyers. Le krach boursier chinois de l’été 2015 a fait frémir toutes les bourses mondiales. Les bourses chinoises (Shanghai, Shenzhen, Hongkong) ont chuté en mars 2020. Cumulées, leur valeur boursière est de 10 000 milliards de dollars, au deuxième rang mondial derrière les États-Unis (38 000 milliards) et devant le Japon (6 800 milliards).
Le pays dont les réserves en devises sont importantes, a aussi un endettement généralisé (entreprises, collectivités locales, ménages…) qui représente plus de 250 % du PIB.
Tous les traits parasitaires et réactionnaires du capitalisme en déclin affectent l’économie et la société chinoises.
Quelles sont les classes sociales aujourd’hui ?
En quarante ans, les grandes villes historiques et les nouvelles issues des ZES sont devenues des mégapoles dont chacune héberge des millions de travailleurs et travailleuses, le pôle opposé de la classe capitaliste. Il a fallu les contraindre à vendre leur force de travail pour subsister.
Le prolétariat venu d’autres États est restreint (environ 800 000, dont des Hans d’autre citoyenneté) : la migration est surtout interne. Il y aurait, d’après l’État, 285 millions de « travailleurs migrants » (mingongs) dans les villes qui laissent souvent leurs enfants aux grands-parents. 90 millions seulement bénéficient d’une assurance contre les accidents de travail. La loi fixe un plafond de 44 heures par semaine ; en pratique, les mingongs travaillent 58,4 heures en moyenne. Ces travailleurs sont discriminés car leur contrat est temporaire et leur statut légal (le passeport intérieur hukou) ne donne pas l’accès aux droits sociaux dans les villes et leur interdit en pratique de faire venir leur famille.
La classe ouvrière chinoise est numériquement la plus puissante du monde, on l’estime à plus de 600 millions de salariés, dont 80 % dans les entreprises privées. Son rôle dans la production, sa concentration dans des usines géantes et des grandes villes lui confère un potentiel révolutionnaire national et international de premier plan. Mais il lui manque des syndicats et un parti révolutionnaire pour défendre ses intérêts, renverser la bourgeoisie et son parti « communiste ».
À partir de 1978, la bureaucratie, dont l’expression politique était le PCC, a alimenté la formation, avec le renfort des capitalistes hans de Hongkong, de Singapour, de Taïwan, des États-Unis… d’une classe capitaliste nationale. Les dirigeants de l’État, des régions, des entreprises publiques, souvent par le biais de leur famille, sont devenus propriétaires des entreprises privatisées. L’état-major de l’armée a créé ses entreprises. Des ambitieux et des mafieux se sont aussi lancés dans les affaires avec la bienveillance des autorités civiles ou militaires, locales puis nationales.
Depuis 1992, l’État protège les rapports d’exploitation, la propriété privée des moyens de production vis-à-vis des classes subalternes : exploités (classe ouvrière), semi-exploités (petite bourgeoisie traditionnelle, encadrement), parasitaires (forces de répression, prêtres, journalistes aux ordres…). Il s’efforce de garantir les sources d’approvisionnement et les débouchés face aux autres bourgeoisies.
Début 2021, il y avait dans le monde 2 775 milliardaires en dollars, dont plus de la moitié dans deux pays seulement : 724 aux États-Unis, 698 en Chine. Ceux-ci sont le plus souvent membres du PCC ou ont des relations étroites avec les dirigeants politiques. L’État chinois est l’État des capitalistes. L’Assemblée « populaire » est leur parlement. Le Parti « communiste » est leur parti.
Les forces de répression sont hypertrophiés (on compte 1,5 million de policiers, sans compter les polices privées). Comme autres couches intermédiaires, une petite bourgeoisie urbaine de professions libérales, de cadres et de commerçants (estimée à 300 millions de personnes) s’est développée. Cette classe qui travaille, consomme, s’endette, reste sous la domination politique de la bourgeoisie tant que la classe ouvrière ne lutte pas pour l’hégémonie. Avec les capitalistes et les salariés, elle assure des débouchés aux produits chinois qui sont de plus en plus destinés au marché intérieur.
La paysannerie compte encore plus de 300 millions de personnes mais les Chinois vivent en villes majoritairement depuis une dizaine d’années. Toutefois, nourrir 20 % de la population mondiale avec 10 % des terres arables et seulement 8 % de l’eau douce mondiales conduit à une catastrophe économique et environnementale. Outre la grande pauvreté dans les campagnes (vieux, femmes seules, mécanisation insuffisante), les méthodes capitalistes usent les sols et tarissent les nappes phréatiques. La désertification concerne un tiers du pays et menace la majorité des pâturages. Comme ailleurs, l’agriculture chinoise concentre ses productions, utilise des outils mécaniques, des engrais mais toujours à la recherche d’un profit. Si la Chine est le premier producteur mondial de riz, blé, thé, porc, elle doit importer de plus en plus (soja, blé, viandes…) et achète des millions d’hectares de terres dans le monde entier pour compenser une production trop faible pour les 1,4 milliard d’habitants. Sur le plan écologique, la majorité des cours d’eau sont tellement pollués par le capitalisme sauvage que des centaines de villes sont restreintes dans leur accès à l’eau potable et on ne compte plus les drames environnementaux subis par la population (air pollué, sols souillés, aliments sans contrôle sanitaire…). Beaucoup de jeunes ruraux n’ont pas d’autre choix que d’aller travailler dans les usines.
Comment se réalisent l’exploitation et l’oppression capitalistes en Chine ?
Les grèves, nombreuses, sont réprimées et les meneurs mis en prison tout comme les journalistes, avocats, artistes ou associations démocratiques qui viennent en défense de citoyens révoltés par la richesse des capitalistes et la morgue des politiciens. La prise en main de la région autonome de Hongkong en 2020 confirme que partout, désormais, un opposant politique peut finir en prison. Toute tentative de constituer un syndicat ou une organisation indépendante du PCC est sévèrement punie. La justice, la police et l’armée sont non seulement au service du grand capital mais de la domination quasi-totalitaire de la société par l’État.
La condition des travailleurs change vite, en fonction des avancées technologiques, du marché du travail, des faillites, des crises économiques. Les luttes et les grèves ont permis des hausses de salaires mais si le coût de la main d’œuvre devient trop cher, les capitalistes déplacent les usines dans le centre et l’ouest du pays où les salaires sont encore bas. Les paysans touchent en moyenne des revenus trois fois moins importants qu’un travailleur d’une métropole de la côte. Pour les ouvriers et ouvrières, la journée fait en général 12 heures de travail, un jour de repos par semaine au mieux et un salaire moyen de 500 euros par mois. Globalement le salaire moyen en Chine augmente régulièrement et est estimé à 875 € en 2019. Le salaire médian varie beaucoup selon la région : de l’ordre de 300 € par mois dans les provinces reculées du centre jusqu’à 1 100 € à Shanghai. Le chômage officiel en Chine était, en 2018, de 5,1 %. Officiellement, il est de 5,9 % en mai 2020 mais ne concerne que les citadins. Or l’arrêt de l’économie a renvoyé des dizaines de millions de travailleurs migrants dans les campagnes. En 2020, les baisses et arriérés de salaires, les licenciements et les contrats toujours plus précaires ont été la cause de résistances et de grèves, malgré la pandémie et la répression.
Une des conséquences de la destruction de l’État ouvrier est que l’oppression des femmes s’est accrue depuis 30 ans. Dans un pays qui envoie une navette sur la lune et un robot sur Mars, il y a pénurie de toilettes publiques pour les femmes, ce qui suscite des mobilisations. En 2012, le revenu féminin était de 67,3 % de celle des hommes (contre 75 % en 1990). La précarité, le chômage (2 fois plus fort), les discriminations au travail, les licenciements abusifs sont plus fréquents pour elles. Alors que 3 femmes sur 4 travaillent (un taux très élevé en Asie), elles le font dans les secteurs les plus durs : agriculture, industrie manufacturière, commerce. Enfin, la grossesse et les enfants à charge sont toujours discriminants et conduisent au licenciement chez les ouvrières. De plus en plus, le marché du travail attribue aux hommes des emplois mieux payés et à responsabilité. Le harcèlement sexuel, fréquent, provoque maintenant des protestations. Les ouïgoures sont massivement stérilisées contre leur gré.
Un autre aspect du caractère impérialiste de l’État est l’oppression des minorités nationales en Chine. Les Tibétains et les Ouigours vivent à l’ouest du pays dans un état d’urgence permanent. En plus de sévères restrictions de leur culture locale, de leur langue, de leurs cultes et de leur droit à l’autodétermination, l’État chinois emprisonne les résistants par milliers dans des camps de « rééducation ». Les contrôles incessants, la surveillance vidéo et les prélèvements ADN sont la norme. Alors que la région du Xinjiang n’a que 22 millions d’habitants (mais assure 13 % de la production nationale de pétrole et 24 % de celle du gaz), les Ouigours n’y représentent que 45 % de la population contre 75 % dans les années 1950 et sont maintenus au bas de l’échelle sociale par les Hans venus de l’est, soutenus par la police et l’armée. Les constructions d’églises et de mosquées sont strictement contrôlées alors que les temples consacrés aux superstitions traditionnelles (taoïsme et surtout confucianisme) se multiplient dans le pays.
Depuis sa prise du pouvoir, Xi Jinping tente de prendre une posture bonapartiste. Les campagnes « anticorruption » dirigées contre ses concurrents au sein du PCC conduisent à l’éviction et au remplacement de plus d’un million de fonctionnaires. La venue au pouvoir de Xi en 2012 fut aussi le résultat de luttes de clans. Une fois le concurrent Bo Xilai en prison à vie en 2013, de nombreux adversaires ont été muselés comme Zhou Yangkang, ancien membre du comité permanent du bureau politique. Ce comité est « nommé » lors du congrès du PCC et selon les règles de soumission et d’accord entre cliques. Lors du 19e congrès en 2017, Xi Jinping devient l’égal de Mao en introduisant sa « pensée » dans la charte du parti. Xi rompt alors avec la tradition de nommer un successeur potentiel. En février 2018, la règle de deux mandats maximum pour le secrétaire du parti et président est abrogée. Depuis, sa clique appelée « L’armée de Xi » poursuit sa mainmise sur la gestion des affaires. Même si de nombreux millionnaires sont membres des instances du pays comme l’Assemblée nationale du peuple (ANP, appelée « fashion week » par les moqueurs) et la Conférence consultative qui se tiennent annuellement, l’allégeance à Xi et la conformité aux buts de l’État sont de plus en plus exigées. En 2017, plusieurs milliardaires ont ainsi eu « des problèmes personnels » et ont disparu durant plusieurs semaines. Fin octobre 2020, c’est Jack Ma, 25e fortune mondial et PDG d’Alibaba, qui est puni. Critiquant un peu trop le système financier chinois, le milliardaire membre du PCC et de l’ANP disparait pendant 3 mois. Alors que la filiale financière d’Alibaba devait entrer en Bourse à New-York pour 34 milliards de dollars, l’opération est annulée par Pékin, qui craint que l’impérialisme américain ne s’empare d’une porte d’entrée sur la masse des données numériques de la population chinoise détenues par l’entreprise.
En 2021, le parti n’a plus rien de communiste, cent ans après sa fondation par les pionniers chinois du bolchevisme. Il est devenu son exact opposé : le parti de la gestion des affaires capitalistes. S’il n’a pas osé abandonner le nom « communiste » c’est uniquement par peur de la réaction des masses. Il fixe l’objectif d’un « pays socialiste moderne » qui se « hissera au premier rang du monde » en 2049, ce qui est le but de l’impérialisme chinois. Il a sa tête un homme providentiel au slogan nationaliste « Un pays, un rêve » qui tient les rênes pour le compte de la classe exploiteuse qui fait face à un danger : la classe ouvrière. Pour interdire l’expression de celle-ci, la bourgeoisie utilise le PCC et ses 92 millions de membres. Xi Jinping a imposé la création de cellules du PCC y compris dans les entreprises étrangères. Mais, à cette échelle, cela ne peut aller sans contradictions dont témoigne l’apparition, sur les franges du PCC, de courants néo-maoïstes qui agitent le besoin d’égalité.
Contre la population, un système de « crédit social » attribue, publiquement, des notes aux citoyens « conformes » et fait honte aux « déviants ». Tous les membres du PCC et tous les fonctionnaires sont invités depuis 2019 à télécharger l’application « étudier Xi, rendre le pays plus fort ». Mais cette aspiration bonapartiste témoigne, dans le même temps, de la fragilité du pouvoir. En tant que puissance impérialiste émergente, la bourgeoisie accepte que l’ordre soit réglé par une dictature dont la chute peut devenir mortelle si les travailleurs renouent avec l’inspiration du Parti communiste fondé comme section de l’IC par Chen Duxiu et Li Dazhao en 1921.
Comment l’impérialisme chinois se développe-t-il dans le monde ?
Depuis le déclenchement de la guerre commerciale avec les États-Unis, la montée en puissance chinoise est contrariée sur tous les continents. Pourtant les entreprises et capitaux chinois bousculent toutes les zones d’influence des vieilles puissances. C’est aux États-Unis et en Europe que les rachats et participations aux capitaux d’entreprises ont été les plus importants jusqu’en 2018. Depuis, plusieurs rachats et concurrents chinois ont été repoussés, sous des prétextes divers comme l’espionnage, le secret-défense ou la défense de fleurons industriels.
En Afrique, la Chine est le premier partenaire commercial depuis 2012. Sur ce continent dominé, les acquisitions d’entreprises et les obtentions de concessions minières et pétrolières sont réalisées avec la construction d’infrastructures et de prêts en échange. Militairement, l’armée soutient par sa marine la lutte contre la piraterie et le terrorisme sur la côte est africaine, dispose de 2 500 soldats dans les « missions pour la paix » de l’ONU et a ouvert en 2017 une base pouvant accueillir 10 000 hommes à Djibouti.
En Amérique latine, la Chine est devenue le premier client du Brésil (15,9 % des échanges), devant les États-Unis (11,1 %), ainsi qu’au Chili (23,2 % contre 11,7 % pour les États-Unis), au Pérou (17,1 % contre 13,3 %) et au Venezuela (21,3 % contre 7,8 %). Au Venezuela, il est évident que le gouvernement capitaliste de Maduro tente de s’appuyer sur les capitaux chinois contre l’offensive de l’impérialisme étasunien et l’opposition bourgeoise locale.
Dans le reste du monde, la Chine s’impose comme un « partenaire » incontournable. Observateur permanent au sein du Conseil de l’Arctique depuis 2013, Pékin multiplie les investissements avec la Russie autour d’une « route polaire de la soie » à mesure que le réchauffement climatique ouvre le passage du Nord est.
À l’ONU, la Chine est le deuxième contributeur (12 % du budget 2021) après les États-Unis (22 %). Son ambassadeur s’est opposé, de 2011 à 2020 à 8 projets de résolutions condamnant les crimes du régime syrien, à deux autres concernant les gouvernements de Birmanie (2007) et du Zimbabwe (2008) ou à celui exigeant des élections au Venezuela en 2019.
La Chine dispose désormais d’un savoir-faire technologique et scientifique. La capacité de décrire le génome du virus Sars-CoV-2 confirme les avancées biotechnologiques et médicales tout comme la production de différents types de vaccins contre le coronavirus. Les brevets scientifiques chinois sont à la 2e place mondiale en nombre et les dépenses en recherche et développement viennent de dépasser celles de l’UE. Le nombre d’étudiants licenciés en sciences est le triple des européens ou américains. Le réseau ferré chinois à grande vitesse est le plus grand du monde depuis 2016 (les 1 300 kilomètres entre Pékin et Shanghai sont parcourus en moins de 5 heures). En 2021, la Chine a mis au point deux supercalculateurs exaflopiques, dépassant le Japon. Elle produit les deux tiers des cellules photovoltaïques dans le monde. Elle dispose de la grande majorité des minerais rares et des « terres rares » dont a besoin l’industrie, notamment le secteur numérique et celui des batteries électriques (parmi les 3 premiers fabricants de batteries mondiaux figurent deux groupes privés chinois : CATL et BYD).
Les scientifiques chinois sont à l’origine de plusieurs avancées importantes. Ils ont notamment permis la création d’un satellite et d’un ordinateur quantiques, le développement de deux stations spatiales expérimentales mises en orbite en 2011 et 2016, la création de 2 télescopes spatiaux cherchant des pulsars et des ondes gravitationnelles dans l’Univers, la construction d’accélérateurs de particules et radiotélescopes puissants. Enfin, la Chine a organisé 6 vols spatiaux habités et un robot s’est posé sur la face cachée de la Lune en 2019, un autre sur Mars en 2021. Depuis 2018, la Chine lance plus d’engins spatiaux que les États-Unis (31 contre 27 l’an passé). Tout en lançant des satellites pour d’autres pays, l’industrie spatiale chinoise déploie Beidou, un système satellitaire concurrent du GPS. Une station spatiale occupée en permanence est prévue pour 2022. Une exploitation habitée de la Lune est envisagée pour 2030.
Le renminbi (yuan) représente 1,94 % des échanges internationaux, loin derrière le dollar (87 %) et l’euro (6,6 %) mais au même rang que la livre sterling, le yen et le dollar canadien. Le yuan est aussi devenu, en 2016, une monnaie admise dans le panier DTS du FMI comme les autres devises de puissances impérialistes.
Pourquoi les « nouvelles routes de la soie » sont-elles une offensive impérialiste ?
En 2013, dans la lutte pour sa sphère d’influence, le gouvernement chinois dont la Banque centrale dispose des plus grandes réserves monétaires au monde, a annoncé son projet Une ceinture, une route. Il s’agit d’abord de consolider, sécuriser et développer les gazoducs, oléoducs, routes, voies ferrées, ports, aéroports qui transportent les marchandises entrant et sortant de Chine, notamment à destination de l’Europe, l’un des principaux marchés des capitalistes chinois. Et l’ambition marchande est doublée d’une ambition financière avec la création d’une banque internationale de financement dédiée et prêt de 200 milliards de dollars investis entre 2013 et 2019, selon les estimations de ses concurrents, pour atteindre 1 300 milliards d’ici 2030.
La « ceinture » est composée des installations portuaires financées par les grandes multinationales chinoises au Sri Lanka, au Pakistan, au Bangladesh, en Birmanie et au Cambodge, la Chine dispose depuis 2017 d’une première base militaire à Djibouti, à l’entrée de la Mer rouge, sur le chemin de Suez à Malacca. Depuis 2014, d’autres installations militaires chinoises sont construites sur les ilots disputés en mer de Chine (Paracels, Spratleys) avec le Japon, le Vietnam ou les Philippines.
La « route » est un ensemble d’investissements allant de Chine vers l’Europe sous la forme d’une ligne ferroviaire, d’autoroutes et d’oléoducs et gazoducs. Un « corridor économique » se développe entre la Chine et le Pakistan, en contournant l’Inde. Le projet concrétise ce qui existait déjà : la Chine est devenue le premier partenaire commercial des anciennes républiques socialistes (Tadjikistan, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan) devant la Russie. Cette dernière accepte péniblement l’intrusion des capitaux chinois dans son secteur mais elle n’est pas de taille à repousser cette « offre » car ils compensent, dans la crise économique du pays depuis 2014, les sanctions venues des États-Unis et confortent les liens de Moscou et Pékin.
En décembre 2014, la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) est créée à Pékin pour associer les autres pays au projet de « nouvelles routes de la soie », mythifié pour l’occasion. En 2020, 102 pays y sont associés. La Chine dispose d’un tiers du capital, les États européens de 20 %. Les autres « investisseurs » dans le projet BRI sont les grandes banques commerciales chinoises (ICBC, CCB, BoC) et d’État (CDB et Eximbank).
Comment ses rivaux se disposent-ils face à Pékin ?
Avec l’élection de Trump en 2016, les dirigeants chinois voient se refermer 30 ans de relations commerciales « gagnant-gagnant ». Le conflit s’est soldé par un accord temporaire en janvier 2020. Il est à l’avantage de Washington qui a reçu la promesse de Pékin d’acheter pour 200 milliards de dollars des produits américains. Emblématique d’un conflit planétaire, le puissant groupe chinois Huawei, capable de déployer le réseau 5G de téléphonie mobile, n’a plus le droit de commercer avec des firmes américaines et est repoussé par d’autres États d’Europe et d’Asie. Cette guerre commerciale ouverte a des conséquences sur le marché mondial dont la croissance avait légèrement ralenti en 2019 pour s’écrouler début 2020. Aujourd’hui, de nombreuses multinationales taïwanaises, sud-coréennes, japonaises, européennes et bien sûr étasuniennes limitent leurs investissements en Chine et pensent à relocaliser. Un exemple significatif est le géant taïwanais TSMC qui ne fournira plus ses semi-conducteurs haut de gamme à Huawei. De plus en plus, les entreprises chinoises quittent la cotation à Wall Street, le fabricant de téléphones Xiaomi et le géant pétrolier chinois CNOOC sont sur la liste noire et exclus du marché étasunien en 2021.
Bien que les échanges économiques entre eux soient considérables (plus de 300 milliards de dollars par an rien que pour les biens), la rivalité entre Chine et Japon fait rage. Économiquement, un accord de Partenariat économique régional global (RCEP en anglais) a été signé en novembre 2020 par 15 pays. En plus des 10 pays membres de l’Asean, le Japon, l’Australie, la Chine, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud assouplissent leurs règles douanières et mesures règlementaires. La Chine étant le premier investisseur dans la région, c’est une pression sur Tokyo et une victoire régionale sur les États-Unis. En effet, avec Trump, Washington a abandonné, au profit d’accords commerciaux bilatéraux, le Traité Transpacifique qu’Obama comptait signer avec 14 pays dont son allié japonais. En 2021, Biden poursuit l’offensive contre Pékin avec le renforcement militaire de la coalition Quad de l’« Indo-Pacifique » (Japon, Australie, Inde) dont les manœuvres militaires se déploient en Asie. Pékin et Tokyo se disputent toujours la propriété d’iles Senkaku-Diaoyu et la bourgeoisie japonaise, toujours muselée par sa Constitution pacifiste cherche une voie pour son réarmement militaire offensif.
Le 30 décembre 2020, l’Union européenne et la Chine ont signé un « accord d’investissement » pour ouvrir partiellement leur marché respectif. Progressivement, les « coentreprises » et le « transfert de technologies » seront allégés pour les capitalistes européens. L’accord sert les intérêts des plus forts, Allemagne et Chine. Merkel a raflé la mise, l’économie allemande étant le premier investisseur européen en Chine.
Outre le Venezuela, Hongkong et Taïwan, l’Iran devient un enjeu. En juillet 2020, le gouvernement iranien a fait état d’un projet d’accord de 25 ans avec la Chine. Encore tenu secret, il prévoirait des aides diplomatiques et militaires, un investissement chinois de 400 milliards de dollars sur la période en échange d’un accès sécurisé au pétrole iranien. La question coréenne est un autre aspect de l’affrontement sino-étasunien puisque Moscou et Pékin ont demandé en 2018, au Conseil de sécurité de l’ONU, de lever les sanctions contre Pyongyang. À l’inverse, Trump a fait pression pour que les sanctions économiques soient maintenues et amplifiées. Tous les pays de la région renforcent leurs armées sous prétexte de la menace nucléaire nord-coréenne.
Comment l’armée chinoise se modernise-t-elle pour jouer son nouveau rôle ?
Corollaire de son affirmation impérialiste au cours des dernières années, la bourgeoisie chinoise veut étendre sa zone d’influence et dispute, à ses frontières, des territoires. Elle a aussi initié depuis 2001, l’Organisation de coopération de Shanghai avec la Russie et les républiques centrales d’Asie, rejointes par le Pakistan et l’Inde en 2017 pour se coordonner militairement dans la région, principalement contre le terrorisme. Pourtant, la tension est montée d’un cran à la frontière sino-indienne en mai et juin 2020 quand des affrontements, uniquement à l’arme blanche, entre les soldats des deux pays ont fait 20 morts et des dizaines de blessés.
L’Armée populaire de libération (APL) a prolongé son implantation en mer de Chine en construisant des installations militaires avec piste d’aviation, missiles sol-air, ports pour gros tonnage sur des îlots (Paracels, Spratleys) disputés par de nombreux pays (Malaisie, Philippines, Vietnam). Évidemment, ces derniers se plaignent de l’expansionnisme chinois et veulent eux aussi exploiter les ressources énergétiques que la Mer de Chine recèle. Le Vietnam a aussi signé des accords militaires avec les États-Unis pour faire face à son envahissant voisin et un porte-avion américain y a fait une escale historique en mars 2018.
Conséquence de la guerre commerciale, le budget militaire étasunien s’élève à 740,5 milliards de dollars pour 2021. Le Congrès veut interdire tout échange technologique avec les entreprises chinoises, renforcer l’armement de Taïwan, exiger de l’armée chinoise d’arrêter et de retirer ses installations militaires sur les îlots en Mer de Chine. Concrètement, les visites d’élus étasuniens à Taïwan se multiplient, le vote d’une loi (Taïpei Act) en mars 2020 renforce les relations diplomatiques, commerciales et militaires avec Washington. Pékin dénonce en octobre dernier la vente, pour 1,8 milliards de dollars, de missiles, lance-roquettes et équipements électroniques à Taïpei. Les survols d’espace aérien par des avions de chasse chinois et les chassé-croisé des navires militaires sont monnaie courant. En aout 2020, des missiles chinois à longue portée et anti-porte-avions ont été testés juste après le survol d’un bombardier furtif américain. En janvier et février 2021, la marine étasunienne a patrouillé aux abords des ilots militarisés par la Chine et dans le détroit de Taïwan. La Chine y répond avec une flotte moderne : le nombre de destroyers, frégates, sous-marins a doublé en 5 ans. En avril 2021, la Chine a envoyé 25 avions militaires dans l’espace aérien de l’ile. Selon Xi, la Chine sera « réunifiée » selon le principe « un pays, deux systèmes » qui a prévalu à Hongkong. Pékin envisage même un tunnel marin de 140 kilomètres pour rattacher Taïwan au continent.
Avec un budget officiel annuel en hausse de 6,8 % en 2021, à 175 milliards d’euros, l’armée est loin de celle des États-Unis mais dépasse maintenant les autres. Les entreprises chinoises d’armement sont au deuxième rang des ventes dans le monde en 2020 (15,7 % du marché contre 61 % pour les États-Unis) même si une grande part est due aux achats de l’APL. Selon Washington, l’armée de l’air est capable de lancer des missiles antisatellites, y compris contre les satellites militaires situés sur l’orbite la plus lointaine à 36 000 kilomètres. Avec la création d’un nouvel avion bombardier furtif, d’un destroyer lanceur de missiles et un troisième porte-avions, l’armée de 2 millions de soldats dotée de l’arme nucléaire, de satellites et de missiles intercontinentaux est celle d’une puissance impérialiste. Ce budget ne comprend pas celui de la recherche et développement en armement ni les 20 milliards de dollars annuels de la police armée du peuple (PAP), l’organe paramilitaire chargé de la répression intérieure. Comme les garde-côtes, la PAP a été rattachée à l’APL à la demande du gouvernement actuel.
Comment le rattachement de Hongkong montre-t-il que la Chine est impérialiste ?
Hongkong a servi au rétablissement du capitalisme et à l’affirmation de l’impérialisme, mais ses particularités, les libertés démocratiques comme l’influence étrangère, sont perçus comme une menace intolérable pour le pouvoir. En 1997, Hongkong est revenue à la République populaire de Chine après avoir été une colonie britannique durant 99 ans. Cela a joué un grand rôle dans la restauration du capitalisme en RPC et dans l’accumulation d’un capital national échappant aux puissances impérialistes rivales. Aujourd’hui, la bourse est le 5e marché d’actions du monde, après Shanghai et devant Londres.
Hongkong servait jusqu’alors de sas ou d’asile aux réfugiés politiques, artistiques ou religieux de RPC et se distinguait du reste de la Chine car la population y jouissait de quelques droits démocratiques (pluripartisme, médias concurrents, droit de se syndiquer, droit de manifester, pas de censure sur les éditeurs…), héritées de concessions tardives de la Grande-Bretagne alors que Xi renforce une chape de plomb sur le continent.
La bourgeoisie locale est de taille conséquente (le PIB dépasse 300 milliards d’euros, de la taille de celui de l’Irlande), Elle est polarisée entre les impérialisme chinois, américain, britannique et japonais. L’État chinois y stationne près de 6 000 soldats depuis 1997. C’est donc lui qui l’emporte. Le gouvernement de Pékin compte aligner Hongkong dont l’exemple risque de contaminer le continent.
La jeunesse étudiante et lycéenne de Hongkong s’est levée, en octobre 2014 contre les élections truquées organisées par les hommes de paille de Pékin.
Les services secrets chinois ne se privent pas d’enlever des militants, des éditeurs, des avocats et même des patrons ciblés par Xi. Cela ne suffit pas au pouvoir central : en février 2019, à ses ordres, le gouvernement local veut permettre les extraditions judiciaires par une loi. Au cours de manifestations de masse, la jeunesse a tenté de la faire retirer. Elle a reçu l’appui d’une grande partie de la population et de la classe ouvrière. Mais la direction étudiante ne s’est jamais tournée vers la classe ouvrière, elle s’est partagée entre le pacifisme petit-bourgeois et les illusions envers la bourgeoisie américaine.
Le mouvement n’a pas étendu les mots d’ordre aux revendications sociales et à l’ensemble de la Chine. Cela reste le seul moyen de ne pas tomber dans le piège du séparatisme nostalgique de l’oppression coloniale. C’est ce qu’a craint le plus le gouvernement de Xi qui joue de la division entre les populations de Hongkong et du reste de la Chine et du chantage à l’immixtion étrangère.
Pékin a instauré une nouvelle loi sécuritaire le 30 juin 2020 pour punir toute tentative de « sécession, terrorisme et collusion avec des puissances étrangères ». En lançant son offensive avec une police supplémentaire venue du continent, Xi répond aux menaces de ses concurrents, Trump en tête. Ce dernier a fait adopter le 14 juillet une nouvelle loi (Hong Kong Autonomy Act) pour isoler économiquement Hongkong en cas de reprise en main par Pékin.
Biden n’a pas remis en cause les mesures antichinoises de Trump. Mais la reprise en main de Hongkong est bien une victoire pour Pékin. En janvier 2021, l’arrestation de 53 militants « prodémocratie » dont le secrétaire national d’une confédération syndicale confirme la prise en main impérialiste de Pékin. Fin mars 2021, Pékin a promulgué la révision de la loi dite « fondamentale » de Hongkong dont le parlement aura maintenant 90 membres (contre 70 précédemment) dont 20 seront élus au suffrage universel (contre 35), la majorité sera nommée par l’État central ou reviendra aux représentants de « groupes socioprofessionnels ». Le sort fait à Hongkong par Pékin sert aussi à intimider Taiwan, un État peuplé de Hans qui reste dans l’orbite des impérialismes américain et japonais.
Quelles sont les perspectives pour le prolétariat chinois ?
L’État chinois consacre des milliards de yuans à la sécurité publique et interdit au prolétariat toute organisation indépendante. Même la confédération syndicale est sous le contrôle total du parti unique. Des grèves éclatent pour augmenter les salaires, payer les arriérés de salaires, diminuer le temps de travail, interdire les brimades, instaurer et consolider une assurance-maladie, exiger des indemnités chômage… Les salaires, en conséquence de l’activité revendicative, augmentent, diminuant l’attraction de la Chine. De nombreuses révoltes ont eu lieu contre des expropriations de terre décidées par des caciques locaux, contre les pollutions. Le mécontentement grandit chez les étudiants, les intellectuels, les artistes. Peu à peu, les masses tentent de desserrer courageusement l’étreinte policière.
Plus de 2 000 grèves et protestations auraient lieu chaque année. Il semble que plusieurs tentatives de constitution de syndicats ont été réprimées. Selon le China Labour bulletin qui tente de comptabiliser les luttes et résistances ouvrières, il y a une hausse des grèves après 2015, année de ralentissement économique et du krach boursier. En 2018, la grève des travailleurs de l’entreprise Jasic à Shenzhen a reçu le soutien d’étudiants pour fonder un syndicat indépendant du pouvoir. La répression s’est à nouveau abattue sur les meneurs.
Avec la crise économique de 2020, le prolétariat chinois a subi les licenciements et des baisses de revenu. Les grèves ont augmenté significativement pour cette raison en mai et en juin. Mais à ce jour, les informations venant du pays n’indiquent pas que la centralisation, la constitution de réseaux, d’organes ou d’associations indépendantes ouvrent la voie à l’auto organisation des masses.
Le capitalisme engendre ses propres fossoyeurs. La classe ouvrière est devenue majoritaire. Par la place décisive qu’elle occupe dans les rapports de production face au capital, par la collaboration entre travailleurs par le capital, par la concentration d’ouvrières et d’ouvriers dans les usines, la classe ouvrière est capable de lutter avec conséquence pour les libertés démocratiques (presse, réunion, vote, élections, liberté d’organisation…), contrairement aux opposants bourgeois « démocratiques ». Une telle lutte devra en finir avec l’oppression nationale par le droit à l’autodétermination des peuples. La lutte pour le partage des terres entre les paysans pauvres aboutira avec l’expropriation des grands propriétaires fonciers, sans indemnités ni rachat. Les travailleurs ont les moyens de renverser la minorité capitaliste en dirigeant un front uni des classes exploitées pour renverser la dictature de Xi Jinping et du parti unique capitaliste.
Le sort du monde dépend largement de la capacité de ce gigantesque prolétariat à briser le carcan de l’État policier, à rallier les femmes, les paysans travailleurs et les artisans, les étudiants, les cadres techniques, les minorités nationales, à détruire son propre impérialisme. Pour remplir ce rôle historique, il lui faut édifier ses propres organisations : ses syndicats, ses comités, ses piquets de grève, ses milices d’autodéfense, son parti, authentiquement communiste, internationaliste. Avec ces armes, la classe ouvrière chinoise peut et doit prendre le pouvoir pour établir un gouvernement des travailleurs, expropriateur des capitalistes.
Cent ans après la fondation du Parti communiste chinois, les tâches des révolutionnaires sont de défendre, contre la bourgeoisie impérialiste de Pékin, la nécessité de prendre le pouvoir, d’exproprier les capitalistes, d’instaurer le contrôle ouvrier dans les entreprises, d’établir les conseils centralisés démocratiquement pour établir son propre pouvoir. La dictature du prolétariat contre les classes exploiteuses, l’alliance avec la petite-bourgeoisie des villes et des campagnes ouvrira la voie à la planification économique, démocratiquement décidée par les travailleurs. En se liant aux travailleurs du monde entier, au premier chef ceux du Japon, de Corée et du Vietnam, la classe ouvrière chinoise peut ouvrir la voie aux États-Unis socialistes d’Asie et au communisme mondial.