Non à l’interdiction du groupement écologiste les Soulèvements de la Terre

Lors de la réunion du conseil des ministres du 21 juin présidé par Macron, sur proposition du ministre de l’intérieur Darmanin, le gouvernement a interdit par décret le collectif les Soulèvements de la Terre (SLT).


L’argument est, quant aux faits, que ce regroupement est responsable de violences contre la police et aussi contre des biens, entre autres, des équipements des groupes cimentiers français Lafarge et irlandais Eqiom en Ile de France (29 juin-4 juillet 2021), des mégabassines dans les Deux-Sèvres (29-30 octobre 2022, 25-26 mars 2023), des serres agricoles et une installation du cimentier BHR en Loire atlantique (10-11 juin 2023), le chantier de la ligne ferroviaire Lyon-Turin (17 et 18 juin 2023)…

Le texte invoqué est la loi du 24 aout 2021 « confortant le respect des principes de la République » (dite contre le séparatisme) qui a élargi les motifs de dissolution qui ne concernaient officiellement que « les groupes de combat et les milices privées », « les appels à la haine et aux discriminations » ou « la volonté de perpétrer des actes de terrorisme ».

Le ministre avait d’ailleurs préparé le terrain en parlant d’écoterrorisme au sujet de SLT et en procédant à des arrestations de ses membres. À l’évidence, les Soulèvements de la Terre n’a rien à voir avec les attentats à la bombe et les mitraillages commis par les fascistes de l’OAS ou les islamistes de Daech.

D’abord, les campagnes de SLT (nommées « saisons » et « actes ») sont sans commune mesure avec la violence policière déployée, à Sainte-Soline ou contre les manifestants qui défendaient le droit à la retraite ou contre les Gilets jaunes.

Ensuite, l’État tolère des destructions autrement graves orchestrées par le syndicat agricole FNSEA contrôlé par LR. Depuis les années 1960, la FNSEA a multiplié les destructions de biens publics, le saccage de préfectures et les agressions d’élus. La FNSEA n’est d’ailleurs pas pour rien dans la décision du gouvernement qui cherche, faute de majorité parlementaire, à apprivoiser LR.

Enfin, la destruction de l’environnement par le capitalisme en déclin, et la complicité du gouvernement à cet égard (incluant les dépenses militaires accrues et les pompages irresponsables de la nappe phréatique à des fins de profit), pousse quelques éléments de la jeunesse et des paysans-travailleurs à des actions de sabotage, faute de perspective.

Pour ces raisons et parce que l’extension de la notion de terrorisme visera tôt ou tard le mouvement ouvrier quand il remettra en cause le capitalisme et son État, le Groupe marxiste internationaliste s’élève contre la dissolution par le gouvernement Macron-Borne-Darmanin de Soulèvements de la Terre.

Pour autant, contrairement aux mouvementistes à la remorque de la mode petite-bourgeoise du moment, nous ne faisons pas passer SLT comme « ceux qui s’engagent pour sauver la planète » (RP, Communiqué, 21 juin) ou comme des « écologistes conséquents » (NPA pro-NUPES, Communiqué, 21 juin).

Il faut dire la vérité : le sabotage systématique prôné par Andrea Malm (auteur de Comment saboter un pipeline et membre du SP, l’organisation-sœur en Suède du NPA) est non seulement une méthode étrangère au mouvement ouvrier mais elle s’oppose à la défense conséquente de l’environnement.

L’idéologie malthusienne des mouvements comme SLT, Extinction rébellion, etc. s’inscrit dans « la décroissance » et la technophobie hostiles en fait à tout chantier, quel qu’il soit. Y compris celui d’une voie ferrée qui se substituera à du trafic routier, notamment le flux des camions entre Lyon et Turin qui ne pourrait en aucun cas être absorbé par la ligne actuelle. Leur pratique dictée par la communication médiatique est incompatible avec la lutte efficace pour préserver l’environnement de l’espèce humaine car elle est, délibérément, par choix, minoritaire et socialement marginale. Elle tourne le dos à la mobilisation de la masse des travailleurs, la seule classe capable de renverser le capitalisme.