« Le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur ». Cette mesure figurait d’ailleurs dans le programme de campagne présidentielle de Macron : « Tous les smicards qui bénéficient de la prime d’activité toucheront par exemple l’équivalent d’un 13e mois de salaire, soit 100 euros nets de plus chaque mois ». Elle correspond aux exigences communes à tous les capitalistes, petits et grands, comme l’avait exprimé le Medef.
On a tous envie que nos salariés soient mieux payés mais… si la hausse du Smic est payée par les entreprises, cela se traduira par des destructions d’emplois. (Geoffroy de Bézieux, Le Parisien, 3 décembre)
« Les heures supplémentaires seront versées sans impôts ni charges dès 2019 ». Cette décision s’ajoute à la suppression des cotisations sociales (désocialisation) sur les heures supplémentaires prévue dans le budget 2019. Elle est équivalente à celle qui avait été mise en oeuvre sous la présidence de Sarkozy et avait détruit 30 000 emplois en 2011, tout en coûtant trois milliards d’euros par an à la Sécu et au fisc.
« Pour ceux qui touchent moins de 2 000 euros par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de CSG subie cette année ». Il s’agit de relever le seuil d’imposition de 1 200 à 2 000 euros, ce qui annule partiellement une mesure récente, sachant que le pouvoir d’achat des retraités a sensiblement diminué en raison de la désindexation des pensions qui est maintenue.
« Je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent, de verser une prime de fin d’année à leurs employés ». Ce sera au bon vouloir du patronat.
L’ISF n’est pas rétabli : « revenir en arrière nous affaiblirait, alors même que nous sommes en train de recréer des emplois dans tous les secteurs ». Pourtant, l’Insee remarque une diminution très nette du nombre d’emplois créés (15 000 au troisième trimestre 2018 contre près de 100 000 au quatrième trimestre 2017), une perte de dizaines de milliers d’emplois industriels depuis le début de l’année… La flat tax sur les revenus du capital, qui correspond à une baisse massive d’impôts pour les riches capitalistes, et la baisse de l’impôt sur les sociétés ne sont même pas évoquées. Au même moment, le Sénat facilitait la vie des exilés fiscaux en réduisant le délai d’exonération d’impôt sur les plus-values réalisées à l’étranger.
La classe dominante comprend que les concessions sont minimales.
Pour l’heure, il faut reconnaître à l’exécutif le mérite d’avoir préservé l’essentiel… Les mesures fiscales en faveur de l’investissement (suppression partielle de l’ISF, flat tax sur l’épargne…) sont maintenues, ainsi que les baisses de charges et d’impôts pesant sur les entreprises. Pourvu que cela dure ! (Le Figaro, 11 décembre)
LR, après avoir soutenu initialement les « gilets jaunes », se range rapidement du côté de la police et rallie le « grand débat ».
Macron n’a pas changé, ni changé sa politique : « on va davantage responsabiliser les pauvres car il y en a qui déconnent » (16 janvier). Un décret paru le 30 décembre renforce le contrôle des chômeurs. Le pouvoir exécutif a toutefois conscience qu’il n’est pas judicieux de porter immédiatement les attaques prévues contre le système de santé, contre la fonction publique, contre le système de retraites… Il attend donc la fin du « grand débat » et les élections au Parlement européen qui seront peut-être accompagnées d’un référendum.