Capitalisme décadent et irrationalisme
Bien sûr, il arrive que les représentants politiques de la bourgeoisie disent la vérité, comme en 1986 un sénateur étasunien du Parti démocrate, futur vice-président d’Obama en 2009 puis candidat à l’élection présidentielle de 2020.
Si Israël n’existait pas, les États-Unis devraient l’inventer. Nous n’avons pas à le faire parce que vous protégez nos intérêts comme nous protégeons les vôtres. (Joe Biden, cité par Haaretz, 26 avril 2019)
Mais, dans le capitalisme en déclin, la démagogie n’est pas réservée aux partis « populistes ». Elle imprègne les partis les mieux établis des plus vieilles démocraties bourgeoises. Tous les partis politiques bourgeois nient la lutte des classes parce qu’ils défendent les intérêts de la minorité exploiteuse au détriment des autres classes. Par conséquent, ils recourent à la démagogie, voire à l’irrationnel.
Le soutien du Parti démocrate à Israël vient des tripes, passe par le cœur et va jusqu’à notre tête. C’est presque génétique. (Joe Biden, 5 octobre 2006, site Jewish Virtual Library)
Les fondateurs d’Israël se réclamaient du socialisme et étaient des athées convaincus. Mais, pour assoir la légitimité de la colonisation sioniste de la Palestine peuplée très majoritairement d’Arabes, David Ben Gourion, Golda Meir, Moshe Sharett et les autres dirigeants travaillistes n’hésitaient pas à s’appuyer sur un antique mythe, la Bible, selon lequel il existe un Dieu (Adonaï) qui a choisi un peuple à qui il aurait confié ce territoire.
Ben Gourion affiche le 14 mai 1948 une double légitimité : celle de la loi internationale édictée par l’ONU… celle du droit du peuple juif à la Palestine qui se fonderait sur la promesse faite, il y a près de quatre millénaires, par Adonaï à Abraham… (Alain Gresh & Dominique Vidal, Les 100 clés du Proche-Orient, Hachette, 2003, p. 314)
Cette continuité millénaire est fallacieuse.
Très majoritairement, les juifs d’aujourd’hui sont des descendants de juifs convertis, qui n’ont pas grand-chose à voir avec la Palestine, et que les descendants des Judéens de l’Antiquité sont ceux qui sont toujours restés sur place, c’est-à-dire les Palestiniens, qui ont été majoritairement juifs, puis majoritairement chrétiens, puis majoritairement musulmans. (Pierre Stambul, 5 juillet 2018, site Union des Juifs pour la paix)
Un mythe associé est celui de la langue parlée en Israël qui serait la langue de ce peuple élu, l’hébreu. Les nationalismes du 20e siècle n’ont pas eu peur de réinventer des langues, avec plus ou moins de succès (Irlande, Pays basque, Catalogne, Occitanie, Bretagne, Canaries…). Les Juifs, à la fin du 19e siècle, parlaient arabe, yiddish, russe, allemand, ladino, anglais, etc. La langue officielle d’Israël, créée au début du 20e par le sioniste Éliézer Ben-Yéhouda, n’a pas grand-chose à voir avec l’hébreu biblique.
Bien avant la destruction du 2e Temple et la dispersion des Juifs en -70, l’hébreu avait déjà disparu comme langue parlée en Palestine, remplacé par l’araméen, une langue sémitique apparentée, celle parlée par Jésus Christ… La grammaire a été totalement révisée et une grande partie du vocabulaire a été soit inventée à partir de racines de l’hébreu ancien ou empruntés à d’autres langues sémitiques. (Fred Halliday, 100 Myths about the Middle East, Saqi, 2005, p. 45-46)
Un État colonial
Israël a été fondé en 1949 et dirigé jusqu’en 1977 le Mapaï-HaAvoda (Parti travailliste). Mais un État colonial engendre inéluctablement le racisme. Il se définissait comme « Juif et démocratique », mais n’était démocratique que pour les Juifs, et était Juif pour les autres habitants dans ses frontières. La « démocratie » israélienne est une tromperie car elle est basée sur règne de la bourgeoisie juive d’origine européenne, socialement minoritaire, et sur la négation des droits des Palestiniens. En plus, elle est minée de l’intérieur par la paranoïa, le cléricalisme et le militarisme.
Au fil du temps, le succès du projet sioniste se retourne contre le parti ouvrier bourgeois. Les vagues d’immigration successives permettent aux concurrents du Mapaï de s’affirmer.
Les sociétés de colons se caractérisent généralement par une vaste stratification en trois ethno-classes principales : a ) un groupe constitutif fondateur… b ) un groupe d’immigrants ultérieurs issus de milieux culturels différents… c ) les groupes autochtones dépossédés. Des exemples de ces relations triadiques sont en Algérie : a) les colons français, b ) les immigrants italiens, maltais et espagnols, c ) les groupes autochtones arabes et berbères ; aux États-Unis : a ) les WASP, b ) les groupes d’immigrants européens ultérieurs, c ) les Amérindiens… En Israël, le même sort attendait les immigrants sépharades arrivés dans les années 1950 et 1960 : en tant que Juifs, ils ont bénéficié de tous les droits civiques et politiques, mais ils furent socialement et économiquement marginalisés : installés dans des zones frontalières et dans des villes désertées par les Palestiniens en 1948, ils furent utilisés pour renforcer l’armée et fournit une main-d’œuvre non qualifiée pour l’agriculture du pays et, plus tard, son industrialisation. (Yoav Peled, 25 février 2020, site Union des Juifs pour la paix)
La montée de la réaction
Le pouvoir est passé à la fin du 20e siècle à l’autre aile du sionisme, à la plus réactionnaire, le Parti révisionniste.
Toute population autochtone dans le monde résiste aux colonisateurs aussi longtemps qu’elle a le moindre espoir d’être capable de se débarrasser du danger d’être colonisé. C’est ce que font les Arabes en Palestine, et ils persisteront à le faire tant que subsistera une petite lueur d’espoir d’empêcher la transformation de « la Palestine » en « Terre d’Israël »… Soit la colonisation sioniste s’arrête, soit elle se poursuit sans considération pour la population indigène. (Vladimir Jabotinsky, Le Mur de fer, nous et les Arabes, 4 novembre 1923)
Le Parti révisionniste est à l’origine de l’organisation terroriste sioniste Irgoun dirigée par Menahem Begin qui multiplie les massacres d’Arabes en 1947-1948. Il se reconvertit après la fondation d’Israël en un parti bourgeois, le Hérout (Liberté), qui n’obtient en 1949 que 12 % des voix. Le Hérout affiche dès le début son but : créer un « Grand Israël » incluant le territoire de la Jordanie. Il s’oppose aussi aux concessions à la classe ouvrière juive qu’il juge excessives. En 1973, le Hérout fusionne avec le Parti libéral et des scissions de droite des travaillistes pour former le Likoud (Consolidation).
En 1977, le Parti travailliste perd le pouvoir au profit du Likoud (ex-Hérout). S’en suit pendant un quart de siècle une alternance au pouvoir du Likoud (Begin, Sharon, Netanyahou) et du HaAvoda (Rabin, Peres, Barak) qui prend fin avec le 21e siècle. Les entreprises de la centrale syndicale Histadrout, autrefois le deuxième employeur après l’État, sont privatisées dans les années 1990. Le Likoud appuie ouvertement les colons.
En 1974, se crée le Gouch Emmounim (Bloc de la foi), un mouvement revendiquant le droit des Juifs à s’installer partout en Eretz Israël. Il multiplie les coups de main et les occupations illégales dans des zones de fort peuplement arabe… L’accession au pouvoir accéléra considérablement le mouvement… Dès le début des années 1980, on utilisera à fond, pour « remplir » les colonies, le ressort de la crise du logement. (Alain Gresh & Dominique Vidal, Les 100 clés du Proche-Orient, Hachette, 2003, p. 133)
Au fil du temps, faute d’un parti ouvrier révolutionnaire capable de répondre en termes de lutte de classe à l’oppression nationale et aux inégalités sociales, de nouveaux partis bourgeois apparaissent. Ils misent sur les différenciations identitaires entre Juifs. D’autres, ou les mêmes, exacerbent le fanatisme religieux et le racisme anti-arabe.
L’identité israélienne, après les accords d’Oslo, s’est fracturée en 7 communautés : les Ashkénazes [venant d’Europe centrale] laïques, les sionistes religieux, les Ashkénazes ultra-orthodoxes, les Mizrahims [venant du Proche-Orient] ou Sépharades [venant d’Afrique du Nord], les Juifs venant de l’ex-union soviétique, les Arabes et les Ethiopiens… La fin de la suprématie ashkénaze résulte de trois tendances qui se sont développées en Israël au cours des 50 dernières années : la principale a été l’émergence d’un sionisme religieux, colonialiste et messianique ; la deuxième a été l’immigration massive de Juifs venant de l’ex-Union soviétique ; la dernière a été la tentative des Mizrahims de pénétrer dans l’arène politique, ce qui a débuté en 1984 et culminé avec 17 sièges parlementaires obtenus par le parti Shas sépharade ultra-orthodoxe. (Lev Grinberg, 18 septembre 2019, UJFP)
Au début du 20e siècle, le Likoud se trouve donc concurrencé par le Shas (Séfarades orthodoxes pour la Torah) ; le Yahadout HaTorah (Judaïsme unifié de la Torah) ; Israel Beytenou (Israël notre maison) à l’origine basé sur l’immigration russe, grand défenseur des colonies en Cisjordanie ; la Yamina (Droite), clérical, partisan d’un Eretz Israël (Grand Israël) et promoteur des colonies ; la Otzma Yehudit (Force juive), fasciste…
En 2000, le gouvernement de Barak (HaAvoda travailliste) approuve le projet de construction d’un mur. En 2006, l’armée israélienne, par décision du gouvernement d’Olmert (Kadima+HaAvoda+Shas) envahit le Liban ; elle envahit et détruit Gaza. En 2007, les gouvernements israélien et égyptien décident le blocus de Gaza. En 2008-2009, sous le gouvernement d’Olmert, l’armée israélienne envahit et ravage Gaza ; elle envahit le Liban. En 2014, par décision du gouvernement de Netanyahou (Likoud+Israel Beytenou+Foyer juif), elle récidive à Gaza. En 2018, l’armée israélienne sur ordre du gouvernement de Netanyahou (Likoud+Koulanou+Foyer juif+Yahadout HaTorah+Shas+Israel Beytenou) assassine des centaines de manifestants palestiniens et en estropie plusieurs milliers.
Une des rares luttes sociales d’envergure de cette période en Israël est la « révolte des tentes » de 2011 qui voit se mobiliser des centaines de milliers de personnes contre le niveau des loyers et des prix des logements. Il s’inscrit dans la vague de soulèvements populaires qui secoue l’Iran en 2009, la Grèce et plusieurs États arabes en 2010-2011, la Turquie en 2013. Mais la montée de l’islamisme antisémite sous toutes ses formes (Frères musulmans en Égypte et en Tunisie, djihadistes en Libye et en Syrie…) empêche la jonction. En Israël, contrairement à ceux du reste du monde, très peu de Juifs défendent les droits nationaux des Palestiniens.
Novembre 2018, Israël devient ingouvernable
La chambre unique (Knesset) est élue tous les 4 ans au scrutin proportionnel, avec un seuil électoral de 3,25 % des suffrages exprimés pour éliminer les plus petits partis du parlement et faciliter la formation, de plus en plus délicate, de majorités gouvernementales. Contrairement à la France actuelle, les pouvoirs du parlement l’emportent sur ceux du chef de l’État (président) : la Knesset détient le pouvoir législatif (le vote des lois et du budget), contrôle le gouvernement (qui exerce l’essentiel du pouvoir exécutif) et élit le président.
Évidemment, les réfugiés palestiniens ne votent pas, tandis que tous les Israéliens juifs ont le droit de vote ainsi qu’une minorité arabe qui vit dans les frontières actuelles même si, dans certaines zones (le Negev), il n’y a pas de bureau de vote.
Netanyahou (Likoud) est premier ministre depuis 2009. En novembre 2018, à la tête d’un gouvernement de coalition de 6 partis politiques sionistes, il conclut un cessez-le feu avec le gouvernement Sinwar (Hamas) de la zone de Gaza. Le parti raciste Israel Beytenou, en désaccord, quitte le gouvernement. En septembre, la Cour suprême met fin à l’exemption du service militaire accordée aux « étudiants » des yeshivas, les séminaires juifs fondamentalistes. La majorité parlementaire se fracture. Le Shas, le Yahadout HaTorah, l’Union des partis de droite, etc. soutiennent les « haredims » (fanatiques religieux). Le 30 mai 2019, la Knesset convoque des élections législatives anticipées pour septembre. La crise politique n’empêche pas l’armée israélienne d’intervenir en 2019 en Syrie, en Irak et au Liban.
Avril 2019, élections anticipées
En février 2019, trois anciens chefs d’état-major fusionnent plusieurs petits partis sionistes et forment Kakhol Lavan (Bleu et blanc, selon les couleurs d’Israël) pour pouvoir rivaliser avec le Likoud et chasser Netanyahou du pouvoir. Le chef de file de Kakhol Lavan, Gantz, avait été à la tête de l’armée qui détruisit la bande de Gaza en 2014, pour la renvoyer, selon ses termes, « à l’âge de pierre ». Kakhol Lavan n’a guère de différence avec le Likoud sur la colonisation mais il se distingue en s’affirmant laïque et en prétendant défendre les services publics.
Les élections du 9 avril 2019 mettent les deux rivaux à égalité : le Likoud obtient 26,5 % des voix et 35 députés, Kakhol Lavan (Bleu et blanc) 26,1 % et 35 sièges. Le président Rivlin (Likoud) confie la formation d’un gouvernement à Netanyahou mais celui-ci n’arrive pas à former une coalition suffisante autour du Likoud car il a besoin à la fois d’Israël Beytenou, laïque, et de Shas et de l’Union des partis de droite, cléricaux. En mai, la Knesset convoque donc de nouvelles élections législatives.
Septembre 2019, retour aux urnes
Pour les préparer, le Likoud fusionne avec le Koulanou. Lors de la campagne, Netanyahou affirme que les citoyens arabes veulent « voler les élections » et que « les Arabes veulent nous anéantir tous, hommes, femmes et enfants ». Sur sa droite, les partis cléricaux fascisants la Nouvelle droite et l’Union des partis de droite s’allient au sein de Yamina. Le mouvement ouvrier (Hadash, HaAvoda, Meretz) est historiquement divisé sur un clivage ethnique entre Juifs et Arabes, à cause du sionisme du parti ouvrier bourgeois Mapaï, plus attaché à sa bourgeoisie coloniale qu’aux travailleurs arabes. À l’automne 2019, tous les partis d’origine ouvrière s’allient avec des partis bourgeois… au nom de la priorité au renversement (électoral) de Netanyahou. Le Hadash participe à la Liste unifiée avec Ta’al et Balad (nationalistes arabes) ainsi qu’avec la Liste arabe unie (islamiste). Le Meretz crée l’Union démocratique avec le Parti démocrate de l’ancien premier ministre Barak. Le HaAvoda (Parti travailliste israélien) se présente aux législatives avec une scission du Likoud, le Gesher.
En septembre 2019, Kakhol Lavan (Bleu et blanc) l’emporte de très peu avec 25,9 % des voix et 33 députés contre 25,1 % et 32 sièges au Likoud. La Liste unifiée unie obtient 10,6 % des voix, soit 13 députés. Israel Beytnenou progresse : 7 % des voix, ce qui lui donne 8 sièges. Les partis des intégristes et des colons se maintiennent : Shas avec 7,4 % des suffrages et 9 sièges, Yahadout HaTorah avec 6,1 % et 7 sièges, Yamina avec 5,8 %, 7 députés. Les travaillistes et le Gesher obtiennent ensemble seulement 4,8 % des voix, 6 députés. L’Union démocratique comprenant le Meretz n’a que 4,3 % et 5 sièges.
Pour former un gouvernement, Netanyahou rassemble le Likoud, Shas, Yahadout HaTorah et Yamina, mais Israel Beytenou refuse de le soutenir, même si, à cette occasion, son chef Liberman déclare : « Les haredim sont nos adversaires politiques, mais les Arabes sont nos ennemis ». De son côté, Gantz rallie Kakhol Lavan (Bleu et blanc), la Liste unifiée, le HaAvoda (Parti travailliste israélien), l’Union démocratique… Aucun bloc n’ayant la majorité, le président Rivlin propose un gouvernement d’union nationale que Gantz refuse, en arguant des trois poursuites judiciaires pesant sur Netanyahou. La Knesset se résout le 11 décembre à convoquer de nouvelles élections législatives en mars 2020.
À la troisième manche, Netanyahou rafle la mise
Netanyahou mène la campagne du Likoud.
C’est lui qui avait introduit en Israël, dès les années 1990, l’usage massif des études d’opinion et la posture à l’américaine du candidat en représentant de commerce. Ces dernières semaines, il a porté cet art à l’incandescence, multipliant les promesses ciblées aux juifs d’origine éthiopienne, aux partisans de la légalisation du cannabis, aux employés de la compagnie aérienne El-Al… (Le Monde, 3 mars 2020)
Son fils mène parallèlement une entreprise de dénigrement de Gantz : enregistrements clandestins, rumeurs d’affaires extra-conjugales sans fondement, etc., à tel point que le président Rivlin (Likoud) avoue « un sentiment de profonde honte » après cette « campagne sale et lamentable ».
Le 2 mars, le Likoud gagne de peu (29,4 % des voix, 36 députés) devant Bleu et blanc (26,6 %, 33 députés). Aucun d’entre eux n’est en position de gouverner seul. Le président charge le 16 mars Gantz de former un gouvernement, mais celui-ci échoue à trouver une majorité parlementaire. Gantz négocie bien un pacte avec Israel Beytenou (7 % des suffrages, 8 députés) mais refuse de négocier avec la Liste unifiée (10,6 %, 13 députés) que Netanyahou qualifie de « soutiens du terrorisme et diffamateurs de soldats ». Le 26 mars, en pleine pandémie, Gantz accepte le principe d’un gouvernement d’union nationale, ce qui fait éclater son parti Kakhol Lavan dont la fragile unité reposait sur l’éviction de Netanyahou.
Le 20 avril, Gantz et Netanyahou annoncent la formation d’un gouvernement d’union nationale. Ce dernier resterait premier ministre pendant 18 mois, avant que Gantz lui succède pour 18 mois. Le 26 avril, le HaAvoda (5,8 % des voix avec le Meretz et le Gesher, la coalition obtenant au total 7 députés) vote pour le gouvernement d’union nationale. Le 7 mai, la Knesset approuve l’accord.
À la tête d’un bloc de partis religieux et nationalistes, M. Netanyahou gardera vraisemblablement le pouvoir réel, même s’il laisse le poste de premier ministre en novembre 2021… Autrefois dominant, le Parti travailliste, le parti des fondateurs d’Israël, est réduit à 3 députés à la Knesset, dont 2 vont rejoindre le gouvernement. (The Economist, 25 avril 2020)
Le 17 mai, la Knesset a avalisé le gouvernement qui met fin à 500 jours de crise politique et de campagne électorale (73 députés pour, 46 contre). Pour satisfaire les appétits de tous les partis qui le soutiennent, dont le HaAvoda, le gouvernement « d’union nationale » est le plus gros de toute l’histoire d’Israël : 36 ministres, 16 vice-ministres. Le jour même, la ministre des implantations Hotelevy (Likoud) a annoncé à la presse que le nouveau gouvernement annexerait des territoires en Cisjordanie, comme l’y incite le plan de Trump [voir Révolution communiste n° 39].
Le Mapam-Meretz (Parti « socialiste ») et le Maki-Hadash (Parti « communiste ») capitulent depuis 1947 devant l’ONU et reconnaissent la légitimité d’un État colonial en Palestine. Le Mapaï-HaAvoda (Parti « travailliste ») trahit depuis sa naissance. Il est plus que temps que les travailleurs d’Israël rompent avec la bourgeoisie, s’allient avec les travailleurs de la région (avant tout les travailleurs palestiniens), pour pouvoir enfin défendre leurs intérêts et ouvrir, en liquidant l’État colonial, la solution d’un gouvernement des travailleurs à la tête d’une Palestine unifiée, laïque et démocratique, dans le cadre de la fédération socialiste du Proche-Orient.
Pour cela, il faut que l’avant-garde juive et arabe se regroupe et s’oriente vers la construction de l’internationale ouvrière révolutionnaire et d’un parti qui s’inspire des expériences du Parti communiste de Palestine (Internationale communiste) de 1920 et de la Brit-LCR (4e Internationale) de 1938.