Pour la coordination des organisations ouvrières et populaire d’autodéfense ouvrière, indigène, paysanne et populaire contre les gangs des « comités civiques » et les organes répressifs de l’état de l’état !
Le déroulement du coup d’État
- 1. Le 10 novembre, le président Evo Morales a annoncé sa démission de son poste et, avec le vice-président García Linera, il part pour le Mexique
- 2. Le 12 du même mois, le ministre bolivien de la Défense, Javier Zavaleta López, a annoncé sa démission en raison d’un désaccord avec les principaux dirigeants de la manifestation qui a conduit à la démission d’Evo Morales (l’ancien président Carlos Mesa et chef « civique » Luis Fernando Camacho, responsable à son avis d’« augmenter le niveau de la répression », ce qui montre une fissure importante chez les commandants militaires boliviens.
« Compatriotes ! Aujourd’hui, 11 novembre 2019, je démissionne de mon poste de ministre de la Défense, en indiquant clairement à la Bolivie et au monde que notre volonté, celle du capitaine général des Forces armées et de ce ministre, a toujours été de préserver la légalité de nos Forces armées au service de la population. Nous n’avons jamais donné l’ordre à nos soldats et marins de porter une arme contre leur peuple et nous ne le ferons jamais. L’État que nous construisons est une Bolivie dans laquelle un soldat fait face à la défense de sa patrie aux côtés de son peuple et jamais contre lui. Par conséquent, la responsabilité de retourner les armes contre le peuple sera la responsabilité de ceux qui ont pris cette décision ».
- 3. Dès lors, c’est le commandant en chef des forces armées boliviennes, le général Williams Kaliman, qui prend le commandement des opérations, annonçant que les militaires descendront dans la rue pour renforcer la police face à la vague de violence et de vandalisme qui s’est répandue dans une grande partie du pays après la chute du président indigène Evo Morales.
- 4. Bien que les militaires n’aient pas adopté l’attitude typique d’un coup d’État militaire, de placer un de leurs hommes à la tête du gouvernement, leurs actions montrent leur rôle quand, d’une part, ils demandent publiquement la démission de Morales et ce sont eux qui mettent la ceinture présidentielle sur Jeanine Áñez ; d’autre part, ils sont la force répressive qui empêche les députés du MAS d’entrer dans l’hémicycle pour récupérer les positions des députés démissionnaires et ils vont renforcer la répression des masses afin de tenter de garantir la stabilité du nouveau gouvernement.
- 5. Plus tard, l’armée autorisa l’entrée des députés conciliateurs du MAS pour restructurer le bureau de l’Assemblée législative plurinationale de Bolivie. Cela se produit au moment où le gouvernement de fait, nommé en dehors de la légalité bourgeoise bolivienne, par une Assemblée nationale qui n’avait pas le quorum, limogeait le général Williams Kaliman lui-même comme chef de l’armée pour avoir été incapable d’exécuter l’ordre d’amener les troupes dans la rue pour écraser la résistance indigène et populaire. Et ce n’est pas que le général Kalimán ne voulait pas, mais que, selon Infobae d’Argentine, ses officiers s’opposaient à l’exécution des ordres. La fissure montrée par la démission du ministre de la Défense fait partie d’une plus grande qui a traversé tous les commandants par crainte que la tentative de s’y conformer n’entraîne une fracture horizontale entre la base de l’armée et les officiers comme cela s’est produit en Libye et en Syrie.
- 6. La résistance des masses boliviennes au coup d’État militaire s’est en fait accrue et se maintient héroïquement malgré leurs dirigeants politiques. Evo, de son exil doré au Mexique, appelait ses partisans à la démobilisation, malgré le fait que les gangs semi-fascistes des Comités civiques, les forces de police et l’armée imposent la terreur dans les rues. Alors que de la ville d’Alto, les ouvriers et les paysans descendaient pour prendre La Paz avec les milices des Ponchos rouges, les dirigeants de la COB, qui, au début de la crise, s’étaient joints à la demande de démission du président Evo, devaient choisir entre la soumission au coup d’État ou bien appeler à une grève nationale./li>
La bourgeoisie n’a pas la force d’imposer son ordre fasciste, les masses n’ont pas une direction révolutionnaire pour vaincre le coup d’état
- 7. Tandis que le peuple bolivien subit des meurtres pour tenter de vaincre le coup d’État, les dirigeants du MAS, avec Evo Morales à leur tête, font l’impossible pour désarmer politiquement le peuple et le livrer docilement aux mains du coup qui procède de tous les côtés. Malgré la répression, les masses d’El Alto entrèrent à La Paz et fermèrent l’Assemblée législative plurinationale de Bolivie, qui aux mains du MAS avait restructuré la directive, mais « légalisé » le coup d’État, permettant au président autoproclamé Jeanine Áñez Chávez de continuer à usurper le poste de président de la Bolivie.
- 8. Déjà le 24 octobre, Evo annonça qu’il était prêt à accepter que l’OEA, le bras exécutif de l’impérialisme, vérifie les résultats électoraux, ce qui montre jusqu’où il est prêt à aller pour montrer sa fidélité aux diktats impérialistes, puisque le résultat de cet audit ne pouvait être autre que celui de fraude. Il en fut ainsi. En dépit de tout cela, les masses augmentent leur résistance au nouveau gouvernement de facto, avec Cochabanba, La Paz et El Alto comme points forts.
- 9. L’extrême droite se sent si puissante face à l’attitude conciliante d’Evo Morales et du MAS, qu’au milieu des négociations, Jerjes Justiniano, ministre de la présidence putschiste, déclare par la voix que la participation du MAS, de ses candidats et d’Evo Morales à une élection est interdite « le temps que nous arrivions à un environnement pacifié », c’est-à-dire que le MAS doit d’abord démobiliser le peuple et ensuite il pourra participer aux élections sous les conditions des putschistes qui, eux, ils comptent sur la force de l’armée et la police.
- 10. Evo Morales et le MAS montrent qu’ils sont prêts à remettre aux représentants de l’impérialisme américain la capacité de combat des masses boliviennes qui, sans orientation politique, ont pu diviser l’armée. Evo ne refuse pas de participer aux nouvelles élections contrôlées par la bourgeoisie de Santa Cruz, l’OEA et les gringos, mais pour empêcher la vague de travailleurs, de paysans et d’insurgés populaires qui traverse l’Amérique latine, avec l’Équateur et le Chili comme plus grands représentants sur notre continent, auxquels s’ajoutent les travailleurs et les peuples de Porto Rico, d’Haïti, du Honduras et au-delà de notre continent ceux de Hongkong, du Bangladesh, de l’Irak, de la Syrie, du Liban, ainsi que le prolétariat français avec sa veste jaune et les travailleurs nord-américains eux-mêmes représentés par les travailleurs de l’automobile, les travailleurs du cuivre et les enseignants. Evo ne veut pas être une incitation à la répétition de l’Assemblée populaire bolivienne, encore moins à une nouvelle défaite de l’armée aux mains du prolétariat bolivien comme dans les années 1950 ; Evo ne veut pas être le président d’une Bolivie qui combat le plan d’ajustement qui lui sera imposé par le FMI et un prolétariat, paysans et peuples indigènes qui se battra à mort. Evo préfère passer pour un président renversé, pour se préserver à l’avenir comme sauveur du capitalisme dans ces pays andins. C’est pourquoi il soutient qu’il ne reviendrait qu’en tant que pacificateur et non en tant que président ou candidat.
- 11. Si l’impérialisme yankee et la bourgeoisie bolivienne ne peuvent pas écraser immédiatement la résistance, sous le feu des baïonnettes, ils accepteront d’ouvrir des élections avec la participation des candidats du MAS, même si elles permettent à un Evo de revenir en pacificateur des masses, comme il s’est manifesté. Leur calcul est que, s’ils ne les écrasent pas aujourd’hui, ils les écraseront après les élections et ceci comme un pas vers l’écrasement du prolétariat vénézuélien et nicaraguayen, pour garantir l’homogénéité de sa « cour arrière » à ses côtés dans sa confrontation intercapitaliste avec la Chine, la Russie et l’Union européenne.
La victoire sur l’impérialisme et la bourgeoisie bolivienne et les conciliateurs est encore possible…
- 12 – Pour les forces ouvrières et populaires boliviennes, la victoire contre le coup d’État est encore possible, malgré les conditions très difficiles que leur impose la direction du MAS avec Evo à sa tête, qui pactisent avec les ennemis du peuple, quand elles pourraient bien passer à la contre-offensive, à partir de leurs organisations comme la COB, les Fejuve [comités de quartier] et les fédérations indigènes régionales. Organiser la résistance armée contre les organismes répressifs de l’État à partir des milices des Ponchos rouges, des mineurs et de la longue expérience de lutte que le prolétariat bolivien et les peuples indigènes ont, ainsi unis, centralisés et armés de leurs milices, balayent avec toute la résistance bourgeoise, semant les graines pour étendre leur victoire au Sud et au Nord du continent.
- 13.- Dès lors, la résistance au coup d’Etat et la victoire totale sur lui passe par l’organisation de la résistance qui s’est développée en crescendo des organisations existantes depuis le moment même de la démission d’Evo, et sa centralisation et son renforcement avec la convocation d’un Congrès national de délégués démocratiquement élus qui constituera une NOUVELLE ASSEMBLEE BOLIVIENNE OUVRIERE, INDIENNE ET POPULAIRE, qui discutera LA REPRISE DES THESES DE puLACAYO et constituera un gouvernement ouvrier, paysan et populaire, dans une Bolivie socialiste.
- 14. La victoire totale ne sera possible qu’en établissant un gouvernement qui exproprie les expropriateurs du peuple travailleur ; qui récupère toute la richesse aujourd’hui entre les mains des transnationales et de la bourgeoisie autochtone ; un gouvernement qui nationalise le marché étranger et le secteur bancaire. Qu’il organise sa défense en détruisant l’armée bourgeoise et en construisant une armée de milice, où chaque ouvrier, paysan et indigène bolivien brandit une arme et où les officiers sont élus par la base des milices ; un gouvernement qui soit le premier pas de la grande révolution latino-américaine et mondiale.
- 15. L’expérience vécue sous le gouvernement d’Evo Morales montre au peuple bolivien d’Amérique latine et du monde que pour promouvoir toutes ces tâches qui constitueraient une victoire écrasante sur l’impérialisme et les bourgeoisies nationales, il faut construire un Parti ouvrier socialiste révolutionnaire des travailleurs, section d’une Internationale léniniste de combat, et à cette tâche tous les révolutionnaires, nous devons engager toutes leurs forces.