En France, Macron a décidé de reconfiner partiellement la population à partir du 29 octobre en jouant la surprise.
Le virus circule en France à une vitesse que même les prévisions les plus pessimistes n’avaient pas anticipée. (Macron, 28 octobre)
Faux. Le Conseil scientifique choisi par le gouvernement indiquait dans son avis n°8 du 27 juillet :
En se basant sur l’expérience des autres virus pandémiques émergents, il semble hautement probable qu’une seconde vague épidémique sera observée au cours de l’automne ou de l’hiver prochain. Cette vague pourrait avoir un impact supérieur à celui observé lors de la première vague. (…) L’anticipation des autorités sanitaires à mettre en place opérationnellement les plans de prévention, de prise en charge, de suivi et de précaution est un élément majeur. (Conseil scientifique, Se préparer maintenant pour anticiper un retour du virus à l’automne, p. 12-13)
Les tests PCR ont beaucoup rapporté aux laboratoires, qui sont des entreprises capitalistes, et beaucoup coûté à la branche maladie de la Sécu, mais leur efficacité e a été limitée, faute du traçage systématique et de l’isolement des porteurs, faute de travailleurs formés en nombre suffisant. Le retard des résultats des tests PCR fin août et début septembre était de 3 à 5 jours.
Gérant la crise sanitaire au jour le jour et guidé par le besoin capitaliste de maintenir l’exploitation, Macron joue la culpabilisation collective :
Nous aurions collectivement sans doute dû davantage respecter les gestes barrière en particulier au sein de la famille ou avec les amis qui sont les lieux où nous nous sommes le plus contaminés. (Macron, 28 octobre)
Macron ment une nouvelle fois en prétendant avoir préparé la seconde vague :
Nous avons aussi formé près de 7 000 infirmiers et médecins pour pouvoir travailler en réanimation et nous avons aussi repoussé nos capacités qui sont passées de 5 000 lits avant la première vague à 6 000 aujourd’hui, nous allons les porter au-delà de 10 000 lits en réanimation (Macron, 28 octobre)
En vérité, les recrutements ne compensent même pas les démissions et les départs en retraite dans les hôpitaux publics et les cliniques privés n’ont pas été expropriées. À Paris, l’AP-HP a recruté 500 soignants mais il en manque encore 450 ; à Marseille, l’AP-HM en a recruté 150 mais il reste 257 postes paramédicaux à pourvoir, etc. Faute de candidats, au vu des conditions de travail et de rémunération. Or ce que ne dit pas Macron, c’est que les lits d’hôpitaux, notamment en réanimation, ont besoin de personnels. Le mouvement de grève des soignants depuis 2018 demandait 100 000 postes et 300 euros d’augmentation mensuel.
La réponse de la concertation du « Ségur de la santé », conçue pour étouffer le mouvement des travailleurs de la santé du début de l’été avec la caution des directions syndicales était de 15 000 postes et 183 euros par mois. En fait, il est impossible de disposer de 10 000 lits courant novembre et encore moins des 12 000 lits annoncés par Véran fin aout.
Seule trace d’un « plan », une note du ministère datée du 17 juillet, qui recense région par région le nombre de lits de réanimation mobilisables. Le total atteint bien 12 515, mais pour y parvenir les hôpitaux devraient enrôler jusqu’à 24 000 infirmiers et 10 500 aides-soignants supplémentaires. (Le Monde, 6 octobre)
Par conséquent, il faut procéder à de nouveaux reports de soins qui nuisent aux IVG, aggravent parfois les pathologies (VIH, diabète, cancers…) et coûtent même des vies. En octobre, la pénurie de vaccins pour la grippe saisonnière est un signe inquiétant pour faire face aux maladies hivernales s’ajoutant au Sars-CoV-2.
Les guichets des services publics resteront ouverts. Les usines, les exploitations agricoles, les bâtiments et travaux publics continueront de fonctionner. L’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer ! (Macron, 28 octobre)
Une différence majeure avec le confinement du printemps est l’ouverture des lieux d’études (écoles, collèges, lycées) et l’obligation du travail pour les professions dites « essentielles », confirmant que les ouvriers et les employés souvent mal rémunérés et méprisés sont indispensables mais sacrifiables par le pouvoir capitaliste.
Alors que la crise économique, aggravée par la pandémie mondiale, a déjà fait 600 000 chômeurs de plus, les plans de licenciements se multiplient. Pour l’instant, Macron prolonge le chômage partiel à hauteur de 84 % du salaire si les travailleurs sont contraints de se confiner mais les précaires, les apprentis et les étudiants ont déjà beaucoup perdu. Et aucune amélioration n’est prévue pour un million de nouveaux pauvres. Dans le même temps, le gouvernement garantit 460 milliards d’aides et prolonge pour 6 mois les prêts garantis aux entreprises.
La mise au point d’un vaccin est freiné par la concurrence des grands groupes capitalistes du secteur et l’absence de concertation internationale qui en découle.
Le 29 octobre, Castex avance 20 milliards d’euros de plus et promet des aides supplémentaires « aux entreprises ». Au bout du compte, c’est aux travailleurs qu’il reviendra de payer la note. Castex a d’ailleurs promis au patronat que les attaques contre l’allocation-chômage, réduisant les allocations et leurs accès, seraient appliquées en 2021 tout comme la retraite à points déjà adoptée. Un forfait de 18 euros pour accéder aux urgences médicales (supprimé que pour les femmes enceintes et réduit à 8 euros pour les malades chroniques) a été voté à l’Assemblée nationale dans le cadre du budget 2021 de la Sécurité sociale.
Le président et le premier ministre misent sur la conjoncture créée par les attentats islamistes et l’interdiction des rassemblements. L’atonie est facilitée par le « dialogue social » que les directions CGT, FO, CFDT, UNSA, Solidaires, FSU et CFTC assument chaque jour en le fréquentant et en accompagnant sa politique à tous les niveaux, comme « le Grenelle de l’éducation » lancé le 22 octobre, la « conférence du dialogue social » du 26 octobre à Matignon… Berger de la CFDT dévoile le rôle réel de la concertation, aider le gouvernement :
Il faut qu’on ait une vraie discussion et piloter un peu plus collectivement. Le gouvernement a intérêt à ce que les organisations syndicales comme patronales, comme les collectivités territoriales, ne soient pas de simples commentateurs de son action. (Le Monde, 25 et 26 novembre)
La responsabilité des partis et syndicats ouvriers est de dénoncer cette politique de soutien aux capitalistes et de sacrifice des travailleurs, de rompre leur collaboration avec le gouvernement et le patronat. Pour faire face à la crise économique et sanitaire, les organisations ouvrières doivent se prononcer et défendre les revendications capables de contrer la pandémie.
Augmentation des salaires ! Rémunération correcte des stagiaires, des apprentis, des élèves-infirmiers, des médecins en formation! Respect des RTT dues et des congés ! Création de tous les postes nécessaires ! Baisse du temps de travail ! Titularisation des précaires et égalité de traitement pour les soignants étrangers ! Expropriation des réseaux de cliniques privées et de laboratoires privés, des groupes pharmaceutiques et équipementiers médicaux !
Ce programme exige le front unique de tous les travailleurs, l’auto-organisation dans les entreprises et sur les lieux d’études, pour arracher nos revendications.
Interdiction des licenciements ! Abrogation des journées de carence dans le privé et le public ! Fin du temps partiel imposé ! Gratuité des soins ! Des papiers pour tous ! Des logements décents ! Allocation d’étude pour tous les étudiants ! Titularisation des précaires ! Du travail pour tous ! Réduction de la semaine de travail jusqu’à l’embauche de tous les chômeurs sans baisse de salaire !
Ces exigences ne peuvent aboutir dans leur ensemble sans prendre le pouvoir et exproprier les capitalistes. Seul un pouvoir ouvrier peut rompre avec le profit, orienter la production vers les besoins sociaux de toute la population. Un tel gouvernement devra aussi avancer vers les États-Unis socialistes d’Europe, combattre pour le communisme mondial. C’est la voie à suivre contre la gestion capitaliste et morbide de la pandémie Covid-19, pour organiser la production mondiale de manière planifiée selon les besoins de l’humanité.