Contre la répression en Indonésie

Le Groupe marxiste internationaliste apporte son soutien aux travailleurs et jeunes manifestants réprimés par l’État indonésien. Lors des manifestations d’aout et septembre 2025, la police a fait au moins 10 morts, des centaines de blessés et arrêté plus de 5 400 manifestants. Fin septembre, plus de 600 étaient toujours en prison. Cette vague de répression fait suite à de nombreuses manifestations populaires contre la corruption qui secouent ce pays de 283 millions d’habitants.


Après le coup d’État de l’armée, des islamistes et de la CIA de 1965 (sous un président du Parti démocrate) et le massacre de centaines de milliers de communistes et Chinois, l’Indonésie a subi jusqu’en 1998 la dictature du sanguinaire général Suharto.

Depuis 1999, les présidents sont élus. Ils sont tous bourgeois et cléricaux (l’islam est religion d’État).

Aujourd’hui, les travailleurs et les jeunes (la moitié de la population a moins de 30 ans) subissent le travail au noir (pour 70 %) et le chômage. En février et mars 2025, un puissant mouvement étudiant a affronté la politique d’austérité du président élu en 2024, Probato Subianto. Gendre de Suharto, cet ancien officier massacreur au Timor-Oriental est un multimillionnaire. Ancien ministre de la défense, il s’appuie sur la collaboration de classes des principales directions syndicales du pays et sur l’armée. L’une des revendications des étudiants est d’ailleurs le rejet de son projet de loi facilitant la reconversion des militaires dans les emplois civils.

Mi-aout, des centaines de milliers de travailleurs et de jeunes sont descendus dans la rue car l’indemnité mensuelle de logement des députés, votée au parlement, est de 3 075 $, soit 10 fois le salaire minimum. Des nombreux bâtiments officiels ont été pris d’assaut ainsi que des villas de députés ou de ministres.

Faute d’un parti révolutionnaire, la classe ouvrière est sans parti pour combattre le pouvoir et la classe capitaliste. Le PKI (Parti communiste indonésien) reste interdit. Le Partai Solidaritas Indonesia (Parti de la solidarité indonésienne), malgré son logo (le poing et la rose), est un parti purement et simplement bourgeois. Le Partai Buruh (Parti travailliste) est différent car il est fondé en 2021 par une coalition syndicale. Il est dirigé par Said Iqbal un dirigeant du syndicat des métallurgistes. Ancien élu d’un parti réactionnaire islamiste Iqbal a fait campagne pour Probato en 2014 et 2019. En ne se présentant pas lors de l’élection présidentielle de 2024, le Partai Buruh prouvé son inutilité. Son chef, rhabillé depuis en représentant syndical, a pu inviter le nouveau président au meeting du 1er mai 2025.

Pour fonder un véritable parti ouvrier de masse, l’avant-garde des travailleurs a besoin de se regrouper sur le programme de la révolution permanente, pour fonder un parti ouvrier de type bolchevik : imposer toutes les libertés démocratiques, défendre les revendications des travailleurs et des femmes rejeter toute collaboration politique et syndicale avec les capitalistes et leur gouvernement, séparer la religion de l’État, forger une centrale syndicale unique, s’autoorganiser et assurer l’autodéfense pour défaire le gouvernement Probato par la grève générale, par la constitution de conseils de délégués élus dans tous les lieux de travail, de vie et d’études.

De l’Indonésie aux Etats-Unis, en passant par la Palestine, Madagascar, le Maroc ou la Turquie, les militants du mouvement ouvrier sont molestés et arrêtés. Nombre de militants ouvriers, syndicalistes et révolutionnaires qui ont participé activement aux grandes manifestations de 2025 sont toujours en prison. C’est le cas de 44 militants se réclamant de l’anarchisme détenus dans la caserne paramilitaire de Java occidental à Bandung. Ils ont lancé un appel « Étoile du Chaos » pour rompre leur isolement carcéral.

Nous sommes à leur côté et exigeons la libération de tous les prisonniers politiques et l’arrêt de toute poursuite. Nous nous adressons à toutes les organisations de jeunesse et du mouvement ouvrier pour qu’elles participent au combat pour les défendre.

5 novembre 2025