Front unique pour chasser les fascistes du campus de Strasbourg !

Le 12 décembre, une quinzaine de nervis de l’AF, dont la majorité était cagoulée, agressa des étudiants et militants syndicaux qui bloquaient temporairement un bâtiment de l’Université de Strasbourg dans le cadre de la mobilisation en défense des retraites. Plusieurs personnes ont été frappées, trois se plaignant de douleurs au visage, et une étudiante militante de SUD a reçu des coups de chaise sur la tête, entraînant 7 jours d’ITT. Cette action a été revendiquée par voie de communiqué de presse, signé par le responsable local d’AF, inscrit comme étudiant à la faculté des Sciences historiques et à la « faculté de Théologie catholique », une institution de l’irrationalité et de la superstition abusivement rattachée l’Université de Strasbourg [voir Révolution communiste n°19].

Le 5 décembre, un blocage éphémère au lycée Montaigne à Paris a été violemment attaqué par l’AF. Au Mans, le 14 décembre, une cinquantaine d’AF (Le Mans, Tours, Angers, Rennes, Paris, Lyon ont paradé dans le centre-ville pendant 2 heures cagoulés, casqués et armés de battes de baseball, barres à mine, gants coqués, poings américains, matraques télescopiques. Ils ont attaqué un café et une personne pour ses traits. Le rassemblement fasciste était soutenu par Louis de Cacqueray-Valmenier, un élu municipal de la liste du RN et du PCD.

Chaque fois que la classe ouvrière et la jeunesse se mobilisent, des groupes fascistes, milices de réserve au service du capital, viennent agresser les grévistes, s’entraînant ainsi en vue de leur objectif, détruire par la violence le mouvement ouvrier. Pour l’instant, leur taille est limitée, mais AF, GI, BS et compagnie se préparent à l’ombre du parti fascisant FN-RN et parfois en son sein [voir Révolution communiste n° 1, 7, 33, 36].

L’apparition d’organisations de combat qui ont pour objectif l’élimination physique du prolétariat constitue un symptôme indubitable que la désintégration de la démocratie a commencé… L’espoir des partis réformistes que les organes de l’État démocratique allaient les défendre contre les bandes fascistes s’est avéré, partout et toujours, illusoire. (Léon Trotsky, « L’autodéfense ouvrière », 25 octobre 1939, Contre le fascisme, p. 706)

La pitoyable réponse des responsables syndicaux de l’université de Strasbourg s’est limitée faire appel à la hiérarchie et à supplier l’État bourgeois. Au niveau national, FO-ESR se tait, alors que le SNESup-FSU et le SNASUB-FSU suggèrent au ministre de l’Intérieur « d’étudier la possibilité d’interdiction de ce groupuscule ». Les chefs syndicaux ont demandé au président de l’Université Michel Deneken –un prêtre– de « condamner publiquement cette agression » et « d’engager toutes les démarches administratives et judiciaires utiles, qui seules permettront d’établir les faits, de sanctionner les auteurs de cette agression et de prévenir que de tels actes ne se reproduisent dans notre université ».

Mais qu’attendre de quelqu’un qui, au printemps 2018, pour empêcher des manifestants contre la loi ORE de pénétrer dans un bâtiment, envoya ses vigiles pour le fermer, bloquant ainsi les étudiants et personnels qui y travaillaient ? Un président qui affirme aujourd’hui que « nul ne saurait s’arroger le droit de quelque recours à la force que ce soit en dehors des lois de la République », ce qui veut dire qu’il approuve la violence quand elle émane des forces de répression de l’État !

Les travailleurs conscients ne demandent pas à l’État bourgeois de réprimer ou d’interdire les bandes contre-révolutionnaires, car ils savent que ceux-ci jouissent de l’appui de policiers ou de militaires, et ne disparaissent jamais quand elles sont prohibées. Le seul résultat des bêlements des réformistes est de désorienter le prolétariat, de ralentir l’autodéfense des travailleurs. Le rôle de l’État bourgeois ne consiste pas à défendre « la démocratie », mais de protéger la propriété privée et surtout le grand capital, comme nombre de grévistes, gilets jaunes ou jeunes mobilisés pour le climat en ont fait l’amère expérience. Toutes les lois édictées au nom de la lutte contre les « factieux d’extrême-droite » ont fini par être appliquées contre le mouvement ouvrier au nom de la « lutte contre les extrêmes ».

Par exemple, la dissolution des « ligues » fascistes par le gouvernement Laval, applaudie par le PCF, s’est révélée de la poudre aux yeux. Laval sera en 1940 le chef du gouvernement fasciste du maréchal Pétain qui interdira les grèves et dissoudra toutes les organisations ouvrières, même la CFTC. En 1936, les bandes fascistes (Croix de feu, Action française, Jeunesses patriotes…) ont simplement changé de nom.

La dissolution des ligues et leur métamorphose en partis politiques permettent à La Roque d’accroître notablement son audience à travers son PSF. (Jean-Pierre Azéma, La IIIe République, 1970, p. 275-276)

Officiellement, le PS-SFIO et le PCF s’étaient alliés au Parti radical pour sauver « la démocratie ». Pourtant, le gouvernement de Blum a saisi deux fois en juin 1936 l’hebdomadaire de la section française de la 4e Internationale La Lutte ouvrière (rien à voir avec le journal Lutte ouvrière d’aujourd’hui). Puis il a interdit le mouvement nationaliste algérien (Etoile nord-africaine) en janvier 1937 et a poursuivi ses dirigeants pour « reconstitution de ligue dissoute ». En mars 1937, la police du gouvernement de Front populaire tira sur des manifestants antifascistes à Clichy, causant 6 morts, 300 blessés.

En 1938, la dissolution du PCF par le gouvernement Daladier (Parti radical) a permis à l’État bourgeois (« la République » chère aux bureaucraties syndicales et aux PS, PCF, LFI, NPA, POID, POI…) d’empêcher toute réunion publique du plus grand parti ouvrier du pays, de saisir ses journaux et ses locaux, d’intimider des militant ouvriers, de les arrêter, de les licencier, de les emprisonner…

Pour cette raison, les communistes révolutionnaires appellent au front unique de toutes les organisations ouvrières, partis et syndicats, en vue d’organiser la protection des grévistes et des manifestants, pour chasser les fascistes des campus.

18 décembre 2019, correspondant

L’illustration est fournie par le site antifa La Horde :

https://lahorde.samizdat.net