Engels nous a montré le chemin… il était à la fois le chef et le combattant… la théorie et la pratique ont fusionné en lui. (Wilhelm Liebknecht, Souvenirs, 1901)
Un intellectuel prolétarien
Né le 28 novembre 1820 à Barmen, au coeur de l’industrie textile prussienne, à 300 km environ au nord de Trêves (ville de naissance de Marx), Friedrich Engels était le fils d’un capitaliste industriel, religieux et conservateur. Il devint rapidement athée, étudia la philosophie, se dit « partisan enthousiaste de Strauss [La Vie de Jésus] » (1839), se lia dès 1841 aux Jeunes hégéliens (Feuerbach, Stirner, Bauer…) pendant son service militaire. Sous pseudonyme (Friedrich Oswald), il écrivit, contre la métaphysique du philosophe réactionnaire très en vue Schelling, en défense de la dialectique hégélienne. Cela donna lieu à deux textes, « Schelling et la révélation » et « Schelling, la philosophie en Jésus-Christ » (1842). Il admit
une reconnaissance pleine et entière de l’influence qu’eut Feuerbach, plus que tout autre philosophe post-hégélien… Il faut avoir éprouvé soi-même l’action libératrice de ce livre [L’Essence du christianisme] pour s’en faire une idée. L’enthousiasme fut général : nous fûmes tous momentanément des feuerbachiens. (Engels, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, 1886)
C’est également en se détachant de l’idéalisme que Marx et Engels impulsèrent le développement du socialisme scientifique comme théorie révolutionnaire
Maintenant, l’idéalisme était chassé de son dernier refuge, la conception de l’histoire ; une conception matérialiste de l’histoire était donnée et la voie était trouvée pour expliquer la conscience des hommes en partant de leur être, au lieu d’expliquer leur être en partant de leur conscience, comme on l’avait fait jusqu’alors. (Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique, 1880)
C’est sur les épaules des géants qu’ils se hissaient pour avoir la perspective la plus large et la plus claire possible.
Nous, socialistes allemands, sommes fiers de tenir origine non seulement de Saint-Simon, Fourier, Owen, mais aussi de Kant, Fichte et Hegel… Le mouvement ouvrier allemand est l’héritier de la philosophie classique allemande. (Engels, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, 1886)
Engels établit clairement que c’est en appuyant sur les socialismes qui les ont précédés que Marx et Engels purent construire le socialisme scientifique. Le titre original de son Socialisme utopique et socialisme scientifique (Die Entwicklung des Sozialismus von der Utopie zur Wissenschaft) signifie d’ailleurs « Le développement du socialisme de l’utopie à la science », ce qui implique un progrès plus qu’une opposition frontale.
La théorie et la politique communistes sont, par nature, polémiques. Contre un intellectuel du parti allemand (SPD) qui régressait dans l’idéalisme, Engels rédigea en 1876-1877, avec l’approbation et la collaboration de Marx, une synthèse, Monsieur Dühring bouleverse la science, plus connue sous le nom d’Anti-Dühring. Il s’agit d’un remarquable manuel socialiste qui embrasse la méthode (partie 1 : « philosophie »), l’analyse économique du capitalisme (2 : « économie politique ») et le programme (3 : « socialisme »).
Il avait un intérêt constant pour tout savoir, y compris pour les sciences de la nature.
Il s’agissait… de me convaincre dans le détail – alors que je n’en doutais aucunement dans l’ensemble – que dans la nature s’imposent… les mêmes lois dialectiques du mouvement qui, dans l’histoire aussi, régissent l’apparente contingence des événements : les mêmes lois qui, formant également le fil conducteur dans l’histoire de l’évolution accomplie par la pensée humaine, parviennent peu à peu à la conscience des hommes pensants. (« Préface » de Anti-Dühring, 1885)
Il précise toutefois que :
Il est très facile de transférer à nouveau ces théories de l’histoire de la nature à celles de la société ; et il est par trop naïf de prétendre avoir prouvé par-là que ces affirmations sont des lois naturelles et éternelles de la société… À elle seule, la conception de l’histoire comme une simple lutte de classes est plus riche et plus profonde que sa simple réduction à des phases à peine différenciées de la lutte pour la vie. (Dialectique de la nature, 1873-1883)
Dans une introduction à La Guerre civile en France, parue en 1891, Engels résumait la conception marxiste de l’État, qui « n’est rien d’autre qu’un appareil pour opprimer une classe par une autre, et cela, tout autant dans la république démocratique que dans la monarchie ». La même année, il publia L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État. Il y expliquait que l’oppression des femmes et l’apparition de l’État sont liés à la division de la société en classes.
Un militant révolutionnaire
S’il écrivit un poème avant l’âge de dix ans sur la révolution de 1830, son premier texte politique (Lettres de Wuppertal, 1839) portait sur les conditions d’existence misérables de la classe ouvrière, qu’il pouvait observer de près, en tant que fils de patron. Il rompit rapidement avec l’entreprise de son père.
Le commerce est trop affreux… et ce qui est particulièrement affreux, c’est d’être non seulement un bourgeois mais un fabricant : un bourgeois qui intervient activement contre le prolétariat. (« Lettre à Marx », 20 janvier 1845)
Sa première rencontre avec Marx eut lieu en novembre 1842 à Cologne, au siège du Rheinische Zeitung, le journal de Marx dans lequel il écrivit également, mais c’est en août 1844 à Paris que leur amitié a démarré, après que Marx fut positivement impressionné par son Esquisse d’une critique de l’économie politique. Ils écrivirent alors ensemble pour Deutsch-Französische Jahrbücher, le journal des immigrés révolutionnaires allemands à Paris publié par Marx et Ruge, puis ils publièrent leur premier ouvrage commun, La Sainte famille, une polémique contre les jeunes hégéliens, en 1845.
C’est avec une ouvrière, Mary Burns, rencontrée à Manchester en 1843, qu’il partagea son intimité, sans pour autant se marier. Grâce à elle, il visita les quartiers pauvres, se rendit aux réunion des ouvriers, source inestimable pour La Situation de la classe laborieuse en Angleterre, paru en 1845.
Engels fut le premier à déclarer que le prolétariat n’est pas seulement une classe qui souffre, mais que la situation économique honteuse où il se trouve le pousse irrésistiblement en avant et l’oblige à lutter pour son émancipation finale. (Lénine, « Friedrich Engels », 1895)
On peut lire dans cet ouvrage :
J’ai renoncé à la société et aux banquets… et j’ai consacré mes heures de loisir presque exclusivement à la fréquentation de simples ouvriers ; je suis à la fois heureux et fier d’avoir agi de la sorte. Heureux, parce que j’ai vécu de cette manière bien des heures joyeuses, tout en apprenant à connaître votre véritable existence… fier, parce que j’ai eu ainsi l’occasion de rendre justice à une classe opprimée et calomniée.
Dès 1843, il prit part au mouvement chartiste, pour lequel il publia des articles (Northern Star) ; il était proche des partisans de Robert Owen, pour lesquels il écrivit aussi (New Moral World). En avril 1845 il rejoignit Marx à Bruxelles, où il polémiqua, via le comité de correspondance communiste, contre les courants petits-bourgeois dans la Ligue des justes, influencés par les idées de Proudhon. Peu après ils partirent pour l’Angleterre. Engels participa, en l’absence de Marx, au congrès de la Ligue des justes en juin 1847 à Londres, où le mot d’ordre « Tous les hommes sont frères » fut remplacé par « Prolétaires de tous les pays unissez-vous » et où elle devint la Ligue des communistes.
Il participa à la révolution de 1848. Il prit part activement, aux côtés de Marx, à l’activité de l’association démocratique puis de l’association ouvrière de Cologne. Il se rendit à Paris puis, chassé pour être intervenu au banquet du nouvel an des immigrés allemands révolutionnaires, il partit en Suisse (à pied faute de moyens) puis rentra à Cologne, d’où il fut expulsé comme Marx pour avoir pris part à un soulèvement (Elberfeld). En août 1849, Marx l’invita à le rejoindre à Londres pour fonder un journal, la Neue Rheinische Zeitung. Mi-novembre 1850, faute de revenus, il quitta Londres pour travailler à la filiale de l’entreprise de son père à Manchester comme commis (puis cadre).
Les deux amis durent se séparer. L’un se rendit à Manchester, l’autre resta à Londres. Mais ils ne cessèrent de vivre l’un avec l’autre par la pensée : chaque jour, ou presque, pendant vingt ans, ils se firent part dans leurs lettres de leurs impressions et de leurs réflexions sur les événements politiques, ainsi que de la marche de leurs études. (Lafargue, « Souvenirs personnels sur Engels », 1904)
Cette double vie permit à Engels de subvenir à ses besoins et d’envoyer régulièrement de l’argent à Marx. « Sans l’appui financier constant et dévoué d’Engels, non seulement Marx n’aurait pu achever Le Capital, mais il aurait même fatalement succombé à la misère » (Lénine, « Karl Marx », 1914).
Je finis à l’instant de corriger les épreuves du livre I… voilà donc ce volume terminé. Si cela a été possible, c’est à toi seul que je le dois ! Sans ton dévouement pour moi, il m’aurait été impossible de faire les travaux énormes que demandent ces volumes. (Marx, « Lettre à Engels », 16 août 1867)
Le livre I du Capital fut tiré à 1 000 exemplaires en septembre 1867 et Engels en fit la promotion en écrivant des recensions dans plusieurs journaux, ouvriers ou bourgeois.
Pendant cette période, Engels écrivit près de 120 articles pour le New York Daily Tribune, sur la guerre de Crimée (1853-1856), sur l’art militaire, sur la domination coloniale en Inde, sur la guerre de Sécession…
Il voyagea en Irlande en 1856, avec Mary Burns. Il constata la misère des paysans et des ouvriers dans ce pays. « On peut voir en prenant l’exemple de l’histoire irlandaise quel malheur c’est pour un peuple que d’en asservir un autre » (« Lettre à Marx », octobre 1869). Le contrat avec la firme dont son père était actionnaire expira en juin 1869. Il renonça à ses droits et reçut une compensation qui lui permit d’accorder une aide financière constante à la famille Marx. Il revint à Londres en septembre 1870. Après la mort de Mary, il vécut avec sa sœur Lizzy.
Ma femme était une vraie prolétaire irlandaise, de souche, et l’ardent amour inné qu’elle éprouvait pour sa classe m’était infiniment plus cher et me soutenait dans les moments critiques bien plus que n’auraient pu le faire toute la délicatesse et le fin esprit des filles « sensibles » et « instruites » de la bourgeoisie. (« Lettre à Johanna Otto (Julie Bebel) », 18 mars 1892)
Il soutenait inconditionnellement la Commune de Paris comme la première réalisation de la dictature du prolétariat.
Le philistin social-démocrate a été récemment saisi d’une terreur salutaire en entendant prononcer le mot de dictature du prolétariat. Eh bien messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature a l’air ? Regardez la Commune de Paris, c’était la dictature du prolétariat. (« Introduction » à K. Marx, La Guerre civile en France, 1891)
Esprit curieux, il voyagea en 1888 aux États-Unis, et en perçut le potentiel pour la bourgeoisie :
Il faut vraiment voir de ses propres yeux ce pays dont l’histoire ne remonte pas plus loin que l’époque de la production marchande et qui est la terre promise de la production capitaliste.
Il entrevoyait également les prémisses de la guerre de 1914-1918 :
Une guerre mondiale d’une ampleur et d’une violence encore jamais vues. Huit à dix millions de soldats s’entr’égorgeront ; ce faisant ils dévoreront toute l’Europe comme jamais ne le fit encore une nuée de sauterelles. (« Préface » à S. Borckheim, À l’intention des patriotards allemands de 1806-1807, 1887)
Il avait saisi que la Russie était à l’avant-garde du mouvement révolutionnaire en Europe :
La révolution russe donnera une nouvelle impulsion au mouvement ouvrier de l’Occident… (« Postface » de « Les problèmes sociaux de la Russie », 1894)
Il avait soutenu la première organisation marxiste russe, Libération du travail, créée en exil en 1883, notamment par Vera Zassoulitch à qui Engels écrivit :
Je suis fier de savoir que parmi la jeunesse russe il y a un parti qui accepte franchement et sans ambages les grandes théories économiques et historiques de Marx… C’est un progrès qui aura sa haute importance sur le développement révolutionnaire en Russie.
Un internationaliste
Marx et Engels luttèrent toute leur vie pour la création d’une internationale. Ce furent d’abord des petites organisations : les Comités de correspondance communistes (1846-1947), la Ligue des communistes (1847-1852), la Société universelle des communistes révolutionnaires (1850).
La LdC prit bientôt un caractère plus international, en pratique parce que les membres appartenaient à des nationalités différentes, en théorie parce qu’on avait compris que, pour être victorieuse, toute révolution devait être européenne. (Engels, Quelques mots sur l’histoire de la Ligue des communistes, 21-22 septembre 1890)
L’Association internationale des travailleurs (AIT, 1864-1876) réalisa pour la première fois, de manière internationale, le passage de la classe ouvrière d’une classe en soi à une classe pour soi. Engels y fut actif après son déménagement à Londres et fut élu au conseil général de l’AIT en octobre 1870.
La révolution, c’est l’acte suprême de la politique, qui la veut dit vouloir le moyen, l’action politique, qui donne aux ouvriers l’éducation pour la révolution… Mais la politique qu’il faut faire c’est la politique ouvrière : il faut que le parti ouvrier soit constitué non comme la queue de quelque parti bourgeois mais bien en parti indépendant qui a son but, sa politique à lui. (« Discours à la conférence de l’AIT à Londres », septembre 1871)
Il polémiqua contre Bakounine et Guillaume, non seulement théoriquement mais aussi en raison de leurs pratiques sectaires de désorganisation de l’AIT, motif de leur exclusion. En 1873 notamment il écrivit sur l’insurrection espagnole qui avait eu lieu l’été, contre les anarchistes qui faisaient de la classe ouvrière un appendice du parti républicain bourgeois.
Il parlait et écrivait douze langues, en lisait une vingtaine, ce qui l’aidait à se lier avec des travailleurs de tous les pays. Cela lui permit notamment d’être correspondant de l’AIT pour l’Espagne, la Belgique, le Portugal, le Danemark et l’Italie, puis de réviser bien des traductions.
Engels joua un rôle majeur aux côtés des ouvriers conscients dans l’élaboration tactique, avec l’utilisation de toutes formes de lutte. Dans le cadre de l’AIT, il aida à la formation du parti en Allemagne, quand Bebel et Liebknecht s’émancipèrent de la bourgeoisie « libérale » et fondèrent le SDAP (Parti ouvrier social-démocrate) en 1869. Le SDAP fusionna, lors du congrès de Gotha en 1875 avec l’ADAV, fondée par Lassalle, pour fonder le SPD qui en 1877 comptait 32 000 membres et 12 députés.
Un ou deux millions de voix… en faveur d’un parti ouvrier de bonne foi, sont en réalité infiniment plus précieuses que 100 000 voix obtenues par une plate-forme représentant une parfaite doctrine. (« Lettre à Florence Kelley Wischnewetsky », 28 décembre 1886)
Que l’action l’emporte sur le verbe ne signifie pas que le programme n’a aucune importance. Engels participa activement à la mise au point de celui adopté par le SPD au congrès d’Erfurt en 1891 et combattit auparavant les « opportunistes pleurnicheurs qui ont constitué un parti dans le parti » (« Lettre à Bernstein », 5 juin 1884).
En juin 1884, quand Bernstein et Kautsky, imitant les propres inclinations et répulsions d’Engels, se plaignirent auprès de lui des pressions naissantes de toutes sortes de philistins « érudits » au sein du parti, Engels répondit que « le plus important est de ne rien concéder et, en plus, de rester absolument calme ». Alors qu’il ne gardait pas toujours un calme absolu au sens littéral du terme –au contraire, il avait l’habitude en certaines occasions de déborder de colère– il était toujours capable de s’élever au-dessus des ennuis temporaires, et de restaurer l’équilibre nécessaire entre sa conscience et ses émotions. (Trotsky, « Les lettres d’Engels à Kautsky », octobre 1935)
Il suivit attentivement l’activité militante de Laura Marx en France et de Jenny Marx en Angleterre. Il fut actif dans la préparation du 1er mai 1890 à Londres.
Le 1er mai reflète une situation claire et nette… deux camps opposés qui se distinguent fortement : d’un côté le prolétariat international, allant à la victoire sous le drapeau rouge de l’émancipation universelle, de l’autre les classes possédantes et réactionnaires de tous les pays, regroupées pour défendre leurs privilèges exploiteurs.
Engels aida Lafargue et Guesde (France), Liebknecht et Bebel (Allemagne), Vandervelde (Belgique), Hardie (Grande-Bretagne), Costa et Turati (Italie), Adler (Autriche), Nieuwenhuis, (Pays-Bas), Iglesias (Espagne), Plekhanov (Russie)… à organiser en 1889 le congrès socialiste international de Paris. Celui-ci aboutit à la création de l’Internationale ouvrière (la 2e Internationale).
Il la conseilla jusqu’à la fin de sa vie : organisation, correspondances, rencontres, polémiques contre les opportunistes (« L’opportunisme “honnête” est peut-être le plus dangereux de tous », Critique du projet de programme social-démocrate d’Erfurt, 1891). Il fut président d’honneur du 3e congrès socialiste international à Zurich en 1893 qui exclut les adversaires de toute activité politique (anarchistes) et où Rosa Luxemburg intervint à 23 ans.
Ami intime et compagnon d’idées de Marx
Le travail commun de Marx et Engels était d’une rare complémentarité. « Tu sais 1. que tout chez moi vient très tard, et 2. que je marche toujours dans tes empreintes » (Marx à Engels, 4 juillet 1864). L’offensive contre Engels se trouve la première fois chez le philosophe Mondolfo, apparaît très clairement chez Lukács, puis chez de nombreux auteurs (Coletti, Avineri, Kolakowski, Jordan, Gamble, Carver, Callinicos…) qui préfèrent éviter de s’en prendre frontalement à Marx. Certains d’entre eux attribuent, à la déviation qu’ils lui prêtent, une ouverture vers le stalinisme. On trouve en revanche des analyses sérieuses de la convergence Marx-Engels chez Mehring (Karl Marx, histoire de sa vie, 1918), Riazanov (Marx et Engels, 1922), Timpanaro (Sur le matérialisme, 1973), Novack (Polémiques de philosophie marxiste, 1978), Hunley (La Vie et l’oeuvre de Friedrich Engels, 1991), Blackledge (Friedrich Engels, 2019)…
La collaboration de ces deux amis –c’est dans ce contexte que ce mot atteint sa pleine signification !– s’étendit jusqu’à rendre impossible à quiconque de distinguer leurs travaux. (Trotsky, « Les lettres d’Engels à Kautsky », octobre 1935)
Engels poussa Marx à s’intéresser à l’économie, au communisme. Il fut le premier à établir que Marx a fait deux découvertes, la plus-value (ou survaleur) et le matérialisme historique
Charles Darwin a découvert la loi de l’évolution de la nature organique sur notre planète. Marx est celui qui découvrit la loi fondamentale et constitutive qui détermine le cours et l’évolution de l’histoire humaine. (« Allocution funèbre à l’occasion de la mort de Karl Marx », 1883)
Il mit de côté ses propres recherches pour passer des années à déchiffrer les manuscrits de Marx.
Pour mettre en ordre cet héritage, il faudra aussi pas mal travailler… mais ce travail m’est agréable je me retrouve avec mon vieil ami. (« Lettre à Johann Becker », 22 mai 1883)
Il acheva les livres II et III du Capital, seul à pouvoir en comprendre l’écriture. En 1894, il écrivait à Kautsky son désir de « se mettre dès que possible à travailler à ce livre [une biographie de Marx] sur lequel il rumine avec plaisir depuis longtemps ». Il n’a pas eu le temps de le rédiger.
Engels a survécu à Mary Burns (décédée en 1863), au communiste Wilhelm Wolff qui légua sa fortune à Marx (1864), à Lizzy Burns, la soeur de Mary qui vécut avec Engels après son décès (1878), à Jenny von Westphalen, la femme de Marx (1881), à Marx (1883), à Jenny, fille de Marx et épouse de Longuet (1883), à Helene Demuth qui fut la gouvernante de Marx puis d’Engels (1890). En 1890, Luise Ronsperger, l’ex-femme de Kautsky et l’amie de Luxemburg, s’installa chez Engels. Décédé le 5 août 1895 d’un cancer de l’oesophage contracté quelques mois plus tôt, il léga ses biens à Laura et Eleanor, les deux filles de Marx encore en vie, aux enfants de Jenny, la fille de Marx décédée, à Luise Ronsperger et à la nièce de Lizzy Burns.