2012 -2016 : la promesse du recrutement dans l’Éducation nationale
En 2012, la promesse électorale de rétablir une partie des 80 000 postes supprimés par Sarkozy dans l’Éducation nationale avait séduit nombre d’enseignants.
Officiellement, les deux gouvernements Hollande successifs ont embauché plus de 46 000 personnes dans l’Éducation nationale. Ce nombre inclut les postes du privé payés sur fonds publics : 750 supplémentaires rien qu’en 2016 (Projet de loi des finances Éducation 2016, p. 15). Alors que le nombre d’élèves augmente, la plupart des nouveaux professeurs sont encore en formation et les départs en retraite sont toujours importants. De nombreuses classes restent surchargées (en moyenne de 25 élèves par classe) et, en particulier dans les quartiers populaires, les absents ne sont pas remplacés.
Tous les postes supprimés par Sarkozy ne seront pas rétablis, notamment ceux de l’enseignement spécialisé : les réseaux d’aides aux élèves en difficulté (RASED) qui comprennent des psychologues scolaires et des professeurs formés pour les élèves ayant une difficulté ou un handicap. Pour faire bonne figure, la loi Peillon instaure des postes « fléchés » par la hiérarchie pour des classes ouvertes aux enfants de moins de 3 ans ainsi que des postes supplémentaires pour que deux professeurs enseignent dans des classes du CP au CM2. Mais ces postes ne sont pas généralisés dans les écoles ; seuls 2 000 postes « moins de 3 ans » ont été créés et 3 200 postes « Plus de maîtres que de classes » existent en 2016. A titre de comparaison, ce sont plus de 5 000 postes « Rased » qui avaient été supprimés par Sarkozy…
2013 : la loi Peillon allonge le temps de présence des travailleurs et creuse les inégalités entre élèves
Dès l’automne 2012, le gouvernement PS-EELV-PRG et le ministre Peillon présentent leur projet de loi « de refondation de l’école ». Il s’en prend, au prétexte de favoriser le rythme des élèves, aux conditions de travail des professeurs et des employés municipaux concernés tout en aggravant les inégalités entre communes. Les directions syndicales (FSU, CFDT, UNSA, CGT, FO, SUD…), loin de se prononcer pour la grève générale, dispersent la combativité des travailleurs des écoles maternelles et élémentaires dans plusieurs « journées d’action » avec le soutien du PCF, du PdG, du NPA, de LO, du POI, d’AL… En même temps, les chefs syndicaux continuent à collaborer avec le ministère, participent à l’élaboration du projet de loi puis à sa mise en application au sein d’un Comité de suivi (toujours en vigueur).
Si bien qu’à la rentrée 2014, la loi Hollande-Ayrault-Peillon impose l’ouverture des écoles le mercredi matin. La pause méridienne est rallongée (12 h – 14 h). Dans les faits, pour les élèves, il n’y a pas raccourcissement de la journée mais plus de garderie. Au passage, cette nouvelle organisation scolaire accentue les inégalités entre enfants suivant la richesse de la commune, suivant la capacité des parents à financer des activités périscolaires. Elle augmente la pression pour que les femmes renoncent à travailler ou continuent à subir temps partiels et salaires réduits.
Les municipalités s’immiscent davantage dans les écoles, via l’organisation des temps périscolaires rallongés et leur encadrement « petite enfance » co-pilote l’accueil des enfants de deux ans. Pour les travailleurs de l’enseignement, les enseignants, les ATSEM, cela signifie plus de temps à l’école sans augmentation de salaire. En plus, la loi permettrait de réduire les vacances scolaires puisque « la durée de l’année scolaire… pourra évoluer au cours des prochaines années ».
Mais ce n’est pas tout. Prétendant « rétablir la formation des enseignants » que Sarkozy avait saccagée, la loi instaure les « écoles supérieures du professorat de l’éducation » (ESPE). Totalement intégrées au cursus universitaire, les ESPE ne sont, en fait, que des licences et masters pour ceux qui se destinent à l’enseignement. Exit les Instituts de formation des maîtres, qui avaient déjà –mal– remplacé pédagogiquement les écoles normales qui formaient réellement au métier les enseignants du primaire et qui versaient un salaire. Dorénavant, les étudiants en licence font des stages gratuits ; ; la formation en master consiste à être en stage avec une rémunération minable puis, une fois le concours acquis en fin de master 1, le titulaire stagiaire payé 1 400 euros de salaire lors de l’année master 2 doit valider son bac+5 et tout en étant dans l’obligation d’obtenir sa titularisation comme professeur.
Malgré le chômage de masse qui devrait pousser les étudiants vers la « sécurité de l’emploi », la vocation n’a pas été au rendez-vous ; peu de candidats à bac+5 pour des salaires de misère (un professeur débute à 1 400 euros nets). Depuis 2013, les jurys de concours de recrutement n’ont pas octroyé tous les postes d’enseignants faute de candidats ayant atteint les notes minimales, notamment en mathématiques et en allemand dans les collèges et les lycées…
2014 : l’abrogation des décrets protecteurs de 1950
Des décrets protégeaient depuis 1950 les professeurs certifiés et agrégés des collèges et des lycées en définissant leurs tâches comme de l’enseignement, à raison de respectivement 18 heures et 15 heures hebdomadaires devant les élèves. Les partis bourgeois et le patronat ont toujours dénoncé ces statuts car beaucoup trop protecteurs à leur goût. Tous vantaient l’Église catholique qui imposait dans ses 8 000 établissements de multiples tâches aux professeurs. Sarkozy comme Royal disaient vouloir faire travailler les enseignants 35 heures par semaine…
Tous les dirigeants syndicaux de l’enseignement secondaire (FSU, UNSA, FO, CFDT, Solidaires…) ont cautionné la mise en cause des décrets en discutant de novembre 2013 à mars 2014 avec Peillon.
Le ministère a envoyé aux syndicats les projets de décret remplaçant les textes de 1950 sur le statut. Les revendications syndicales ne portent que sur des détails. Ainsi le Snes reconnait des avantages au nouveau système imaginé par le ministre. (Café pédagogique, 21 mars 2014)
Grâce au soutien des bureaucrates du SE-UNSA, du SNES-FSU et du SGEN-CFDT qui ont présenté le projet du gouvernement PS-EELV-PRG comme des avancées, celui-ci a abrogé les décrets de 1950 le 25 mars 2014 [voir Révolution communiste n° 5]. Le nouveau décret élargit les tâches que la hiérarchie (inspecteurs, principaux et proviseurs) peut imposer aux enseignants : rencontres avec les parents, suivi des élèves, réunions de travail, élaboration de multiples « projets »… Et les chefs d’établissement auront de quoi rémunérer les professeurs les plus zélés, les plus complices.
Voilà comment les enseignants du secondaire sont moins protégés dans leurs conditions de travail et toujours un peu plus en compétition entre eux… La responsabilité des directions syndicales est immense car elles ont toutes cautionné la mise en cause des décrets de 1950, qu’elles en aient accepté le projet final ou non.
Inutile de dire que le successeur de Peillon au ministère de l’Éducation nationale, Benoit Hamon, qui se présente aujourd’hui comme « frondeur » du PS, s’est bien gardé de revenir sur la loi contre les travailleurs du primaire et sur le décret contre les professeurs du secondaire.
2014 : la précarisation de l’éducation prioritaire
Le statut de ZEP donnait depuis 1981, au bénéfice des élèves des quartiers pauvres, des moyens supplémentaires : moins d’élèves par classe, primes aux professeurs, financements supplémentaires pour les lycées, les collèges et les écoles de la zone.
Peillon a ouvert en janvier 2014 des discussions avec les représentants des syndicats de l’enseignement sur les « zones d’éducation prioritaire » (ZEP). Najat Valleau-Belkacem, qui succède à Hamon, préside au remplacement des ZEP par les « réseaux d’éducation prioritaire » (REP) en décembre 2014, après un an de négociations avec les syndicats. Présentée par le gouvernement –et par toutes les directions syndicales– comme un progrès pour les plus démunis, leur modification a plusieurs objectifs.
Tout d’abord, les REP sont provisoires : pour 4 ans renouvelables. Avec Hollande, les ZEP deviennent précaires et à durée déterminée alors que la pauvreté, la désindustrialisation, le chômage, la discrimination envers les immigrés et leurs descendants s’accroissent.
Ensuite, la réforme permet de sélectionner les REP. Les lycées sont sortis des REP. En outre, il y a au sein des REP, des REP ordinaires et des REP+. Le nombre d’établissements en REP doit rester constant tout en divisant les professeurs et les parents : ceux qui entrent en REP, restent REP, ceux qui sont classés REP+, ceux qui en sortent, soit 200 collèges et les écoles qui leur sont rattachés perdent des moyens non négligeables.
Enfin, la mutation confère des pouvoirs aux principaux des collèges sur les écoles de leur zone scolaire.
2015 : la casse du collège unique
Pendant 3 ans, les gouvernements Hollande-Ayrault et Hollande-Valls ont associé toutes les directions syndicales (FSU, CFDT, UNSA, Solidaires, FGAF, FO, CGT…) pour attaquer le « collège unique » [voir Révolution communiste n° 11].
En dépit de tous les réactionnaires (dont le syndicat SNALC-FGAF), le collège propose depuis 1975 à tous les jeunes de moins de 16 ans une formation identique selon les mêmes programmes et avec des professeurs de même qualification, du moins officiellement. Hollande et sa ministre, prenant cyniquement appui sur le nombre d’élèves en situation d’échec scolaire, ont fait adopter des décrets qui liquident une partie des enseignements.
Alors que les professeurs du secondaire se rebiffent à leur tour contre cette attaque qui prolonge celle contre l’enseignement primaire, les chefs syndicaux les piègent avec plusieurs grèves limitées à 24 heures au cours du printemps 2015… sans jamais demander le retrait du projet. Le lendemain de la « journée d’action » du 19 mai, le gouvernement publie les décrets. Les élèves auront moins de cours, les professeurs auront plus de travail…
L’année prochaine, toutes les classes auront vingt-six heures de cours par semaine (hors option). C’est plus qu’en 5e aujourd’hui (+1 heure), mais c’est moins qu’en 6e (-1 heure), en 4e (-2 heures) et en 3e (-2 h 30). Au final, si l’on compare les grilles horaires réglementaires avant et après la réforme, on peut considérer que les élèves vont perdre 162 heures sur l’ensemble de leur scolarité au collège (soit un peu plus de six semaines de classe). La perte sera encore plus importante pour les élèves qui suivent des options. En effet, l’année prochaine, les sections européennes seront supprimées ; le latin deviendra un « enseignement de complément » – sorte d’option « light » – dans les collèges qui décideront de le maintenir ; les classes bilangues ne seront maintenues qu’en 6e et seulement pour les élèves qui ont suivi une autre langue que l’anglais au primaire. Enfin, s’agissant des heures de cours uniquement, dédiées aux disciplines, elles seraient, selon les opposants à la réforme, « grignotées » au profit de deux nouveaux dispositifs introduits par la réforme : l’accompagnement personnalisé et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Ces deux dispositifs ne venant pas s’ajouter aux cours classiques, mais étant « pris » sur leurs heures. (Le Monde, 8 février 2016)
L’accompagnement personnalisé doit prendre 3 heures par semaine pour les 6e (puis 1 à 2 heures après) ; les EPI, outre leur organisation autonome et locale donc un enseignement qui n’est plus national, occupent jusqu’à 3 heures par semaine de la 5e à la 3e. Grâce à l’abrogation des décrets de 1950, les réunions entre professeurs seront imposées…
Sur le terrain, les professeurs se débrouillent, collège par collège. La concurrence dont bénéficient les établissements catholiques se généralise. Par exemple, le ministère contraint tous les collèges de Paris intra-muros à maintenir leurs classes bi-langues dès la 6e alors que la ministre a certifié qu’elles disparaitraient partout au titre de l’égalité ! Le collège sauce Hollande-Valls-Vallaud-Belkacem, loin de combattre les inégalités, ne fait que les développer.
Une école de plus en plus asservie au capital
En vérité, l’école de Hollande et ce malgré les tonnes de mensonges et les discours syndicaux mielleux, est destinée à rendre service aux véritables maîtres de la société actuelle : les capitalistes. D’une part, elle doit coûter le moins possible car la bourgeoisie refuse de payer pour l’enseignement public ; d’autre part, celui-ci doit être limité aux besoins des exploiteurs.
Les mesures de la « refondation de l’école » procèdent des mêmes principes qui ont produit le projet de loi El Khomri.
Ce n’est pas un gros mot que de dire que le monde professionnel est là aussi pour dire quels sont ses besoins, et qu’on adapte nos diplômes pour mieux outiller nos jeunes. Ce qui ne veut pas dire qu’on va devenir l’école de PSA, qui n’est qu’un partenaire parmi d’autres – je m’apprête d’ailleurs à signer une autre convention avec Renault. Le grand avantage de nos formations professionnelles, on ne le dit pas assez, c’est qu’elles développent chez nos jeunes la maîtrise des gestes professionnels (en cela, bénéficier des dernières techniques mises au point par nos grandes entreprises est évidemment un plus) mais aussi une culture générale (avec un programme qui n’est le fait que de la seule Éducation nationale), indispensable dans un monde professionnel en constante évolution. (Najat Valleau-Belkacem, Les Échos, 2 décembre 2015)
Clairement dévoilés ici, les véritables buts du gouvernement ne sont pas de réduire les inégalités et de fournir les moyens de s’épanouir au plus grand nombre, mais de limiter le coût de la formation des exploités de demain tout en assurant la meilleure possible aux enfants des capitalistes, de la petite bourgeoisie urbaine et des enfants de ministres PS.
Cela passe par le maintien des filières de haute formation pour les enfants des actionnaires (notamment l’ENA qui produit des ministres et des grands patrons), des cadres dirigeants, des professions libérales mais moins de qualification pour les enfants du prolétariat, plus de travail pour les enseignants. En plus de nouveaux « campus des métiers » mettant en lien formateurs professionnels, patrons et lycées professionnels autour de filières régionales et spécifiques, la ministre veut aussi rapprocher les collégiens de « l’entreprise » (en fait leurs propriétaires et dirigeants).
Pour mieux faire connaître la voie professionnelle, des jumelages seront aussi mis en place entre collèges, lycées professionnels et CFA (centres de formation d’apprentis) dès la rentrée 2016. « L’idée est que les enseignants de collège connaissent mieux la voie professionnelle et puissent bien en parler à leurs élèves », a précisé Najat Vallaud-Belkacem. (L’Étudiant, 29 janvier 2016)
Les filières « pro » (soit 30 % des lycéens), « technologique » (plus de 20 % des lycéens) et l’apprentissage (plus de 400 000 jeunes chaque année) sont majoritairement constituées d’enfants d’ouvriers, d’employés, de petits paysans et de chômeurs.
Certes, la filière générale ouvre une possible poursuite de scolarité post-bac mais d’abord pour les étudiants pouvant financer leur inscription de plus en plus coûteuse (même dans les universités publiques), leur logement, leur transport… La grande majorité des étudiants vivent donc de petits boulots en plus d’être contraints aux stages mal ou non payés [voir Révolution communiste n° 14]. Ce qui explique la rage et la détermination de leurs luttes contre la réforme des lycées en 2005, la loi Villepin et son contrat première embauche (CPE) en 2006 et aujourd’hui contre le projet de loi contre le droit du travail.
L’ordre bourgeois inculqué aux enfants
Pour prévenir la révolte récurrente de la jeunesse, Valls et Hollande veulent aussi faire jouer aux enseignants le rôle de curés républicains, amoureux de la police et toujours prêts à faire entonner La Marseillaise. Valls ne s’en cache pas.
Refonder notre école, c’est aussi lui permettre de former, plus qu’elle ne le fait aujourd’hui, des citoyens éclairés, conscients de leur appartenance à une même Nation. (Valls, Journées de la refondation de l’école, 3 mai 2016)
Les partis sociaux-patriotes (PCF, PS, PdG) et toutes les directions syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires inclus) ont soutenu l’union nationale avec le Medef, LR et le gouvernement en janvier 2015 et en novembre 2015. Profitant de l’état d’urgence, le gouvernement a sommé l’école et ses enseignants d’embrigader les enfants, de les mouler à la soumission à l’ordre établi alors que les inégalités se creusent, que le chômage de masse et la discrimination ravagent des petites villes et des quartiers.
Depuis la rentrée 2015, de nouveaux programmes de l’enseignement moral et citoyen (EMC) sont en vigueur, une heure par semaine dans le primaire et une demi-heure au collège, afin de « transmettre les valeurs de la République ». Pour y aider, 5 000 intervenants de la « réserve citoyenne » peuvent venir en classe pour promouvoir la loi et le respect de la République, celle-là même qui matraque et arrête les manifestants contre le projet de loi El Khomri.
Dernier étage de l’offensive contre le droit aux études : les nouveaux programmes de l’école, du cycle 1 (maternelle dès 3 ans) au cycle 4 (collège en classe de 3e à 15 ans), s’appliqueront en septembre 2016. De fait, ces programmes s’adossent au « socle de compétences et connaissances » instaurés en 2005 par Chirac et Fillon. Il s’inscrit dans les attaques que subit également l’enseignement supérieur visant à l’adapter aux besoins à court terme des patrons.
De même que le projet de loi travail du gouvernement ramène au 19e siècle, l’esprit des programmes est réactionnaire : justifier la nation, inculquer le chauvinisme. Les programmes d’histoire du primaire présenteront la préhistoire uniquement sous la forme des traces existantes en France ; exit le berceau africain de toute l’humanité, les innombrables migrations des premiers humains. En 5e, il n’est plus question de présenter une partie de l’histoire africaine ; seule une entrée avec la colonisation française est maintenant proposée. La présentation de l’islam disparait du programme de l’école primaire (cycle 3) pour n’être plus enseignée qu’en 5e (cycle 4) avec la « chrétienté du 6e au 13e siècle », soit le bon temps des croisades… Enfin, exit aussi le chapitre de 3e explicatif sur les migrations au 20e siècle.
Pour une école émancipée et émancipatrice
Une éducation du peuple par l’État est chose absolument condamnable. Déterminer par une loi générale les ressources des écoles primaires, les aptitudes exigées du personnel enseignant, les disciplines enseignées, etc., et surveiller, à l’aide d’inspecteurs d’État, l’exécution de ces prescriptions légales, c’est absolument autre chose que de faire de l’État l’éducateur du peuple ! Bien plus, il faut proscrire de l’école au même titre toute influence du gouvernement et de l’Église. (Marx, Critique du programme de Gotha, 1875)
Les gouvernements Hollande ont prolongé l’offensive de Sarkozy contre le droit aux études. À l’école comme ailleurs, Hollande est au service des capitalistes. Mais son gouvernement ne peut le faire depuis 4 ans qu’avec l’aide précieuse et décisive des directions syndicales qui participent à l’élaboration, à la négociation et l’application des mesures et lois gouvernementales tandis que les parlementaires du PS les ratifient de même qu’ils reconduisent chaque année les budgets publics pour les établissements aux mains de l’Église catholique. Ce financement d’une institution qui a combattu la science durant des siècles, persécuté les minorités religieuses et athées, servi la monarchie, justifié la colonisation, soutenu le maréchal Pétain de 1940 à 1944, qui a mobilisé contre le mariage homosexuel en 2013, est scandaleux. Il l’est d’autant plus que ce sont les travailleurs salariés qui supportent le plus la fiscalité [voir Révolution communiste n° 8] alors que les « ouvriers » et les « employés » sont les catégories sociaux-professionnelles qui, selon l’INSEE, ont le moins de pratique religieuse, toutes religions confondues : 10 % à la fin du 20e siècle (Insee Première, mars 1998, il n’y a pas de statistique plus récente).
Le gouvernement Hollande-Valls et la majorité parlementaire PS-PRG octroient plus de 7,5 milliards d’euros chaque année à l’Église catholique.
La puissance publique finance sa propre concurrence ! C’est ce qui se passe depuis plus de 50 ans avec la Loi Debré de 1959 qui organise le financement public des écoles privées sous contrat d’association avec l’État. 97 % des établissements privés ont contracté depuis pour profiter de la manne : paiement de leurs enseignants et de leur formation sur le budget de l’Éducation nationale, paiement de l’ensemble de leurs frais pédagogiques et de fonctionnement (entretien, chauffage, électricité, mobilier…) par les collectivités territoriales et dans certains cas participation aux investissements immobiliers. Il en coûte 7,081 milliards d’euros au budget Éducation pour 2013 auxquels il faut ajouter 558 millions au budget de l’Agriculture… tandis que 500 communes sont encore sans école publique. (Mediapart, 3 avril 2013)
Les travailleuses et les travailleurs de l’enseignement ont besoin, comme les autres salariés, d’une seule centrale syndicale, une CGT unifiée de lutte de classe avec droit de tendance. Ils ont besoin de syndicats non sur la base de métiers mais qui organisent tous les travailleurs d’un établissement et d’une zone d’enseignement public.
Le rassemblement des communistes dans une organisation révolutionnaire, pour construire l’internationale et le parti ouvriers révolutionnaires, est nécessaire pour unifier et transformer le syndicalisme. Actuellement, le PS gouverne pour le capital contre le travail ; le PCF et le PdG défendent la police et structurent les bureaucraties syndicales de participation et de « journées d’action », le PCF et le PdG défendent « la France » et détournent le mécontentement populaire contre l’étranger (« Bruxelles », l’Allemagne, les États-Unis…). LO, le NPA, les deux POI, AL… béquillent les bureaucraties syndicales ; quand ils codirigent ou sont à la tête d’un syndicat de l’enseignement (FSU, SUD Éducation, SNFOLC…), celui-ci accepte le « dialogue social », les « journées d’action », les « reconductibles » site par site. Aucun courant de la FSU, même ceux qui dénoncent le « dialogue social » et le « syndicalisme de proposition » (Émancipation, Front unique), ne se prononce pour la grève générale contre le projet de loi travail.
Si la classe ouvrière empêche le projet de loi travail, les conditions de la lutte des travailleurs de l’enseignement public et des travailleurs en formation seront plus favorables. Au sein des syndicats, dans les assemblées générales, par des comités élus, des coordinations locales, régionales et nationale, les enseignants, les autres travailleurs de l’enseignement, les étudiants, les lycéens doivent s’organiser pour interdire toute collaboration avec le gouvernement, imposer la grève générale pour défaire Hollande.
- augmentation des salaires !
- rétablissement des réseaux d’aide aux élèves et de tous les postes supprimés !
- abrogation des lois et décrets réactionnaires infligés à l’école depuis 2012 et auparavant !
- baisse des effectifs dans les classes !
- titularisation des précaires !
- aucune expulsion d’élève étranger !
- expropriation de l’enseignement privé !
Mais le droit à la formation à la fois pratique et théorique, la liberté pédagogique, la liberté de la recherche, leur financement, ne seront garantis que si la société est libérée, par une révolution sociale, du profit, du grand capital et du militarisme.
19 mai 2016