La classe ouvrière et la jeunesse ne gagneront rien des élections, il faut préparer l’affrontement !
Le lourd bilan de Hollande et de ses gouvernements
Pendant cinq ans Hollande, ses gouvernements PS-PRG-EELV ou PE, tous ses ministres (dont Hamon et Macron) ont servi les exigences de la bourgeoisie française : loi El Khomri, loi Macron, CICE, gel des salaires des fonctionnaires, aggravation terrible de la situation des hôpitaux publics, poursuite des coups contre l’enseignement public. Et aussi l’union nationale autour de l’état d’urgence permanent, la chasse aux migrants et à ceux qui tentent de les protéger, la police renforcée dans ses œuvres de répression des manifestations et des jeunes, les interventions militaires pour le compte de l’impérialisme français en Afrique et au Proche-Orient, etc. De leur côté, les directions syndicales (CGT, FO, FSU et Solidaires) et les partis et organisations intégrés à ces bureaucraties syndicales (PCF, PdG, LO, NPA, POID, AL…) ont, contre la grève générale pour défaire le gouvernement, dressé à chaque fois la kyrielle des journées d’action et des grèves isolées conduisant à la défaite.
La bourgeoisie en voulant plus, Fillon était son homme
La classe ouvrière et la jeunesse sont politiquement profondément désorientées. Mais la bourgeoisie en veut beaucoup plus car le capitalisme français continue de voir s’effriter ses positions internationales. Elle veut aller plus loin pour accroitre son taux de profit, elle veut aussi un État fort, encore plus de policiers pour mater les manifestations et une armée renforcée pour affronter une situation mondiale qui devient chaotique. Fillon était son candidat le plus sérieux. Mais il s’est fait prendre la main dans le sac et il a compromis ses chances. Dès lors, Fillon mobilise de plus belle la frange la plus réactionnaire de son électorat et dispute au FN le marécage du racisme et de la xénophobie. Mais les scandales l’éclaboussent chaque jour un peu plus.
Macron, une roue de secours pour la bourgeoisie
Dans ces conditions, une partie de la bourgeoisie a pour Macron les yeux de Chimène. Il est le chantre d’une société où les patrons sont libérés de toutes contraintes, le partisan de la surexploitation du type Uber. Il veut en finir avec la retraite par répartition en lui substituant un système de capitalisation par points, supprimer 120 000 postes de fonctionnaires, faire 15 milliards d’économie sur l’Assurance maladie, détruire l’assurance chômage, poursuivre la soi-disant modernisation des hôpitaux qui les étrangle, fiscaliser la Sécurité sociale, etc. S’affichant « ni de droite ni de gauche » il réunit autour de lui un attelage improbable d’opportunistes et de politicards de tout poil issus du PCF jusqu’à LR en passant par le PS et le Modem. Cependant, la bourgeoise craint avec Macron un retour à l’instabilité et aux marchandages de la IVe République. Les ralliements pourtant se multiplient, de LR comme du PS ou du PCF, qui prétendent constituer ainsi un recours contre le FN. Alors qu’en réalité c’est précisément cette politique où se vautrent bras dessus bras dessous grands bourgeois et représentants des partis ouvriers traditionnels qui ouvre grand la porte au FN !
Qu’est-ce qui permet la progression du FN ?
Le FN a le vent en poupe, porté par les succès et le renforcement des positions des politiques et partis populistes ou fascisants en Europe, avec la victoire du Brexit au Royaume-Uni, l’arrivée de Trump à la présidence des États-Unis.
Il est loin d’être le seul à utiliser le nationalisme, le racisme et la xénophobie : le nationalisme, « la Nation », « la grandeur de la France » sont célébrés aussi bien par Fillon que par Mélenchon et le racisme et la xénophobie sont déjà véhiculés depuis les sommets de l’État. Mais c’est le FN qui en ramasse les dividendes. Le FN se dit contre « le système », mais la famille le Pen, riche de plusieurs dizaines de millions d’euros, n’a rien à envier aux grands bourgeois. Le FN promet tout, mais seulement aux travailleurs brevetés français, augmentation des bas salaires, retour à la retraite à 60 ans et bien d’autres choses encore, il promet aux agriculteurs une fois débarrassés de l’Union européenne, il promet à tous les vrais Français, aux artisans, aux PME, etc., une fois débarrassés de l’UE. Si tout va mal, ce n’est pas à cause du capitalisme, di Le Pen, c’est à cause des étrangers, des réfugiés, qu’il faut jeter dehors. Mais le protectionnisme, le retour aux frontières, les droits de douane, le retour à la monnaie nationale ne permettront aucune amélioration, cela ne ferait que rétrécir les marchés, précipiter les faillites, déchaîner l’inflation… Artisans, petits paysans n’y gagneraient rien. Et encore moins les salariés ! Ce programme ne correspond pas aux intérêts des grands groupes capitalistes français qui œuvrent sur le marché mondial, ce qui explique que le FN n’ait pas encore leur soutien massif. Mais le grand capital sait que la démagogie sociale du FN n’est que du vent, et qu’il lui imposera ce qu’il veut le cas échéant.
Le vrai programme du FN est ailleurs : c’est préparer la guerre civile de la bourgeoisie contre la classe ouvrière et la jeunesse en cherchant d’abord à paralyser la classe ouvrière par la division de ses rangs, à protéger les capitalistes en désignant les étrangers et demain en attaquant physiquement les minorités et les organisations ouvrières. Pour la grande bourgeoisie, cette solution est risquée et aventureuse, et elle préférerait s’en passer, mais elle ne maitrise plus la totalité des paramètres de ces élections depuis les déboires de Fillon.
Hamon, la social-démocratie d’hier et d’aujourd’hui
Hamon, ancien ministre devenu frondeur car sentant qu’à trop tirer sur la corde, la place de la social-démocratie et la sienne se trouvaient compromises, se présente avec un pâle programme réformiste. Deux partis bourgeois marginaux (EELV et le PRG) le soutiennent mais il peine à rassembler le PS : un grand nombre de ses élus et dirigeants ont déjà fait le choix de rallier Macron, quitte à jeter le PS aux orties ou à le transformer, de parti ouvrier bourgeois en parti bourgeois tout court. Hamon et d’autres pensent au contraire qu’il y aura toujours une place à occuper, utile pour eux-mêmes, sous le drapeau de la social-démocratie. Il sait que, faute d’un parti ouvrier révolutionnaire, il suffit de gauchir un peu le discours pour retrouver un peu d’audience. Mais ce ne sont que des effets de tribune. Sa mesure phare : le revenu universel d’existence. 600 € au lieu des 535 € du RSA d’aujourd’hui. Ce que propose Hamon, c’est la charité publique, dont le financement restera d’une manière ou d’une autre à la charge des salariés! Quant au bilan du quinquennat de Hollande, silence dans les rangs ! Soutien à toutes les interventions de l’impérialisme français. Faute de vouloir en finir avec le capitalisme, « l’avenir désirable » de Hamon se réduit à une resucée du quinquennat Hollande.
Mélenchon, le chauvinisme en bandoulière
Hamon veut 5 000 flics de plus, Mélenchon 10 000 ! Mélenchon poursuit chaque jour un peu plus sa dérive nationaliste, où les drapeaux bleu-blanc-rouge ont remplacé les drapeaux rouges, La Marseillaise a remplacé L’Internationale et la défense de « la Nation » a remplacé l’internationalisme prolétarien. Il appelle à « un coup de balai » mais pour quoi faire ? Pour un gouvernement ouvrier ? Pour en finir avec le capitalisme ? Pas du tout ! Le 18 mars, jour anniversaire de la Commune de Paris, il l’insulte avec ses drapeaux tricolores et son chauvinisme. Il défend, non le pouvoir aux travailleurs comme l’avaient inauguré les Communards, mais… une VIe république bourgeoise mise en place par une assemblée constituante, un rafistolage du parlementarisme bourgeois. Dès lors toutes ses dénonciations des maux engendrés à ses yeux par l’UE plutôt que par le capitalisme font le jeu de Le Pen.
LO et le NPA, des couteaux sans lames
LO et le NPA sont parvenus à franchir le barrage anti-démocratique des 500 parrainages pour participer à la campagne. Leurs candidats sont les seuls à ne pas faire croire que les élections peuvent changer la situation des opprimés. Mais LO ne donne jamais comme objectif de renverser l’État bourgeois pour mettre en place un gouvernement ouvrier, mais toujours de « faire entendre la voix des travailleurs ».
LO appelle à des « luttes massives et puissantes du monde du travail » mais a couvert et soutenu tous les dispositifs des bureaucrates syndicaux pour empêcher la grève générale. Ni l’un ni l’autre ne veulent heurter la bureaucratie de la CGT ni même celle du PCF. Pas d’objectif gouvernemental, pas d’objectif non plus d’imposer la grève générale, encore moins de détruire l’État bourgeois. Comme LO, le NPA avance des revendications comme réquisitionner les banques et les grandes entreprises, interdire les licenciements, etc. mais la nécessité que la classe ouvrière s’organise pour prendre le pouvoir, clé de voûte du programme communiste, est également soigneusement gommée.
Ces élections n’offrent aucune perspective pour la classe ouvrière
Nul besoin d’être devin : le résultat des prochaines élections présidentielles verra arriver au pouvoir Fillon ou Macron. Ou Le Pen, mais dont la ligne actuelle de sortie de l’euro n’a pas les faveurs de la majorité des capitalistes. Une partie du prolétariat et de la jeunesse se rendra aux urnes pour voter contre les partis bourgeois, mais une bonne part d’entre eux va s’abstenir, voter blanc ou nul. Par écoeurement et par colère d’avoir été une fois de plus trahie. Parce qu’aucun des candidats qui se disent les représentants de la classe ouvrière et de la jeunesse ne défend un programme communiste pour en finir avec le capitalisme. Les élections n’ont jamais été un terrain favorable à la classe ouvrière, condamnée à déléguer aux partis de la bourgeoisie ou aux partis réformistes la gestion de l’État bourgeois. Plus que jamais, la classe ouvrière et la jeunesse sont piégées dans ces élections. Naturellement, aucun vote pour Fillon, Macron, Le Pen et compagnie ! Mais ni les votes contre les partis bourgeois et pour les candidats du NPA ou de LO, ou pour ceux du PdG et du PCF ou du PS, ni l’abstention n’offrent une quelconque perspective, alors que tout conduit à une accélération des attaques contre les salariés et la jeunesse.
S’organiser pour en finir avec le capitalisme et son État
Dans ces élections, un parti révolutionnaire mobiliserait pour l’abrogation des lois et mesures réactionnaires prises par tous les gouvernements bourgeois, pour l’expropriation sans indemnité ni rachat des grands groupes industriels, pour l’interdiction des licenciements, pour la réduction du temps de travail et le partage du travail disponible entre tous pour en finir avec le chômage, pour l’ouverture des frontières. Il opposerait au nationalisme le combat pour les États-Unis socialistes d’Europe, il mobiliserait les masses pour en finir avec le capitalisme, détruire l’État bourgeois et mettre en place un gouvernement des travailleurs. La satisfaction des revendications ne vient ni par les urnes, ni par les simulacres de combat organisés par les bureaucrates, mais par la mobilisation générale, par l’auto-organisation et l’armement du prolétariat contre le capital et son État. Ce parti n’existe pas, il faut le construire, il faut s’organiser pour protéger les manifestations contre les provocations policières, il faut préparer les conditions du déferlement de la grève générale contre le prochain gouvernement bourgeois, de son remplacement par un gouvernement des travailleurs, il faut construire l’outil politique de la révolution. Voilà le véritable enjeu !
Direction nationale du Groupe marxiste internationaliste