Au lieu de se ravaler une fois encore à servir d’adjoints aux démocrates bourgeois, les travailleurs doivent constituer, en dehors des démocrates officiels, l’organisation distincte, secrète et publique, du parti ouvrier. (Engels & Marx, Adresse du comité central à la Ligue des communistes, mars 1850)
Au début du 20e siècle, la bourgeoisie, ayant conquis le monde, devient conservatrice, voire réactionnaire. Elle se heurte de plus en plus au prolétariat qu’elle a développé.
Face au danger, la classe dominante réprime et tente aussi de neutraliser les organisations ouvrières de masse (syndicats, partis, mutuelles…) en corrompant et en intégrant leurs appareils.
Les sinécures lucratives et de tout repos dans un ministère, au parlement et dans diverses commissions, dans les rédactions de journaux légaux ou dans les directions de syndicats ouvriers d’obédience bourgeoise, voilà ce dont use la bourgeoisie impérialiste pour attirer et récompenser les représentants et les partisans des partis ouvriers bourgeois. (Lénine, L’Impérialisme et la scission du socialisme, octobre 1916)
Les partis « réformistes » et les bureaucraties syndicales tentent de sauver le capitalisme en avançant la solution illusoire d’un bloc politique avec telle ou telle fraction de la bourgeoisie (parti « antifasciste » ou « républicain », général ou chef religieux « antiimpérialiste », etc.).
En désarmant politiquement le prolétariat, les Blum, Faure, Cachin, Thorez tiennent surtout à ce qu’il ne s’arme pas physiquement. (Trotsky, La France à un tournant », 28 mars 1936)
Cette manoeuvre est appelée « front populaire » par Blum et Thorez en 1935, « CNR » et « GPRF » par les mêmes en 1944, « union de la gauche » par Mitterrand et Marchais en 1973, « union populaire » par Mélenchon en 2021.
Mais elle est aussi vieille que les « partis ouvriers-bourgeois » : union sacrée en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Autriche, en Belgique et en France en 1914 ; gouvernements provisoires comprenant le PSR et le Parti menchevik contre le pouvoir des soviets en 1917 ; gouvernement d’union nationale du POB avec l’Union catholique et le Parti libéral en Belgique en 1918 ; bloc du Parti travailliste britannique avec le Parti libéral en 1924 ; cartel des gauches en France en 1924 ; coalition du SPD allemand avec le Zentrum et le DDP en 1926…
Parfois, le prolétariat parvient à bousculer le dispositif de collaboration de classes : grève générale en France en 1936, affrontement avec l’armée putschiste en Espagne en 1936, armement des masses en Italie, en Grèce et en France en 1944, formation d’organes soviétiques au Chili en 1972, au Portugal en 1974, en Iran en 1978…
Alors, les agents de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière œuvrent de toutes leurs forces à la reprise au travail, au respect la propriété, à la soumission à l’État bourgeois. En France en 1936, la direction de la CGT, le PS-SFIO et le PCF, alliés au Parti radical, ont fait reprendre le travail aux grévistes au prix de quelques concessions imprévues dans leur programme. En 1937, en Espagne, le PSOE, le PCE-PSUC, alliés au Parti radical et à d’autres débris bourgeois, aidés par la capitulation des anarchistes de la CNT et des centristes du POUM, ont fait déposer les armes aux ouvriers et paysans devant l’armée républicaine, facilitant la victoire des troupes franquistes. En 1944, le PCI a même tenté de rétablir la monarchie italienne tandis que le PCF léchait les bottes d’un général. En 1965, en Indonésie, le PKI partenaire des nationalistes bourgeois au pouvoir, refusait d’appeler les masses à créer leurs propres organes et à prendre les armes. En 1973 au Chili, Allende, malgré une première tentative de coup d’État militaire, autorisa la répression des conscrits par l’état-major et confia l’armée à Pinochet.
Une coalition avec un secteur de la bourgeoisie ne peut se réaliser que sur un programme bourgeois. Les fronts populaires ne sont en rien une approximation du front unique ouvrier ou un tremplin vers le gouvernement des travailleurs, comme le prétendent les centristes.
Les fronts populaires d’une part, le fascisme de l’autre, sont les dernières ressources politiques de l’impérialisme dans la lutte contre la révolution prolétarienne. (QI, L’Agonie du capitalisme et les tâches de la 4e Internationale, septembre 1938)
Les communistes combattent pour l’hégémonie du prolétariat prenant la tête de tous les exploités et opprimés contre la classe capitaliste.
À la coalition ouverte ou masquée avec la bourgeoisie, les communistes opposent le front unique de tous les ouvriers et la coalition politique et économique de tous les partis ouvriers contre le pouvoir bourgeois pour le renversement définitif de ce dernier. (Internationale communiste, Résolution sur la tactique, novembre 1922)