La « démocratie » des bourgeois est à géométrie variable. N’est-ce pas le responsable de la sécurité de Macron qui se faisait la main sur des manifestants le 1er mai 2018 ? N’est-ce pas Macron, élu en 2017 (avec le soutien des partis PS, PCF au prétexte de faire barrage à Le Pen), qui appelait le 10 novembre 2020 « à regarder lucidement les liens qui existent entre immigration clandestine et terrorisme » ? N’est-ce pas Macron qui dénonçait ensuite « le dévoiement du droit d’asile » et appelait au durcissement des frontières européennes à cause duquel des milliers de réfugiés se noient en mer chaque année ?
Le 21 avril, jour anniversaire du putsch des généraux à Alger, une tribune signée de 20 généraux et soutenus par 1 500 militaires menace « d’une intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs constitutionnelles » pour protéger la France de « l’islamisme et les hordes de banlieue ».
Toutes les organisations de policiers (y compris la CFDT, la CGT, l’UNSA, FO…) appellent à manifester le 19 mai devant l’Assemblée nationale. LFI est tentée : « Dans l’absolu, compte tenu de ce que nous défendons pour la police, on y aurait notre place » (Adrien Quatennens, 10 mai). Le ministre de l’intérieur Darmanin est là, avec LR, le RN, LREM, EELV, mais aussi le PS et le PCF. Celui-ci reprend à son compte l’antienne de « l’insécurité » pour mieux justifier la police bourgeoise et son renforcement.
Oui, nos concitoyennes et concitoyens ont le droit à la tranquillité et à la sécurité. Cela nécessite à la fois une Justice qui ne saurait être l’objet d’un procès en laxisme et qui soit dotée de réels moyens et une Police nationale exerçant ses missions de service public au plus près de la population. (PCF, Déclaration, 21 mai)
Depuis 2015, l’État adopte une loi « contre le terrorisme » chaque année. La « loi de sécurité globale » publiée le 25 mai restreint les libertés et protège la police contre le peuple.
L’appel de quelques partis réformistes et de plusieurs directions syndicales (avec les Jeunes écologistes et les Nouveaux démocrates) à manifester le 12 juin est absolument creux…
Nous ressentons toutes et tous l’urgence de construire une réponse forte et unitaire qui dessine l’alliance des libertés, du travail et d’un avenir durable. (CGT, FSU, Solidaires, JOC, LDH, LFI, NPA, UCL…)
Ce genre d’initiative sans contenu, pacifiste bêlant, permet de justifier tous les « fronts républicains » ou « populaires » avec des partis bourgeois « républicains » et « démocrates », de désarmer le prolétariat.
La défense de « l’intérêt national », de « l’armée républicaine », de « la police républicaine », rallie les partis réformistes et les bureaucrates syndicaux aux exploiteurs, aux partis et à l’État bourgeois. C’est pourquoi les députés LFI, PCF et PS estiment que le budget de l’armée est insuffisant, pourquoi le programme de LFI prévoit la création de 2 000 postes dans la police nationale.
C’est la police « républicaine » qui distribue les coups de matraque contre les manifestants, c’est l’armée « républicaine » qui défend les intérêts de l’impérialisme français en Afrique, c’est l’État « républicain » qui restreint les libertés publiques, le droit de manifester, de faire grève, de migrer…
N’en déplaise à messieurs Faure, Roussel, Mélenchon, Hamon, Poutou, le combat de la classe ouvrière passe obligatoirement par le démantèlement de l’État bourgeois et de son appareil de répression. La Commune de Paris l’avait fait en 1871, la révolution russe en 1917, la révolution espagnole en 1936…
L’ordre public assuré par une police située au-dessus du peuple, ainsi que par une armée permanente placée sous les ordres de grands propriétaires fonciers et de capitalistes, tel est l’idéal de la république parlementaire bourgeoise. L’ordre public assuré par une milice populaire ; des autorités non seulement élues et révocables à tout moment, mais recevant un salaire d’ouvrier, tel est l’idéal de la classe ouvrière. (Lénine, La Milice prolétarienne, 3 mai 1917)
Pour défendre les libertés publiques comme pour protéger ses grèves, ses manifestations, ses organisations, contre la police, les provocateurs et les bandes fascistes les travailleurs doivent organiser dès maintenant des piquets de grève, des services d’ordre, mettre sur pied la milice ouvrière…
Pour couper l’herbe sous le pied aux démagogues populistes et au fascisme, il faut ouvrir la perspective oubliée de la lutte de classe, d’un gouvernement des travailleurs, de l’expropriation des capitalistes et du socialisme mondial.