Contre les bigots et les fachos, pour l’émancipation totale des femmes, des jeunes et des homosexuels

L’oppression des femmes et les classes sociales

Au sein de toute classe propriétaire des moyens de production, les femmes sont soumises au contrôle des hommes pour assurer la transmission du patrimoine aux héritiers « légitimes ». Dans la classe dominante, les femmes participent de l’exploitation par leur participation à la consommation du surproduit social. Cependant, elles sont vulnérables car menacées par la concurrence d’autres femmes (polygamie, répudiation…) et restent inférieures aux hommes (autorité du père ou du mari, non reconnaissance de leur besoins sexuels..)

Les prêtres (les viols de mineurs sont récurrents dans le clergé catholique et bouddhiste) et les hommes des classes dominantes satisfont leurs besoins sexuels sans souci de la morale qu’ils professent.

Nos bourgeois, non contents d’avoir à leur disposition les femmes et les filles des prolétaires, sans parler de la prostitution officielle, trouvent un plaisir singulier à se cocufier mutuellement. (Karl Marx, Manifeste du parti communiste, 1848, GB, 2009, p. 19)

Ils le font au détriment des femmes réduites à la prostitution ou simplement vulnérables comme par exemple, Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI et meilleur candidat présidentiel du PS jusqu’en 2012.

Le prolétariat étant une classe dépossédée, l’organisation de la famille en son sein y est donc différente, mais reste soumise à la morale et la loi capitaliste.

Le prolétaire est sans propriété ; ses relations avec sa femme et ses enfants n’ont plus rien de commun avec celles de la famille bourgeoise. (Marx, Manifeste, p. 13)

Les défenseurs de la « famille » rejettent la majorité de la population

Cette dépossession du plus grand nombre facilite la diversité des formes de vie, au désespoir de ceux qui ont toujours prôné la soumission des femmes et des jeunes au sein d’une famille de parents hétérosexuels mariés, blancs et catholiques de préférence. Pour les pétainistes du Printemps français et de Civitas, la bataille pour l’égalité des sexes et pour les droits des homosexuels n’est qu’un complot pour fabriquer des homosexuels et détruire la nation.

La France est actuellement soumise à des forces qui veulent l’asservir entièrement. (PF, Communiqué, 21 mai 2013)

Leur France est aussi mythique que leur délire. Jamais toute l’humanité n’a vécu dans le cadre d’une famille composée de parents de sexe différent et mariés. Les sociétés du début du 21e siècle voient coexister des parents hétérosexuels élevant leurs enfants biologiques, des parents élevant seuls leurs enfants (souvent des femmes), des couples hétérosexuels décidant de ne pas avoir d’enfants temporairement ou définitivement, des parents avec d’autres enfants que leur descendance biologique, des jeunes cohabitant sans lien sexuel, des couples d’homosexuels, la solitude choisie ou contrainte…

200 000 personnes sont en couple avec une personne du même sexe. (INSEE première, février 2013)

Le nombre de familles monoparentales a été multiplié par deux depuis le début des années 1980, pour atteindre 2,4 millions en 2007, soit 6,3 millions de personnes. (Bernard Capdeville, Les évolutions contemporaines de la famille, Conseil économique et social, novembre 2013, p. 8)

Le nombre de familles recomposées augmente également. 720 000 familles sont recomposées, soit 9 % des familles avec au moins un enfant mineur. (p. 48)

Les liens juridiques qui entérinent les couples évoluent (droit au divorce, égalité des époux, introduction du divorce par consentement mutuel, égalité des parents, transmission du nom…) et se différencient (mariage, pacs, sans lien juridique…).

Au 1er janvier 2012, la France comptait 65,3 millions d’habitants…. Début 2011, 31,7 millions de personnes majeures déclaraient être en couple, qu’elles soient mariées (73,1 % des adultes en couple), pacsées (4,3 %) ou vivant en union libre (22,6 %) ; 4 % de ces couples ne vivaient pas sous le même toit… 80 % des 20-24 ans vivant en couple sont en union libre. (Bernard Capdeville,  p. 46)

Avec l’allongement de la durée de vie, les individus passent bien plus souvent d’une forme de famille à une autre et presque 10 millions de personnes adultes vivent seules.

La double exploitation des femmes prolétaires

Les femmes ont toujours travaillé, en accomplissant la plus grande partie du travail domestique au sein de leur propre famille et en participant à la production agricole familiale. Avec le capitalisme, elles composent une part du prolétariat, personnel domestique (bonnes, cuisinières, nourrices, femmes de chambre, gouvernantes…) au service des classes propriétaires et parasitaires, mais aussi ouvrières (industrie textile, industrie du tabac…). Mais, l’inégalité perdure : dans les manufactures, seuls les hommes peuvent devenir contremaîtres.

L’affranchissement de la femme a pour condition première la rentrée de tout le sexe féminin dans l’industrie publique et que cette condition exige à son tour la suppression de la famille conjugale en tant qu’unité économique de la société. (Friedrich Engels, L’Origine de la famille, de la propriété et de l’État, 1884, Éditions sociales, 1975, p. 82)

La famille est le cadre où le prolétaire subvient à ses besoins vitaux et restaure sa force de travail, c’est également en son sein que les prolétaires élèvent et éduquent leurs enfants. Elle a donc une double fonction reproductive, en ce sens où elle œuvre à la reproduction quotidienne de la force de travail et à la reproduction du prolétariat lui-même. Ces deux fonctions nécessitent un ensemble de tâches, le travail domestique, que la bourgeoisie tente de faire assurer gratuitement par l’institution familiale, c’est à dire au prolétariat lui-même.

En 2010, entre 42 et 77 milliards d’heures de travail domestique ont été effectuées en France. Rapporté aux 38 milliards d’heures de travail rémunéré réalisées sur la même période, le temps de travail domestique est donc au minimum égal au temps de travail rémunéré. (INSEE première, novembre 2012)

Toutefois, cela entre en contradiction avec l’exploitation des femmes comme travailleuses salariées. De là cette double exploitation, le travail dévolu à la femme au sein de la famille sert de prétexte à sa surexploitation salariale (chômage, temps partiel, salaire inférieur…), qui sert à son tour à justifier l’inégalité face au travail domestique.

La présence d’enfant dans le couple va de pair avec des temps partiels plus fréquents pour les femmes qui occupent un emploi, et, à partir de trois enfants, avec une nette diminution du taux d’emploi des femmes. De ce fait, la contribution des femmes est de 39 % dans les couples sans enfant, contre respectivement 38 % et 36 % quand il y a un ou deux enfants mineurs, et enfin 27 % quand il y a trois enfants ou plus. (INSEE première, mars 2013)

Bien sûr, ces carrières incomplètes impactent directement leurs ressources à la retraite.

Le montant moyen de la pension de droit propre -tous régimes confondus- s’élève fin 2008 à 833 euros par mois pour les femmes, contre 1 743 euros par mois pour les hommes » (Femmes et hommes, regards sur la parité, INSEE, 2012, p. 39)

La lente marche vers l’égalité

Au sein du mouvement ouvrier naissant, les hommes dominent et ils sont souvent hostiles au travail des femmes, un triste exemple étant l’anarchiste Proudhon.

À travers les syndicats, les hommes ont défendu leurs prérogatives… Les ouvriers de métier qui s’expriment au sein des congrès ouvriers sont fortement marqués par la pensée de Proudhon sur l’infériorité féminine. (Françoise Battagliola, Histoire du travail des femmes, La Découverte, 2000, p. 43)

Au sein de l’Association internationale des travailleurs, les communistes internationalistes comme Marx combattent les préjugés proudhoniens. La 1e Internationale réclame en 1866 l’égalité des salaires à travail égal et la prise en charge de l’instruction des enfants par l’État (La Première internationale, 10-18, 1976, p. 100). Le SPD, section allemande de la 2e Internationale, soutient le mouvement homosexuel CHS (Comité humanitaire scientifique). La révolution russe instaure dès 1917 l’égalité juridique entre hommes et femmes, inclus le droit de vote, et supprime les dispositifs pénaux contre l’homosexualité. En 1920, l’URSS assure gratuitement l’avortement. Le médecin psychiatre Wilhelm Reich lance en 1930 Sexpol avec l’appui du KPD, section allemande de l’Internationale communiste, pour émanciper la jeunesse ouvrière. En France, contre l’Église catholique, les monarchistes (et aussi le parti bourgeois prétendument progressiste, le Part radical), l’aile révolutionnaire du mouvement ouvrier soutient l’émancipation des femmes.

Inversement, la dégénérescence stalinienne de l’URSS et social-patriote des partis communistes s’accompagne d’une régression dans « l’ordre moral ». La famille traditionnelle est vantée par la bureaucratie en URSS, les homosexuels sont de nouveau persécutés à partir de 1934.

Un des membres de la Cour suprême soviétique… justifie la prochaine interdiction de l’avortement en disant que la société socialiste ne connaissant pas le chômage, la femme ne peut avoir le droit de repousser les « joies de la maternité ». Philosophie de curé disposant par surcroît de la poigne du gendarme. (Lev Trotsky, La révolution trahie, 1936, Minuit, 1963, p. 103)

En 1949, le PCF stalinien s’allie avec l’Église catholique pour censurer les bandes dessinées ; en 1956, le PCF prend position, comme le régime de Vichy et l’Église catholique, contre le droit à l’avortement ; en 1972, le PCF condamne, comme le Pape, l’homosexualité…

La bourgeoisie française accède lentement aux exigences féministes. Avec les crises révolutionnaires, une femme devient ministre en1936, le droit de vote est accordé aux femmes en 1945. Mais en 1946, le gouvernement De Gaulle (MRP-PS-PCF) crée « l’allocation de salaire unique » pour inciter les femmes à rester au foyer. A l’opposé, une socialisation des tâches domestiques est esquissée avec les crèches et l’école, la restauration collective… En outre, leur meilleure prise en charge par les hommes et surtout le progrès technique (lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, etc.) diminuent le temps de travail domestique des femmes.

La poussée révolutionnaire des années 1960-1970, combinée au combat incessant depuis 1956 du Mouvement pour le planning familial et à la renaissance du mouvement féministe débouche sur un droit limité à la contraception en 1967 puis à l’avortement en 1974. À chaque fois, la réaction se déchaine, des groupes fascistes aux prélats catholiques en passant par de nombreux notables UDR-RPR-UMP : insultes, mensonges, menaces, violences… En 1985, « l’allocation parentale d’éducation » du gouvernement Mitterrand-Fabius (PS-PSU-MRG) pousse les femmes à abandonner le salariat, avec l’approbation de l’Église catholique.

À juste titre, le PS, le PCF et le PdG ont voté en avril 2013 une loi qui permet aux homosexuels qui le désirent de se marier, mais le gouvernement a reculé sur le droit à la procréation médicale assistée pour tous les couples, face aux manifestations réactionnaires qui rassemblent intégristes, fascistes du Printemps français, partis bourgeois UMP, PCD et MPF. Les bandes fascistes attaquent des féministes et des homosexuels, les locaux du PS et des LGBT sans que les partis ouvriers ni les organisations syndicales leur fassent barrage [voir Révolution communiste n° 5].

Sans révolution sociale internationale, aucun progrès n’est garanti

En Pologne, les crucifix ornent les écoles et l’avortement est quasi-interdit depuis 1997. En Irlande, il reste très restreint. Aux États-Unis, les bigots intimident les filles et les femmes qui veulent avorter, voire assassinent les médecins qui pratiquent l’IVG. En Russie, Poutine qui privilégie la religion chrétienne orthodoxe, a fait adopter en 2013 une loi contre les homosexuels. Le PP postfranquiste au pouvoir en Espagne s’emploie, avec l’Église catholique, à interdire de nouveau l’avortement. En France, des parents retirent leurs enfants de l’école car des groupes fascistes et islamistes font courir la rumeur que les professeurs « vont obliger les garçons à s’habiller en fille » (pas l’inverse ?).

Les religions doivent être séparées de l’État, exclues de l’école. L’État n’a pas à se mêler de ce que font entre eux les jeunes consentants, a fortiori les adultes consentants. Les droits et les obligations ne peuvent dépendre ni du sexe d’une personne, ni de son orientation sexuelle.

Les revendications en ce sens des femmes, des enseignants, des jeunes et des homosexuels, leur autodéfense contre les bigots de tout poil et les fascistes, l’accès à la contraception et à l’avortement doivent être soutenus par le mouvement ouvrier. Mais il faudra la victoire de la révolution socialiste mondiale pour empêcher tout retour en arrière et créer les conditions matérielles et sociales de l’émancipation totale des femmes (donc de l’épanouissement de tous).

22 mai 2014