C’était une militante syndicale infatigable, malgré le poids des trahisons des directions, apprécie par ses camarades. C’était notre camarade à qui nous rendons hommage.
Elle va nous manquer à tous. D’abord parce que c’était une battante. Personne ici n’a besoin d’être d’accord en totalité ou en partie seulement avec les engagements politiques de Marie Noëlle pour l’avoir appréciée, pour avoir aimé travailler, rire et échanger avec elle. Elle n’a d’ailleurs jamais fait un préalable de ses opinions. Mais lui rendre hommage c’est rappeler d’abord que Marie-Noëlle a été toute sa vie d’adulte une militante révolutionnaire, communiste au sens de la Commune de Paris, au sens de la révolution russe et non de ce qu’en ont fait Staline, ses disciples et avatars. Marie Noëlle ne croyait ni au ciel ni à l’au-delà, elle pensait que ce sont les hommes qui font leur vie comme ils font leur propre histoire, certes dans des conditions qui leur sont imposées la plupart du temps, mais en dernière analyse, elle savait que la vie personnelle comme l’histoire commune dépendent de ce que font les hommes ou bien ne font pas.
C’est pourquoi Marie-Noëlle ne subissait pas sa vie, elle en était l’actrice, elle ne se satisfaisait pas des situations qui la révoltaient, elle se battait, elle ne croyait pas au socialisme, elle se battait pour le socialisme. Pas seulement parce que le capitalisme est un système fondé sur l’exploitation du travail, pas seulement parce qu’il accroit les inégalités, mais plus fondamentalement parce que ce système a fait son temps, et que son maintien ne peut qu’entrainer périodiquement le retour des crises, des régressions sociales et politiques, du nationalisme, des guerres et de la barbarie sous toutes ses formes, à quoi il faut ajouter aujourd’hui l’enfer climatique qui vient. Marie-Noëlle portait et défendait cette conception du monde la plus élevée, pour elle il n’y a qu’une seule planète, une seule humanité et elle combattait pour en finir avec le capitalisme, et non pas pour essayer vainement de le réformer, pour que la coopération universelle remplace définitivement la concurrence universelle, pour en finir avec les frontières, pour que la recherche de la satisfaction des besoins de l’humanité par les producteurs eux-mêmes remplace enfin la recherche du profit, qu’elle libère l’humanité de la gabegie et de la surproduction imbécile. Oui, Marie-Noëlle avait cet idéal qui la rattachait profondément aux exigences de notre temps. Ce n’était pas une révolutionnaire de salon, elle était des distributions de tracts, des manifestations, des réunions avec son syndicat, elle se battait pour les petites choses comme pour les grandes. Qu’il suffise, pour clore cet aspect, de citer la motion qu’elle présentait à ses camarades de la section CGT des pompiers du Rhône de manière quasi prémonitoire le 17 janvier dernier alors que s’engageait la bataille en défense des retraites :
« Ni les journées d’action à répétition, ni les « temps forts », ni les actions qui s’inscrivent dans la durée ne permettront le retrait, le gouvernement n’en a rien à faire, il attend, comme chaque fois, le lendemain que tout rentre dans l’ordre, ce qui conduit à la défaite comme dans les précédentes batailles de 2003, 2010, 2013. Pour gagner la question n’est pas de durer le plus longtemps possible, mais de taper le plus fort possible tous ensemble pour gagner le plus vite possible, et pour cela le mot d’ordre doit être : Grève générale jusqu’au retrait. La Confédération de la CGT doit appeler immédiatement à la Grève générale jusqu’au retrait du projet. » Motion votée à l’unanimité des présents.
Marie-Noëlle avait bien raison, et ses camarades qui ont voté avec elle, mais, comme vous l’avez remarqué, les directions des syndicats se sont bien gardé d’appeler à la grève générale pour faire plier le gouvernement, qui l’a donc emporté une nouvelle fois. Oui, Marie-Noëlle était une militante révolutionnaire. Et oui, elle va manquer à la cause qu’elle a défendue toute sa vie… (Extrait du discours prononcé au crématorium de Lyon le 6 octobre 2023)
Ses camarades de la section CGT des pompiers du SDMIS du Rhône, présents en nombre avec ses anciens collègues pour lui rendre un dernier hommage, ont également témoigné de son engagement :
C’est au nom de la CGT, et en particulier de la CGT du SDMIS, que je souhaite te rendre hommage. C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris ton décès, camarade. Marie-Noëlle était une militante de la première heure, toujours présente à nos réunions malgré ses grosses responsabilités à la direction du SDMIS. Membre du bureau de la CGT des personnels administratifs et techniques du Service incendie, tu as œuvré activement et avec conviction au regroupement des deux sections syndicales, la section sapeurs-pompiers et la section des personnels Techniques et administratifs. Ainsi les sapeurs-pompiers du syndicat ont beaucoup appris à tes côtés, nous éclairant dans différents domaines : administratif, revendicatif et politique. Militante syndicale active, tu ne ratais aucune manifestation. Lors de nos différentes réunions ou congrès, tes interventions étaient remarquées, l’injustice te touchait, que ce soit au niveau local, national ou international. Tu étais attachée à la condition humaine aux 4 coins de la planète, ce qui nous permettait, je peux le dire maintenant, de réviser notre géographie.
Ton engagement au sein de notre syndicat, ta personnalité de militante, ta culture syndicale faisaient de toi une camarade très respectée. À la retraite tu as choisi de continuer à militer et de vivre ton engagement chez les retraités CGT du SDMIS.
Je suis triste que tu n’aies pas pu profiter de ta retraite tant méritée, retraite pour laquelle tu as battu tant de fois le pavé pour garantir les droits aux travailleuses et aux travailleurs afin qu’ils bénéficient d’une retraite digne.
Dans ce moment de douleur, tous les copains du syndicat ont une pensée émue et fraternelle pour ta famille. Le meilleur hommage que nous pouvons te rendre, Marie-Noëlle, c’est de poursuivre nos luttes pour une amélioration de nos conditions de vie et de travail.