1 / Mesure des valeurs. Il n’est pas nécessaire de détenir de l’argent pour évaluer ce que vaut une marchandise. Les enfants d’une société capitaliste apprennent que tout a un prix. Cela s’étend à des choses qui ne sont pas des produits comme les terrains ou des actions.
2 / Moyen de circulation. Pour acheter une marchandise, le demandeur doit payer l’offreur. Le crédit que s’accordent les entreprises non financières peut détendre cette contrainte, sans la supprimer (il faudra régler à l’échéance). Elle ajoute une fragilité à l’économie capitaliste car les faillites peuvent s’enchainer.
Au début du capitalisme, les pièces sont en or ou en argent. Bien qu’elles s’usent et perdent de leur poids, les pièces restent acceptées car l’État les garantit. Cela ouvre la possibilité de remplacer la monnaie-marchandise par des signes qui, en eux-mêmes, n’ont pas de valeur. Dans un premier temps, des pièces métalliques de peu de valeur et des billets (la monnaie fiduciaire) représentent l’or. Ultérieurement, des créances sur une banque (la monnaie scripturale) peuvent servir à régler. À partir de la 1re guerre mondiale, les États ont décidé l’inconvertibilité de leurs billets en or. Depuis la 2e guerre mondiale, la monnaie des pays impérialistes est composée surtout de monnaie scripturale (1 400 milliards d’euros de dépôts à vue en France pour 250 milliards de billets et de pièces en circulation).
3 / Réserve de valeur. La monnaie, étant la forme universelle de la richesse, peut être épargnée Avec l’apparition d’un système bancaire national, l’argent oisif est collecté et sert de base à des prêts aux entreprises de la production et du commerce, facilitant l’accumulation du capital. Une partie de la survaleur est alors concédée aux banques et à leurs clients sous forme d’intérêts. Le taux d’intérêt dépend des rapports entre prêteurs et emprunteurs, tout en étant limité par le taux de profit d’ensemble. Après la 2e guerre mondiale, le système bancaire a reçu aussi les dépôts des travailleurs, il gère leurs moyens de paiement et leur prête (découvert, crédit à la consommation, crédit immobilier).
4 / Monnaie internationale. Très longtemps, les opérations économiques (échanges de marchandises, prêts, investissements, indemnités…) entre États sont réglés en lingots d’or. Progressivement, la monnaie des pays dominants (livre sterling à la fin du 19e siècle, dollar après la 2e Guerre mondiale…) a servi de signe d’or pour les règlements internationaux. Mais ces devises restaient, à l’échelle internationale, convertibles en or.
Les États-Unis ont décidé en 1971, unilatéralement, l’inconvertibilité du dollar en or. Officiellement, depuis les accords de la Jamaïque du FMI de 1976, les monnaies s’échangent librement sur le marché des devises (ou marché des changes) et l’or ne joue plus de rôle. En réalité, les banques centrales continuent à en détenir comme la monnaie internationale par excellence (35 000 tonnes d’or au total).
Le solde des opérations d’une économie nationale avec le reste du monde est le principal déterminant du taux de change d’une monnaie donnée. Réciproquement, si une monnaie se déprécie, les importations de biens et services, les achats d’entreprises étrangères, le remboursement en monnaie étrangère deviennent plus couteux. À cause de la multiplicité des monnaies et de la variation des taux de change, le marché mondial des devises est le lieu de multiples opérations financières (arbitrages, produits dérivés, spéculations…).
La fragilité du franc, qui reflétait la faiblesse du capitalisme français, a incité la France à demander une monnaie unique de l’Union européenne en 1989, acceptée en 1992 par l’Allemagne, mais à certaines conditions. L’euro est devenu une monnaie scripturale partagée par 11 États en 1999 et leur monnaie fiduciaire en 2002. Ils sont 19 aujourd’hui.
Au sein d’une économie nationale, les banques privées prêtent bien au-delà des dépôts qu’elles reçoivent et créent ainsi de la monnaie scripturale. Mais les actes économiques des clients, qui ne sont pas forcément à la même banque, nécessitent que les banques se règlent les unes aux autres. En pratique, l’une d’entre elles sert de chambre de compensation. Cette « banque centrale » devient publique. Elle peut alors jouer le rôle de prêteur aux banques de second rang en créant elle-même de la monnaie acceptée par tous les acteurs de la zone monétaire (billets, compte à la banque centrale).
Le taux auquel une banque centrale prête aux banques de second rang est appelé « directeur ». Le taux directeur sert de plancher aux taux d’intérêt des prêts des banques privées à leurs clients et à l’État. Si les prêts accordés par les grandes banques se révèlent hasardeux (les marchandises des entreprises débitrices ne sont pas vendues ou sont vendues à perte, les salaires des travailleurs débiteurs sont insuffisants…), elles risquent de faire faillite en chaine et par conséquent de paralyser toute l’économie capitaliste. En général, la banque centrale choisit de refinancer les banques, quitte à alimenter la spéculation (bulle boursière ou immobilière) ou à faciliter la hausse générale des prix (inflation).