Atelier réformisme ou révolution
Dans l’atelier d’environ trente personnes, la conférencière ne mentionne jamais la crise mondiale de direction du prolétariat, le manque d’une internationale dans la tradition du bolchévisme, ce qui laisse aux bureaucraties syndicales et aux partis « réformistes » les mains libres pour défendre le capitalisme, comme lors de la défense ses retraites voici un an.
Pourtant, l’absence d’une direction révolutionnaire et la trahison des agences de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière sont pour beaucoup dans le développement des partis cléricaux, xénophobes et fascisants dans le monde entier. En face, rien à part les vieux ou nouveaux réformistes (type LFI en France) avec des politiques très éloignées des besoins des travailleurs.
Il faut construire le parti déterminé et délimité qui permettrait à la classe ouvrière de peser et de se préparer à prendre le pouvoir. Il fonctionnerait selon le centralisme démocratique, le droit de tendance et de fraction, la démocratie ouvrière. Il aurait pour axe la dictature du prolétariat, il avancerait un programme réellement communiste et internationaliste pour aller au socialisme. C’est dans ce but, construire un parti communiste internationaliste, que le Groupe marxiste internationaliste a demandé en avril 2023 à entrer au NPA comme courant, à égalité de droits et devoirs avec les autres courants du NPA.
La discussion se poursuit sur les élections européennes, après le refus de LO d’une liste commune et le rejet (prévisible, voir Révolution permanente sur la conférence de Milan, 2023, p. 4) de Lotta comunista de s’associer en Italie à la campagne. Contre l’UE et contre le chauvinisme, il est indispensable d’avancer le mot d’ordre des États-Unis socialistes d’Europe.
Un intervenant souligne que le fascisme n’est pas imminent en France. C’est vrai, mais il faut répondre à la montée électorale du RN et de Reconquête, ainsi qu’à l’agressivité des groupes fascistes qu’elle encourage, pas seulement à Lyon. Contre eux et face à la violence policière, il faut défendre les grèves, les manifestations, les locaux, les meetings avec des services d’ordre et des milices ouvrières. C’est une des tâches d’un parti communiste révolutionnaire d’y aider.
Atelier Palestine
Devant une petite trentaine de participants, le rapport introductif revient sur les conditions de la naissance et du développement du sionisme jusqu’à la situation actuelle. Des éléments justes, mais une présentation fausse des accords d’Oslo, décrits comme une sorte d’aboutissement pour le nationalisme palestinien qui serait ainsi parvenu à constituer un État, tout en soulignant ensuite les aspects très limités de cet État qui reste largement sous contrôle israélien. La soumission de la direction de l’OLP à l’impérialisme et sa trahison du combat des Palestiniens est gommée. Avec pour conséquence que la percée du Hamas ensuite est expliquée uniquement par le soutien que lui a apporté l’État sioniste, et non pas par la combinaison du rejet de la politique de l’OLP par une partie des masses palestiniennes et les manœuvres de l’État sioniste.
Les accords d’Oslo n’étaient en rien un aboutissement ni même un début de solution pour le peuple palestinien, mais une trahison, contrairement à ce qu’avaient expliqué et ce qu’expliquent encore tous les partis réformistes. En Palestine, il faut un parti révolutionnaire pour avancer la perspective, non pas de deux États, mais du démantèlement, de la destruction de l’État sioniste, condition indispensable pour ouvrir la voie à une seule Palestine, laïque, démocratique, multiethnique, même si cette perspective est aujourd’hui extrêmement minoritaire, surtout dans le prolétariat juif. Cette perspective, seul le prolétariat peut la réaliser en même temps qu’il combat pour un État de Palestine socialiste avec le but de rassembler les prolétariats des autres pays, Jordanie, Liban, Syrie, etc. dans les États-Unis socialistes du Proche-Orient. Tant que l’État sioniste n’aura pas été démantelé, il n’y aura pas de paix pour les Palestiniens, c’est la seule voie possible.
Un des rares « anciens » présents intervient alors pour expliquer que cela n’a plus de sens d’asséner de tels mots d’ordre, à moins de se prendre pour le Messie, et qu’il faut au contraire laisser les masses décider elles-mêmes de quelle solution doit être trouvée, un État ou deux États, au fur et à mesure de leur mouvement. Il faut donc comprendre que si les masses peuvent trouver toutes seules les mots d’ordre justes pour avancer jusqu’à la victoire, premièrement c’est que l’influence des forces bourgeoises qui combattent en leur sein est nulle ou négligeable et deuxièmement qu’il est donc parfaitement inutile de construire un parti révolutionnaire !
Un membre de LO intervient ensuite pour reprocher au NPA-R de ne pas se démarquer suffisamment du nationalisme palestinien. Il renvoie dos à dos le nationalisme israélien et le nationalisme palestinien et conclut que seul le prolétariat réalisant le socialisme et les États-Unis socialistes du Proche-Orient pourra régler la question et décider s’il faut un seul ou deux États. C’est la position traditionnelle de LO qui défend l’existence de l’État d’Israël, efface la contradiction fondamentale entre l’État colon d’un côté et le peuple colonisé de l’autre au nom de l’unité du prolétariat juif et du prolétariat palestinien.
Mais cette unité ne peut se réaliser que si le prolétariat juif combat lui-même pour démanteler son État colon, oppresseur des Palestiniens, et non pour le préserver au nom d’un sionisme de « gauche » car le sionisme est incompatible par nature avec les droits des Palestiniens.
Pour le rapporteur, se pencher aujourd’hui sur la question d’un seul ou deux États, c’est comme de discuter du sexe des anges. Il prétend que la perspective d’un seul État n’est pas si minoritaire en Israël puisqu’elle est défendue par la gauche socialiste israélienne, descendante du courant socialiste des kibboutz ! Comme si le Parti travailliste israélien n’avait pas fondé Israël, comme s’il n’était pas réduit à presque rien depuis plusieurs années.
Le conférencier termine en affirmant que les masses décideront elles-mêmes quelle solution est la meilleure. Mais à quoi bon militer au NPA, si les masses trouvent toutes seules toutes les solutions ? À quoi bon un parti et un programme ?