Front unique ouvrier contre le « deuxième acte » du gouvernement Macron-Philippe !

Macron a surmonté la crise politique ouverte fin 2018 par l’irruption inattendue des « gilets jaunes ». Il a profité des faiblesses du mouvement et de la collaboration de classes des organisations ouvrières traditionnelles pour réprimer avec une violence inouïe. Le gouvernement a même fait attaquer par la police les cortèges de Solidaires et de la CGT le 1er mai à Paris.

Son parti s’est relativement bien sorti des élections du Parlement européen ; le mécontentement, quand il s’est exprimé dans les urnes, ayant profité à deux partis bourgeois (RN et à EELV). Le gouvernement a repris ses attaques contre ce qui reste des acquis sociaux de la crise révolutionnaire de 1944 et de la grève générale de mai 1968. Le parti du président, quoique moins établi que LR, semble en mesure de le dépouiller lors des municipales. Le 8 juin, 72 maires et élus locaux de LR et de l’UDI ont rallié publiquement Macron.

Macron a gardé son premier ministre qui s’est payé le luxe de la « question de confiance » à l’Assemblée nationale.

Les députés ont largement voté la confiance au gouvernement d’Édouard Philippe. 363 ont voté pour, 163 contre, un score en très léger recul par rapport à 2017. (Le Figaro, 12 juin)

Qu’a-t-il annoncé ? Un vague plan pour l’environnement et une nouvelle série de contre-réformes, toutes négociées avec les directions syndicales, s’en prenant aux chômeurs, aux fonctionnaires, à la retraite…

L’État bourgeois, non content d’avoir facilité les licenciements (« rupture conventionnelle » individuelle ou collective) et d’avoir déjà renforcé le contrôle des chômeurs, s’en prend de nouveau aux victimes du capitalisme alors que la moitié des travailleurs au chômage ne sont pas indemnisés. Le projet de loi vise à économiser 3,4 milliards d’euros, en allongeant la durée d’affiliation nécessaire et en diminuant les indemnités des travailleurs les plus qualifiés (sans que celles des chômeurs moins qualifiés augmentent, évidemment).

L’État bourgeois change considérablement le statut de ses propres travailleurs. Il veut généraliser la précarité que vivent déjà 20 % d’entre eux (stagiaires, contractuels, vacataires). La loi Macron-Philippe-Dussopt, dite de « transformation de la fonction publique », retire le contrôle des carrières des fonctionnaires aux commissions administratives paritaires et entérine le recrutement par contrat et non par concours.

L’État bourgeois a déjà beaucoup réduit le droit à la retraite des salariés depuis 1993. Mais ce qui subsiste parait trop à la bourgeoisie française. Pendant un an et demi, les directions syndicales ont négocié l’unification des régimes sur la base d’un système de points, déjà en œuvre dans les régimes de retraite complémentaires qu’elles cogèrent avec le patronat. Non seulement les travailleurs salariés paieront encore plus pour les commerçants et les agriculteurs, mais la valeur du point sera décidée par le gouvernement. « L’âge pivot » de départ en retraite est, en outre, fixé à 64 ans.

Ainsi, les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres, les patrons intensifient le travail et licencient impunément, les quartiers populaires s’enfoncent dans la misère et la délinquance, le bac va être allégé et n’ouvrira plus les portes de l’université, les hôpitaux publics et les facultés qui n’intéressent pas le capital sont étranglés, le climat continue à se dégrader.

Néanmoins, la résistance s’exprime avec les protestations des lycéens et des étudiants en défense de l’environnement, la solidarité envers les réfugiés, des grèves pour augmenter les salaires, les tentatives d’empêcher les licenciements, les mobilisations des enseignants, le mouvement des travailleurs des services d’urgence des hôpitaux publics…

Mais les mêmes bureaucraties syndicales et leurs adjoints politiques (LFI, PCF…) qui ont conduit les cheminots à l’échec, qui ont isolé les « gilets jaunes », qui font des « propositions » au gouvernement, qui ont tout négocié, sabotent la résistance à la précarité et à l’exploitation. Ils multiplient les diversions :

  • suppliques au gouvernement avec des élus LR (Blanquefort, Belfort),
  • référendum avec les députés LR (AdP),
  • « grève du bac » (enseignement public),
  • émiettement site par site (hôpitaux),
  • « journées d’action » (11 juin dans les hôpitaux, 26 juin pour les chômeurs, 27 juin dans la fonction publique, 2 juillet dans les hôpitaux, 19 septembre à EdF…)…

Pour gagner, il faut rompre avec le gouvernement, préparer la grève générale jusqu’à la victoire.

Dans les syndicats, sur les lieux de travail et de vie, discutons et organisons-nous pour unifier les luttes dispersées et contrôler notre mouvement : comités d’action, assemblées générales démocratiques qui décident, collectif des grévistes élu (comme les éboueurs de Lyon en mars-avril), piquets de grève et autodéfense des manifestations, coordination national des comités et collectifs élus.

  • Retrait pur et simple de tous les projets Macron contre les chômeurs, les fonctionnaires, les retraites ! Abrogation de toutes les mesures antérieures !
  • Libération de tous les gilets jaunes, fin de toute poursuite, annulation de toutes les peines prononcées !
  • Interdiction des licenciements ! Baisse du temps de travail avec embauche des chômeurs !
  • Impôts sur la richesse, abrogation des impôts sur la consommation populaire et des cotisations sociales de salariés !
  • Hausse du smic, de tous les salaires et des prestations sociales !
  • Abolition de la présidence et du Sénat ! Révocabilité des députés ! Rémunération des élus à hauteur des travailleurs qualifiés ! Gouvernement des travailleurs basé sur les comités élus ! États-Unis socialistes d’Europe !

24 juin 2019