Le capitalisme français vacille
Le FMI table sur une chute de 4,4 % du PIB mondial en 2020, preuve d’une récession majeure. Face à la crise économique que la crise sanitaire aggrave, tous les gouvernements impérialistes rivalisent pour ne pas perdre de parts de marché, soutenir leurs grandes entreprises et préserver leur influence dans le monde. Il leur faut en même temps préserver un minimum la santé des producteurs et tenter d’éviter un soulèvement populaire. Mais tous n’ont pas les mêmes moyens. L’écart se creuse entre le capitalisme français et son principal rival européen, sans parler de la Chine.
En Europe, le pays qui devrait subir le plus violent décrochage économique cette année est l’Espagne, avec un PIB en baisse de 12,4 %. Mais le choc est aussi douloureux en France, en Italie, au Portugal, en Grèce ou en Belgique (avec des contractions de respectivement 9,4 %, 9,9 %, 9,3 %, 9 % et 8,4 %). L’Allemagne, qui a moins subi la première vague épidémique, devrait encaisser une chute plus contenue de son PIB, à 5,6 %. (Les Échos, 7 novembre)
Après des couvre-feu le 17 octobre qui se sont révélés insuffisants pour faire face à la deuxième vague de propagation du virus sras-cov-2, Macron et Castex ont pris le 28 octobre des mesures de confinement. Une différence majeure avec celui du printemps est l’ouverture des lieux d’études (écoles, collèges, lycées) et l’obligation du travail pour les professions dites « essentielles », confirmant que les ouvriers et les employés souvent mal rémunérés et méprisés sont indispensables.
Les guichets des services publics resteront ouverts. Les usines, les exploitations agricoles, les bâtiments et travaux publics continueront de fonctionner. L’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer ! (Emmanuel Macron, 28 octobre)
La priorité budgétaire aux capitalistes et à l’appareil répressif de l’État
Le capitalisme mondial vit à crédit, la France ne fait pas exception. Les capitalistes ont reçu au printemps la promesse de 460 milliards d’euros d’aides en prêts garantis et en subventions puis un « plan de relance » de 100 milliards auquel s’ajoutent 20 milliards d’euros depuis le 4 novembre. Cette dernière somme est essentiellement destinée aux entreprises.
Par conséquent, le budget en cours a été plusieurs fois revu par des « lois de finance rectificatives » et le projet de budget de l’État pour l’an prochain (PLF 2021) est en réécriture permanente. Le gouvernement refuse plus que jamais de taxer les plus riches, « pour ne pas tuer la relance » (Bruno Le Maire, 12 octobre). Le déficit public ne pose plus problème quand il s’agit d’aider les patrons des moyennes et grandes entreprises. Il s’élèverait à 11,3 % du PIB pour 2020. La dette publique serait, selon le ministre de l’économie, de 119 % du PIB à la fin de l’année.
Dans le projet projet de budget étatique, les effectifs de police (+1 369) et ceux de de la justice (+1 500) augmentent. Le budget de l’armée est prévu en hausse de 4,5 % pour atteindre 39 milliards d’euros en 2021 et les opérations extérieures (opération « Barkhane » au Sahel notamment) ont droit à une rallonge de 1,6 milliard d’euros en 2020.
Les partis sociaux-impérialistes approuvent le militarisme. Le PCF conseille seulement de revoir la distribution de la manne entre l’arme nucléaire et la guerre conventionnelle.
Nous devons avoir une double exigence, maintenir notre souveraineté et notre indépendance : les événements en Turquie nous la rappellent, comme les tergiversations de l’Union européenne et le désengagement des États-Unis. La Turquie est menaçante, elle dispose d’une armée conséquente et forte. (André Chassaigne, PCF, Intervention à l’Assemblée nationale, 30 octobre)
Selon LFI et le PS, ce n’est pas assez.
Ce budget est vanté comme un budget de relance. Il n’en reste pas moins, selon moi, en deçà d’attentes imposées par le contexte. (Alexis Corbière, LFI, Intervention à l’Assemblée nationale, 30 octobre)
Face à l’affirmation d’acteurs enclins à remettre en cause les équilibres hérités de la seconde guerre mondiale, les investissements en matière de défense n’ont peut-être jamais autant trouvé leur justification, en tout cas depuis de longues années… L’augmentation du budget ne met pas fin à la permanence de quelques carences… Même si l’effort est indéniable, indiscutable, le budget de la défense reste grevé par un grand nombre d’hypothèques… (Olivier Faure, PS, Intervention à l’Assemblée nationale, 30 octobre)
Quant au budget de la Sécu (PLFSS 2021), l’hôpital public sera la victime des exonérations de cotisations sociales patronales et de la montée des dépenses.
Indépendamment des surcoûts liés à la pandémie, près de 10 milliards supplémentaires sont nécessaires par rapport au budget voté pour 2020 (84,4 milliards) afin de couvrir les revalorisations salariales, embauches, le financement des investissements et l’augmentation des charges fixes. Or pour 2021, le PLFSS annonce un Ondam de 92,9 milliards, soit un défaut de recettes de près de 2 milliards. Ce budget ne permet donc pas de financer la totalité des mesures annoncées par le Ségur de juillet 2020 (7,5 milliards), les investissements et reprise de dette (1,6 milliard) et l’augmentation connue de 2 à 3 % des charges fixes hospitalières. Le Parlement vient donc de cautionner par son vote de nouvelles économies imposées à l’hôpital public. (Collectif inter-hôpitaux, Le Monde, 6 novembre)
La montée inexorable du chômage et de la pauvreté
Le gouvernement est moins généreux envers les travailleurs, même s’il retarde les attaques contre les retraites et les chômeurs. La composition du « plan de relance » en témoigne.
Un parallèle est fait avec ce qui avait été décidé sous le mandat de Nicolas Sarkozy lors de la crise financière de 2008 : à l’époque les mesures de solidarité comptaient pour 8,3 % du plan de relance, tandis que ce n’est que 0,8 % dans le plan actuel. (Les Échos, 7 novembre)
L’État continue à prendre en charge (et à faire prendre en charge par le régime de l’assurance-chômage) 84 % des salaires des travailleurs en « chômage partiel ». En septembre, avant le second confinement, il y avait 1,1 million de salariés dans ce cas (Dares, 10 novembre).
Castex a annoncé le 24 octobre une « aide d’urgence » squelettique de 150 euros par foyer allocataire du RSA (100 euros de plus par enfant) comme pour les 560 000 touchant les APL et les 740 000 étudiants boursiers. Le RSA exclut toujours les moins de 25 ans.
D’importantes suppressions de postes sont annoncées chez Airbus (5 800), Air France (7 700), Renault (4 600), Daher (2 700), Valéo (2 000), Auchan (1 475), Beneteau (700), General Electric (1 225), Latécoère (475), Bridgestone (863)… Depuis mars, 528 plans « de sauvegarde de l’emploi » (PSE), négociés avec les responsables syndicaux, ont été déposés soit 78 % de plus qu’en 2019. Leur nom est mensonger car il s’agit de licenciements collectifs qui n’empêchent pas les patrons de bénéficier des largesses de l’État.
À l’usine Bridgestone de Béthune, le « dialogue social » entre les directions syndicales, le groupe capitaliste, la région et l’État a permis de balader les ouvriers. Au lieu d’organiser le combat sur l’exigence d’aucune suppression d’emplois, de l’expropriation sans indemnité de toutes les filiales du groupe, la recherche d’une « alternative industrielle » à la fermeture du site a été mise en avant. Résultat, après des mois de discussion autour de scénarios divers, la direction de Bridgestone Europe a confirmé le 13 novembre qu’elle fermerait le site, avec ou sans repreneur.
800 000 pertes d’emplois sont attendues fin 2020. Mesuré de la manière la plus restrictive (les critères du Bureau international du travail), le chômage s’élève à presque 2,7 millions de personnes, soit 9 % de la population active au troisième trimestre contre 7,1 % au deuxième (Insee, 10 novembre). Si on mesure plus largement (catégories A, B et C de Pôle emploi), on arrive à presque 5,8 millions de chômeurs au troisième trimestre (Dares, 27 octobre).
La perte de revenu au cours du premier confinement a frappé 44,8 % des travailleurs salariés et indépendants du bâtiment, 36,5 % des aides à domicile, 31,4 % des agents de nettoyage… (Dress, 9 octobre). Les femmes sont particulièrement touchées par l’arrêt de l’activité des hôtels, des restaurants, des petits commerces.
La crise économique et sanitaire a conduit plus d’un million de personnes sous le seuil de pauvreté, ce qui fait un total de 10,3 millions vivant avec moins de 1 063 euros par mois. Les plus démunis renoncent aux soins et sont mal nourris. Les demandes de revenu de solidarité active (RSA) augmentent de 10 % depuis le printemps, les distributions de nourriture par les associations explosent, y compris pour les étudiants pauvres dont beaucoup ont perdu leur emploi.
Intérimaires, autoentrepreneurs, travailleurs au noir, étudiants, seniors, retraités… Un tout nouveau public peu familiarisé risque de basculer de la précarité vers la pauvreté. (Le Monde, 7 octobre)
300 000 personnes n’ont pas de toit, trois fois plus qu’en 2001. Les deux confinements accélèrent le déclin du petit commerce traditionnel face aux groupes de la vente à distance (dont le géant américain Amazon). La décision ultérieure, sur demande des organisations de petits commerçants, de fermer certains rayons des grandes surfaces ne fait que renforcer cette tendance. En fait, l’État, qui repose sur la défense de la propriété privée, est incapable de décréter la suspension des loyers des chômeurs et même des loyers commerciaux, alors que les propriétaires ne rendent aucun service à la société. LR et le RN, qui se disputent les voix de la boutique, ne proposent pas non plus cette mesure élémentaire.
La plupart des travailleurs salariés sont exposés
Sans médicament efficace ni vaccin disponible, la propagation du virus ne peut être freinée qu’avec les mesures barrières, la réduction des contacts sociaux et la prise en charge rapide des porteurs selon les conseils répétés de l’OMS pour tester-tracer-isoler.
Lors de la première vague du Covid-19, la maladie a surtout affecté les travailleurs de la santé (personnels médical et paramédical, pharmaciens, pompiers, secouristes, ambulanciers) avec 11,4 % ayant contracté le virus (contre 4,5 % de la population totale), les habitants des logements surpeuplés avec 9,2 % de séroprévalence, les immigrés d’origine non européenne avec 9,2 %, les résidents des « quartiers prioritaires » avec 8,2 % (Dress, 9 octobre).
La thèse estivale de « vivre avec le virus » de Macron a permis de beaucoup rapporter aux laboratoires, qui sont des entreprises capitalistes, et de beaucoup coûter à la branche maladie de la Sécu. Mais l’efficacité des tests a été limitée, faute du traçage systématique et de l’isolement des porteurs, de travailleurs formés en nombre suffisant. Macron ment en prétendant avoir préparé la seconde vague :
Nous avons aussi formé près de 7 000 infirmiers et médecins pour pouvoir travailler en réanimation et nous avons aussi repoussé nos capacités qui sont passées de 5 000 lits avant la première vague à 6 000 aujourd’hui, nous allons les porter au-delà de 10 000 lits en réanimation. (Emmanuel Macron, 28 octobre)
En vérité, les recrutements ne compensent même pas les démissions et les départs en retraite dans les hôpitaux publics. Les cliniques privées n’ont pas été expropriées. À ce jour, les services de réanimation sont presque saturés.
Les petits patrons du bâtiment ne fournissent pas les masques ni le gel hydroalcoolique.
Les travailleurs de l’enseignement public, même s’ils sont attachés à la présence physique des élèves, n’acceptent pas le maintien de classes entières (de 30 élèves et plus dans nombre de collèges et lycées), foyers épidémiques en puissance. La menace de grèves spontanées a obligé Blanquer à autoriser l’enseignement en demi-groupe au lycée. Le ras-le-bol des enseignants a contraint les chefs syndicaux à organiser précipitamment une journée d’action le 10 novembre, qui n’a pu évidemment arracher les dizaines de milliers de postes nécessaires pour assurer un enseignement en demi-classe. Les enseignants ont besoin de surmonter la collusion de leurs syndicats avec le gouvernement, pour infliger une défaire au gouvernement Macron-Blanquer sur les postes et les salaires.
La concertation avec Castex et Blanquer
Depuis 2017, le gouvernement Macron-Philippe a privatisé la SNCF, dérèglementé le droit du travail, lancé la retraite par points… L’État n’est pas neutre, il est une arme pour les exploiteurs.
Tout en dénonçant les licenciements, les chefs confédéraux s’adressent au pouvoir pour réclamer plus de « dialogue social », c’est-à-dire d’être associés plus étroitement aux décisions de sauvetage du capitalisme français.
Dans une telle période d’incertitude et d’inquiétude tant pour la santé que pour l’emploi, il nous paraît essentiel que le dialogue social se traduise par une écoute et une réponse effective de la part des pouvoirs publics, et par le respect de l’autonomie de la négociation collective. Dans un contexte très évolutif, incertain et d’urgence, nos syndicats, délégués et représentants du personnel ont joué un rôle important pour que soient assurée au mieux… la continuité des activités essentielles. (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC, Lettre au premier ministre, 14 octobre)
Pour justifier aux yeux des travailleurs leur aide persistante au gouvernement, les bureaucrates le supplient de ne toucher, pour l’instant, ni aux retraites ni aux allocations chômage.
En guise de réponse, le premier ministre convoque, une fois de plus, une « conférence sociale » à Matignon le 26 octobre. Il concède seulement un report de trois mois de l’attaque contre les chômeurs, sans changer évidemment l’orientation du gouvernement.
Le premier ministre a dit vouloir mener à terme toutes les autres réformes qui ont pour objectif de transformer, de moderniser notre pays, de le rendre plus fort et plus juste, tout en soulignant que plus que jamais le dialogue, la concertation sont indispensables. (AFP, 26 octobre)
Une autre concertation est prévue le 12 novembre avec la ministre du travail. Personne n’y manquera, une fois de plus. La collusion des bureaucraties confédérales se décline dans tous les secteurs, comme avec le « Grenelle de l’Éducation » lancée le 22 octobre.
Il s’agit « d’instituer une nouvelle gouvernance des écoles et des établissements », de « moderniser en ouvrant le champ des possibles aux personnels » ou encore « d’alléger les carcans administratifs ». JM Blanquer annonce l’ouverture de 10 ateliers qui vont travailler jusqu’en février. (Le Café pédagogique, 22 octobre)
Toutes les directions syndicales de l’enseignement cautionnent la mise au point des prochaines attaques contre les statuts alors que les lois de l’« école de la confiance », la sélection post-bac et la « réforme » du lycée ont attaqué les droits des professeurs et le droit aux études.
Mais le ministre ne s’arrête pas là, il dénonce « l’islamo-gauchisme qui fait des ravages à l’université », suggérant que l’UNEF et LFI aident l’idéologie terroriste : « Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. » (22 octobre). Pour le président, sous prétexte qu’il existe des antisémites (dont la mère historique est l’Église catholique), tous ceux qui s’opposent à Israël sont des antisémites [voir Révolution communiste n° 34, n° 38] ; pour son ministre, tous ceux qui s’opposent au racisme sont des islamistes [voir Révolution communiste n° 37].
Les musulmans sont-ils tous suspects ?
En novembre 2019, le président avait annoncé un projet de loi contre le « séparatisme » [voir Révolution communiste n° 39]. Les récents assassinats par des islamistes lui offrent sur un plateau la possibilité de cibler plus clairement les musulmans.
Il y a donc une crise de l’islam, partout, qui est gangrené par ces formes radicales, par ces tentations radicales et par une aspiration à un djihad réinventé, qui est la destruction de l’autre. Le projet de califat territorial contre lequel nous avons lutté au Levant, contre lequel nous luttons au Sahel, mais partout, des formes plus ou moins insidieuses, les plus radicales. (Emmanuel Macron, 2 octobre)
Le chef de LFI lui emboite le pas en déclarant : « il y a un problème avec la communauté tchétchène en France » (Jean-Luc Mélenchon, 18 octobre). La pose de défense des libertés et de laïcité affectée par Macron contraste avec sa politique réelle.
D’abord, l’État français n’est pas laïque. Il applique toujours en Moselle et en Alsace le concordat de 1802 signé par Napoléon Ier avec le pape catholique : les clergés y sont rémunérés par l’État et peuvent diffuser leurs superstitions dans les écoles. Depuis le coup d’État du général De Gaulle en 1958, l’État et les collectivités territoriales financent, au nom de la loi Debré, les « écoles privées sous contrat », dont la majorité sont aux mains de l’Église catholique. En 1982, Mitterrand crée le Comité consultatif national d’éthique où siègent des prêtres de différentes obédiences. L’Église catholique est en perte de vitesse mais cela ne l’a pas empêché de mobiliser, avec l’aide des fascistes, contre le mariage homosexuel.
Ensuite, le « déploiement des forces armées françaises » n’est pas plus dicté par la défense de la démocratie que celui, à plus grande échelle, de l’armée américaine. Il dépend des intérêts de la bourgeoisie française dans le monde, au premier chef de ses grands groupes capitalistes. Ceux-ci font des affaires juteuses avec la Turquie (malgré les rodomontades d’Erdogan) qui a aidé les djihadistes de Syrie et d’Irak, avec le Pakistan qui applique la charia, qui a mis sur pied Al-Qaida et qui aide toujours les Talibans qui marient les fillettes, attaquent les universités et les écoles, avec les monarchies absolues du Golfe qui appliquent la charia, répandent le salafisme dans le monde entier et soutiennent les réseaux djihadistes.
Enfin, le gouvernement restreint les libertés démocratiques en fait et en droit : répression policière des Gilets jaunes, restriction légale au droit de manifester et maintenant projet de loi dite de « sécurité globale » pour renforcer les moyens des polices municipales (armement, contrôles d’identité, de permis…), élargir l’usage des drones et des caméras-piétons. Darmanin veut ajouter l’interdiction de filmer l’ensauvagement policier que les lycéens ont encore subi début novembre.
Diffuser des images de policiers identifiables, dans l’exercice de leur fonction et dans l’intention de porter atteinte à leur « intégrité physique ou psychique », pourrait être passible d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. (Mediapart, 6 novembre)
Face aux difficultés de Macron et de Castex, LR et le RN donnent dans la surenchère sécuritaire : fermer les frontières, arrêter et détenir sans se soucier des lois, etc. Alors que 9 000 personnes sont mortes depuis janvier en mer Méditerranée à cause de la fermeture des frontières.
Faut-il attendre en avril 2022 un sauveur suprême ?
Tous les arrivistes qui s’étaient précipité à la mangeoire du PS quand il gouvernait et qui ont quitté le navire quand il a sombré, les Valls, Hamon, Montebourg, Mélenchon… croient leur heure venue.
Le 10 octobre, quelques dizaines d’intellectuels (Piketty, Baudelot, Lipietz, Dion…), des responsables syndicaux ou d’associations (ATTAC, SUD, CGT…), de cadres de partis ou groupes politiques (EELV, LFI, PCF, Générations, GDS, ND…) lancent un appel commun « aux citoyennes et aux citoyens » pour une candidature unique à l’élection présidentielle d’avril 2022 sur un programme passe-partout : écologiste, féministe, antilibéral, social, démocratique…
Patatras ! Mélenchon, par-dessus la tête de son propre parti (LFI), déclare le 8 novembre qu’il est candidat. Il est pressé car il veut prendre de vitesse le PS, le PCF, EELV… d’autant qu’il partage avec toute « la gauche » le respect des urnes, de « la République » (la République, c’est lui ?) et de son calendrier électoral
Quotidiennement, les travailleuses et les travailleurs sont confrontés à la crise capitaliste, au chômage, à la paupérisation, au racisme, au gouvernement Macron-Castex qui soutient les patrons, divise les travailleurs, restreint les libertés, renforce la police et l’armée… Ils ne peuvent pas attendre 2022 et faire confiance aux promesses électorales creuses. Tous les partis qui se réclament de la classe ouvrière et les syndicats de salariés doivent immédiatement rompre avec la bourgeoisie, son État et son gouvernement.
Aucun de ces messieurs et dames de « la gauche » ne défend un programme révolutionnaire, ne remet en cause le capitalisme français et son État. Pour défendre notre existence et celle de nos enfants, il faut sans tarder la baisse du temps de travail et le partage du travail entre tous les travailleurs, l’interdiction des licenciements, l’augmentation des salaires, la suppression de la TVA et des cotisations sociales des salariés, le recrutement des soignants et professeurs nécessaires, la gratuité des soins et des études, des logements décents et bon marché pour tous, la fin des interventions militaires, la régularisation des travailleurs sans papiers, la laïcité complète et totale, la suppression de la présidence et du Sénat, la révocabilité des élus politiques…
Sans tarder, il faut combattre dans les syndicats contre leurs directions, discuter et s’organiser dans les entreprises, dans les administrations, dans les quartiers, sur les lieux d’études.
En s’organisant démocratiquement pour lutter avec ses délégués élus et révocables, la centralisation des conseils d’entreprise, d’administration et de quartier, ses services d’ordre d’autodéfense, la classe ouvrière pourra postuler au pouvoir en ralliant les chômeurs, les étudiants, les « auto-entrepreneurs », une partie de l’encadrement, les paysans travailleurs… Alors, s’ouvrira la possibilité réelle d’en finir avec l’exploitation, la précarité, la misère, le racisme, la destruction de l’environnement, par l’armement des travailleurs, le renversement de l’État bourgeois, l’expropriation des groupes capitalistes, la perspective des États socialistes d’Europe.
Révolutionnaires isolés, noyaux lutte de classe des syndicats et des partis existants, groupes communistes rendus impuissants par notre taille réduite, construisons ensemble un parti et une internationale qui sachent tirer les leçons des défaites et des victoires antérieures en France et dans le monde, pour ouvrir un avenir à l’humanité !