Les manifestations pour libérer Hasél (IKC/État espagnol)

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[Le chanteur catalan Pablo Hasél est condamné à 9 mois de prison ferme pour des tweets hostiles à la monarchie espagnole et aux forces de répression, il a été arrêté le 16 février à l’université de Lleida par les Mossos d’Esquadra, la police catalane.]

Depuis 5 jours, dans toutes les métropoles de l’État espagnol, des centaines de manifestations rassemblent durant des heures des milliers de jeunes en colère. Ils réclament la libération du rappeur Hasél et l’abrogation de toutes les lois qui pénalisent la libre expression contre les institutions sacrées de l’ordre bourgeois : la monarchie, les corps répressifs, le système judiciaire, l’armée, la religion, la propriété privée… Chaque jour, la rage de la jeunesse augmente car la seule réponse à sa protestation sont les charges policières, des dizaines de blessées et d’arrestations.

La responsabilité première de la répression incombe au gouvernement central PSOE-UP [Partido Socialista Obrero Español et Unidas Podemos, les partis réformistes] et au gouvernement catalan JxC-ERC [Junts per Catalunya et Esquerra Republicana de Catalunya, les partis bourgeois indépendantistes]. Ils sont jumeaux quand il s’agit d’utiliser la violence policière de la Policía Nacional et des Mossos d’Esquadra contre les manifestants.

L’hypocrisie des deux est sans limite. Depuis un an, le gouvernement Sánchez-Iglesias n’a retiré aucune des lois répressives -pas même la loi du bâillon (la « loi de sécurité citoyenne » de 2015 du gouvernement PP) ni la dernière réforme du code pénal- pas plus que les « réformes » du droit du travail. Il n’a pas non plus mis fin aux expulsions et encore moins n’a chassé les fonds vautours de l’immobilier qui accaparent les logements à louer.

Ils vont jusqu’à accuser les jeunes d’être violents et de répandre « le chaos ». Les médias se scandalisent, les ministres socialistes s’apprêtent à mobiliser tous les moyens juridiques hérités des époques antérieures. Quant à UP, il montre une grande agilité au double langage, comme la vielle sociale-démocratie et la tradition stalinienne. Quoique membre du gouvernement, il fait des déclarations qui témoignent d’une certaine « sympathie » pour les revendications des jeunes, tout en approuvant avec enthousiasme la réponse répressive pure et simple. Par exemple, le porte-parole de UP [alliance entre Podemos et IU-PCE] à la chambre des députés et secrétaire général du PCE [Partido Comunista de España] :

Hasel a insulté aussi Anguita [Julio Anguita, mort en 2020, était le secrétaire général du parti stalinien PCE] mais une démocratie n’emprisonne pas pour cela… La protestation pacifique demandant l’amnistie et la réforme du code pénal est indispensable… L’obligation des forces de l’ordre est d’éviter qu’une petite manifesatation se transforme en un chaos, qui est ensuite utilisé par la droite. (Enrique Santiago, 18 février)

Les sommets des syndicats ouvriers se taisent et soutiennent le gouvernement qui, d’une main, accorde quelques miettes aux classes laborieuses et, de l’autre, sauve généreusement les affaires privées des entreprises cotées en bourse, respecte les brevets et les tarifs scandaleux des multinationales du médicament, malgré la crise sanitaire aigue.

Ce qui s’exprime à travers des mobilisations actuelles est une situation sociale insoutenable, explosive. La crise économique et la pandémie ont exacerbé ce qui était déjà la vie quotidienne d’une partie importante de la population travailleuse : extrême précarité de l’emploi, salaires de misère, chômage, habitation insalubre. La violence extrême est de permettre que deux millions de familles ne survivent que grâce aux banques alimentaires de la charité privée !

Les directions des partis qui disent défendre les travailleurs, ni les dirigeants des syndicats ouvriers ne peuvent ouvrier une issue positive parce qu’ils sont corrompus et collaborent au maintien du capitalisme décadent. La solution doit venir de la lutte et de l’organisation de la classe ouvrière et de la jeunesse. Tous ensemble, frappant conjointement :il faut organiser des assemblées des sites de travail, des quartiers, des lieux d’études. Que les représentants élus et révocables se coordonnent pour la lutte. Que la défense des manifestations contre les agressions de la police, des fascistes et des provocateurs soit organisée démocratiquement.

  • Abrogation immédiate de la loi du bâillon, de la réforme du code pénal et de toutes les lois qui criminalisent la protestation sociale !
  • Fin des tribunaux d’exception, à commencer par l’Audiencia Nacional [Audience nationale, juridiction officiellement fondée en 1977 contre le terrorisme] !
  • Dissolution et désarmement des corps de répression : Policía Nacional [police nationale], Guardia Civil [gendarmerie], Mossos d’Esquadra et Ertzaintza [police du Pays basque] ! L’ordre social peut être assuré par la classe ouvrière et la population non exploiteuse au moyen de comités démocratiques de quartiers, de zones industrielles, de campus universitaires, etc.
  • Libération de toutes les personnes emprisonnées pour des raisons politiques, de combat ouvrier ou social !
  • Abolition de la monarchie, République des travailleuses et travailleurs !

21 février 2021

Internaciema Kolectivista Cirklo/État espagnol

(traduction par le GMI)