Flâner dans la vieille ville de Jérusalem c’est une curiosité de prime abord, mais rapidement en suivant les remparts et les ruelles d’un autre âge apparaissent aux étages les drapeaux israéliens, le drapeau palestinien est, lui, interdit, les chevaux de frise et barrières de protection diverses qui ceignent les étages, la ménorah (chandelier à 7 branches) géante sculptée installée sur un toit. Et l’on voit les entrées sécurisées qui indiquent qu’ici la plupart des appartements ont été acquis à prix d’or par des Juifs, qui parfois habitent à l’autre bout de la Terre, cela pour investir pour l’avenir et en particulier pour finir par être enterrés à Jérusalem. Et Il y a une vraie préemption de l’État hébreu sur le mont des Oliviers pour réserver des « places de cimetière ». Par ailleurs, les fouilles archéologiques sous le mur du mont du temple (esplanade des Mosquées, mur occidental dit « mur des Lamentations » est une autre manière pour Israël d’étendre son emprise foncière sur l’est de la ville.
La situation des Arabes israéliens, en particulier les populations « bédouines » du Néguev est intenable. Ils doivent habiter dans les villes « autorisées », telle Rahat, de façon à être tous rassemblés et sous contrôle, malheur à ceux qui résistent. C’est le cas d’une famille à laquelle nous avons rendu visite, d’un clan dont le campement est régulièrement détruit à coups de bulldozer, quand ce ne sont pas les récoltes et animaux qui sont anéantis par dispersion de produits chimiques. Des familles du clan vivent avec leurs enfants dont des bébés dans une situation d’une précarité extrême, autour du cimetière de leur ancien village. Depuis l’an 2000, 209 fois le campement a été détruit et chaque fois l’État hébreu envoie la facture de la destruction au chef de famille, lequel a déjà fait de la prison à de multiples reprises. Le camp a fait l’objet d’une 210e destruction après notre passage.
Pour entrer en « Cisjordanie occupée », nous nous trouvons sur une route impeccable, pas grand monde, d’accord c’est Shabbat et des familles partent en vélo faire une rando… un dimanche comme un autre, mais la réalité c’est que nous avons emprunté une route réservée aux Israéliens, ceux des colonies naturellement, notre bus avait la plaque jaune… celle des Israéliens. Avec une plaque d’immatriculation blanche nous n’aurions pas pu prendre cette route.
Pour comprendre un peu la situation des Palestiniens en Palestine vs Cisjordanie occupée, il faut revenir sur les accords d’Oslo I et II qui ont consacré la partition en 3 zones de ce territoire.
Après la guerre des 6 jours en 1967, Israël a occupé Jérusalem Est, la Cisjordanie, Gaza, le Sinaï et le Golan. L’occupation militaire s’est poursuivie parallèlement à l’installation de colonies à Jérusalem Est et dans toute la Cisjordanie. En 1987, vingt ans après, a eu lieu la 1re Intifada, guerre des pierres d’une population palestinienne qui n’en peut plus de l’occupation militaire et de la colonisation. L’OLP proclame alors l’indépendance de la Palestine tout en commençant un processus de reconnaissance unilatérale du droit à l’existence de l’Etat d’Israël. Ce droit comme celui à une existence en paix et en sécurité seront actés par la direction de l’OLP en septembre 1993.
En 1993, Israël reconnaît l’OLP comme représentante du peuple palestinien, ce qui permet la signature de l’accord Oslo I, le 13 septembre sous l’égide des Etats-Unis, sur les grandes lignes d’une autonomie palestinienne sur la bande de Gaza et un territoire flou autour de Jéricho (vallée du Jourdain) en Cisjordanie occupée, d’où l’armée israélienne devrait se retirer, mais pas les colonies et elles sont nombreuses dans cette région qui jouxte la frontière avec la Jordanie. Il ne s’agit pas d’un traité de paix mais un accord intérimaire dans le but de parvenir, par étapes, à un processus de conciliation entre Israéliens et Palestiniens. Cette déclaration de principes sur des arrangements intérimaires d’autonomie pour 5 ans est signée par Yitzhak Rabin, 1er ministre travailliste d’Israël, assassiné en 1995, et Yasser Arafat pour l’OLP.
À la suite d’Oslo I, dans un climat de tensions (attentats du Hamas en octobre 1994, autorisation donnée par le gouvernement israélien aux colonies de s’étendre provoquant de nouveaux affrontements), les négociations reprennent en janvier 1995. Le 28 septembre 1995, les accords négociés à Taba en Égypte et appelés Oslo II sont signés à Washington. Ils prévoient la mise en application de la déclaration de principe d’Oslo I, définissant les échéances et les conditions de l’autonomie des Palestiniens. Plusieurs décisions sont prises : sur le plan territorial, sur le retrait des troupes israéliennes de Cisjordanie, sur le plan politique palestinien avec la naissance de l’Autorité palestinienne et sur le plan économique. Sur le plan territorial, la Cisjordanie est divisée en trois zones :
La zone A est composée des villes de Jénine, Naplouse, Tulkarem, Kalkiya, Ramallah et Bethléem ainsi que de la ville de Jéricho, déjà autonome depuis mai 1994. Ces villes représentent 3 % de la Cisjordanie et 20 % de la population. Les villes de la zone A sont évacuées par l’armée israélienne fin 1995 et passent sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, à l’exception d’Hébron.
La zone B est composée de la quasi-totalité des villages palestiniens de Cisjordanie (environ 450), ce qui représente 27 % de la Cisjordanie et 70 % de la population.
La zone A et la zone B représentent 90 % de la population de Cisjordanie. L’armée israélienne se retire des villages palestiniens, et cette zone passe également sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, mais de manière partielle car Israël y assure toujours la sécurité et la « lutte contre le terrorisme » : elle trouve toujours de bonnes raisons pour revenir.
La zone C est composée du reste de la Cisjordanie, ce qui représente 70 % du territoire, et comprend surtout des colonies juives et peu de population palestinienne. Elle reste sous le contrôle d’Israël
Sur le plan politique, des élections sont prévues afin d’élire au suffrage universel un Conseil palestinien qui dispose des pouvoirs législatifs et exécutifs, mise en place de l’Autorité palestinienne qui a des pouvoirs de police (pas d’armée palestinienne). Sur le plan économique, les relations entre Israël et les Palestiniens qui ont fait l’objet d’un accord signé le 29 février 1994 à Paris sont reprises. La question de l’eau n’est en revanche pas réglée.
De plus, l’OLP doit s’engager à abroger dans sa charte les articles évoquant la destruction d’Israël (clause 9 de l’article XXXI). Les négociations sur le statut final sont fixées au 5 mai 1996, au plus tard. Les négociations sur le statut final sont bloquées à la suite de l’élection de Benyamin Netanyahou le 29 mai 1996. Elles reprendront en 1999, à la suite de l’élection d’Ehoud Barak.
La réalité est évidemment bien loin d’un règlement quelconque. Les villages de la zone B sont un enjeu considérable, l’État hébreu a toujours d’excellentes raisons pour occuper le terrain : l’existence d’une colonie, le classement d’une zone en zone militaire dans laquelle se trouve un village palestinien dont l’existence est menacée par la zone militaire décrétée qui interdit la présence de civils, sauf naturellement celle des colons qui s’attaquent aux Palestiniens sur leurs terres et appellent l’armée à la rescousse. La zone C quant à elle prend de l’importance avec l’expansion des colonies : 150 000 colons en 95 en Cisjordanie et 170 000 à Jérusalem Est, 475 000 en 2020 en Cisjordanie occupée rapporté aux 2,9 millions de Palestiniens et 220 000 à Jérusalem est. Cette expansion est le résultat des autorisations données aux implantations, à la reconnaissance des implantations sauvages, et à une dynamique démographique soutenue.
Lorsque l’on circule et visite la Palestine vs Cisjordanie occupée on est sidéré par le nombre de colonies implantées sur le territoire, certaines très grandes, d’autre petites mais toutes sous protection de l’armée israélienne ; le long des routes des points de contrôle annoncent l’entrée des colonies, telle Ariel entre Naplouse et Ramallah qui inclut dans son enceinte une université. Sur toutes les collines ou presque, des colonies derrière leurs barrières, maisons en dur, d’autres en construction, et l’on aperçoit parfois encore des Algeco. Les grands travaux entrepris pour la construction de routes réservées aux colons sont absolument impressionnants, ces routes ceintes de murs permettront de relier rapidement la Cisjordanie à Jérusalem ou Tel Aviv les lieux de travail des colons, de fait les distances sont peu importantes dans ce « petit pays » mais, lorsqu’on est Palestinien, elles sont démultipliées. Ce réseau de routes encloses dessine une toile entre les fils de laquelle les Palestiniens sont enfermés, comme dans autant de Bantoustans.
Lorsqu’ils arrivent dans les grandes villes de la zone A les citoyens israéliens sont prévenus par de très grands panneaux rouges que le territoire dans lequel ils entrent est, au mieux, dangereux pour eux, ou pire, totalement interdit. C’est le cas pour rentrer dans Hébron, Ramallah, Naplouse.
Là encore l’État d’Israël trouve le moyen de reclasser en C des zones classées en A par l’accord intérimaire qui n’en finit pas de recevoir des coups de canif, la découverte de sites archéologiques est grande pourvoyeuse de modification de la zone A.
La frustration, l’absence de liberté, la permanence de la pression coloniale provoque, chez les jeunes, une colère qui ne trouve aucun exutoire, soit c’est l’autorité palestinienne qui supplée l’État d’Israël pour faire régner l’ordre soit c’est directement Tsahal qui pénètre dans la ville lorsque l’agitation est à son comble. Naplouse a été interdite d’accès pendant deux semaines à la suite des actions menées par les lions de Naplouse, jeunes gens voire très jeunes qui, affiliés ni au Hamas ni à l’Autorité palestinienne, s’arment d’armes de fortune montées de bric et de broc et laissent leur testament à leur mère.
Pour les jeunes éduqués et qui travaillent, impossible d’entrer en Israël pour prendre un avion à Tel Aviv, le seul aéroport accessible est celui d’Amman en Jordanie. D’une part, les prix des billets d’avion décollant d’Amman sont deux à trois fois supérieurs à ceux que l’on peut prendre de Tel Avis et, d’autre part, il suffit d’être inscrit sur la liste noire de l’Autorité palestinienne pour ne plus pouvoir sortir de Cisjordanie. Être sur la liste noire c’est le résultat de la participation à des manifestions dans les villages. Comme la parole est totalement confisquée, je ne suis pas parvenue à savoir quelles revendications étaient à l’origine de ces manifestations.
La situation d’Hébron est encore un cran plus terrible, cette ville est restée en dehors des accords d’Oslo du fait de la présence de colonies au centre de la ville. 200 000 Palestiniens y vivent, 700 colons et un millier de soldats israéliens. La ville est, depuis 1997, divisée en deux zones, H1 et H2. La première représente 80% du territoire municipal, elle est sous gestion et contrôle palestinien, H2 c’est 20% du territoire sous contrôle militaire israélien, elle couvre l’essentiel de la vieille ville incluant le tombeau des patriarches… divisé en 2 parties : une synagogue et une mosquée, les pratiquants se font face autour du tombeau des patriarches sorte de pièce ronde protégée par de grands panneaux transparents permettant de voir le cénotaphe.
On entre en H2 par des postes de contrôle tenus par les soldats de Tsahal. Les Palestiniens qui habitent encore dans ces quartiers vivent l’enfer, une pression de tous les jours pour leur interdire le ramassage de leurs olives sur leurs petits lopins surmontés par une colonie comme celle de Tel Rumeida, construite autour d’un site archéologique, colonie d’une dizaine de familles qui harcèlent en permanence leurs voisins. L’arrivée des ambulances, lors des heurts, est systématiquement retardée. Ainsi un homme habitant ce quartier est mort faute d’avoir reçu les soins nécessaires à temps. Les Palestiniens du secteur sont souvent confinés par l’autorité militaire et de toute façon ils sortent peu de peur qu’en leur absence les colons ne viennent investir leurs maisons. Une vidéo tournée lors d’une descente des colons est absolument sidérante : la justice avait autorisé une famille palestinienne à ramasser ses olives, mais les colons sont descendus accompagné par les soldats pour tenter d’empêcher la cueillette ; on voit une femme de la colonie, probablement originaire d’Europe de l’Est, accuser le Palestinien d’avoir assassiné sa grand-mère dans un camp d’extermination (sic !).
Certaines rues sont totalement interdites aux Palestiniens, les boutiques fermées, les fenêtres grillagées. Quant au centre de la vieille ville, du fait de l’existence d’une petite colonie, les rues sont équipées de grillages censés les protéger des lancers d’ordures par les colons qui habitent au-dessus. Le commerce est ainsi réduit à sa plus simple expression : 76 % des boutiques sont fermés, interdisant aux Palestiniens de vivre du peu de tourisme qui résiste encore à ces conditions désastreuses et peu engageantes. Jamais je n’ai autant montré mes papiers que dans cette ville à des contrôles redondants dans lesquels la première consigne des soldats est « avant de causer, tu armes ton fusil automatique ». Clac, clac fait le fusil, « d’où venez-vous ? que venez-vous faire à Hébron ? ».
Les effets de cette situation sur la société sont absolument délétères. Pour autant nous avons rencontré des Palestiniens qui font beaucoup de choses dans le cadre d’associations, de syndicats pour continuer à vivre et à permettre à la jeunesse de vivre. D’une part, il semble que même dans les situations les plus désastreuses, telle celle des habitants du Néguev, l’éducation des enfants reste une priorité. Je suis moins persuadée que les Bédoins vivant dans des campements en Cisjordanie aient accès à l’école. Il y a des associations pour l’éducation artistique des enfants, faire de la musique c’est un acte politique, faire sortir les musiciens pour qu’ils aillent se produire dans le monde c’est une priorité. Nous avons discuté avec un architecte palestinien qui, avec d’autres, a monté un syndicat indépendant du syndicat intégré à l’Autorité palestinienne. Ses membres s’emploient à reconstruire, à conforter les bâtiments abimés ou détruits par l’occupation dans les villages. Et la tâche n’est pas aisée : d’une part la délivrance des permis de construire en zone B reste une prérogative de l’État hébreu qui met son véto en permanence, d’autre part les financements internationaux, eux, flèchent les priorités et les manières de faire passant totalement par-dessus la tête des habitants et des architectes et ingénieurs palestiniens. Il faut donc se couler dans les « zones grises » et passer entre les mailles du filet pour pouvoir travailler à la reconstruction de quelques bâtiments. Ces gens développent un grand savoir-faire et forment la génération suivante, le Palestinien que nous avons entendu dit que ce travail et le développement des compétences permettra à la Palestine de s’autogérer dans un futur État… en référence au modèle d’autogestion du Chiapas. La parole est totalement muselée et le rêve de Palestine se heurte au mur de l’Autorité palestinienne et de l’État colonial.
Une autre question est toujours pendante, la question du droit au retour. C’est ainsi que des camps de réfugiés de 1948 perdurent dans toutes les villes de Cisjordanie. Leurs habitants refusent de quitter leurs camps pour ne pas perdre leur statut de réfugiés. Les camps se sont transformés depuis le temps, l’habitat est en dur, néanmoins le camp reste juridiquement en dehors de la ville alors qu’il est urbainement en plein dedans. Ayant « visité » le camp d’Al Amara à Ramallah, j’ai constaté que la gestion des ordures est bien meilleure qu’ailleurs ; j’imagine que le camp est doté d’un « conseil » qui doit gérer de manière autonome les affaires courantes du camp. D’autres camps connaissent la violence, le trafic, la misère.
Pour ce qui est des infrastructures, la Cisjordanie c’est vraiment la misère, des plastiques partout dans les champs, dans les villes. Le ramassage des ordures existe mais je ne crois pas que la gestion en aval puisse être assurée. De la même manière, les kilomètres de casses de voitures le long des routes entre Hébron et Naplouse dans lesquelles échouent toutes les vieilles voitures y compris israéliennes, qui ne peuvent être en aucun cas traitées, en l’absence d’usines de retraitement de l’acier et sans débouchés vers l’extérieur.
La gestion de l’électricité comme de l’eau sont de la compétence de l’Etat d’Israël. Pour l’eau, c’est la société israélienne Mekorot qui a le monopole de la gestion de l’eau et la mainmise sur les nappes phréatiques sur tout le territoire de la Cisjordanie et d’Israël. Autant dire que la distribution est à l’aune de l’État colonial, multiplication des infrastructures pour servir en premier Israël et les colons et rationnement pour les Palestiniens. Idem pour la gestion des eaux usées, avec le nombre exponentiel de colonies qui s’érigent sur le territoire de Palestine, le tout à l’égout ne suit pas et des vallées sont polluées par les effluents rejetés en bas des collines sur les villages palestiniens.
Quant à la société israélienne, la militarisation de sa jeunesse ne peut pas ne pas avoir d’effet de longue durée. Les soldats aux postes de contrôle, ceux qui font la surveillance de la frontière avec la Jordanie… car c’est l’Etat d’Israël qui gère la frontière, sont tous, hommes et femmes, très jeunes, la vingtaine, chargés de missions de répression, de pression, d’humiliations sur les « occupés ». Devant le mur des lamentations la veille de shabbat, côté femmes, de jeunes soldates dansaient avec leur coreligionnaires armes à l’épaule. Dans le bus revenant de Jordanie, une jeune femme est montée avec son arme dans le bus pour vérifier nos papiers.
La société israélienne est de ce point de vue très schizophrène, les préoccupations de tous les « Sépharades » qui ont pris l’avion avec moi sont très loin de cette problématique, ils font la navette entre la France et Israël, certains ont fait leur aliyah en arrivant à la retraite, pour d’autres ce sont leurs enfants qui l’ont faite. Je pense que peu avaient des enfants au service militaire obligatoire. Les discussions bon enfant dans l’avion portaient essentiellement sur le prix du m2 à Tel Aviv et ses environs. Un monsieur a même lâché que pour pouvoir s’acheter un appartement ou une maison, il faut aller « chez les zoulous » c’est-à-dire chez les colons en Cisjordanie et apparemment cela ne lui plaisait pas plus que ça, avant de crier dans l’aéroport qu’Israël est vraiment le plus beau pays du monde.
La situation est donc très sombre pour les Palestiniens sans perspectives, ce d’autant que dans toute la région les peuples des pays arabes environnants : Jordanie, Syrie, Egypte, Liban sont tous bloqués dans des pays aux régimes autoritaires et dictatoriaux. Le peuple syrien est dans la misère complète après 12 ans de guerre menée par le régime d’Assad, ceux qui sont partis sont dans des camps au Liban, en Turquie ou se heurtent à toutes les répressions conduites par tous les pays d’Europe. C’est la même chose pour les Kurdes pilonnés. Un jeune marocain disait qu’il faudrait que le peuple palestinien puisse s’appuyer sur la mobilisation populaire des peuple arabes de la région jusqu’au Maghreb… Or la tâche n’a jamais été si ardue, pour combattre l’État d’Israël, il faudrait en effet pouvoir compter sur la mobilisation des masses contre leurs propres dirigeants dans tous les pays arabes dont les gouvernements reconnaissent et ont des liens économiques étroits avec Israël.
La fin de l’apartheid, l’égalité entre Juifs et Arabes, le droit au retour des millions de réfugiés ne pourront être obtenus en maintenant l’État colonial. Une solution démocratique passe par le démantèlement de l’État sioniste, clérical et raciste, belliciste et instrument des vieilles puissances impérialistes au Proche-Orient, ainsi que de la monarchie de Jordanie. Ni le Fatah, ni le Hamas ne se fixent cette tâche, parce qu’elle est dans l’intérêt de tous les opprimés contre tous les oppresseurs. C’est pourquoi ils ne s’adressent jamais aux prolétaires palestiniens (noyés dans « le peuple ») et juifs (assimilés à la bourgeoisie israélienne et son État). La révolution socialiste est la seule voie pour résoudre la question nationale palestinienne, la seule classe capable de l’accomplir, c’est la classe ouvrière unie de la région (Arabes, Juifs, Turcs, Kurdes, Perses…).
Il faut construire une nouvelle internationale communiste, instrument du prolétariat pour instaurer une Palestine démocratique, laïque et multiethnique, dans laquelle pourront vivre ensemble musulmans, israélites, chrétiens et athées… Une telle Palestine ne sera viable que par l’extension de la révolution socialiste, l’abolition des frontières héritées de la colonisation et l’instauration de la fédération socialiste du Proche-Orient.