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Le nom que donne l’État turc à cette opération militaire exprime l’accord qu’ont ces quatre États, même s’ils sont ennemis entre eux, contre toute revendication des Kurdes pour déterminer leur destin : « le rameau d’olivier » symbolise le rameau d’olivier que tend un dictateur à un autre, bien qu’ils se qualifient les uns les autres de dictateur aux mains tachées de sang. Nous, en tant que révolutionnaires marxistes/socialistes, appelons tous les travailleurs et les syndicats à s’opposer à cette agression.
Cette guerre est une guerre contre les Kurdes et la logique qui la sous-tend est très claire : les Kurdes, divisés entre quatre États, se font opprimer par ces États et tous leurs droits démocratiques leur sont confisqués. Les gains que les Kurdes peuvent obtenir dans l’un de ces États serviront à accélérer les revendications de droits démocratiques des autres Kurdes sous souveraineté des autres États, et par conséquent la constitution de leur conscience nationale. Cela créé des inquiétudes dans les régimes des États oppresseurs au sujet du devenir de leur domination. Ce qui explique qu’ils n’hésitent pas à utiliser tout moyen, y compris la guerre et les massacres, pour étouffer ce type de développement.
La possibilité de renouveler l’union nationale d’après le 15 juillet [date du putsch manqué en Turquie] est créée avec la guerre ouverte, la déclaration d’invasion évoquée depuis des jours, la déclaration de guerre du palais présidentiel évoquée depuis des jours, la propagande qui diffuse le poison raciste dans l’esprit des masses par les médias qui sont devenus le ministère de la propagande du palais et les oppositions faiblardes des centres impérialistes.
Chacune des analyses « techniques » qui dissertaient sur les conditions géographiques d’Afrin ou du fait qu’une telle opération serait impossible sans soutien aérien constituaient une opération militaire de massacre annoncée. Pour nous, marxistes révolutionnaires, il faut s’y opposer jusqu’au bout. Le régime d’Erdoğan a donné le nom de rameau d’olivier à cette opération, et sa justification est la lutte contre le terrorisme. Les médias qui ont endossé le rôle du ministère de la propagande du palais diffusent la propagande du racisme dans la conscience des masses et cette opération d’invasion est nommée opération contre la terreur. Tout cela est un énorme mensonge. Car celui qui a joué aux provocateurs dans guerre civile syrienne, celui qui a soutenu des organisations terroristes djihadistes, celui qui a qualifié de « jeunes en colère » les organisations terroristes ennemis de l’humanité comme l’État islamique qui ont provoqué des bains de sang non seulement la Syrie, mais de nombreux pays, celui qui a utilisé les attentats suicides dans son intérêt politique sur le chemin qui le conduisait à un régime présidentiel, celui qui a changé les villes kurdes comme Cizre ou Sur en villes moyen orientales envahies n’est autre que le régime d’Erdoğan lui-même. Ils ne craignent même pas de conduire en cars les djihadistes de Turquie vers la ville d’Afrin. De toute façon, il suffit de voir que le régime d’Erdoğan s’asseoir à la table des négociations en tant que protecteur des organisations terroristes aux mains tachées de sang avec le régime syrien et avec la Russie lors des négociations au sujet de la ville d’Alep et, de façon plus actuelle, d’Idlib pour prendre conscience de la réalité.
D’un autre côté, c’est aussi lui qui opprime et applique une terreur d’État à tout élément d’opposition avec l’état d’urgence et les décrets-lois. Le véritable ennemi n’est pas la population d’Afrin mais le régime d’Erdoğan. Le régime d’Erdoğan essaye de créer de nouvelles conditions pour prolonger son pouvoir. À l’état d’urgence, va s’ajouter un état de guerre. Il prévoit de ne pas être écarté du partage impérialiste en Syrie et de limiter l’espace de l’opposition grâce au climat nationaliste imposé au pays – le CHP fait depuis longtemps la course à celui qui sera le plus nationaliste avec l’AKP et le MHP. Nous voyons clairement que certains milieux socialistes se font absorber par cette course au nom du « patriotisme ». Erdoğan vise à entrer dans l’année 2019 en s’affichant comme un héros national.
Le véritable ennemi n’est pas la population d’Afrin mais le régime d’Erdoğan qui réprime la moindre revendication démocratique avec la puissance de l’État. Quant à la classe ouvrière dont les enfants sont envoyés à la guerre, sa condition empire de jour en jour. Afin de faire face au mécontentement des masses laborieuses qui augmente de plus en plus, le régime d’Erdoğan compte utiliser cette guerre contre les Kurdes de la manière la plus efficace. Avec l’excuse de la guerre, il deviendra d’autant plus facile pour le régime de faire face à ceux qui revendiqueront leurs droits en les accusant de soutenir le terrorisme. Il est certain que nous assisterons à une interdiction de la grève pour les ouvriers de la métallurgie qui la préparent. Au moment où Erdoğan annonçait le début de l’opération militaire contre Afrin dans la ville de Kütahya, il a été reçu avec les revendications des ouvriers des entreprises de sous-traitance. Il s’agit probablement de la confiance due au climat de domination qu’il a établi dans le pays s’il s’est permis de réprimander ces ouvriers en leur disant « vous n’écoutez probablement pas ce qu’il vous a été expliqué jusqu’à aujourd’hui, vous ne le suivez pas, vous n’êtes pas au courant. Combien de fois nous avons parlé de cela dans les places publiques, au parlement. Vous ne comprenez toujours pas… ». Cette situation sera plus fréquente avec la guerre et la division de la classe ouvrière avec le racisme, le nationalisme, le chauvinisme et la religion.
Les partis d’opposition et les médias qui sont d’accord avec le régime d’Erdoğan affichent la lutte contre le terrorisme comme justification de l’opération et font très attention à utiliser le mot « kurde » le moins possible (cela comprend également des groupes qui se qualifient de socialistes) – c’est pour cela qu’ils ont vite basculé de l’expression « couloir kurde » à l’expression « couloir terroriste » lorsque le Rojava s’est constitué au nord de la Syrie et s’est étendu vers la Méditerranée soi-disant selon un plan impérialiste. C’est également pour cela que même le parti ultranationaliste – raciste MHP dit « vous ne pouvez pas dire que le MHP est contre les Kurdes ». La véritable inquiétude, c’est la conscience nationale qui se développera chez les Kurdes.
Ce parti est l’ennemi des acquis et du statut obtenus par les Kurdes en Syrie. Que ce soit en Syrie, en Turquie, en Iran ou en Irak, les Kurdes ont le droit de vivre comme ils l’entendent et de déterminer leur destin. Le développement de la conscience nationale des Kurdes, qu’ils revendiquent des droits démocratiques ne peut être source d’inquiétude que pour les dominants, pas pour la classe ouvrière exploitée. Que les Kurdes aient une conscience nationale collective signifiera que les partis bourgeois comme l’AKP—MHP, le CHP, le İYİ Parti n’auront pas le moindre soutien de la part des Kurdes. Et cela est la condition pour que la lutte de la classe ouvrière de Turquie réussisse en tant que force unie. Cela nécessite que la classe ouvrière de Turquie défende les droits des Kurdes de façon collective (pas seulement au niveau individuel, mais de façon organisée). Seulement ainsi il sera possible d’obtenir la confiance du peuple kurde, et par conséquent son soutien pour unifier la lutte pour les droits nationaux démocratiques avec la lutte des classes. Erdoğan qui qualifie les zones contrôlées par le peuple kurde de centre terroriste réalise l’opération sur le terrain avec les organisations terroristes djihadistes. En affichant le peuple kurde comme ennemi, il jette les bases des conflits interethniques.
Ni le peuple kurde, ni le peuple syrien ne sont notre ennemi en tant que classe ouvrière. Les véritables ennemis sont les capitalistes qui ne nous donnent rien d’autre que le chômage, la pauvreté, l’exploitation, le sang, les larmes, la guerre et la mort ; et la dictature d’Erdoğan qui protège les patrons, les voleurs, la corruption, les assassins, les pédophiles, les violeurs, les organisations terroristes djihadistes. Une dictature ne tombe jamais tant qu’elle n’est pas renversée par ses victimes. Les victimes de ce régime sont les travailleurs et les opprimés turcs, kurdes, alévis, sunnites et tous les autres.
L’AKP—MHP, le CHP et le İYİ Parti, en tant que partis chauvins, affichent la classe ouvrière et la classe capitaliste comme s’ils avaient un intérêt commun sous le nom de « nation ». Pourtant, quelle que soit sa religion, sa nationalité, les intérêts de la classe ouvrière ne correspondent avec ceux du capital. Au contraire, ils sont opposés. C’est pour cette raison que face aux partis nationalistes des capitalistes, la classe ouvrière a besoin de son propre parti de classe. Seule l’unité de la classe ouvrière peut arrêter les guerres, l’impérialisme et ses collaborateurs. Nous appelons par conséquent toutes les organisations de la classe ouvrière et en particulier les syndicats à s’opposer à la guerre que l’État turc a déclenché contre les Kurdes avec l’appui des impérialismes russe et américaine.
Les syndicats au travail face à la guerre, préparons la grève générale ! Unifions la grève des ouvriers métallurgistes avec la lutte contre la guerre !
Ne participe pas à l’invasion, dis non à l’attaque contre Afrin ! La façon de s’opposer à ce destin passe par le front unique des opprimés et des travailleurs.
Le véritable ennemi n’est pas la population d’Afrin mais le régime d’Erdoğan.
Ne participe pas à l’invasion, dis non à l’opération d’Afin !
Que l’invasion s’arrête, tout de suite !
Face au nationalisme et à la religion, vive l’unité de la classe !
La seule solution face à la guerre, à l’exploitation, à l’oppression et à la pauvreté est la confédération socialiste du Proche-Orient fondée sur le volontariat ! Régime d’Erdoğan, hors d’Afrin, hors de la Syrie !