Premières failles dans la Macronie
S’il y avait eu la grève générale contre les ordonnances démantelant le Code du travail, la sélection à l’université, la loi contre la SNCF, Macron aurait vite perdu de sa superbe. Il n’en a rien été, si bien que tout semblait sourire jusqu’à l’été au président et au gouvernement LREM-MoDem : conjoncture économique favorable, partis rivaux à terre, affaiblissement de l’autorité de Merkel, complicité des directions syndicales acceptant de négocier toutes les attaques contre les salariés et sabotant la résistance des travailleurs à coup de « journées d’action », de grèves intermittentes et de « marées citoyennes », démoralisation consécutive de la classe ouvrière et de la jeunesse en formation…
Cependant, en juillet, la presse révèle que le responsable de la sécurité de Macron, qui avait un bureau à l’Élysée et les clés de sa maison familiale du Touquet, a brutalisé pour son plaisir personnel des manifestants le 1er mai. En août, son ministre de l’Écologie, Hulot, démissionne après avoir avalé bien des couleuvres et, en septembre, le ministre de l’Intérieur, Collomb, annonce sa préférence pour le poste de maire de Lyon.
L’affaire Benalla n’est pas devenue « une affaire d’État » (Faure, premier secrétaire du PS, 24 juillet) ; elle n’a pas ouvert une « crise politique » (Mélenchon, chef suprême de LFI, 6 septembre) et encore moins une « très grave crise institutionnelle et politique » (Laurent, secrétaire national du PCF, 25 juillet). En effet, jusqu’à présent, Macron n’a pas déçu la grande bourgeoisie française. Bien que son parti LREM soit beaucoup plus fragile que LR, il fait le travail aussi bien, sinon mieux, que Fillon l’aurait fait.
Derrière Macron, le capital
Les observateurs internationaux voient dans la confrontation avec les employés de la SNCF qui jouissent de conditions de travail généreuses un test significatif pour mesurer la capacité du président Emmanuel Macron à réformer la France. (Laurence Boone, chef économiste de l’OCDE, Financial Times, 6 avril)
Le plus jeune président de la Ve République a poursuivi le transfert du capital au travail de la charge du financement de l’État et de la Sécurité sociale, il a augmenté la flexibilité de l’emploi et du salaire, il a instauré officiellement la sélection à l’université qui faisait rêver la classe dominante et les partis bourgeois depuis 1967, il vient de disperser un bastion des luttes sociales avec la fin du statut des cheminots, la généralisation de la concurrence dans le transport ferroviaire et l’éclatement du collectif de travail de la SNCF.
Si les véritables relations entre hauts fonctionnaires, ministres et grands patrons se déroulent loin des médias et du parlement, « l’université d’été » du Medef a livré un indice de l’état d’esprit des capitalistes français envers Macron et Philippe.
L’université d’été du Medef mardi 28 août était une ruche de patrons venue faire leur miel du discours du Premier ministre et de ses annonces en faveur de la formation. Édouard Philippe a été applaudi, mais le patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux a fait la fine bouche : « Nous préférons les preuves d’amour aux déclarations d’amour ». En revanche, dans les couloirs, les chefs d’entreprise ne boudent pas leur plaisir d’avoir un exécutif résolument pro-business. Et chacun de saluer les réformes de ces quinze derniers mois. (France-info, 29 août)
Jusqu’à présent, la classe ouvrière française n’a pas été en mesure de s’engouffrer dans les brèches ouvertes l’été dernier au sommet de l’État bourgeois pour envisager de le renverser au profit d’un gouvernement ouvrier. Elle reste désorientée par le rétablissement du capitalisme en Russie et par la trahison du PS et du PCF au pouvoir en 1981 et en 1997. Elle a payé la crise capitaliste mondiale de 2008-2009. Elle a subi recul sur recul, dont le dernier en date est la défaite douloureuse des travailleurs de la SNCF au printemps. La conjoncture est donc différente de mai 1968, quand les travailleurs ont profité de la crise politique que la révolte de la jeunesse avait ouverte en déclenchant la grève générale, en dépit de leurs directions syndicales et politiques.
Le ralentissement de l’économie
Comme le capital n’a pas été massivement détruit lors de la crise capitaliste mondiale de 2008-2009, comme la reprise économique mondiale repose essentiellement sur l’augmentation du taux d’exploitation, elle est restée limitée. Elle semble ralentir.
La croissance mondiale devrait atteindre 3,9 % en 2018 et en 2019 mais l’expansion devient moins égale, et les risques entourant les perspectives augmentent. Le rythme de l’expansion semble avoir culminé dans certains grands pays et la croissance est devenue moins synchronisée. (FMI, Perspectives de l’économie mondiale, 13 juillet)
La politique monétaire « keynésienne » prolongée (taux directeurs réduits, prêts à guichets ouverts, rachats de dette publique et privée…) n’a joué qu’un rôle mineur dans la croissance récente. En effet, dans le capitalisme, elle dépend essentiellement de l’investissement des entreprises qui est guidé par les perspectives de profit. Or, celles-ci restent globalement modérées. Par conséquent, le crédit facile des banques centrales nourrit la spéculation, en particulier sur les actions des bourses américaines. La dette privée et publique atteint des sommets. Pour conserver ou attirer les activités financières, les États leur ont laissé la bride sur le cou. Bref, tout est en place pour une nouvelle crise financière.
De plus, les mesures protectionnistes, en particulier de l’État américain, nuisent aux échanges internationaux de biens.
Le commerce continuera à croître, mais à un rythme plus modéré que ce qui était prévu antérieurement. La nouvelle prévision pour 2018 est inférieure à l’estimation de 4,4 % annoncée par l’OMC le 12 avril. L’OMC table sur une croissance de 3,9 % du volume du commerce des marchandises en 2018, qui ralentira à 3,7 % en 2019. (OMC, Communiqué de presse, 27 septembre)
La remontée des taux d’intérêt directeurs de la banque centrale étasunienne, la Réserve fédérale, attire les capitaux oisifs aux États-Unis. Plusieurs pays d’Amérique du Sud sombrent dans la dépression et l’économie turque est en situation critique.
Après l’embellie de 2017, on voit la croissance se stabiliser… Surtout, les risques dont on ne faisait que parler sont en train de se matérialiser. C’est particulièrement vrai des échanges commerciaux. D’autres risques concernent la politique, le niveau de la dette mondiale ou la vulnérabilité de pays émergents. (Laurence Boone, chef économiste de l’OCDE, Le Monde, 21 septembre)
L’économie mondiale a maintenu un rythme régulier au premier semestre 2018, mais cette dynamique devrait se ralentir… En outre, la croissance du commerce mondial s’est ralentie et les incertitudes entourant les futures relations commerciales se sont accrues. (Banque centrale européenne, Bulletin, 27 septembre)
L’INSEE révise à la baisse sa prévision de croissance du PIB pour l’année 2018 à 1,7 % contre 2,2 % en 2017 (Note de conjoncture, juin). L’inflation repart : l’indice des prix a augmenté de 2,5 % en un an (Informations rapides, 28 septembre). Une conséquence de la mollesse de la croissance est un coup de frein aux embauches.
Au deuxième trimestre 2018, les créations nettes d’emploi salarié atteignent +12 500 après +47 500 au trimestre précédent. L’emploi salarié recule de nouveau dans la fonction publique (–11 800), et ralentit dans le privé (+24 300). (INSEE, Informations rapides, 11 septembre)
La paupérisation en marche
La forme démocratique du pouvoir de la bourgeoisie oblige les candidats des partis bourgeois à passer par des élections. D’où leurs contorsions pour faire croire que leur défense du grand capital bénéficiera à terme à toute la population.
Ce que nous avons à faire, c’est de refonder un État-providence contemporain qui réponde aux risques nouveaux, aux instabilités de la société, mais qui garantisse à chacun ses droits, sa place, son émancipation, sa dignité. (Emmanuel Macron, Discours sur le plan pauvreté, 13 septembre)
Le capitalisme concentre à un pôle de la société la richesse, le prestige et le pouvoir, à l’autre la précarité, l’humiliation et la pauvreté.
Le budget de ce plan, estimé à 2 milliards d’euros par an et dont une partie correspond à des redéploiements budgétaires, doit être mis en regard de la réduction fiscale de 7 milliards pour les plus riches opérée en 2018. (Didier Gélot, économiste à la Fondation Copernic, Le Monde, 19 septembre)
Même si tous les États des pays les plus riches ont des systèmes de protection sociale, ils sont par nature incapables de supprimer la racine des inégalités : l’exploitation de la majorité par la minorité, l’expulsion d’une partie de la population de l’emploi. Quand Hollande et le PS quittent la scène, ils laissent presque 9 millions de personnes qui vivent avec 1 000 euros mensuels ou moins.
En 2016, 8,8 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire qui s’élève à 1 026 euros par mois (14,0 % de la population). (INSEE Première, 11 septembre)
Le but, évidemment dissimulé, des Macron, Trump et compagnie est d’augmenter le taux de profit, ce qui se traduit souvent par le renforcement des inégalités.
Les politiques développées sous Emmanuel Macron depuis 2017, en particulier les réformes de l’impôt sur la fortune et celles de la taxation du capital, ont initié une baisse du taux effectif de taxation des 1 % les plus riches. (Laboratoire sur les inégalités mondiales, Note thématique, 25 septembre)
Et Macron a bien l’intention de poursuivre dans cette voie.
La vidéo mise en ligne par l’Élysée, où Emmanuel Macron parle à ses collaborateurs du « pognon de dingue » dépensé en vain par les pouvoirs publics en aides sociales, est l’un des objets médiatiques les plus étranges de ces dernières années… Il y a du Trump dans cette méthode de communication. Car sur le fond, la réflexion présidentielle rejoint les préjugés les plus éculés de la bonne bourgeoisie, mis en forme sur le plan théorique par les économistes libéraux. Les aides sociales ne sont que de l’assistanat à effet pervers garanti : elles installent les pauvres dans la dépendance de l’État, les incitent à la paresse et à l’oisiveté. Alors que ces aides, dans l’immense majorité des cas vont à des gens qui ne demandent qu’à travailler mais en sont empêchés par l’état du marché de l’emploi. (Libération, 13 juin)
Même le « plan pauvreté » qui comprend quelques concessions est sur l’axe de l’incitation de tous les travailleurs, y compris ceux qui ont des problèmes de garde d’enfants, ceux qui ont des problèmes de santé, ceux qui n’ont pas de voiture, etc. à accepter tout poste, même déqualifié, à temps partiel, à durée limitée ou éloigné.
Le « revenu universel d’activité », promis pour 2020, assorti de conditions (ne pas refuser deux offres d’emploi dites « raisonnables »), risque de précariser davantage les jeunes adultes non qualifiés en les obligeant à accepter des offres d’emploi dégradées, alors que ces populations sont déjà cantonnées aux emplois les plus précaires. (Didier Gélot, Le Monde, 19 septembre)
Quelques jours après la présentation du plan pauvreté, le président s’est exprimé plus crument face à un jeune qualifié (un horticulteur) au chômage.
Si vous êtes prêt et motivé, dans l’hôtellerie, le café, la restauration, dans le bâtiment, il n’y a pas un endroit où je vais, où ils ne me disent pas qu’ils cherchent des gens. Honnêtement, hôtel, café, restaurant, je traverse la rue, je vous en trouve. (Emmanuel Macron, 18 septembre)
Tout en s’affirmant « progressiste » pour préparer les élections européennes de mai 2019 et les municipales du printemps 2020, sa pratique réelle n’est pas si éloignée de celles de Sarkozy ou des gouvernements actuels de Hongrie ou d’Italie : fermeture des frontières, destruction de camps de migrants, persécution des militants qui les aident, etc. En juin, le gouvernement Macron-Philippe-Collomb refuse comme le gouvernement italien, d’accueillir L’Aquarius, le seul bateau civil qui secoure les migrants en Méditerranée. Il récidive en septembre, refusant qu’un pays de plus de 67 millions d’habitants accueille quelques dizaines de pauvres parmi les pauvres, rescapés du naufrage. Cette politique aboutit non à la fin de l’immigration, mais à la mort de 1 700 personnes depuis le début de l’année en Méditerranée et à la création en Europe d’un prolétariat sans droits surexploité.
Attaques en préparation
Macron veut désindexer en 2019 les pensions et nombre d’allocations de l’indice des prix ; autrement dit, ceux qui les touchent vont perdre en pouvoir d’achat. Il veut supprimer 1 800 postes à l’Éducation nationale. Il prépare de nouvelles attaques contre les chômeurs et le droit à la retraite, contre les fonctionnaires.
Le ralentissement de la croissance économique et l’intensification des rivalités internationales poussent plus que jamais l’État à disloquer ce qui reste des anciennes conquêtes sociales et à tailler encore dans les dépenses publiques qui profitent aux travailleurs, tout en poursuivant les coûteuses interventions militaires à l’étranger et en renforçant sans fin l’appareil répressif déjà pléthorique.
Quatre priorités… Protéger physiquement les Français : les moyens alloués aux armées, à la justice et à l’intérieur seront grandement renforcés. (Gouvernement français, Présentation du projet de budget, 24 septembre)
Le social-impérialisme dévoie
L’Union européenne dirigée par les États allemand et français pousse à une telle orientation mais n’en est pas la source. Des trois grandes centrales, la CFDT est la plus en faveur de l’Europe capitaliste, FO est la plus anti-UE. L’appareil de FO est si imprégné de chauvinisme (et infiltré par LR et le RN) qu’il refuse de défendre les travailleurs étrangers. Celui de la CGT le fait partiellement tout en y mêlant des considérants nationalistes.
Ce sont des travailleurs et des travailleuses de France avant tout ! Des pans entiers de l’économie française ne fonctionneraient pas sans eux. (Philippe Martinez, Le Monde, 27 septembre)
Les partis ouvriers traditionnels sont affaiblis (pour la France: le PS et le PCF). Pour les supplanter, certains de leurs dirigeants ou des organisations qui se réclamaient de la révolution dans les années 1960 et 1970 montent de nouveaux partis dont les liens avec la classe ouvrière sont bien plus faibles (ex : LFI, NPA, Générations, POID…). Ils prétendent tous que le capitalisme n’est pas en cause. Seule la politique économique du gouvernement serait défaillante. Elle aboutirait à une mauvaise répartition des richesses et un excès de la finance qui nuisent à l’investissement et à l’emploi. Selon eux, ce n’est pas la bourgeoisie française qui dicte cette orientation. Les vieux partis ouvriers bourgeois (PS, PCF) et les nouveaux (LFI, Générations) cherchent d’autres coupables : soit la pure illusion des gouvernants victimes du « dogme libéral », soit l’influence pernicieuse de l’étranger (l’Union européenne, l’Allemagne…), soit les deux à la fois comme le chef suprême de la France insoumise (LFI).
Faire passer des trains privés et des trains publics est absurde. Ça n’a de sens que dans la tête malade de gens illuminés par l’idéologie libérale. (Jean-Luc Mélenchon, BFMTV, 22 mars)
Voici qu’émerge l’idée inepte de partager la dissuasion nucléaire française avec l’Allemagne… Cette option est tout à fait contraire à la doctrine française de la dissuasion. (Jean-Luc Mélenchon, Le Monde, 24 septembre)
Les Britanniques ont voté pour reprendre le contrôle de leur propre existence que l’UE leur interdit. Ils ne se sont pas trompés. (Jean-Luc Mélenchon, Discours au congrès du Parti travailliste, 24 septembre)
Qu’a gagné la classe ouvrière britannique au Non au référendum décidé par le Parti conservateur ? Rien, et ceux d’origine étrangère y ont plutôt perdu.
Brexit, Trump, Salvini, Le Pen
La parenté est évidente entre le « populisme de gauche » (Syriza grecque, LFI française, Podemos espagnol, PSUV vénézuélien, Aufstehen allemand…) et le « populisme de droite » (l’aile Trump du Parti républicain, FN-RN, AfD allemand, SD suédois, PVV néerlandais…).
Nous souhaitons remplacer l’Union européenne par… l’Union des Nations Européennes… dégagées de la tutelle des oligarchies financières. Une nouvelle organisation de l’Europe… mise à mal, notamment, par les traités de libre-échange et l’ultralibéralisme pillard. (Marine Le Pen, Libero, 2 juillet)
Les démagogues anti-oligarchie et anti-UE, quand ils accèdent au gouvernement de leur pays, défendent le capital national et leur État bourgeois, comme le prouvent le passé de Mélenchon (qui fut ministre de Jospin de 2000 à 2002), la conduite du gouvernement de la Slovaquie de 2006 à 2010 (alliance du SMER issu du stalinisme et du parti fascisant SNS), la politique de l’actuel gouvernement de la Grèce (alliance des staliniens défroqués de Syriza et du parti fascisant ANEL), celle du gouvernement d’Italie (alliance entre le parti « populiste » M5S et le parti fascisant Lega), celle du gouvernement de l’Autriche (la coalition du parti chrétien-démocrate ÖVP et du parti fascisant FPÖ)…
Les partis d’origine ouvrière et les appareils syndicaux ne s’en prennent plus au capitalisme ni à leur propre bourgeoisie. Le chômage de masse, la précarité, la paupérisation de larges couches des salariés et des travailleurs indépendants, la détérioration des services publics engendrent un rejet des sommets de la société. Cette révolte est, faute de perspective prolétarienne révolutionnaire et internationaliste, captée en partie par les partis xénophobes et fascisants qui en rendent responsables les étrangers, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables.
Le détournement social-chauvin du mécontentement populaire afin de protéger la classe dominante, les trahisons des partis ouvriers traditionnels quand ils accèdent au pouvoir (PS, PCF), la cogestion des grandes entreprises par les bureaucrates syndicaux (CGT, CFDT, FO, SUD…), leur négociation des attaques par les gouvernements successifs, leur sabotage des luttes avec l’aide des partis « réformistes », leur défense commune de « la nation » et de « la République », les votes des uns et des autres pour Chirac ou Macron aggravent la crise idéologique et politique du mouvement ouvrier. Tout cela divise la classe ouvrière, facilite la désignation de boucs émissaires (UE, migrants, bénéficiaires d’aides sociales…) par les partis bourgeois, qu’ils soient post-gaullistes (LR, DlF, UPR…), fascisants (FN-RN, LP…) ou fascistes (GI, AF…).
Pendant tout un temps, la montée de la réaction s’est manifestée par des succès électoraux des partis à droite de l’échiquier de la démocratie bourgeoise : FN, UKIP, etc. Plus inquiétant encore pour la classe ouvrière, les groupes fascistes se montrent capables, pour la première fois depuis les années 1920-1930, de prendre la tête de manifestations de rue de petits-bourgeois et de déclassés de se livrer à des pogroms en Grèce, en Italie, en Allemagne…
Cesser d’aider Macron
Le gouvernement Macron-Philippe prépare de nouvelles offensives contre les fonctionnaires, la santé publique, les retraites, les chômeurs… en comptant sur la capitulation des chefs syndicaux.
Le Haut-Commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye et son équipe consultent depuis mi-avril les partenaires sociaux sous forme de réunions bilatérales… Les partenaires sociaux ont reçu ce mardi soir leur convocation pour la première multilatérale sur la réforme des retraites. Ce sera le mercredi 10 octobre. (Le Figaro, 12 septembre)
Les partenaires sociaux savent désormais ce que le gouvernement attend d’eux pour réformer l’assurance-chômage : entre 3 et 3,9 milliards d’euros d’économies supplémentaires en trois ans et un nouveau paramétrage du régime, destiné à favoriser les embauches pérennes. Cette feuille de route, quasi définitive, a été dévoilée, vendredi 21 septembre. (Le Monde, 23 septembre)
Pour que Macron cesse de se pavaner et ne puisse mener les prochaines attaques que les responsables syndicaux cessent de discuter de celles-ci, à commencer par le plan Macron-Philippe-Pénicaud contre les chômeurs ! Il faut le leur imposer dans les réunions syndicales, les assemblées générales, les congrès syndicaux. Pour cela, il faut s’organiser.
Les travailleuses et les travailleurs ne peuvent pas compter sur LO, le NPA, LFI, le PCF, Générations ou le PS pour exiger des syndicats qu’ils rompent avec Macron. Tous ces partis ont couvert la négociation par les bureaucraties syndicales du plan contre les cheminots et leur refus d’appeler à la grève générale. Il faut organiser dans tous les syndicats une fraction pour une CGT unifiée, lutte de classe et démocratique. Il faut construire un nouveau parti ouvrier qui soit révolutionnaire, internationaliste et démocratique.
Pour LFI, le PS, Générations, le PCF, les travailleurs doivent mettre tous leurs espoirs dans les urnes et se plier patiemment au calendrier politique de la Ve République : « Mettre un bulletin France insoumise, c’est une manière de leur dire : Dégagez ! Allez au diable ! » (Mélenchon, Discours, 26 août). Mélenchon, après avoir été sénateur et ministre du PS, avait proclamé en 2008 le Parti de gauche contre toute alliance avec le PS. Cela n’empêchait pas le PdG de constituer le Front de gauche avec le groupuscule bourgeois R&S et de le proposer à des partis bourgeois comme le MRC ou EELV. Maintenant, il prétend unifier toute l’opposition à Macron, PS inclus, jusqu’à inviter des députés LR à son université d’été.
Jean-Luc Mélenchon rassembleur. Le député LFI a fait sa rentrée politique jeudi avec un entretien à la Provence dans lequel il prédit que « Macron va se trouver face à une digue d’une longueur à laquelle il ne s’attend pas ». Comprendre : LFI est prête à faire front avec toutes les oppositions – Rassemblement national excepté – au gouvernement. (Libération, 23 août)
S’unir à EELV, au MRC, au PRG, à LR, c’est soumettre la classe ouvrière à la petite bourgeoisie et à la bourgeoisie, c’est aider Macron. Faire des « propositions » au gouvernement LREM-MoDem et accepter de discuter ses plans, c’est trahir les salariés, c’est aider Macron.
La classe ouvrière doit affirmer son indépendance pour pouvoir défendre ses intérêts les plus élémentaires, infliger une défaite à Macron et ouvrir une perspective à tous les exploités et opprimés : l’abrogation de toutes les lois réactionnaires, un emploi pour tous, des organes élus par les travailleurs pour qu’ils puissent contrôler leur mouvement, l’autodéfense des luttes, un gouvernement des travailleurs émanant des comités élus… Le premier pas est de se battre, dans les syndicats et les assemblées générales, pour :
À bas les projets de budget de l’État et de la Sécu !
Boycott par les syndicats de la « feuille de route » contre les chômeurs ! Boycott syndical des réunions contre les retraites ! Départ du Conseil d’orientation des retraites ! Boycott des réunions contre les fonctionnaires ! Départ du conseil d’administration de la SNCF !
Front unique de toutes les organisations ouvrières (partis et syndicats) contre les projets de Macron !
29 septembre 2018