Mais Elisabeth était déjà plus qu’une révoltée, c’était une militante trotskyste, c’est-à-dire une communiste internationaliste, militante étudiante au CLER (Comité de liaison des étudiants révolutionnaires) dès 1967, puis à la FER (Fédération des étudiants révolutionnaires). Elle avait ensuite consacré beaucoup de son temps et de son énergie à la construction de l’OCI (Organisation communiste internationaliste), dans les années 1970, devenu le PCI (Parti communiste internationaliste) en 1981. Elle était aussi une militante active syndicalement au SNES. Conseillère d’orientation, c’était une professionnelle appréciée et reconnue par ses pairs.
Avec plusieurs dizaines de militants, elle fut exclue en 1984 par Lambert, Cambadélis et Gluckstein pour avoir osé mettre en cause l’adaptation de la direction de son organisation au front populaire de Mitterrand. L’abandon et la trahison des objectifs révolutionnaires par la direction du PCI, qui se transforma peu à peu en parti social-chauvin au travers de ses avatars successifs (MPPT-PT-POI/POID), laissa sur le carreau au bout du compte plusieurs centaines de militants, si ce n’est plus, qui, découragés, abandonnèrent le combat.
Elisabeth surmonta ce découragement après quelques années et repris son engagement politique, rejoignant les militants qui s’étaient regroupés après leur exclusion du PCI dans le Comité pour la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire, dans une situation politique difficile de recul général de la classe ouvrière au plan mondial. Elle avait participé ensuite à la constitution du Comité communiste internationaliste (trotskyste) en 2005. Elle a pris alors une part importante du travail en direction des militants iraniens dans l’émigration du PCOI (Parti communiste ouvrier d’Iran), parti constitué dans la révolution iranienne de 1979, contre la mise en place du régime islamiste de Khomeiny, lequel était soutenu par les staliniens et y compris les soi-disant trotskystes de la « 4e Internationale » pabliste au nom du front uni antiimpérialiste. Elle avait participé à une délégation du CCI(T) au 6e congrès du PCOI à Stockholm, où les militants du PCOI avaient été agréablement surpris de trouver des militants trotskystes pour qui le combat pour le renversement de la dictature islamiste en Iran était, et reste, une évidence.
Elisabeth s’était félicitée du la fusion du CCI(T) et du GB (Groupe bolchevik) en 2013 permettant la création du Groupe marxiste internationaliste, comme un pas en avant pour le regroupement d’une avant-garde révolutionnaire. Puis la maladie l’a peu à peu éloignée de l’activité militante, mais elle est restée fidèle à ses convictions de communiste internationaliste jusqu’à la fin. Elle aimait la vie, les voyages en Grèce et en Italie, la musique et le cinéma, les discussions sans fin autour d’un verre, les amitiés fidèles… Nous saluons sa mémoire. Le combat continue.