À un certain stade d’évolution des moyens de production et de circulation, les rapports dans le cadre desquels la société féodale produisait et échangeait ses produits, l’organisation sociale de l’agriculture et de la manufacture, en un mot les rapports féodaux de propriété, ne correspondaient plus au degré de développement déjà atteint par les forces productives. Ils entravaient la production au lieu de la stimuler. Ils se transformèrent en autant de chaînes. Il fallait briser ces chaînes. Elles furent brisées. (Marx, Engels, Manifeste du parti communiste, 1848, GB, p. 10)
Le développement du capitalisme, en remplacement du féodalisme, a résulté de la conjonction de plusieurs éléments : l’expropriation de serfs et de paysans qui les oblige à vendre leur force de travail, l’émergence de noyaux capitalistes dans les villes grâce à des structures politiques relativement décentralisées, l’essor du commerce mondial, la colonisation brutale du monde par un petit nombre de pays…
La mission historique du capitalisme est de faire s’épanouir, de faire avancer radicalement, en progression géométrique, la productivité du travail humain. (Marx, Le capital, Livre I, tome 1, Éditions sociales, p. 274)
Le passage de la production artisanale à la manufacture, tout en dépossédant l’ouvrier artisan de la maîtrise du processus de production, a permis, en combinant des métiers indépendants et en diminuant le temps entre les phases de la production, un développement prodigieux des forces productives. Ainsi, c’est en améliorant la productivité humaine dans une proportion sans précédent, en éliminant des entraves aux techniques et aux sciences, en ouvrant la possibilité de l’émancipation humaine par rapport à la rareté, que le capitalisme a été progressiste, c’est-à-dire révolutionnaire. Il a ainsi créé les conditions matérielles au socialisme, et il en a également créé les conditions sociales puisqu’il a produit la classe capable de réaliser la transformation de la structure sociale vers le socialisme.
À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. (Marx, « Préface », Contribution à la critique de l’économie politique, 1859, Éditions sociales, pp. 4-5)
La contradiction fondamentale du capitalisme, qui est à la source de ses crises économiques, est entre la forme de plus en plus individuelle de la propriété et la forme de plus en plus socialisée de la production. Les traits centraux du capitalisme sont la recherche du profit et de l’accumulation du capital par la classe bourgeoise et l’émergence du salariat, qui tient à la dissociation entre la propriété du travail et la propriété du capital. Les rapports de production capitalistes constituent ainsi une infrastructure économique qui a besoin d’une superstructure légale et idéologique incarnée par l’État bourgeois établissant des lois pour protéger la production capitaliste.
Il est arrivé un moment où le capitalisme, comme tout mode de production, est entré dans une phase où il entrave le développement des forces productives. Cette phase de déclin a été décrite par Lénine comme l’impérialisme, stade suprême, et donc final, du capitalisme.
La révolution communiste n’est pas seulement une exigence morale contre un monde où la précarité règne chez les producteurs alors que le produit social est gaspillé par la minorité des exploiteurs. Elle est rendue possible par le fait que le capitalisme a autorisé un niveau de développement des forces productives tel que, d’une part, la société résoudra les problèmes qu’elle crée et, d’autre part, les moyens de porter cette nouvelle société existent dans le capitalisme, l’action des travailleurs salariés. Une révolution socialiste a pour rôle d’achever ce qu’a commencé le capitalisme, mais qu’il est incapable de réaliser pleinement.