Une abstention sans précédent
Il faut être aveugle politiquement pour affirmer comme Vallaud Belkacem, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale de Hollande, qui se satisfait de la reconduction des sortants, que c’est « le dégagisme qui a été dégagé ». En réalité, le soutien par un bulletin de vote au parti politique de son choix, quel que soit l’enjeu des élections, qui prévalait encore largement il y a une vingtaine d’années, est aujourd’hui à son plus bas étiage. Le choix de l’étiquette « mouvement » au lieu de « parti » par EELV, le RN, LREM, Générations, LFI… n’y a rien fait.
Il ne s’agit pas seulement d’un effet de la pandémie. Le second tour des élections régionales et départementales, le 27 juin, a confirmé les tendances de fond exprimées lors du premier tour du 20 juin. Le fait majeur de ces élections, c’est l’abstention : 66,7 % au premier tour, 65,31 % au second, rendant toutes les autres considérations secondaires. Cette abstention vient de loin, c’est un mouvement continu qui s’amplifie depuis une vingtaine d’années, touchant les élections, municipales, départementales, régionales, législatives, européennes et même présidentielles.
L’affaiblissement de la légitimation de l’État bourgeois par les urnes prend sa source dans le retour des crises capitalistes et le chômage de masse, dans l’affaiblissement des marges des États nationaux face à l’internationalisation des forces productives (dont la nécessité pour la bourgeoisie française de l’Union européenne) et dans la trahison des gouvernements de front populaire Mitterrand, Jospin, Hollande. Il faut y ajouter le brouillage des lignes de classe, par les appels des directions syndicales et des partis « réformistes » au « front républicain » contre « l’extrême droite », en 2002 pour Chirac, comme en 2017 pour Macron. Pour beaucoup, c’est à peu près la même soupe qu’on leur propose à chaque fois et qui s’avère à tout coup indigeste, quel que soit l’assaisonnement.
L’abstention touche inégalement toutes les couches de la société, toutes les classes. A ces dernières élections, les ouvriers et employés se sont abstenus à 75 %. Les jeunes de 18 à 24 ans se sont abstenus à 87 %, ceux de 25 à 34 ans à 83 % ! Les taux d’abstention dans les villes ouvrières atteignent des sommets, 75 %, 80 %, frôlant parfois les 90 % comme à Vaulx-en-Velin dans le Rhône. Encore faut-il ajouter les non-inscrits sur les listes électorales, particulièrement nombreux dans les quartiers populaires, soit qu’ils n’y voient aucun intérêt comme une fraction de la jeunesse qui ne met pas à jour son inscription en déménageant, soit qu’ils n’en aient pas le droit comme les travailleurs étrangers. Dans la population résidant en France (67,3 millions), 5,1 millions sont étrangers (Insee, Chiffres clés, 1 juillet 2021). Les ressortissants de l’UE ont la possibilité de voter aux élections locales et européennes mais à peine plus de 300 000 se sont inscrits. Malgré l’inscription d’office, seuls 94 % des habitants en capacité de voter sont inscrits (Insee, Focus, 6 juin 2021).
Les partis politiques bourgeois
Les partis sont frappés différemment : l’électorat plus âgé de LR est moins touché (47 % d’abstention chez les retraités), celui du RN beaucoup plus (73 %). L’abstention représentant environ les 2/3 de l’électorat, il suffit donc de diviser par 3 le pourcentage des voix obtenues par tel ou tel parti pour mesurer plus exactement son audience réelle par rapport aux inscrits. Ainsi, Bertrand se targue de 52,37% des voix au second tour des régionales dans les Hauts-de-France et se voit déjà président. Si l’on tient compte des étrangers (7,1 % en France), de la non-inscription des ressortissants français (6 % en France), de l’abstention (66,82 % dans la région), des votes blancs (1,95 %) et nuls (1,22 %), cela représente nettement moins de 15 % de la population adulte. Un problème pour LR est que leur succès -relatif- aux régionales met en lice trois candidats pour la présidentielle de 2022 : Bertrand, Pécresse, Wauquiez.
Quant au RN, c’est la déconfiture ! Aux élections régionales de 2015, le RN/FN recueillait nationalement un peu plus de 6 millions de voix au premier tour et 6,8 millions au second tour. Le 20 juin 2021, le RN/FN n’obtient que 3 millions de voix environ. C’est la douche froide dans les régions convoitées : dans les Hauts-de-France, Chenu obtient 324 260 voix au premier tour quand Le Pen en obtenait 909 000 en 2015 et 346 918 au second tour au lieu de plus d’un million de voix pour Le Pen en 2015. En PACA, Mariani totalise 420 633 voix au premier tour, puis 524 882 voix au second tour quand Maréchal-Le Pen obtenait 719 716 voix au premier tour, puis 886 147 voix au second. En Ile de France, Bardella fait même moins de voix au second tour qu’au premier, avec 253 001 voix contre 285 773 alors que Wallerand de Saint-Just recueillait 580 467 voix au premier tour de 2015. Au total, le RN passe de 358 conseillers régionaux à 252. Et le tableau n’est pas plus brillant aux élections départementales où le RN perd 14 des 27 cantons qu’il détenait précédemment. La chef du RN avait pourtant sommé ses électeurs de se déplacer pour le second tour, mais rien n’y a fait.
Cependant, il ne faut pas se réjouir trop vite de cette défaite du RN. C’est le signe indubitable qu’une partie de l’électorat du RN cherche désormais autre chose que le bulletin de vote. L’agitation autour d’une candidature du raciste Zemmour montre, après l’appel des généraux factieux, les manifestations de policiers, les agressions de bandes fascistes contre des militants ou des locaux du mouvement ouvrier, qu’un parti fasciste peut aujourd’hui émerger des difficultés du RN. A l’extérieur et à l’intérieur, des groupes fascistes comme GI, dissout par le gouvernement mais pas disparu pour autant, s’y attèlent.
Enfin le pompon est remporté par LREM qui prétendait revitaliser la démocratie bourgeoise. Alors que 15 ministres étaient candidats, LREM et ses alliés ont recueilli au niveau national à peine plus 10 % des suffrages exprimés, soit environ 3,5 % des inscrits ! Au premier tour des régionales, en Île de France, la liste LREM termine en 4e position, tout comme dans les Hauts de France ou en Centre Val de Loire, malgré, ou à cause, des ministres pour tirer les listes. Le résultat final est calamiteux, jamais sous la 5e République, le parti du président, fût-il godillot, n’avait fait si pâle figure.
Certes Macron tire sa force, non de l’implantation de son parti LREM, qui s’avère inexistante, mais de l’appui d’une fraction déterminante de la bourgeoisie française, de sa position à la tête de l’État et aussi du soutien que lui apportent les appareils syndicaux et politiques qui acceptent le « dialogue social » en discutant et négociant toutes les attaques de la bourgeoisie comme ils sabotent toute possibilité de centralisation du combat de la classe ouvrière en multipliant les journées d’action, les actions isolées ou disloquées. Mais il n’empêche, même s’il feint aujourd’hui de croire qu’il ne s’est rien passé et qu’il n’est pas concerné par les résultats, c’est une défaite qui entame son assise politique.
EELV n’a pas confirmé ses précédents succès électoraux, touché par l’abstention massive de la jeunesse. Le principal parti écologiste est né comme un mouvement écologiste petit-bourgeois, sans aucun lien avec le mouvement ouvrier. Il a muté en parti bourgeois en participant au gouvernement aux côtés du PS et du PCF (1997-2002), qui n’ont pas sauvé la planète, pas plus que son équivalent irlandais Green Party actuellement au pouvoir avec les deux partis bourgeois traditionnels (Fianna Fáil et Fine Gael) ou autrichien Die Grünen au gouvernement avec l’équivalent du RN (ÖVP).
Le mouvement ouvrier
Le PCF perd le Val-de-Marne, dernier département qu’il détenait. Le PS se félicite du maintien de ses positions, sans enregistrer un quelconque apport de voix supplémentaire. Non seulement il n’a plus à craindre que Macron le découpe mais Faure se reprend à espérer imposer sa candidate (la maire de Paris Hidalgo) à EELV. Cambadélis (un ancien adepte de Lambert, comme Jospin, Mélenchon, Corbière…), conseille de donner des gages au capital : « Il faut entamer une déradicalisation de la gauche. Elle a cherché son Bernie Sanders, elle doit trouver son Joe Biden ». Si l’épouvantail est Sanders, qui est un social-démocrate, et si le modèle est le Parti démocrate, un parti bourgeois impérialiste, à quoi bon le PS ? Il n’y a que Pécresse et Cambadélis, Macron et Montebourg, pour trouver que « la gauche » est « radicale », alors que les partis d’origine ouvrière sont vautrés la servilité au capital.
LFI qui ne donne comme perspectives que les échéances électorales mâtinées d’une assemblée constituante, comme celle qui a écrasé le prolétariat en 1848 et étouffé la révolution en 1945, n’échappe pas à la désaffection de son électorat. Le parti social-chauvin et ses alliés dont, parfois, ce qui reste du NPA, obtiennent nationalement 5,2 % des voix au premier tour des régionales, soit environ 750 000 voix, représentant 1,5 % des inscrits. Mélenchon obtenait au premier tour des présidentielles de 2017 plus de 7 millions de voix, soit 14,9 % des inscrits. 73 % des électeurs du tribun populiste de 2015 se sont abstenus en 2021.
Le crétinisme parlementaire de LFI, son soutien sans faille aux appareils syndicaux traitres et ses combinaisons électorales renvoie peu ou prou la même image que le PS ou le PCF. Par exemple, dans les Pays de Loire, LFI faisait liste commune au premier tour de la régionale avec EELV et Génération écologie, puis a fusionné au second avec celle du PS et du PCF alliés, eux, à Cap écologie, UDB, PRG… Cette liste commune a été dirigée par l’ancien député LREM Orphelin. En quoi « l’union populaire » de Mélenchon est-elle différente de « l’union de la gauche » de son modèle Mitterrand ou de la « gauche plurielle » dont il fut ministre ? Il faut y ajouter l’usure médiatique du chef suprême, aggravée par la révélation de sa mégalomanie et de son complotisme.
La direction du NPA en crise a choisi l’alliance au premier tour avec LFI et la GDS en Aquitaine et en Occitanie sur une ligne réformiste dont témoigne les noms de listes, respectivement « On est là » et « Occitanie populaire ». Mais la scission récente CCR-RP et les oppositions qui y sont restées ont appelé LO à voter dans toutes les régions.
LO s’est plus d’une fois désisté pour « la gauche » (incluant des partis bourgeois) et a elle-même aux municipales de 2008 participé à des listes de type front populaire (avec le PRG, le MRC, des MoDem…). Cette fois, elle était la seule organisation ouvrière sans aucune alliance avec un parti bourgeois. Cela ne lui a pas nui : son score a approché celui des régionales de décembre 2015. Mais si Mélenchon est nostalgique de Mitterrand et de De Gaulle, Mercier et Arthaud regrettent le temps où le parti stalinien puissant empêchait la révolution (1936, 1945, 1968…). En fait, LO reste incapable de rompre avec la bureaucratie de la CGT et de combattre sa collaboration de classe, ce qui explique que, comme le NPA et sa dernière scission, elle refuse d’ouvrir perspective d’un gouvernement ouvrier, armant les travailleurs et expropriant le capital.
Un coup mortel à la 5e république ?
« C’est de l’effondrement du régime dont il s’agit » écrit le groupe la Commune, comme tous les lambertiste (POID, POI, APLS…), depuis plus d’un demi-siècle. C’est aller un peu vite en besogne. La démocratie bourgeoise est le système le plus souple et le plus confortable pour la classe dominante, il permet de contenir autant que possible l’affrontement entre les classes dans le cadre du parlement et des élections en général avec comme clé de voute l’acceptation de l’État bourgeois et de ses rouages. Mais il implique que de larges couches de la petite bourgeoisie comme de la classe ouvrière estiment qu’ils ont le pouvoir de décider par les urnes malgré l’inégalité économique et sociale et se laissent berner périodiquement, avec l’aide des partis « réformistes », par les échéances électorales. Ce système est aujourd’hui menacé d’illégitimité par suite de la faiblesse, de l’étroitesse des votes exprimés.
Pour autant, cela ne signifie pas que le régime va s’effondrer sur lui-même. Le caractère bonapartiste du régime, née d’un coup d’État militaire en 1958, a été émoussé par le général de Gaulle lui-même dès 1961 pour faire face à un autre putsch. Les institutions de la 5e République se sont même adaptées à la coexistence, imprévue à l’origine, d’un président et d’une majorité parlementaire opposées.
Sans la mobilisation massive de la classe ouvrière ou sans un coup d’État militaire ou fasciste, elle ne tombera pas. Les prémices de la constitution d’un parti fasciste se rassemblent peu à peu sous nos yeux. Sa mise en œuvre peut se précipiter, mais il y faut au moins deux conditions : d’une part, que les partis bourgeois s’avèrent trop faibles pour diriger efficacement et tenir en échec la classe ouvrière, d’autre part que la classe ouvrière ne parvienne pas à se dégager des obstacles que les appareils politiques et syndicaux dressent pour l’empêcher d’affronter et de balayer avec toute sa puissance le gouvernement.
Il est même possible que, comme aux Etats-Unis, si une solution radicale, révolutionnaire, anticapitaliste, internationaliste, n’est pas tracée, l’élection présidentielle (en fait la moins démocratique qui soit), réussisse à canaliser le mécontentement vers les urnes et les différents sauveurs suprêmes.
Le capital poursuit son offensive
La situation qui s’ouvre est et sera marquée par de multiples attaques contre la classe ouvrière, inhérentes au capitalisme, spécialement pour sortir d’une crise économique, comme la fermeture le 22 juin de la fonderie MBF de Saint-Claude, après celle de la fonderie FVM de Meurthe-et-Moselle et celle du Poitou. Tout le secteur des fonderies liées à l’automobile est menacé. Une étude commandé par le gouvernement (DGE) et le capital automobile français (PFA) à une officine de consultants indiquait que 4 000 à 5 000 emplois directs (sur 15 000) sont menacés d’ici 2026.
Il faut accepter qu’on ne pourra pas sauver tout le monde… 40 % des emplois de la fonderie automobile devraient disparaître d’ici à dix ans. (cabinet Roland Berger, mai 2020)
Les plans de restructuration, de fermetures de site ou de faillites totale d’entreprise vont se multiplier avec la diminution des aides publiques aux différents secteurs du patronat, toutes les firmes ne retrouvant pas d’un seul coup une santé florissante avec la reprise économique qui s’amorce. On peut ajouter d’autres attaques comme la privatisation partielle de la SNCF, la poursuite de la remise en cause du baccalauréat comme diplôme national avec l’augmentation du contrôle continu, lycée par lycée, etc. Ou bien encore la hausse des tarifs du gaz qui atteint 9,96 % au 1er juillet, après 5,7 % en mars et 4,4 % en juin qui touche en premier lieu les couches populaires, tout comme la hausse des carburants. L’inflation qui reprend au plan mondial a d’ailleurs atteint en juin 1,5 % en rythme annualisé en France (1,9 % dans la zone euro), mais la valeur du point d’indice qui sert au calcul des salaires dans les fonctions publiques est gelée depuis des années, et les salaires dans le public comme dans le privé restent pour la plupart des travailleurs, insuffisants.
Mais la bourgeoisie française en veut plus. Sa situation comme impérialisme ne cesse de se détériorer dans le monde, tant au niveau de sa compétitivité vis-à-vis de ses principaux concurrents que sur le terrain de ses expéditions militaires en Afrique ou de ses initiatives diplomatiques qui restent impuissantes. Pour le capital, en vouloir plus, c’est vouloir augmenter le taux de profit. Les attaques contre l’assurance chômage ou contre les retraites sont au bout du compte des moyens puissants pour transférer sur la classe ouvrière une partie des charges incombant jusqu’alors aux capitalistes, baisser la part de la valeur créée par la classe ouvrière qui lui revient et augmenter ainsi le taux d’exploitation global et la plus-value.
Mais il ne s’agit pas de simples opérations mathématiques, mais d’affrontements entre les classes. Et les représentants des exploiteurs balancent entre la crainte de mettre le feu aux poudres et celle de manquer une opportunité. Si le Conseil d’État, qui est un rouage de l’État bourgeois, a estimé au lendemain du deuxième tour qu’il y avait trop d’incertitudes pour mettre immédiatement en œuvre la totalité du plan contre l’assurance-chômage, c’est par crainte. Pour autant, il ne condamne pas les mesures et une partie s’applique dès maintenant.
Macron penche pour remettre en selle une attaque frontale contre les retraites en allongeant à 44 ans le temps de cotisations nécessaires pour obtenir une retraite complète et peut-être en même temps supprimer ce qui reste des régimes spéciaux, police et armée exceptées, bien entendu. Il le ferait d’autant plus qu’après les piètres résultats électoraux, il doit prouver à la bourgeoisie qu’il reste l’homme fort incontournable alors que plusieurs candidats LR ou assimilés piaffent eux aussi de se rendre indispensables. Pour le premier ministre « il faut la faire, mais il faut aussi choisir le bon moment » (Jean Castex, Figaro, 25 juin). Mais quand ? Le porte-parole du gouvernement Attal reste évasif. Le président du Medef Roux de Bézieux se montre circonspect et renvoie prudemment l’affaire après la présidentielle :
La décision finale appartient au président de la République, mais on se demande si la reprise est assez solide pour supporter des mouvements sociaux… On pourrait aussi se dire que les syndicats pourraient être responsables pour ne pas prendre le risque de saboter la reprise […] il vaut mieux annoncer les choses avant, ce qui n’avait pas été fait lors de la dernière présidentielle, et les Français se prononceront au mois d’avril. (Ouest France, 30 juin)
Pour le ministre de l’économie, c’est maintenant.
C’est l’intérêt des Français et l’intérêt de la France que tout le monde, globalement, que notre pays, travaille davantage… Moi, mon expérience, c’est qu’on n’a jamais intérêt en politique à remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui. (Bruno Le Maire, CNews, 29 juin)
Trouver « le bon moment », c’est chercher à s’assurer que la classe ouvrière restera prisonnière des manœuvres des appareils syndicaux et de leurs adjoints.
Empêcher les licenciements, défendre les allocations chômage et les pensions de retraite
À destination des travailleurs exaspérés, certaines directions syndicales mentionnent, noyées dans une longue liste fourre-tout, « l’abandon définitif des contre-réformes des retraites et de l’assurance chômage » et annoncent qu’elles vont organiser des réunions et des assemblées générales pour préparer « la mobilisation » (CGT, SUD, FO, FSU, Communiqué intersyndical, 1 juillet 2021). Elles se retrouveront le 30 août.
Peu auparavant, le 6 juin, le Conseil des retraites a remis un nouveau rapport pour justifier la mise en cause des droits des salariés. Y participent toujours la CFDT, la CGT, FO, l’UNSA, la CFTC, la CFE-CGC, la FSU. Depuis le 11 juin, trois « groupes de travail » se tiennent au ministère de l’éducation pour décliner le « Grenelle de l’éducation ». Toutes les directions syndicales de l’enseignement y participent (FSU, CDFT, UNSA, SUD, FO…). Et, en coulisses, les chefs de « l’intersyndicale » s’apprêtent à rencontrer le gouvernement.
Deux mois après sa dernière rencontre avec les partenaires sociaux, Emmanuel Macron recevra à nouveau mardi 6 juillet 2021 à l’Élysée, pour un tour d’horizon des sujets d’actualité les huit chefs de file des grandes centrales syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et patronales (Medef, CPME, U2P) le 6 juillet, en présence aussi du Premier ministre Jean Castex ainsi que de Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, et d’Élisabeth Borne, la ministre du Travail. (AFP, 3 juillet 2021)
Le scénario qui conduit à la défaite se met en place à nouveau : de la main droite, les bureaucrates syndicaux négocient les attaques du gouvernement, de la main gauche, ils préparent déjà des grèves l’impuissance des grèves dispersées et le simulacre des journées d’action. Or, la gestion loyale du capitalisme français par les partis ouvriers bourgeois et les défaites causées par les bureaucraties syndicales font le lit du RN.
Il ne s’agit pas d’attendre l’élection présidentielle (LFI, PS, PCF…), ni d’associer « les travailleurs du privé et du public à la solution de la crise sanitaire et à la reprise d’activité » (intersyndicale). Face à la confusion exprimée par les gilets jaunes, face à l’isolement des luttes, face à l’abstention électorale, face à la détérioration de l’environnement, il faut ouvrir la perspective de la République des travailleurs, renouant avec la Commune de Paris de 1871 et la révolution russe de 1917, de l’expropriation du grand capital et des Etats-Unis socialistes d’Europe, de la planification consciente de l’économie par les producteurs. La meilleure manière de la préparer est de contrer, dès maintenant, les attaques des capitalistes et de leur État, de les vaincre.
Tout l’enjeu est là, aider la classe ouvrière à s’organiser elle-même pour échapper aux manœuvres des bureaucrates syndicaux et de leurs complices, avec des assemblées générales, avec des délégués élus et révocables, des comités de grève, en centralisant son mouvement, en imposant aux directions syndicales de rompre les concertations avec le gouvernement et de marcher contre lui, d’appeler à la manifestation centrale contre le gouvernement, à la grève générale. En organisant son service d’ordre pour protéger ses grèves, ses manifestations, ses locaux, ses réunions, ses militants.