La situation à Mayotte est le fruit des manœuvres et barbouzeries de l’impérialisme français qui avait réussi en 1974 à maintenir l’ile dans le giron français alors que l’immense majorité des trois autres de l’archipel des Comores votait pour l’indépendance. Depuis, Mayotte, devenue 101e département français, souffre d’une misère et d’un sous-développement endémique, ce qui est le cadet des soucis de l’impérialisme français qui ne s’intéresse avant tout qu’à la position géostratégique que lui confère la possession de Mayotte. Incapable de fournir à la population de Mayotte des conditions décentes d’existence, l’impérialisme français fait des migrants comoriens qui fuient une misère plus grande encore les responsables de la situation dans l’ile.
Déjà, en 2016, une grève générale de 15 jours pour l’égalité des droits avec la métropole avait paralysé Mayotte. C’est donc aussi clairement contre cette mobilisation que se dresse aujourd’hui l’opération de Macron et Darmanin qui porte le nom de Wambushu signifiant « reprise » en mahorais. Opération totalement soutenue par les deux députés LR et LIOT de Mayotte, ce qui montre bien que l’entente cordiale entre les tenants de la réaction est toujours possible. Alors qu’il s’agit à Mayotte d’une attaque d’une ampleur sans précédent contre la partie la plus faible de la classe ouvrière qui en préfigure d’autres et qui ne concerne pas seulement cette ile, les réactions sont extrêmement limitées, pour ne pas dire inexistantes.
Le groupe LFI-NUPES n’aura de cesse de répéter qu’il faut agir sur les causes de l’immigration. S’attaquer aux migrants, aux précaires et aux vulnérables comme le fait le gouvernement est inhumain, cruel et le signe d’une grande faiblesse politique. (LFI, communiqué, 11 avril)
La CGT, la FSU et Solidaires appellent le gouvernement à arrêter toutes les mesures répressives. Ce qu’il faut à Mayotte c’est l’égalité des droits (y compris pour les étrangers) et d’accès aux services publics et de réels moyens pour la santé, l’éducation et le logement pour l’ensemble de la population. (Communiqué, 21 avril)
Le gouvernement et son préfet aux ordres sur place se heurtent toutefois à deux difficultés. D’une part le gouvernement des Comores refuse pour le moment d’accueillir les expulsés et interdit aux bateaux de les débarquer. Le RN s’engouffre dans la brèche ouverte par Darmanin en défense de ce qu’il reste des colonies :
Les déclarations du gouvernement comorien ne peuvent être mises sous le tapis et appellent à une réaction des plus fermes […] Le gouvernement français doit réagir pour soutenir nos compatriotes mahorais et rappeler aux Comores que le drapeau tricolore continuera de flotter au-dessus de Mayotte. (RN, communiqué, 13 avril)
D’autre part, le tribunal administratif saisi en référé vient de suspendre les destructions des logements et abris plus ou moins précaires qui devaient commencer le 25 avril au matin dans le bidonville appelé Talus 2 du quartier de Majicavo de Mamoudzou car même des personnes en situation régulière vivant là auraient été impactées sans qu’aucune solution de relogement n’ait été réellement prévue ! Évidemment, le préfet fait appel de cette décision et le gouvernement confirme sa volonté d’aboutir :
Une action difficile mais extrêmement résolue. Ce qui met en danger la population c’est l’insalubrité, l’insécurité et la non-reconnaissance du droit de propriété. (Darmanin, Twitter, 25 avril)
Seule la mobilisation de toute la classe ouvrière, à Mayotte comme en métropole, peut arrêter cette honteuse chasse aux pauvres et aux migrants. À bas l’opération Wambushu à Mayotte ! Front unique ouvrier pour interdire les expulsions ! Des papiers pour tous et toutes ! Égalité des droits avec la métropole ! Toutes les organisations des travailleurs et des opprimés doivent appeler ensemble à des manifestations dans tout le pays pour arrêter les flics de Macron et Darmanin.