À partir du 19 janvier, les chefs syndicaux, réunis dans une « intersyndicale », appellent à signer une pétition et décrètent une kyrielle de « journées d’action » et de « grèves » (au pluriel). Non pas pour battre le gouvernement mais pour faire pression sur lui et sur d’autres institutions de la 5e république (Assemblée nationale, Conseil constitutionnel). Aucune organisation ouvrière de taille significative ne combat ce sabotage, ne lutte dans les syndicats et les assemblées générales pour la grève générale, tous en même temps, jusqu’au retrait du projet. Si certaines parlent de « grève générale », c’est pour mieux appuyer en pratique les appareils syndicaux CGT, SUD, FO qui dressent des grèves reconductibles contre la grève générale dans les secteurs les plus combattifs.
Parallèlement, à l’Assemblée nationale saisie du projet le 30 janvier, le PS, le PCF et LFI s’allient à plusieurs reprises avec les députés d’EELV, LIOT, LR, RN (amendements, motion de censure, proposition de référendum, proposition de loi…), avec l’appui entier de l’intersyndicale. Le 16 mars, le gouvernement fait adopter la loi au moyen de l’article 49.3. La répression policière s’intensifie. Après 10 journées d’action impuissantes, l’intersyndicale accepte le 5 avril de rencontrer la première ministre Borne à Matignon. Le 14 avril, le Conseil constitutionnel valide la loi. Le 15 avril, le président de la république la promulgue.
La classe ouvrière a tenté de résister, de préserver ses droits, d’affronter et de vaincre le gouvernement bourgeois : manifestations massives, grèves réelles dans le ramassage des déchets, les transports publics, les raffineries de pétrole, les ports, l’enseignement professionnel… Mais elle n’est pas parvenue à briser le dispositif des bureaucraties syndicales liées par mille liens à l’État bourgeois et protégées par les partis réformistes et les organisations centristes.
L’avant-garde doit en tirer les leçons, promouvoir toutes les formes d’auto-organisation des masses pour contrôler leur mouvement comme les comités de grèves élus, coordonnés et centralisés jusqu’à un comité central national de grève pour diriger le combat contre le gouvernement, mettre en place des piquets de grève, des services d’ordre pour protéger contre les flics les manifestations, pour écarter les casseurs et les pillards. Il faut bâtir un parti qui s’attachera à déjouer toutes les manœuvres, à conduire à la victoire parce que son but sera le pouvoir des travailleurs, le socialisme mondial.