Palestine : aux côtés du peuple palestinien en toute clarté !

Sur le territoire de la Palestine historique, il n’y a qu’un État colonisateur (Israël) et qu’un peuple opprimé (les Palestiniens). La classe ouvrière, en France et dans le monde, ne peut pas être neutre.

11 octobre, Jabalia, au nord de la bande de Gaza / photo Anas Al-Shareef


Gaza : 2 millions d’otages, victimes du terrorisme à grande échelle

Le terme « terroriste », qui servait déjà en France à désigner la résistance organisée par le parti bourgeois FLN algérien de 1954 à 1962, n’a rien de scientifique. Les sionistes ont fondé Israël en recourant à des attentats, généralement contre des civils, et les services secrets israéliens fomentent régulièrement des attentats en Iran qui ne gênent pas les « démocrates ».

Pour l’État bourgeois, pour les grands médias bourgeois, pour les partis bourgeois suivis par une bonne partie des « réformistes » (PS, PCF), Israël est légitime et le Hamas, qui dirige la bande de Gaza depuis les élections de 2006, est « terroriste » puisqu’il a ciblé des civils et qu’il a pris des otages. Par contre, l’opération militaire d’Israël serait de la légitime défense.

Je suis venu vous dire la solidarité de la France dans la lutte contre notre ennemi commun, le terrorisme ; rappeler devant tous le droit légitime d’Israël de se défendre face à ceux qui oeuvrent à sa destruction. (Emmanuel Macron, Tel-Aviv, 24 octobre)

Des pressions multiples s’exercent sur ceux qui osent dire que l’opération militaire du Hamas du 7 octobre est, aussi, une expression de la résistance palestinienne : associations de défense des Palestiniens comme Collectif Palestine Vaincra, NPA-AC et même LFI, le parti ouvrier bourgeois de Mélenchon, confortablement installé à l’Assemblée nationale grâce, en partie, aux voix des habitants des quartiers populaires et multiethniques. Personne ne peut croire un instant que Poutou ou Mélenchon sont des antisémites ! Ce sont des opportunistes qui refusent de dire la vérité aux travailleurs : le Hamas est une expression de la résistance palestinienne dévoyée et qui mène à l’impasse.

Pour autant, il n’y a pas symétrie entre deux formes de « terrorismes » qui mettrait l’État sioniste et le Hamas sur le même plan comme le prétend LO :

Dans les deux camps, les politiques nationalistes ont contribué à porter au pouvoir les plus extrémistes. En Israël, Netanyahou gouverne désormais avec les ultranationalistes religieux et racistes. Son gouvernement a intensifié la colonisation de la Cisjordanie, aggravé les mesures d’apartheid et encouragé les milices d’extrême droite à terroriser les Palestiniens. À cette terreur d’État, le Hamas a opposé une politique qui mène les Palestiniens dans l’impasse. (Lutte ouvrière, 9 octobre)

30 jours après l’attaque du Hamas, appuyée par le Djihad, le FPLP et le FDLP, qui a causé 1 200 morts en Israël, pour la plupart des civils massacrés sauvagement parce que juifs (ou censés l’être : plusieurs dizaines de travailleurs immigrés ont été tués), le nombre de morts palestiniens dans la bande de Gaza dépasse aujourd’hui les 13 000, et sans doute y en a-t-il plus encore, ensevelis sous les décombres des immeubles bombardés.

Comme il fallait s’y attendre, les radars, les supercalculateurs, les missiles de haute technologie, les blindés, les drones, les avions militaires font plus de victimes que les roquettes, les deux-roues et les véhicules utilitaires, les armes de poing.

Netanyahou qui dirige un cabinet de guerre d’union nationale l’a dit et répété, il s’agit d’éradiquer le Hamas, ce qui a l’appui de Biden et de Macron. En réalité, il n’est pas possible d’éradiquer la résistance palestinienne, quelle que soit sa forme (hier les nationalistes regroupés dans l’OLP, aujourd’hui les islamistes du Hamas et du Djihad), tant qu’il y aura des Palestiniens. Le déluge de bombes qui s’abat sans discontinuer sur la population gazaouie montre qu’il s’agit de débarrasser des Palestiniens de la bande de Gaza.

Netanyahou a déclaré plusieurs fois qu’un cessez-le-feu était hors de question tant que tous les otages détenus par le Hamas n’auront pas été libérés. Mais en affamant, assoiffant, privant de soins et de secours toute la population de Gaza, en la tenant enfermée à la merci des bombes dans une étroite bande de territoire, avec la complicité de l’Égypte, Israël prend plus de deux millions de Palestiniens en otages et les maltraite de manière ignoble. Les hôpitaux de la ville de Gaza font l’objet de bombardements incessants, selon Médecins sans frontières (11 novembre).

Qu’est-ce que le Hamas ?

Le Hamas est né en 1973 comme une branche des Frères musulmans à Gaza, dissimulé en organisation caritative (Mujamma) que le Fatah encourage en 1979 contre le FPLP qui se dit alors marxiste. Il constitue depuis 1987 un parti de la bourgeoisie palestinienne qui se distingue du Fatah par son caractère clérical et antisémite. Sa charte de 1988, jamais annulée, préconise de « planter l’étendard de Dieu sur toute parcelle de la Palestine » (article 6), elle fait même référence au Protocole des sages de Sion .

Le plan sioniste n’a pas de limite ; après la Palestine, ils ambitionnent de s’étendre du Nil à l’Euphrate… et ainsi de suite. Leur plan se trouve dans les Protocoles des sages de Sion. (Charte du Hamas, 1988, art. 32)

Les protocoles étaient un faux édité par la police du tsar en 1903 pour faire des Juifs des boucs émissaires et favoriser les pogroms. Il fut recyclé par les fascistes allemands dès 1919 pour expliquer à la fois la défaite allemande et la révolution russe. Comme les nazis, le Hamas est ouvertement anticommuniste, réactionnaire et complotiste.

Grâce à l’argent, les Juifs ont fait éclater des révolutions dans différentes régions du monde pour réaliser leurs intérêts et les faire fructifier. Ce sont eux qui étaient derrière la révolution française, la révolution communiste. (art. 22)

Les parrains du Hamas sont d’un côté la dictature des mollahs en Iran et de l’autre les émirs du Qatar. Le Hamas ne doit son emprise sur la bande de Gaza (et une influence considérable en Cisjordanie) qu’à la corruption et à la servilité du Fatah, à la tête de l’OLP panarabe, qui participait à la lutte armée dans les années 1960-1970 en s’appuyant sur l’Égypte, la Syrie et l’URSS, qui a signé les accords d’Oslo sous la pression des États-Unis en 1993 et qui est devenu l’Autorité palestinienne sur ce que l’occupant israélien veut bien lui laisser de la Cisjordanie.

Israël n’a jamais hésité à se servir du Hamas pour parvenir à ses fins. Au début des années 1970, Israël, qui gère la bande de Gaza, facilite les activités des Frères musulmans du Mujamma pour affaiblir le FPLP et le Fatah. La complicité entre Israël et les Frères entraine la scission du Djihad islamique.

Alors que les formations nationalistes sont saignées à blanc, le cheikh Yassine tisse patiemment la toile d’une structure en réseaux, le Mujamma, qui développe dans toute la bande de Gaza ses activités piétistes et sociales (soutien scolaire, animation sportive, voire organisation de noces collectives pour réduire le cout de la cérémonie). Le 7 septembre 1973, le gouverneur israélien assiste significativement à l’inauguration de la mosquée de Jawrat al-Cham. (Jean-Pierre Filiu, « Les fondements historiques du Hamas à Gaza », Vingtième Siècle n° 115, 2012)

Le Mujamma-Hamas n’hésite pas à recourir aux attaques physiques contre les cafés, les débits de boissons et les militants panarabes (Fatah, FPLP, FDLP) qui ne sont pas dans les prisons israéliennes.

Le fasciste Smotrich, aujourd’hui ministre, déclarait en 2015 : « L’Autorité palestinienne est notre fardeau, le Hamas est notre chance ». Le premier ministre lui-même poursuivait un peu plus tard dans la même veine pour justifier son accord aux transferts de fonds du Qatar au Hamas :

Quiconque veut contrecarrer l’établissement d’un État palestinien doit renforcer le Hamas et transférer de l’argent au Hamas, cela fait partie de notre stratégie. (Benyamin Netanyahou à la réunion des députés du Likoud, 11 mars 2019)

Le meilleur ennemi du gouvernement Nétanyahou

Quand RP commente le 7 octobre :« Ces opérations ont réussi à conquérir des colonies israéliennes. Tout cela est très alarmant pour Israël… C’est aussi un coup pour le moral des secteurs sionistes et des colons d’Israël. Ce samedi la force morale se trouve clairement du côté du peuple palestinien », quand le NPA-AC écrit dans son communiqué du 7 octobre : « Cette fois-ci, l’offensive est du côté de la résistance », ils se trompent lourdement et ils fourvoient les travailleurs palestiniens.

Le Hamas, par sa nature de classe (bourgeoise) et son choix politique (miser sur la religion) ne peut en appeler aux travailleurs de la région et encore moins aux travailleurs hébreux. Il rêve de diriger un véritable État et il est forcé pour cela d’affronter Israël.

Avec cette offensive, il veut incarner l’aspiration nationale des Palestiniens (dont une minorité est chrétienne), supplanter définitivement le Fatah (qui représente officiellement les Palestiniens aux yeux de la « communauté internationale »), éradiquer le FDLP et le FPLP (deux organisations anticléricales qui conservent un appui dans des camps de réfugiés).

La dictature islamiste iranienne a donné son feu vert au Hamas parce qu’elle veut desserrer l’embargo américain, empêcher les bombardements israéliens sur ses troupes en Syrie et les attentats israéliens sur son territoire, affaiblir les monarchies du Golfe qui sont ses ennemies dans la région. Et de fait, l’Arabie saoudite a dû suspendre les pourparlers entamés avec Israël.

Pour arracher un véritable territoire, forcément au détriment de la bourgeoisie israélienne, le gouvernement de Gaza compte sur l’appui des régimes cléricaux du Proche-Orient et il tente de mobiliser les masses musulmanes de la région et du monde entier, d’où le nom qu’il a donné à son opération du 7 octobre, Déluge d’Al-Aqsa, la mosquée de Jérusalem où Israël a multiplié les provocations ces dernières années.

Et de fait, les manifestations sont massives en Jordanie, au Liban, en Égypte, en Syrie, en Irak, en Turquie…

Mais ni la monarchie du Qatar, dont le prolétariat est sans droit car très majoritairement étranger, ni le Hezbollah de plus en plus intégré à l’État bourgeois libanais corrompu, ni le régime clérical iranien qui opprime ses minorités nationales et fait face à une révolte des femmes opprimées, ni le gouvernement islamiste turc qui opprime les Kurdes ne se soucient des Palestiniens.

Le gouvernement de guerre sans les ministres fascistes applique leur politique

Il est avéré que le gouvernement israélien avait été alerté sur les préparatifs d’une attaque du Hamas. Il n’en aurait pas tenu compte, soit par négligence, soit parce que trop occupé par la répression en Cisjordanie. Car le programme de l’aile ultrareligieuse et fasciste qui représente la moitié du gouvernement Netanyahou est parfaitement clair, il exprime sans fard le projet sioniste, à savoir qu’Israël a tous les droits sur toute la Palestine.

L’État d’Israël a été fondé par la force de la croyance en la justice de l’histoire biblique, et par la force de l’accord des nations du monde – à un moment historique rare – pour réaliser la vision et restituer la Terre d’Israël au peuple d’Israël. (Bezalel Smotrich, Un seul espoir, 2017)

Dans ces conditions, il faut éliminer les Palestiniens qui résistent, en chasser un grand nombre et priver ceux qui resteraient de tous droits politiques, puisque « Israël est l’État-nation, non de tous ses citoyens, mais du peuple juif seulement » (Netanyahou, 10 mars 2019).

Au bout du compte, ce qui se déroule aujourd’hui correspond en grande partie aux objectifs de l’aile la plus réactionnaire de la bourgeoisie israélienne. L’opposition à la réforme de la Cour suprême s’est tue, remplacée par l’union sacrée pour soutenir la guerre sur la bande de Gaza. Sans doute Netanyahou devra-t-il rendre des comptes après la bataille et sera-t-il débarqué. Mais ce qui lui est reproché avant tout, ce n’est pas d’avoir accéléré la colonisation et de la répression des Palestiniens, mais c’est de n’avoir pas su protéger Israël des attaques. À n’en pas douter, si Netanyahou tombe, ce sera au profit de plus va-t’en guerre que lui.

Conformément aux objectifs du gouvernement israélien, les exactions, assassinats et la répression contre les Palestiniens par les colons et l’armée se multiplient en Cisjordanie. Depuis le 7 octobre, 200 Palestiniens y ont été tués.

Selon Netanyahou, Israël devra assurer la sécurité générale de la bande de Gaza après la fin des opérations militaires pour un temps indéterminé. Quelles possibilités auront encore les Palestiniens pour continuer à vivre dans la bande de Gaza qui est déjà en grande partie un champ de ruines ? Pour beaucoup, un nouvel exil sera le seul horizon. Déjà les colons, qui en avaient été évacués en 2005, préparent les plans de leur réinstallation.

La fiction des deux États de l’ONU

Dès le 7 octobre, les principaux impérialismes occidentaux n’ont pas seulement condamné les massacres du Hamas, ils ont surtout assuré Israël de leur soutien indéfectible en lui laissant carte blanche. Puis ils ont demandé hypocritement que les civils palestiniens soient épargnés dans la mesure du possible au fur et à mesure que s’amplifiaient les bombardements sur la bande de Gaza. Plus récemment, des demandes de « pauses humanitaires » et même de « cessez-le feu » ont complété ces précautions diplomatiques. Mais Netanyahou s’en moque, il ne s’agit que de pressions décoratives pour tenter de calmer les oppositions aux bombardements de Gaza qui grandissent aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France… tandis que la présence de deux porte-avions américains avec leur flotte au large des côtes israéliennes ainsi que l’annonce d’une nouvelle aide américaine de plus de 14 milliards de dollars d’armement sont autrement plus convaincantes.

La duperie du plan de partage de la Palestine – ONU en 1947 et accords d’Oslo en 1993 – entérinant la partition de la Palestine et prévoyant un hypothétique État palestinien réduit à la portion congrue est précipitamment ressortie par tous les impérialismes comme la perspective politique qu’il faudrait remettre sur les rails. Il y a longtemps que la bourgeoisie israélienne a enterré cette chimère, si elle y a jamais cru, qui lui a simplement servi à domestiquer le Fatah dans un rôle d’auxiliaire de police en Cisjordanie en même temps que de paravent derrière lequel elle a développé la colonisation.

L’État israélien a renforcé son caractère théocratique, colonisateur et raciste à l’ombre des accords d’Oslo comme il s’est renforcé ensuite grâce aux accords d’Abraham de 2020, conclus eux aussi sous l’égide de l’impérialisme américain. Il peut désormais passer à un sionisme ouvertement conquérant, même s’il doit bousculer quelques conventions internationales qui ne l’embarrassent guère. Les accords d’Oslo ont conduit les Palestiniens dans une impasse tragique. Tous les dirigeants impérialistes le savent parfaitement.

Il faut avant tout un programme politique révolutionnaire pour ouvrir une perspective au peuple palestinien : libération de tous les combattants arabes, unité de la Palestine, égalité de tous les Palestiniens (juifs et arabes, hommes et femmes, croyants et athées), séparation de l’État et des religions, droit des travailleurs hébreux dans ces conditions de vivre en Palestine, gouvernement des travailleurs, expropriation des groupes capitalistes.

Il faut en finir avec le mythe de la constitution d’un État palestinien dans les quelques lambeaux de territoires morcelés qu’Israël n’a pas encore annexés, totalement inviable et qui consacre la colonisation de la Palestine, dénie le droit au retour à des centaines de milliers de Palestiniens parqués dans des camps.

Il faut en finir avec la soumission à la bourgeoisie palestinienne, que ce soit son aile Fatah compradore de l’État israélien et de l’État américain ou son aile Hamas cléricale, misogyne et antisémite financée par les ayatollahs et les émirs.

Toute solution démocratique passe par le démantèlement préalable de l’État sioniste, un État d’apartheid, belliciste et instrument des puissances impérialistes occidentales au Proche-Orient.

La seule force sociale capable d’établir une Palestine unifiée, démocratique, laïque où pourront vivre tous ceux qui le veulent à égalité de droits est la classe ouvrière de la région (arabe, juive, turque, kurde, perse…) qui abolira les frontières héritées de la colonisation et instaurera la fédération socialiste du Proche-Orient.

La voix de la France ?

Il est d’autant plus insupportable de voir les partis réformistes de tout poil continuer de soutenir à bout de bras les accords d’Oslo et la politique de l’impérialisme français.

Ces accords firent naitre un immense espoir de paix entre Palestinien·nes et Israélien·nes. Ils permirent de faire reconnaitre par l’ensemble de la communauté internationale, l’existence du peuple palestinien. Les efforts et la ténacité de Yasser Arafat avaient enfin rendu leur visibilité à la Palestine et aux Palestinien·nes. (PCF, Communiqué, 19 septembre)

Une solution à deux États, c’est ce que nous défendons avec force. (Olivier Faure au Conseil national du PS, 17 octobre)

Nous devons renouer avec la tradition diplomatique qui a existé de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, une voix de la France indépendante… Je note que les trois intervenants se sont exprimés pour la solution des deux États et considèrent qu’il faut continuer à la promouvoir pour la paix. Nous partageons ces positions. Comment pouvons-nous relancer ce processus de paix pour aboutir à la solution des deux États ? (Mathilde Panot, LFI, à la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, 11 octobre)

Macron s’est rendu, comme les autres dirigeants impérialistes, en Israël le 24 octobre pour apporter tout son soutien. Puis il a rendu visite au chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour lui indiquer combien il restait soucieux de préserver la vie des civils palestiniens de Gaza. Macron n’a pas exigé de Netanyahou un cessez-le-feu immédiat. Mais il a dépêché, à grand renfort de communication, le Tonnerre, navire porte-hélicoptère, censé venir en aide aux blessés des hôpitaux de Gaza. Lequel Tonnerre, qui ne pourrait au mieux accueillir que « deux blessés très graves et deux blessés graves » selon son commandant, fait depuis des ronds dans l’eau. Au bal des hypocrites, Macron tient son rang. Il va même jusqu’à convoquer une conférence humanitaire internationale le 9 novembre soi-disant pour tenter de débloquer l’aide vers Gaza. Mais comment cette aide humanitaire indispensable pourrait-elle parvenir sans exiger du gouvernement israélien un cessez-le-feu immédiat ?

Autour du président de la bourgeoisie française, pourtant, on serre les rangs. Le 12 octobre il réunissait tous les chefs des partis représentés à l’Assemblée nationale pour « évoquer la situation à la suite des actes terroristes commis en Israël ». LFI, le PCF et le PS n’ont pas manqué à l’appel.

Cette unité républicaine est une force pour nous-mêmes, pour notre cohésion et pour pouvoir porter la voix singulière et universelle qu’est celle de la France. (Emmanuel Macron, Allocution télévisée, 12 octobre)

Or la « voix de la France », et c’est une constante de l’impérialisme français, c’est le soutien à l’État sioniste, tout en ménageant ses entrées auprès des régimes arabes réactionnaires. La « voix de la France », c’est par exemple le soutien scientifique et technique apporté à Israël en 1956-1957 pour se doter de l’arme nucléaire.

C’est parce que Macron bénéficie de cette « unité républicaine » qu’il peut pousser son avantage, que son ministre Darmanin tente de faire interdire les manifestations en défense des Palestiniens, qu’à l’amalgame récurrent assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme s’ajoute aujourd’hui celui identifiant le soutien à la cause palestinienne au soutien au terrorisme islamique. Ainsi le responsable de l’UD CGT du Nord a-t-il été arrêté pour « apologie du terrorisme » le 20 octobre à la suite d’un tract intitulé « La fin de l’occupation est la condition de la paix en Palestine ». Ainsi, le directeur de publication du journal l’Anticapitaliste du NPA AC est-il convoqué devant la police judiciaire en vue d’une enquête préliminaire pour « apologie publique d’un acte de terrorisme ». Ainsi une proposition de loi vient-elle d’être déposée au Sénat pour criminaliser l’antisionisme : toute critique publique de l’existence de l’État d’Israël ou « injure » envers l’État d’Israël pourrait être passible de 5 ans de prison !

Les actes antisémites qui se multiplient en France depuis le 7 octobre sont évidemment abjects. Ils n’ont rien à faire ni de près ni de loin avec un quelconque soutien à la cause palestinienne, au contraire. Les Juifs ne sont pas plus responsables des bombardements de Gaza que les musulmans des assassinats de dessinateurs et de professeurs. Car la question n’est pas de dresser les Arabes contre les Juifs ni les Juifs contre les Arabes, mais elle est celle du combat contre le sionisme. Les étudiants juifs qui manifestent aux États-Unis pour l’arrêt immédiat des bombardements sur Gaza avec des pancartes « Pas en notre nom » le montrent parfaitement. Et ils sont applaudis dans les manifestations en défense des Palestiniens en France !

Macron avait publiquement déclaré en 2017, en compagnie de Netanyahou, lors du 75e anniversaire de la rafle du Vel d’hiv : « Nous ne cèderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme ». Aujourd’hui, il se saisit de l’occasion pour lancer une nouvelle opération d’union nationale en faisant convoquer une « marche citoyenne contre l’antisémitisme » dimanche 12 novembre. Derrière Braun-Pivet, Larcher et Borne ont donc défilé deux partis issus du mouvement ouvrier (PS, PCF) avec tous les partis bourgeois (EELV, Renaissance, LR…). Même le RN s’est invité : s’il a été fondé par des racistes anti-juifs et anti-arabes, il soutient fermement Israël. PS et PCF s’insurgent de sa présence et veulent dresser un « cordon républicain ». LFI ne s’y joint pas pour cette seule raison. Sinon, ça ne dérange personne de défiler bras dessus bras dessous avec les partis bourgeois, sous couvert de lutter contre l’antisémitisme ?

La collaboration de classes a abouti hier à la défaite sur les retraites et à la démoralisation des travailleurs, la collaboration de classe, si elle se poursuit, va aboutir ici à plus de persécution des migrants (117 lois depuis 1945), au militarisme (dépenses militaires, espionnage croissant de la population), là-bas à la poursuite des massacres et de la colonisation.

Unité de toutes les organisations ouvrières, syndicats et partis, en solidarité avec le peuple palestinien :

  • Arrêt immédiat de l’agression militaire israélienne contre Gaza !
  • Liberté de manifester !
  • Aucune poursuite judiciaire contre le NPA-AC, contre Palestine vaincra… !
  • Libération de Georges Abdallah, résistant palestinien enfermé dans une prison française depuis 1984 !
  • Protection des manifestations en défense des Palestiniens et des réunions d’information sur la Palestine contre les nervis fascistes (Betar, LDJ, GUD, AF…) !
  • Pas une arme pour Israël !

9 novembre 2023