Alors que les grands médias n’ont pas arrêté de stigmatiser durant toute la compétition l’attitude supposée violente des supporteurs algériens, les rendant responsables des pires méfaits, rien n’a été dit, dans un premier temps, de ces attaques. Il faut dire que le contexte répressif stigmatisait fortement les supporters algériens. En effet, à chaque victoire de l’équipe d’Algérie en phase finale de la Coupe d’Afrique des Nation de football, les forces de polices ont toujours procédé de la même manière : blocage des ponts amenant au centre-ville, pas de drapeaux algériens dans la presqu’île de Lyon, gazage massif de tout le quartier de la place du Pont, à forte population d’origine maghrébine, et utilisation du LBD pour effrayer et mutiler. Pour la finale, les consignes de la préfecture de Lyon étaient claires : pas de possibilité de se rassembler devant un écran géant, vente d’alcool prohibée, utilisation de fumigènes, de pétards et de feux d’artifice interdite. Les possibilités de fêter la victoire étaient donc très minces pour les supporters de l’équipe d’Algérie. La répression a été forte au point qu’un jeune supporter a perdu un oeil, victime d’un tir de LBD.
Ainsi, ce contexte anti-algérien et anti-arabe a permis de couvrir le passage à l’acte de ces bandes armées qui ont pu en toute impunité sévir pendant plusieurs heures dans le 5e arrondissement de Lyon qui est aussi le fief de nazillons du type GI. En effet, alors qu’en ce vendredi les supporters de l’équipe d’Algérie tentaient de fêter en masse dans le centre-ville de Lyon la victoire de leur équipe en finale de la CAN de football face au Sénégal, des militants de groupuscules fascistes ont attaqué à plusieurs reprises des familles d’origine maghrébines dans des quartiers limitrophes. Comme souvent, ils s’en sont pris à des personnes isolées ne pouvant pas se défendre. Selon, le journal Le Progrès du 21 juillet, un groupe d’une trentaine d’individus vêtus de noir et armés de battes de baseball a attaqué dans un premier temps une mère de famille qui rentrait chez elle en voiture en compagnie de son bébé de 12 mois. En la voyant arrêtée à un feu, ils l’ont identifiée comme semblant être d’origine maghrébine. Ils ont alors brisé son pare-brise avec du matériel de chantier tout en lui hurlant « sale bougnoule ! ». Loin de s’arrêter là dans leur chasse aux faciès et leurs déchainements racistes, ils se sont aussi attaqués au véhicule d’une famille où se trouvait une petite fille et ses parents aux alentours du quai Fulchiron dans le 5e arrondissement. Le père, pris pour cible en raison de ses origines arabes, a été roué de coups avant de passer la nuit aux urgences et de porter plainte le lendemain. Il semblerait que trois autres femmes aient aussi subi le même type d’attaques dans la soirée.
Heureusement, grâce entre autres aux réseaux sociaux, ces évènements ont pu percer l’actualité. Plus fondamentalement, il est à noter que dans le climat politique européen actuel avec la montée du nationalisme, des groupuscules fascistes passe à l’acte, souvent aidés par l’attitude complice des forces de l’ordre, en s’en prenant aux travailleurs immigrés ou d’origine arabe en particulier, aux homosexuels, aux militants des organisations ouvrières tant politiques que syndicales.
Dans la nuit du 27 au 28 août, trois nervis d’AF ont attaqué le local du PCF, dans le quartier, encore populaire, des pentes de la Croix-Rousse. Ils ont fracassé treize vitres, avant de prendre la fuite. L’alerte avait été donnée par des riverains, avisés par le bruit du verre brisé. L’enquête policière a permis d’identifier des suspects, qui ont été interpellés le 2 septembre et ont reconnu les faits.
Dans la nuit du 31 août au 1er septembre, c’est le local de l’UL-CGT d’Oullins, commune limitrophe de Lyon et vieux bastion cheminot, qui a été attaqué par des « identitaires ». Ils ont recouvert de tags fascistes le local. À cela, s’ajoutent les agressions homophobes qui continuent dans le Vieux Lyon. La répétition de ces actes montre que non seulement le discours nationaliste, raciste et anti-ouvrier s’est libéré, mais surtout que leurs bras armés commencent à se lâcher et à se croire impunis.
Au-delà du soutien nécessaires aux militants du PCF et de la CGT, il est de la responsabilité des organisations du mouvement ouvrier (PS, PCF, LFI, NPA, LO, POID, POI…) et au premier chef des syndicats (CGT, FO, FSU…), d’organiser l’auto-défense ouvrière. Contre les fascistes ou face à la police : front uni des organisations de la classe, autodéfense ouvrière, constitution de milices prolétariennes, armement des travailleurs.