Le 17 février, le journal médical The Lancet publiait une lettre signée par 117 médecins appelant à l’arrêt de la torture de Julian Assange et de la négligence des soins médicaux qu’il nécessite. Le10 mars, l’Institut des droits humains de l’Association internationale du barreau (IBAHRI) a publié une déclaration condamnant les mauvais traitements infligés à Assange lors de son procès, invoquant la convention de l’ONU contre la torture et la législation britannique sur les droits humains.
Le 25 mars, ses avocats ont déposé une demande de libération conditionnelle motivée par le danger que pose sur sa santé et sa vie l’épidémie de Covid-19 qui sévit dans les prisons. En effet, Assange souffre d’une affection pulmonaire chronique, et les conditions sanitaires de sa prison ne permettent pas de faire face à l’épidémie. Par ailleurs, le gouvernement britannique a envisagé de libérer certains détenus afin de désengorger les prisons. Dans une salle d’audience presque vide à cause du confinement, la juge Baraitser commença par annoncer que la prison de Belmarsh avait autorisé Assange à écouter le procès en vidéo pendant seulement 15 minutes, et la communication audio se passa fort mal pendant celle-ci, il ne put pas entendre grand-chose. Le reste se passa en son absence.
Les avocats du gouvernement américain plaidèrent que la décision de libération conditionnelle incombait au ministère de la Justice, pas au tribunal, ensuite qu’Assange risquait de s’enfuir. Pour la défense, Edward Fitzgerald plaida le réel danger de la contamination au Covid-19 : dans la prison de Belmarsh, plusieurs détenus sont contaminés, et un grand nombre de gardiens sont confinés ou en arrêt maladie à cause du virus. Pour ce qui est du risque de fuite, la défense est prête à accepter un régime de résidence surveillée d’Assange chez son père et sa compagne, avec un suivi GPS. Finalement, la juge refusa la demande de libération conditionnelle, opinant que la pandémie ne donne aucun motif de le libérer, et qu’elle n’a aucune raison de se défier de la façon dont le gouvernement protège les détenus du virus.
Alors que le ministère de la Justice décidait début avril de libérer 4 000 détenus non-violents, Assange en fut exclu au motif qu’il ne servait pas une peine de prison suite à une condamnation (il a purgé sa peine précédente de 50 semaines d’emprisonnement, et il est en détention provisoire en attente du jugement sur la demande d’extradition déposée par les États Unis).
La pandémie a fortement désorganisé le système carcéral britannique. Dans la prison de Belmarsh, les détenus qui toussent sont regroupés dans une aile séparée, sans aucun test de dépistage, et peuvent se retrouver à plusieurs dans une même cellule, ce qui favorise la propagation de la maladie ; d’ailleurs au moins un détenu de cette prison est décédé du Covid-19. Cependant, le gouvernement ne communique aucune statistique sur l’épidémie en milieu carcéral. Étant donné l’affection pulmonaire chronique d’Assange, son maintien en détention pose un grave risque pour sa vie.
Le 7 avril, la juge entra à nouveau dans le tribunal avec ses décisions écrites à l’avance. La compagne d’Assange ayant écrit en appui à sa demande de libération conditionnelle, révélant qu’il avait une famille à Londres auprès de qui il pourrait vivre, Vanessa Baraitser décida que les noms de la compagne et des deux enfants d’Assange pouvaient être rendus publics, dans l’intérêt d’une « justice ouverte », et que la défense n’avait pas démontré qu’il pourrait y avoir une quelconque menace contre leur sécurité et leur bien-être. Ceci provoqua l’indignation de Mark Summers, l’avocat de la défense., qui annonça qu’il ferait appel auprès de la Haute Cour, demandant un délai de 14 jours ; la juge n’en accorda que 4.
La défense demanda également le report des audiences du procès en extradition, prévues pour le 18 mai, arguant qu’Assange est trop malade pour préparer sa défense, que le confinement ne lui permet pratiquement pas de communiquer avec ses avocats, qu’avec les restrictions sur les déplacements il serait impossible de faire venir des témoins, en particulier de l’étranger, et enfin que le traitement psychothérapique d’Assange est interrompu en raison de l’épidémie. Les avocats du gouvernement des États-Unis n’y opposèrent aucune objection, et le procureur James Lewis s’affirma neutre sur la question. Il révéla que même les psychiatres envoyés par le gouvernement des États-Unis pour expertiser la santé mentale d’Assange n’avaient pas pu le voir, à cause du confinement. Néanmoins, la juge Baraitser rejeta cette demande et insista pour la reprise des audiences le 18 mai. Elle expliqua qu’Assange pourrait être amené dans les cellules du tribunal pour consulter ses avocats ; mais ces locaux sont fréquemment visités par de nombreux prisonniers, ce qui peut poser des risques de contagion.
Suite à la décision de la juge de permettre la publication de l’identité de la compagne d’Assange et de leurs deux enfants, celle-ci décida de montrer sa famille dans une vidéo publique. Elle y exprima sa crainte pour sa vie s’il n’était pas libéré, et révéla que la compagnie UC Global, qui avait espionné les conversations d’Assange avec ses avocats dans l’ambassade équatorienne, avait tenté de voler une couche culotte de l’aîné de ses enfants afin d’en tester l’ADN. Cette initiative attira le tabloïd Mail on Sunday, toujours intéressé par les détails croustillants mais jamais par le droit des journalistes de révéler des informations, qui dépêcha ses paparazzis pour faire un photoreportage. Quant au Guardian, la voix servile du soi-disant libéralisme, une de ses journalistes exprima son mépris sur Twitter, disant « vomir pour un avenir prévisible » devant une photo d’Assange souriant à l’un de ses enfants.
L’attitude constante de la juge Baraitser, refusant de garantir les droits d’Assange en tant que justiciable, ne faisant rien pour empêcher les mauvais traitements dont il fait l’objet, insensible à la situation sanitaire dramatique dans sa prison, sans le moindre respect pour la vie privée de sa famille, et toujours acharnée contre ses défenseurs, montre qu’elle agit sur ordres du gouvernement britannique, qui ne cherche rien moins qu’à le détruire physiquement et psychologiquement. Sa mort arrangerait bien les gouvernements du Royaume Uni et des États-Unis.
Libération immédiate de Julian Assange ! Non à l’extradition !