Notre programme est formulé dans une série de documents accessibles à tout un chacun. On peut en résumer la substance en deux mots : dictature du prolétariat. (4e Internationale, Manifeste, mai 1940)
Cent trotskysmes ? Mille marxismes ? (1949-2008)
Dans les années 1950-1970, le Parti communiste français (PCF), hégémonique dans le mouvement ouvrier français, satellise le PCI-JCR-LC-LCR et VO-LO, deux courants officiellement « trotskystes » qui se comportent à l’époque comme des fractions externes « du parti ». La différence entre ces deux mouvances est que l’une (Lutte ouvrière) est née en 1956 comme une secte nationale fondée par Hardy qui n’a jamais appartenu à la 4e Internationale. Tandis que l’autre (Ligue communiste révolutionnaire) vient de l’adaptation, à partir de 1949, de la direction de la 4e Internationale d’après-guerre (Michel Pablo, Ernest Mandel, Pierre Frank…) à ce qui a du succès (Tito, Mao, Ben Bella, Castro…).
En 1968, l’aile Mandel du courant pabliste (à l’origine de la fondation du NPA) trouvait que la révolution et l’étiquette communiste étaient rentables (affiche de mars 1972)
La révolution permanente n’est plus pour eux la stratégie consciente de l’internationale ouvrière dont il faut doter le prolétariat mondial, mais un processus objectif qui peut être accompli par d’autres forces sociales (paysannerie, petite-bourgeoisie urbaine, bureaucratie d’un Etat ouvrier dégénéré) et dirigé par d’autres courants politiques (un parti stalinien, un mouvement nationaliste du « monde colonial et semi-colonial », un parti travailliste ou social-démocrate dans les centres impérialistes si on le pousse suffisamment).
Nahuel Moreno et Ted Grant sont deux comparses, respectivement en Argentine et en Grande-Bretagne, du révisionnisme pabliste qui détruit la 4e Internationale comme organisation communiste en 1951-1953.
Le dogme que la classe ouvrière est l’unique classe qui puisse accomplir les tâches démocratiques est faux… Le maoïsme ou la théorie de la guerre de guérilla est la réfraction particulière, dans le champ de la théorie, de l’étape actuelle de la révolution mondiale. (Moreno, La Revolución Latinoamericana, PO, mars 1962)
Castro est un génie. (Moreno, Estrategia, septembre 1964)
De 1957 à 1964, le courant pabliste version Moreno (le père du PTS argentin et de la CCR-RP du NPA) se plaça « sous la discipline » du colonel nationaliste Perón (c’est son portait qui figurait dans Palabra Obrera du 23 avril 1961, « organe du péronisme ouvrier révolutionnaire ». La filiation est assumée par la FTQI puisque sa revue portait le nom de celle fondée par Moreno, Estrategia. En 1965, la PO de Moreno fusionna avec un groupe castriste pour fonder le PRT ; aujourd’hui, le CCR-RP du NPA propose de fonder un PRT.
Cependant, le stalinisme entre en crise finale à la fin du 20e siècle avec l’implosion de l’URSS et la restauration du capitalisme par la bureaucratie du Kremlin.
En 1988, la LCR fait campagne pour l’ancien dirigeant du PCF Juquin, sur une ligne réformiste. En 1994, elle participe avec celui-ci à la fondation de la Convention pour une alternative progressiste. Mais la CAP est phagocytée par les Verts.
En 1995, le chef de LO Hardy refuse d’ouvrir la perspective d’un parti révolutionnaire, alors que Laguiller obtient 5,3 % des voix à l’élection présidentielle. En 1997, il expulse de LO ceux qui en sont partisans, dont les sections de Bordeaux et Rouen. Ces derniers forment Voix des travailleurs (VdT) qui rejoint la LCR en 2000.
En 2001, tous les courants pablistes (« Quatrième internationale » mandéliste, « Fraction trotskyste-Quatrième internationale » moréniste…) soutiennent le Forum social mondial antimondialisation parrainé par des réformistes (PT brésilien, PRC italien…), des écologistes et des clergés chrétiens.
En 2001, Bensaïd enterre la revue de la LCR, Critique communiste, au profit de Contretemps. La nouvelle publication ne fait plus référence à la LCR, suivant l’exemple de Viento Sur, fondé en 1991 par son ami Romero après qu’il eût liquidé la LCR espagnole. Contretemps comporte une rubrique « Mille marxismes » qui présente le stalinisme comme un « marxisme » (André Tosel, Contretemps, janvier 2009).
La 4e Internationale du temps de Trotsky s’opposait au stalinisme.
Le passage définitif de l’Internationale communiste du côté de l’ordre bourgeois, son rôle cyniquement contre-révolutionnaire dans le monde entier ont créé d’extraordinaires difficultés supplémentaires au prolétariat mondial. Sous l’étiquette de la révolution d’Octobre 1917, la politique conciliatrice des fronts populaires voue la classe ouvrière à l’impuissance et fraie la voie au fascisme. (4e Internationale, Programme de transition, septembre 1938)
En 2002, la LCR appelle à voter Chirac au second tour de la présidentielle. Bensaïd publie Les Trotskysmes (PUF, 2002) qui classe comme « trotskysme » ceux qui votent pour le principal candidat de la bourgeoisie (LCR) ou ceux qui constituent une coalition avec les Frères musulmans (SWP britannique).
La révolution prolétarienne exclut un compromis de principe, une tolérance, une conciliation quelconque envers des partis, des groupes et des politiciens qui, à chaque pas, abusent du nom de Marx, d’Engels, de Lénine, de Luxemburg… pour des objectifs qui sont en opposition directe avec les idées et les actes de ces maîtres et lutteurs. (4e Internationale, Résolution sur le Bureau de Londres, juillet 1936)
En 2003, lors de la lutte contre le projet de loi contre les retraites des fonctionnaires, la LCR et LO s’alignent sur la bureaucratie de la CGT et s’opposent à la grève générale. Cette année-là, la LCR rejette la dictature du prolétariat.
Ce que j’ai apporté de nouveau, c’est de démontrer que l’existence des classes n’est liée qu’à des phases historiques déterminées du développement de la production ; que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ; que cette dictature elle-même ne représente qu’une transition vers l’abolition de toutes les classes et vers une société sans classes. (Marx, Lettre à Joseph Weydemeyer, 5 mars 1852)
La liquidation de la LCR dans un parti large (2008-2009)
En 2007, la LCR présente un jeune postier, Besancenot, à la présidentielle : il recueille 1,5 million de voix, plus de 4 %, loin devant la candidate de LO (Laguiller, 1,33 %) et celui du PT (Schivardi, 0,33 %). Face à l’effondrement du PCF (moins de 2 %, un peu plus de 700 000 voix), la direction de la LCR (Bensaïd, Krivine, Grond, Besancenot, Picquet…) annonce vouloir créer un parti regroupant tous les « anticapitalistes ». L’objectif est d’occuper le terrain laissé vide par le PCF en s’ouvrant à des mouvements anti-racistes, féministes, écologistes, anarchistes…
Le NPA n’aura pas à assumer l’héritage trotskyste qui n’est qu’un courant du mouvement révolutionnaire. (Krivine, Le Monde, 5 février 2009)
Le congrès de janvier 2008 de la LCR entérine ce projet. Une partie des délégués cependant regrette que la liquidation n’aille pas assez loin, de se restreindre aux « anticapitalistes » au lieu d’en appeler à tous les « antilibéraux ». Convergences révolutionnaires-L’Étincelle (hardyste), la Gauche révolutionnaire (GR, grantiste), le groupe la Commune (moréniste), le CRI (lambertiste) qui se renomme CLAIRE, le noyau français de la FTQI (moréniste) qui prend le nom de CCR se rallient au projet.
Le succès semble au rendez-vous : lors du congrès de fondation en février 2009, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) revendique un peu plus de 9 000 membres.
L’appareil de l’ex-LCR garde la main sur la cooptation des permanents, la trésorerie, la revue Contretemps, les éditions Syllepse, la librairie La Brèche, etc.
Bien que la LCR soit formellement dissoute, toutes les structures du NPA étaient celles de la LCR, avec les mêmes équipes d’animation et les mêmes responsables. (GR, 9 septembre 2012)
Hélas pour le NPA, au même moment l’ancien ministre Mélenchon lance en février 2009 le Parti de Gauche (PdG) qui, lui aussi, tente de profiter de l’effondrement du PCF en exacerbant son étatisme et son social-patriotisme. Le NPA, le PCF et le PdG se disputent les faveurs de Tsipras et de la Syriza grecque.
Schéma établi par l’ex-CLAIRE
Les premières scissions (2009-2012)
La tendance Unir, favorable à des alliances avec le PCF et le PdG, échoue lors du 1er congrès du NPA en 2009 à persuader la nouvelle formation d’intégrer le Front de gauche (FdG) constitué par le PdG, le PCF, le PCOF (un débris du stalinisme-maoïsme), R&S (gaulliste de gauche façon Chevènement), les Alternatifs (autogestionnaires et écologistes). Alors, une bonne partie (Piquet, Faradji, Malaisé, Sitel…) se rallie au FdG sous le nom de Gauche unitaire, avant de se dissoudre dans le PCF en 2015. Un dirigeant en vue du PCF, Ian Brossat, est aussi le fils d’un cadre de l’ex-LCR.
En 2010, face au projet de loi contre les retraites, le NPA et LO servent d’adjoints à la direction de la CGT. Bensaïd meurt en 2010. Les membres d’Unir restés au NPA fondent le courant C&A qui scissionne après le congrès de février 2011, juste à temps pour participer à la campagne présidentielle de Mélenchon soutenue par le PdG, le PCF et compagnie.
Ce n’est pas fini. Les partisans ex-LCR du Front de gauche représentent encore 40 % des membres lors de la conférence nationale de juin 2011. Cette Gauche anticapitaliste (GA) s’oppose publiquement à une candidature NPA à l’élection présidentielle. 3 des dirigeants de la GA (Pierre-François Grond, Hélène Adam et Myriam Martin) appellent publiquement à voter Mélenchon. Lors de la conférence nationale de juillet 2012, la GA propose de rejoindre le FdG. Ayant recueilli 22,3 % des voix du NPA, elle scissionne et rejoint le FdG, emmenant 51 membres du Conseil politique national et les deux conseillers régionaux.
Les cliques réformistes du NPA, toujours membres de la « 4e Internationale » pabliste-mandéliste, formeront au sein du FdG le mouvement Ensemble avec la FASE et les Alternatifs. Sentant le vent tourner, la GR déserte le NPA début 2012, pour soutenir le Front de gauche (aujourd’hui, c’est un satellite de LFI).
Lors du premier tour de la présidentielle, Hollande (PS) obtient 28 % des voix, Mélenchon (PdG) 11 %, Poutou (NPA, ouvrier dans l’industrie automobile) 1,15 %, Arthaud (LO) 0,56 %.
Balkanisation et crise de direction (2013-2017)
Le NPA ne compte plus que 1 962 adhérents début 2013. Au 2e congrès de février, il se fracture en 3 : la fraction menée par la direction historique de la LCR (Krivine, Besancenot, Poutou, Poupin) qui obtient une courte majorité (51 %), une autre regroupant principalement l’Étincelle et le groupe la Commune (32 %) qui fonde en décembre le courant Anticapitalisme et révolution (A&R), un bloc de la CLAIRE (ex-CRI) et du CCR lié au PTS d’Argentine moréniste (9 %). Philippe Poutou (ex-LO) démissionne de son poste de porte-parole en octobre 2014.
Besancenot signe avec Löwy (qui s’est employé toute sa vie à brouiller la frontière entre communisme et christianisme, entre trotskysme et castrisme) un opuscule voué à effacer la délimitation d’avec les proudhoniens et les bakouninistes (Affinités révolutionnaires : nos étoiles rouges et noires, Mille et une nuits, 2014).
Il y a un gouffre entre nous et les anarchistes. (Engels, Lettre à Paul Iglesias, 26 mars 1894)
Au 3e congrès, en janvier 2015, CR-L’Étincelle présente une plateforme seule, la tendance CLAIRE également. Celle-ci est désormais acquise à l’autogestion de Tito et Ben Bella. Le CCR présente une plateforme avec A&R. L’appareil se fracture : Krivine manoeuvre pour mettre en minorité le reste de l’appareil (Besancenot, Chauvel, Cormier, Demarcq, Miele, Poupin, Sabado) qu’il accuse de vouloir trop se rapprocher du Front de gauche. Pour battre Besancenot, Krivine doit s’appuyer sur les autres tendances : refus du mot d’ordre de « gouvernement anti-austérité » et de l’alliance électorale avec le Front de gauche.
Toutefois, Krivine refuse de signer le texte qu’il avait pourtant initié. Il reforme, à ses conditions, une direction avec la clique de Besancenot. Une partie de ceux que Krivine avait gagnés à sa plateforme constitue Démocratie révolutionnaire (DR) et rejoint l’opposition à la nouvelle direction Besancenot-Krivine. DR est dirigée par Lemaître, ancien de LO, de VdT et de la LCR.
En 2016, face au projet de loi travail, le NPA et LO soutiennent l’orientation de la CGT. En 2017, le NPA présente de nouveau à la présidentielle Poutou sur une orientation d’addition des luttes (« nouveaux mouvements sociaux », « intersectionnalité », « convergence des luttes », etc.) qui s’oppose non seulement à la révolution permanente de la 4e Internationale mais à l’hégémonie ouvrière du Parti bolchevik.
Il n’obtient que 0,92 % des suffrages exprimés, certes devant Arthaud (LO, 0,64 %) mais loin derrière Hamon (PS, 6,6 %) et surtout Mélenchon (LFI, 19,58 %).
L’appareil issu de la LCR perd la majorité absolue (2018)
Le CCR du NPA est affilié à la Fraction trotskyste-Quatrième internationale fondée par le PTS moréniste qui a pour perspective en Argentine l’Assemblée constituante. Pour rivaliser avec la direction du NPA et la « 4e Internationale » (dont est issue la FTQI), le CCR n’est pas avare, comme la direction de LO en interne, de phrases ronflantes sur Lénine ou Trotsky. Le CCR change de stratégie au début 2015 : son site de fraction est supprimé au profit d’un site « d’information d’extrême gauche » intitulé Révolution permanente (usurpant le tire de notre revue, publiée depuis 2005). La référence à une organisation politique est mise au second plan : le logo du NPA est affiché discrètement en bas de l’accueil et le nom du courant en plus petit encore. La dissimulation est internationale car tous les sites de la FTQI sont identiques, basés sur un modèle qui utilise l’espagnol dans son code source.
Au 4e congrès de février 2018, il y a moins de 1 400 membres au NPA. L’appareil pabliste-mandéliste présente un front commun qui mise sur « des formes de militantisme en dehors du mouvement ouvrier traditionnel » : les Indignés, Nuit debout, Occupy Wall-Street, les zadistes de Notre Dame des Landes… Il est fasciné par le succès des nouveaux réformistes (Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne, Bernie Sanders aux États-Unis, Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, LFI en France…).
Ces courants peuvent contribuer à cristalliser, à gauche, le refus de la soumission à l’austérité et, plus globalement, au néolibéralisme, comme l’a fait LFI au cours des élections de 2017, et provoquer des ruptures au sein de la gauche gestionnaire… Ils expriment, de manière déformée, le niveau de conscience, et de confiance, de notre camp social. (Texte U du congrès de février 2018)
Syriza montre, une fois au gouvernement en 2015, que ces partis réformistes ne sont pas différents des traditionnels.
L’Étincelle et DR entendent « renforcer les acquis de la campagne de Poutou » qui n’avait pourtant rien de révolutionnaire.
C’est ce profil général qui a fait connaître le NPA et suscité de l’intérêt, plus qu’en 2012, en particulier dans la jeunesse et dans des milieux ouvriers. C’est sur ce profil que nous devons capitaliser. (Texte W du congrès de février 2018)
A&R relève que l’attirance pour les sociaux-impérialistes du PCF et de LFI a été réactivée au sein du NPA par le faible score de Poutou et le succès de Mélenchon.
Notre score modeste n’est pas un problème en soi. Ce qui l’est en revanche, c’est le fait qu’il ait été utilisé par une partie de la direction pour répandre l’idée qu’une présence de Mélenchon au second tour aurait changé bien des choses, puis pour remettre en cause la nécessité de se présenter aux élections législatives. (Texte V du congrès de février 2018)
La CLAIRE adhère à « l’autogestion » (défendue en France dans les années 1970 par la CFDT, le Parti socialiste unifié (PSU), la LCR, le PCOF…) et à « l’intersectionnalité » défendue aux États-Unis par le CPUSA, le parti stalinien, dans les années 1930 et rejoint par le SWP, la section de la « 4e Internationale » pabliste de Mandel, Hansen, Moreno et Bensaïd dans les années 1970. Elle reprend même l’antienne écologiste contre le mouvement ouvrier.
Nous devons rompre clairement avec l’héritage du productivisme qui a longtemps dominé au sein du mouvement ouvrier. Notre priorité ne peut pas être le développement des forces productives… Elle est de faire décroître la consommation d’énergie et de matières premières… (Texte T du congrès de février 2018)
Comme Mélenchon à l’époque, la CLAIRE prône la sortie de l’Union européenne et même « la souveraineté », en arguant que s’y refuser permet au RN d’attirer à lui une partie de la classe ouvrière… mais elle n’avance pas l’objectif des États-Unis socialistes d’Europe.
Cela signifie concrètement rompre avec l’Union Européenne, l’ensemble de ses institutions, la BCE et l’euro, pour permettre à un gouvernement des travailleur.s.es de se réapproprier le contrôle et la souveraineté sur les outils économiques. (Texte T du congrès de février 2018)
À l’issue du 4e congrès de 2018, l’appareil pabliste échoue d’une courte tête à obtenir la majorité absolue (48 %) mais peut conserver le contrôle du NPA parce que l’opposition est morcelée en 6 fractions. Le bloc Étincelle-DR arrive en deuxième position avec environ 17% des voix, le CCR et l’A&R sont les seules autres tendances à dépasser 10 %.
Face au projet de loi contre les cheminots, le NPA et LO s’alignent sur la bureaucratie de la CGT et s’opposent à la grève générale. Le mouvement des gilets jaunes tiraille le NPA, entre son attraction pour tout ce qui a du succès et l’hostilité initiale de l’appareil de la CGT.
Vers la scission (2020-2021)
En juillet 2019, le CCR tient une université d’été dans l’Aveyron réunissant 350 personnes, avant l’officielle du NPA prévue fin aout.
Le 11 décembre 2019, lors du mouvement en défense des retraites, le NPA tient un meeting de soutien aux directions syndicales (CGT, SUD, FSU, FO) avec LO, le PCF, LFI et le PS.
11 décembre 2019, Saint-Denis : meeting front populiste aligné sur les bureaucrates syndicaux avec Parti socialiste, Générations, Lutte ouvrière, Nouveau parti anticapitaliste, La France insoumise, Parti communiste français, Europe Écologie-Les verts, Place publique, Gauche démocratique et sociale, Parti radical de gauche, Gauche républicaine & socialiste.
En janvier 2020, la CLAIRE et Portion congrue, une autre faction d’opposition, fusionnent sous le nom d’Alternative révolutionnaire communiste (ARC). Il n’est plus question d’autogestion (que prônait la CLAIRE) ou de dénonciation du productivisme (partagée par la CLAIRE et Portion congrue). La concurrence du CCR oblige à défendre une « refondation communiste et révolutionnaire du NPA ». Mais comment refonder un parti dont la fondation même était la liquidation de la (vague) référence au « communisme révolutionnaire » ?
En mars 2020, la pandémie devient massive. Tous les partis parlementaires se prononcent pour le maintien des élections municipales. La liste Bordeaux en lutte (NPA-LFI) avec Poutou obtient 11,77 % des voix. Poutou et deux de ses colistiers sont élus au conseil municipal.
Fin juillet, un quotidien rapporte que le NPA est au bord de la rupture (l’article est de la journaliste Sylvia Zappi, une ancienne de la LCR qui est bien renseignée).
« La crise du NPA atteint un tel point que son existence est remise en question », s’inquiète la motion de la majorité. Et de décrire une situation interne où le collectif n’existe plus : de moins de moins de cotisations payées, au point de mettre l’organisation en quasi-faillite, des comités locaux désertés au profit de réunions de factions concurrentes, des décisions sans cesse remises en cause… Certains des dirigeants ne cachent plus leur volonté d’en finir. Christine Poupin, porte-parole nationale, très proche d’Olivier Besancenot, explique qu’elle ne se sent plus de « projet commun » avec les minoritaires et « qu’il faut acter la séparation de fait au lieu de se nuire mutuellement ». (Le Monde, 27 juillet 2020)
L’université d’été du 23 au 26 aout ne rassemble que 400 participants. Le CCR, A&R et DR s’y unissent, se posant en rassembleurs pour « éviter l’implosion du NPA », leur réunion attire 200 personnes.
L’appareil appelle à une réunion de tendance début octobre qui ne regroupe que 130 adhérents (loin des 637 ayant voté pour elle lors du congrès de 2018). Il se pose en défenseur d’un NPA bloqué par les minoritaires.
Débats impossibles (voire invectives), absence d’élaboration commune, remplacée par la distribution des bons et des mauvais points pour savoir qui serait révolutionnaire et qui ne le serait pas, rupture de la solidarité militante et financière, affirmation publique de différents courants en concurrence avec les apparitions et les médias du NPA : les participants à la réunion nationale du week-end dernier ont enregistré la passe difficile que traverse le NPA et qui pourrait lui être fatale. (Vite, un nouvel élan pour le NPA !, 7 octobre 2020)
Le CCR agit de fait comme une organisation à part entière. Ses membres ne vendent pas L’Anticapitaliste et ils recrutent pour leur fraction. Un de figures montantes est Kazib. Il s’est fait connaître durant la grève SNCF comme le tenant de la grève reconduite site par site sans fin, sans mettre en cause les directions syndicales. Il est invité sur les plateaux de télévision régulièrement depuis.
Le CPN de septembre fixe la date du congrès à fin janvier 2021. Poutou, pour le NPA-L’Anticapitaliste, jette de l’huile sur le feu.
Nous montrons comment travailler ensemble et sortir du sectarisme, en s’alliant avec la France Insoumise, en travaillant entre militants de plusieurs formations politiques. Nous sommes très contents du résultat. Nous ne pensions pas avoir des élus et pourtant ça a marché. C’est le début d’une expérience avec la France insoumise… Alors se séparer, je ne vois pas trop les problèmes que ça pose. Avec la France insoumise nous avons tenté quelque chose à Bordeaux, nous sommes passé à l’action, et maintenant il faut voir comment construire à partir de ça. (La Tribune, 21 septembre 2020)
Début octobre, RP fait état de sa scission à Toulouse. Fin octobre, CCR-RP, A&R et DR signent ensemble une tribune « contre la scission » dans L’Anticapitaliste, affirmant que la direction souhaite épurer le parti.
Des cortèges NPA distincts apparaissent dans les manifestations de rue.
Le 24 novembre, des membres de la majorité, dont Arya Meroni, Catherine Samary, Christine Poupin, Fernand Beckrich, Hugo Coldeboeuf, Patrick Le Moal, Ugo Palheta, appellent avec des membres d’Ensemble, des « syndicalistes » et « membres d’associations » à une nouvelle organisation politique encore plus confuse.
Nous voulons commencer à créer, dès maintenant, une nouvelle organisation politique en partant de la situation concrète que nous vivons, en partant de la richesse des expériences, des histoires et des luttes auxquelles nous participons. (Rejoignons-nous pour construire un nouveau projet politique, 24 novembre 2020)
Le 1er décembre, le NPA-RP organise un meeting retransmis en direct sur internet, avec les porte-paroles de LO et de LFI, pas fâchés de contribuer à la dislocation du NPA. Le 9 mars 2021, le NPA officiel signe avec LFI, Générations, le POI, la GDS, le PCOF… un appel réformiste « aux citoyens ». Le 30 mars, le CCR-RP avance la perspective d’un « parti révolutionnaire des travailleurs » qui se délimiterait de LO et du NPA par son attitude favorable à un mouvement qui semble disparu, les Gilets jaunes. Aucune référence n’est faite au programme de la 4e Internationale ou de l’IC.
Toutes les fractions du NPA s’unissent pour soutenir la journée d’action bidon des bureaucrates syndicaux du 4 février 2021
Pour une internationale communiste, pour un parti ouvrier révolutionnaire
La direction de la LCR l’a liquidée pour un parti opportuniste sans délimitation. Mais son projet a été concurrencé dès la naissance du NPA par le PdG-LFI de Mélenchon, ce qui a entraîné une crise récurrente.
Les « partis larges » qui bradent le programme communiste et les acquis du marxisme pour s’ouvrir à tous les vents ne sont pas un moyen plus rapide et plus simple de préparer la révolution sociale vers le socialisme mondial. Ils aggravent la crise de direction du prolétariat mondial.
Leurs promoteurs, qui refusaient déjà d’affronter les bureaucrates syndicaux corrompues et les partis ouvriers-bourgeois, détruisent idéologiquement et moralement les cadres, désarment les militants, contribuent à la désorientation politique des travailleurs, aboutissent à la dispersion et à la démoralisation de leurs troupes. .
Dans cette époque agitée, n’importe qui peut créer une organisation sans programme, sans idée, sans perspective mais cette organisation va s’écrouler comme un château de cartes à la première secousse sérieuse. (Trotsky, Lettre à Henri Molinier, 1er mars 1936)
En France, le sort du PSOP dans les années 1940, du PSU dans les années 1980, du POI dans les années 2010, du NPA aujourd’hui le prouvent.
Le prolétariat a besoin d’un parti révolutionnaire et internationaliste de masse. Le Groupe marxiste internationaliste appelle tous les révolutionnaires prolétariens, dans le NPA et dans LO, dans les syndicats, dans les petits groupes issus de la destruction de la 4e Internationale et rendus impuissants par leur taille, à se regrouper dans ce but sur la base du programme communiste, en s’appuyant sur les exemples de la Ligue des communistes (1847-1852), de l’Internationale communiste (1919-1923) et de la 4e Internationale (1933-1949).